Arsenal-Barcelone : Derrick contre Superman
Matchbox - Barcelone a dominé, mais c'est bien en contre que les Catalans ont fait la différence à l'Emirates. Une preuve de plus de leur redoutable polyvalence. Ils devraient être au rendez-vous des quarts.
La nalyse
Trop souvent, le résultat dicte l’analyse et, pour le justifier même quand il est injuste, on brandit une phrase: "C’était inéluctable". Ce qui est à peu près toujours faux si on parle des buts, tant ils peuvent aussi survenir à des moments où on ne les attend pas (voir Juve-Bayern). En revanche, ce qui est inéluctable, c’est qu’on se fatigue si l'on presse en permanence une équipe qui sait conserver le ballon, et qu’il est parfois préférable de jouer un cran plus bas pour bloquer l’adversaire sans garer le bus. À ce titre, ce qu’a fait Arsenal face à Barcelone pendant une mi-temps était plutôt bien vu et l’impact mis dans les duels a bien embêté les Catalans. Même si Sergio Busquets était au-dessus du lot et qu’Andrés Iniesta traversait les lignes en marchant façon Moïse, les attaquants catalans ne voyaient jamais le ballon. Et seul Luis Suarez ratait une tête facile avant la pause.
De l’autre côté du terrain, le gazon n’était pas usé tant le ballon n’y allait pas souvent, mais il y avait pourtant de l’action. Alex Oxlade-Chamberlain se procurait ainsi plusieurs occasions sur des contres rapides mais qui auraient gagné à l’être un peu moins et un peu plus réfléchis. Et on voyait une équipe barcelonaise ressemblant étrangement à celle bloquée par le Chelsea de Guus Hiddink en 2009, l’extrême qualité tactique et individuelle de l’adversaire en moins. Car, il faut être honnête, peu de joueurs anglais auraient une chance de rentrer dans la rotation du camp d’en face – n'en déplaise à The Independant. De rotation, le Barça n'en a d'ailleurs pas fait mardi soir, Luis Enrique gardant le même onze jusqu’au bout.
Bref, nous voici donc à la pause avec une équipe qui a le ballon mais n’en fait rien et une autre qui viande des supériorités numériques en contre. Retour sur le terrain, les minutes défilent et Arsenal, qui concède peu de situations mais perd en punch, semble accuser le coup physiquement. Neymar, décidé à jouer en retrait même quand il arrive face à Petr Cech, ne sanctionne pas un bloc qui se disloque légèrement. En face, Marc-André ter Stegen sauve la baraque une paire de fois et Arsenal commence, dans les zones occupées du moins, à jouer "comme Barcelone". À leur tour très haut sur le terrain, avec une relative maîtrise de jeu qui permet d’économiser un peu les efforts les Gunners perdent cependant plus vite les ballons que leurs adversaires. Et, en trois passes, Lionel Messi marque le but que Giroud aurait eu dans les pieds si ses partenaires étaient plus doués. Dans la foulée, Per Mertesacker et Mathieu Flamini s’y mettent à deux pour rappeler à tout le monde qu’ils n’ont pas forcément leur place à ce niveau de la compétition, et Messi marque sur penalty.
Paradoxalement, la tactique conservatrice d’Arsenal marchait plutôt bien jusqu’à ce que, comme face à Monaco, tout le monde en fasse trop et laisse des espaces dans son dos. Les Anglais ne sont pas le Barça, encore moins cette année qu’il y a cinq ans, et n’ont pas les qualités pour poser le jeu contre plus fort. Une équipe de contre contrée? Le paradoxe de la Ligue des champions et de la différence de niveau entre des grandes équipes et des monstres qui sanctionnent immédiatement ceux qui les copient.
Là où Derrick arrête les tueurs de Munich, Superman arrête les méchants qui menacent le monde. Une idée de justice, deux palettes bien différentes et l’obligation de ruser si on veut être meilleur qu’un mec qui vole en slip quand on a une vieille BMW. Le plan tactique d’Arsène Wenger, pour tout le conservatisme qu’il comportait dans un match à domicile, aurait permis de mener au score avec deux joueurs offensifs plus doués. Ne pas avoir su ou pu s’y tenir jusqu’au bout est embêtant. Mais quand on est face à une équipe qui n’a pas besoin d’être dans un bon jour pour marquer des buts, le problème va au-delà du plan de jeu.
Les observations en vrac
• Avoir 30% de possession et se faire prendre en contre… Si on était méchant et de mauvaise foi (ou supporter de Tottenham), on dirait que cela ne peut arriver qu'à Arsenal.
• C'était hier soir qu'il fallait jouer le penalty à deux, Leo. Puis le dédicacer à Robert Pirès.
• Il y a tout de même des bons joueurs à Arsenal. Hector Bellerín par exemple, qui est d'ailleurs né et a été formé à... Barcelone. Ce qui rappelle forcément un certain Fabregas.
• Gerard Piqué qui va vers son banc puis prend un jaune qui le suspend pour le match retour: selon la jurisprudence Sergio Ramos, attention à ne pas prendre un match supplémentaire pour carton volontaire.
• N'empêche qu'elle marche plutôt bien cette alternance Bravo-Ter Stegen. Garde espoir, Salvatore.
• Un petit titre auquel vous avez échappé mais qu'on avait sous la main: Welbeck ou la possibilité du nul.
Le résumé vidéo