Au premier tour, ne pas s'abstenir
Pour son cinquième Euro consécutif, la France devra survivre à ce groupe du Jugement dernier. L'occasion d'un rappel: comment a-t-elle procédé depuis 1992?
Auteur : Brice Tollemer
le 6 Juin 2008
Le groupe C est-il le plus difficile des championnats d'Europe qu'ont connu les Bleus depuis l'édition de 1992 Suède? Pas nécessairement, si l'on se souvient que les choses n'ont de toute façon jamais été simples.
1992 – Suède
Élimination au 1er tour). Sélectionneur : Michel Platini.
10 juin : France-Suède : 1-1
14 juin : France-Angleterre : 0-0
17 juin : France-Danemark : 1-2
Bilan : 3e, 2 pts, 2 nuls, 1 défaite, 2 buts pour, 3 buts contre.
Après avoir piteusement raté l’Euro 88 en Allemagne et le Mondial italien, la France retrouve la joie de participer à une compétition internationale. En pleine confiance après avoir remporté tous ses matches de qualification, les Bleus sont dans le doute après une série difficile de rencontres de préparation. Tombés dans une poule qui compte le pays organisateur, l’Angleterre (demi-finaliste de la dernière Coupe du monde) et le Danemark qui remplace au pied levé la Yougoslavie, la tâche s’annonce réalisable.
Arrachant le match nul contre la Suède grâce à Jean-Pierre Papin, l’équipe de France partage par la suite les points avec les Anglais. Lors de l’ultime match contre le Danemark, elle pense avoir fait le plus dur en revenant au score à l’heure de jeu, une fois encore grâce à JPP. Mais à dix minutes de la fin, Lars Elstrup envoie les siens en demi-finale. La France et l’Angleterre ont mérité leur élimination.
1996 – Angleterre
Élimination en demi-finale. Sélectionneur : Aimé Jacquet.
10 juin : France-Roumanie : 1-0
15 juin : France-Espagne : 1-1
18 juin : France-Bulgarie : 3-1
Bilan : 1er, 7 pts, 2 victoires, 1 nul, 5 buts pour, 2 buts contre.
L’échec de la non-participation à la World Cup 94 étant digéré, les Tricolores d’Aimé Jacquet ont tous en tête la prochaine Coupe du monde en France, vers lequel l’Euro anglais doit les lancer. Dans une poule équilibrée et homogène (qui compte tout de même deux quarts de finalistes et un demi-finaliste du dernier Mondial), les Bleus débutent par une victoire contre les Roumains grâce à Christophe Dugarry.
Lors de la deuxième rencontre, face à l’Espagne, ils pensent tenir la victoire jusqu’à la 85e minute et un but de Caminero. Le 18 juin, la France retrouve et bat la Bulgarie, avec notamment deux buts de Laurent Blanc et de Patrice Loko en toute fin de match, victoire qui efface en partie le douloureux souvenir de 1993. L’équipe de France termine première de son groupe et retrouvera les Pays-Bas en quart.
2000 – Belgique et Pays-Bas
Victoire. Sélectionneur : Roger Lemerre.
11 juin : France-Danemark : 3-0
16 juin : France-Rep. Tchèque : 2-1
21 juin : France-Pays Bas : 2-3
Bilan : 2e, 6 pts, 2 victoires, 1 défaite, 7 buts pour, 4 buts contre.
En route vers le doublé. La France fait figure de favorite de cet Euro – du moins chez ceux qui ne considèrent pas que la victoire de 1998 est le résultat d'un concours de circonstances.
Dès la première rencontre, Blanc, Henry et Wiltord font plier le Danemark (sans oublier un grand Barthez en début de match). Contre la République tchèque, les Bleus pensent avoir fait le plus dur en ouvrant le score dès la 7e minute du match. Mais Poborsky égalise sur penalty et les deux formations regagnent les vestiaires sur ce score de parité. C’est Youri Djorkaeff qui inscrira le but victorieux à une demi-heure de la fin, expédiant l’équipe de France en quart de finale contre l’Espagne, puisqu’elle sera défaite face aux Pays-Bas lors de son ultime match de poule.
2004 – Portugal
Élimination en quart de finale. Sélectionneur : Jacques Santini.
13 juin : France-Angleterre : 2-1
17 juin : France-Croatie : 2-2
21 juin : France-Suisse : 3-1
Bilan : 1er, 7 pts, 2 victoires, 1 nul, 7 buts pour, 4 buts contre.
Une victoire en trompe-l’œil : dans une poule a priori à sa portée, la France débute par un affrontement épique contre l’Angleterre. Rappel des faits : Franck Lampard permet aux siens de mener au score à la 38e minute. Mais le match devient mythique à la 70e : dans un style qui lui est propre, Silvestre, en retard, fauche Wayne Rooney dans la surface de réparation. Et Barthez d’arrêter le penalty tiré par David Beckham. À la 90e, Zidane réalise un coup franc platinesque. Deux minutes plus tard, Gerrard, l’esprit encombré par la conversion yards-mètres, transmet à son gardien une passe de poussin, qui l’oblige à faire faute sur Thierry Henry. Zidane pose une galette, transforme le penalty. L’arbitre siffle la fin du match. Assurément le plus grand moment de cet Euro.
En définitive, on ne mesure la difficulté d'un groupe qu'après en avoir disputé toutes les rencontres. Espérons que celui de 2008, qui mérite a priori le qualificatif de létal, nous réservera un agréable paradoxe.