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Barton, égérie cantonesque

When Saturday Comes – En Angleterre, ceux qui détestent le football trouvent Joey Barton fascinant. Un malentendu embarrassant pour tout le monde. 

Auteur : Harry Pearson le 1 Jan 2014

 


Extrait du numéro 322 de
When Saturday Comes (décembre). Titre original : "Vocal Minority". Traduction: Toto le zéro.

* * *
 


L'un de mes professeurs au lycée était fils d'un mineur de Durham. Il avait été un footballeur de talent en Northern League et continuait alors de jouer au cricket à un bon niveau. Pourtant, son père ne l'avait pas encouragé à poursuivre dans ces deux disciplines. Les amateurs de sport n'étaient certes pas légion dans le Nord-est du pays à cette époque, mais son cas allait au-delà de la simple indifférence: "Mon père est un socialiste convaincu et il participe avec enthousiasme aux programmes d'éducation des travailleurs", avait-il avoué un jour en classe. Son père pensait que le sport, comme la religion, avait été créé par les classes dominantes afin d'occuper le prolétariat, de le détourner des questions plus sérieuses, et qu'une fois assuré l'accès des gens ordinaires à un niveau supérieur d'éducation, tous les sports disparaîtraient. Il avait l'habitude de dire: "Au lieu de se préoccuper du football, le mineur du futur rentrera chez lui à la fin de sa journée et écoutera Beethoven à la radio."

 

Joey Barton montre la lune

 

Le père de mon ancien professeur n'était pas le seul à détester le football. Des pans entiers de la gauche restent aujourd’hui encore idéologiquement opposés au sport en général, et au football en particulier. Il est donc, selon moi, quasiment certain qu'à chaque Coupe du monde ou championnat d'Europe, je finirai par avoir au moins un débat en soirée avec quelqu'un qui me déclarera: "Les drapeaux, la foule qui chante... On se croirait aux rassemblements de Nuremberg!"

 


Morrissey et Nietzsche

C'est encore pour cette raison qu'au cours des douze derniers mois, j'ai dû supporter lors de réunions en société nombre de personne qui venaient me voir pour me dire: "Tu sais combien je déteste le football, mais je trouve quand même que ce Joey Barton est vraiment quelqu'un de fascinant." Faisant fi de mes protestations, ils me déclarent ensuite que le joueur "n'est pas un footballeur ordinaire" car il cite Morrissey et lit Nietzsche. Je leur réponds alors: "Oui, comme les étudiants en 1985. Je me demande s'il porte aussi un T-Shirt à slogan démesuré signé Katharine Hamnet et traîne chez Hyper Hyper le samedi matin en espérant voir un membre de de Scritti Politti." [1] Je sais bien que cela ne changera rien, car il est déjà trop tard: Joey Barton n'appartient plus seulement à la presse sportive, il est devenu un sujet de discussion. Grâce à Twitter et au fait que les medias ont considéré que reproduire des propos en faisant passer cela pour de l'information était plus facile que d'avoir à travailler vraiment, il est désormais davantage connu que Pelé, Maradona ou Messi auprès des ceux qui "ne supportent pas le football, mais...".

 

Le phénomène n'est pas nouveau, bien sûr. Avant que le joueur de Queen Park Rangers n'assure sa notoriété à coup de citations Wiki et se pose en sorte de rebelle existentialiste engagé et incompris (sa tenue rayée bleue et blanche, ses tatouages et sa coiffure stricte n'aurait certainement pas laissé Jean Genet indifférent), les fans avaient déjà subi les vicissitudes d'un Mario Balotelli ("Lorsque la police lui a demandé pourquoi il portait autant de liquide, il leur a répondu: 'Parce que je suis très riche!'"), Tony Adams post-équipe d'Angleterre ("Il visite des galeries d'art et apprend à jouer au piano!") ou encore, et c'est bien difficile à imaginer aujourd'hui... George Reynolds [2]. La publication en 2003 de son autobiographie Cracked it: My wicked life alors qu’il était encore propriétaire du club de Darlington lui valut un créneau très convoité dans l'émission Midweek sur Radio4 avec Libby Purves (un honneur également accordé à Harry Redknapp récemment), l'occasion pour lui de parler une fois de plus du nouveau stade de son club: "Il y a vraiment mis des robinets en or dedans!", m'ont assuré ceux qui "ne supportent pas le football, mais" durant les mois qui suivirent.
 


Footballeur pour les gens qui n'aiment pas le football

Il serait aisé de voir dans tous ces exemples une sorte de thème latent: un passé violent, un besoin de s´améliorer, un effet de mode, un goût pour le bizarre. En vérité, c’est vraiment une certaine forme de hasard pur qui est à l'œuvre: le comportement de Faustino Asprilla à Newcastle n'était pas moins excentrique que celui d'un Mario Baletolli, le tout plus ou moins à deux pas de chez moi. Et pourtant, aucun de mes voisins de table en soirée durant la période 1996-1998 ne m'a jamais dit: "Je déteste le football, mais..." avant de parler de l’incident du CD dans le chariot roulant chauffant. Tout dépend du moment choisi: les jours de gloire du Colombien dégingandé en Premier League ont coïncidé avec ceux d'Eric Cantona ("Apparemment, il leur a dit que son héros était Rimbaud, et dans le programme ils lui ont mit Rambo") et il n'y a de la place que pour un joueur dans l'inconscient de ceux qui "ne supportent pas le football, mais".
 

Le fait que Barton soit l'un des footballeurs les plus connus de Grande-Bretagne n'est pas spécialement réjouissant, mais on peut y trouver une forme de consolation. À l'école, il arrivait que l'un des plus jeunes enseignants tente de bien se faire voir auprès de ses élèves de troisième ricanants en leur disant: "Bon, vous savez que je trouve que cette soi-disant musique 'pop' ne vaut le plus souvent pas grand-chose, par contre j'adore ceci", avant de nous passer une sorte d'album concept entier de soft rock, enregistré de préférence avec un orchestre symphonique complet. Voilà la position que Joey Barton occupe désormais: celle du footballeur pour les gens qui n'aiment pas le football. Malgré tous ses efforts pour se donner une personnalité torturée mais branchée, le milieu de terrain de QPR est le Days of Future Passed du jeu, son Eldorado. [3]

 


Notes des traducteurs
[1] Scritti Politti est un groupe de pop "intello" fondé à Leeds qui a placé plusieurs chansons dans les charts britaniniques au cours des années 80. Hyper Hyper est un magasin de vêtements à Kensington Market.
[2] George Reynolds est un ancien forceur de coffre-fort qui fit fortune et racheta le club de Darlington FC en 1999, pour y dépenser trente millions de livres en quatre ans et y échouer complètement (lire le post de Mangeur Vasqué - 26/03/2010 à 02h39).
[3] Days of Future Passed (1967) et Eldorado (1974) sont des albums des groupes de rock symphonique The Moody Blues et Electric Light Orchestra.

 

 

 

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Réactions

  • Tonton Danijel le 01/01/2014 à 12h19
    Je pensais qu'il y aurait match en Balou et Jordan pour le ballon de plomb, mais cet article me convainc encore plus que le portrait concernant Joey Barton, qui ferait bonne figure aux côtés de Kezman et du king Maazou dans la catégorie des ovnis. Faudrait juste que Jamel songe à prendre une bonne assurance, au cas où il l'emporte.

  • loulou N le 03/01/2014 à 09h50
    c'est un bel extrait mais le titre me fait mal aux tétons.
    comparer Barton à Cantona ou même les rapprocher me semble une hérésie.
    Cantona savait jouer au foot alors que le peu que j'ai vu des matches de Barton ne m'a pas du tout convaincu sur ses qualités intrinsèques.
    là où Cantona volait dans les tribunes sur un coup de folie, Barton me fait l'impression d'un type violent sur un terrain même avec ses partenaires.
    quand Cantona a(vait) des envolées lyriques il y a(vait) une forme de poésie et de lyrisme qu'on ne retrouve pas chez Barton.
    enfin Eric a joué dans les grands clubs comme Man U et bien sûr la Paillade.

    et donc le ballon de plomb c'est Barton (en même temps je ne connais pas vraiment les autres à part Diarra et comme ni Gomis ni Gameiro ne sont nominés...)

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