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Bauer, stade critique

Pendant que l'équipe première du Red Star joue à Beauvais, la réserve maintient la flamme de Bauer, pendant que le sort de l'emblématique enceinte de Saint-Ouen se joue en coulisse à coups d'épisodes politiques tragi-comiques.

Auteur : Osvaldo Piazzolla le 13 Oct 2015

 

 

On marche encore. Si l'équipe première du Red Star remonte effectivement une à une toutes les divisions, comme le chante 8°6 crew, le groupe fétiche de la tribune Rino, son équipe réserve fait le yoyo dans les profondeurs des championnats de ligue. Cette année, elle vient de descendre en DSR, la deuxième division de la ligue Île-de-France, cinq niveaux en dessous de son équipe première, au même échelon que l'équipe réserve de Poissy par exemple. 

 

 

 

Retour à la maison

Mais cet après-midi-là, pour la réception d'Ararat Issy-les-Moulineaux, c'est le tout premier match de la saison au stade Bauer et le public est venu par centaines. Pourtant, les affluences de l'équipe réserve du Red Star à Bauer se comptent d'habitude avec deux chiffres, mais l'événement est exceptionnel: ce match est l'occasion d'enfin revenir à Bauer depuis le dernier match de National en mai dernier, puisque l'équipe première évolue à l'inaccessible stade Pierre-Brisson de Beauvais.

 

À l'appel du Collectif Red Star Bauer, qui a mobilisé ses troupes pour l'occasion, la tribune Rino s'enflamme, chante et danse quatre-vingt-dix minutes durant, craque les fumis, fait péter les pétards, monte sur les grillages, provoque même un mini envahissement de terrain festif (l'occasion pour un membre de la Rino de faire trinquer la directrice générale Pauline Gamerre)....et range tout à la fin. L'enjeu est l'ambiance: prouver que celle du Red Star est à Bauer et pas à Beauvais (où personne ne chante, au contraire des supporters en déplacement dans les parcages visiteurs du Havre ou de Lens). Et le double buteur du jour, Nabil Guedioura, petit frère d'Adlène, kiffe l'ambiance. Le public veut d'autant plus prouver son attachement à son stade que le destin de Bauer se joue dans les arènes politiques. Il est d'abord un enjeu municipal depuis des dizaines d'années puisqu'il appartient à la mairie, fait l'objet de projets de rénovation (ou de démolissement) depuis plus de vingt ans, et a toujours été un sujet de friction entre le club et la municipalité.

 

 

Un endroit convoité

Le président du club, Patrice Haddad, aux rênes du club depuis une demi douzaine d'années, est en passe de réussir la partie sportive de son projet: faire remonter le club du CFA à la L2 en stagnant le moins longtemps possible dans le dispendieux National, avec un investissement personnel non négligeable mais sans les milliards d'un "sugar daddy". Beaucoup avant lui s'y sont cassé les dents, partout en France, et au Red Star en particulier. Comme beaucoup de projets ambitieux de reprises de clubs, Patrice Haddad l'accompagne d'un volet immobilier, destiné à appâter les investisseurs du BTP: la construction d'un stade neuf, dans le quartier éloigné des Docks, au grand dam du public de Bauer.

 

La position de la municipalité sur ce sujet est complexe. D'abord, parce que les élections municipales de 2014 ont fait passer à droite la ville de "banlieue rouge" historique, changeant complètement les interlocuteurs. Mais même avant ces élections, la gauche au pouvoir à Saint-Ouen était un tissu compliqué de coalitions impliquant plusieurs courants au sein du PC/FdG et plussieurs courants au sein du PS, chacun avec des positions sur le dossier différentes, voire variables dans le temps, voire changeantes selon les interlocuteurs. Une chose est certaine, c'est que l'ancienne maire Jacqueline Rouillon n'a jamais caché son manque d'intérêt pour la question du stade, voire sa sympathie pour le projet haddadien d'un stade neuf ailleurs. Il faut dire que l'emplacement central du stade plus que centenaire (en quelque sorte, un monument toujours vivant) à deux pas de la porte de Clignancourt en fait une proie immobilière dont le prix au mètre carré attire les convoitises. Il n'y a pas besoin ni de raison d'accuser la mairie de corruption, mais la simple surface immobilière de Bauer est déjà une pression en soi dans l'affaire.

 

 

 

Enjeu politique

Mais depuis un an, c'est le radical William Delannoy qui est enfin au pouvoir après des années dans l'opposition municipale. Difficile de connaître son avis sur la question avant de s'installer dans le fauteuil du maire tant les déclarations d'intention des candidats sont opaques, mais l'analyse des conseils municipaux (accessibles en ligne) dans lesquels Bauer est à l'ordre du jour depuis les élections dessine un portrait agressif d'un maire que la question rend de plus en plus nerveux. C'est que Bauer est en train de devenir un enjeu qui dépasse la municipalité.

 

En février dernier, le Red Star joue au stade Jean Bouin une rencontre médiatique de Coupe de France contre Saint-Étienne (médiatique mais boycottée par de nombreux supporters locaux et interdite à ceux de l'ASSE). Le président François Hollande y fait une visite impromptue mais remarquée, assiste au match et déclare sa flamme au Red Star et au "football populaire". Calquant sa communication sur celle de son rival présumé Nicolas Sarkozy, la cellule comm de l'Elysée a eu l'idée d'opposer l'amour affiché de Hollande pour le Red Star "populaire" à l'affichage de Sarkozy au Parc des Princes, en supporter du PSG. Déjà à l'automne 2014, une visite impromptue au stade Bauer avait été organisée par l'Elysée en secret pour la réception du RC Strasbourg en National, puis annulée à la dernière minute quand les RG se sont rendus compte que les ultras de Strasbourg et ceux du Red Star ne sont pas exactement du même extrême bord politique et que cela risquait de mal se passer.

 

 

Bonne volonté tardive

Pendant la saison 2014/15, qui voit le Red Star se rapprocher de plus en plus de la Ligue 2, Patrice Haddad se rend compte que son projet de nouveau stade n'est toujours pas tangible, et le précédent de Luzenac à l'été 2014 lui fait comprendre qu'il faut agir pour ne pas que la montée soit refusée faute d'enceinte aux normes. Son objectif mégalomane à long terme reste d'attirer un investisseur pour construire un stade neuf, idéalement avec un partenariat public-privé, mais il change d'objectif à court terme et insiste pour que la mairie mette le stade Bauer aux normes L2 pour la saison 2015/16.

 

La mairie de William Delannoy fait le mort. Elle ne voit pas d'un bon oeil que Bauer devienne un sujet de premier plan dans la ville. La Ligue 2, ce sont les projecteurs du football professionnel, l'augmentation en nombre et en bruit d'un public qui lui est politiquement opposé, et l'adieu à un éventuel projet de vente/opération immobilière du stade. L'alternative: que le Red Star soit obligé de jouer loin de ses bases pour trouver un stade conforme permettrait au contraire de résoudre (ou plutôt étouffer) ces problèmes par l'éloignement. Malheureusement pour Delannoy, l'entrée en scène du président de la République a l'effet inverse. Le stade Bauer, avec sa narration romantico-politique, devient l'attention de tous les médias (même Télérama...) et plus seulement des pages sports du Parisien. La direction du club s'emploie à entretenir le buzz: elle espère mettre ainsi la pression sur le maire. La mairie est, sous les projecteurs, obligée de montrer sa bonne volonté: elle commande une étude à un cabinet de consulting pour la faisabilité des travaux en.... mai 2015, dix mois après la demande de l'été 2014. À cette date, le Red Star est sûr de jouer en L2 la saison suivante, et sûr de ne pas pouvoir jouer à Bauer. C'est trop tard.

 

 

Sans se presser...

Pendant ce temps, le club cherche un terrain de repli, les politiques locaux du même bord que François Hollande (à la communauté de communes, au département 93...) intercèdent pour proposer un hébergement à prix réduit au Stade de France, au moins pour quelques matches dans la saison, afin de "préserver l'enracinement du Red Star dans le 93", mais les négociations entre Haddad et le Stade de France traînent puis échouent finalement juste avant le début de saison. Ce sera le stade Pierre-Brisson de Beauvais, pour quelques dizaines de milliers d'euros d'investissement pour le club.

 

Pendant l'été, la mairie de Saint-Ouen et le club continuent de négocier. L'étude du cabinet a proposé plusieurs scénarii de rénovation, celui qui semble le plus consensuel est une proposition à cinq millions d'euros, comprenant une rénovation du stade et une mise aux normes. L'autre question épineuse est celle des délais. La procédure normale d'appel d'offres pour la mairie comporte des délais incompressibles, rendant inimaginable la possibilité de jouer à Bauer pour la saison 2016/17. Un moyen d'accélerer est de signer une convention entre la mairie et le club, délégant à ce dernier la responsabilité des travaux.

 

En juillet, si la signature de cette convention est à l'ordre du jour, la répartition des frais de ces cinq millions est beaucoup plus floue. D'un côté, les communautés territoriales locales (socialistes) se pressent de déclarer qu'elles sont prêtes à participer. De l'autre, ni le maire William Delannoy, ni le président de club Patrice Haddad ne sortent les oursins de leurs poches. Pourtant, ni pour l'un ni pour l'autre, les sommes à débourser ne sont insurmontables. À croire qu'à part le public de Saint-Ouen, un seul acteur est pressé de voir jouer le Red Star à Bauer: le président de la République.

 

 

 

Bras de fer et poker menteur

Au conseil municipal du 28 septembre, la situation est toujours aussi floue. On doit voter une subvention pour la rénovation du stade et, finalement, ce qui est proposé aux voix est... l'écriture d'une lettre demandant aux autres collectivités locales à quelle hauteur celles ci peuvent s'engager, sans qu'il ne soit question de l'engagement quantitatif de la ville. Les questions de l'opposition (en la personne du PC Frédéric Durand) pointent cette étrangeté et poussent le maire dans ses retranchements. On apprend alors que la mairie compte apporter "autant que le club", c'est à dire ne compte rien mettre si le club ne met rien, et refuse désormais la possibilité de réduire les délais par l'établissement d'une convention avec le club: pas de Red Star à Bauer au plus tôt avant la saison 2017/18.... c'est à dire après les élections présidentielles.

 

Ce revirement entre juillet et septembre est certainement lié à la détérioration des relations entre Haddad et Delannoy au fur et à mesure des négociations, mais elle correspond opportunément à la mise en échec du plan com de la campagne présidentielle de l'Élysée par un soldat de l'opposition. Le Red Star à Beauvais en 2017, c'est l'impossibilité pour Hollande de fabriquer des bains de foule audoniens, footballistiques et populaires en période de campagne électorale présidentielle.

 

L'affrontement a subitement exacerbé les divisions. Les humiliations quotidiennes ne sont plus à l'échelle de Saint-Ouen, mais des ministères. L'Élysée organise un événement "Euro 2016" citoyen à Bauer? Le maire de Saint-Ouen n'est pas invité. Un rendez-vous est prévu entre le secrétaire d'État aux Sports et le maire de Saint-Ouen pour débloquer la situation? Ce dernier arrive en retard et la rencontre n'a pas lieu. Autre indice que les enjeux dépassent la municipalité et le club: la remarque mystérieuse de Frédéric Durand au conseil municipal, en forme de menace, avertissant le maire qu'à force de tergiversations de la part de la mairie, l'État risque "d'imposer ses choix". Imposer ses choix, c'est à dire racheter le stade à la mairie si cette dernière traîne trop ostensiblement les pieds. Ce qui représente un enjeu financier bien plus important que les atermoiements sur les délais de travaux.

 

Ultime événement en date dans ce jeu de rôles qui tient à la fois du bras de fer et du poker menteur: un communiqué officiel du club, à la suite du succès populaire du match de l'équipe réserve, affichant le stade "Bauer dans son cœur", se disant prêt à négocier avec la mairie pour l'établissement d'une convention... que le maire a catégoriquement exclue deux semaines auparavant au conseil municipal. On attend maintenant l'intervention de Barack Obama sur ce sujet au conseil de sécurité de l'ONU. Pendant ce temps, le public de Bauer continuera d'encourager Ibou Tounkara, l'emblématique capitaine de la réserve audonienne, pendant que les joueurs de l'équipe professionnelle, ceux qui ont vécu, de leur propre aveu, une communion inédite avec leur public la saison dernière, jouent à Beauvais. sans public. Pour longtemps encore.

 

Réactions

  • et alors le 13/10/2015 à 09h34
    Merci osvaldo pour ce point complet et bien documenté de la situation. La seule chose que puissent faire les supporters est de continuer à montrer leur attachement à Bauer, en espérant que la pression fasse effet sur les politiques. Bauer, une mini-ZAD?

  • Sir Sourire le 13/10/2015 à 11h22
    Meilleur article sur la situation de Bauer ever.

  • Moravcik dans les prés le 13/10/2015 à 11h24
    Mairie, direction, pouvoirs publics, tous se sont vraiment foutu de la gueule du club, le seul point positif étant que ça commence à se voir.

    Hélas, malgré la navette je crois qu'il y a toujours plus de supps présents devant la TV à l'Olympic qu'à Pierre Brisson lors des matches.

    Il faut continuer à se battre, le retour à Bauer, même à long terme, est loin d'être acquis.

  • Coach Potato le 13/10/2015 à 11h30
    Small is beautifull
    (FC Biron, le retour...)

    Merci tout d'abord pour cet article précis et étayé, souvent décalé. Comme personne ne me demande mon avis, je le donne. Je ne souscris pas du tout à l'idée d'une rénovation de Bauer dans le cadre d'un développement du Red Star en direction de l'élite. Je précise qu'il ne s'agit pas d'un débat autour de la direction empruntée par la direction vers la montée en gamme. Je le dis gentiment, les supporters en font parfois un peu trop et s'estiment souvent un peu vite les dépositaires exclusif d'un club dont ils ne possèdent aucune part sociale. L'ultra, même bien peigné, vire souvent velléitaire.


    Brouzoufologie

    Mais pourquoi donc investir à Bauer, en pure perte ? Je n'y vois que des désavantages à perfuser cet outil obsolète. St Ouen n'est pas une commune riche, loin s'en faut, et le département est... le plus endetté de France. Le site a un potentiel intéressant pour la commune et la région manque de logement à lotir. Bauer représente une opportunité inespérée.

    Les équipements

    Il faut refaire les tribunes. Côté Biron, c'est insalubre et il faudrait raser. Côté porte Montmartre, il y a peu d'espace pour y dresser une tribune décente et côté Blanqui, il n'existe ni espace ni possibilité d'imposer une tribune en vis à vis de l'immeuble. Pour le stade, les contraintes d'urbanisme empêcheront toujours de gagner en hauteur. En dehors de l'immeuble qui reste sur un espace dégagé, tout le reste alentour fait quatre étages plus sous lien dérogations, Paris et ses perspectives autorise 7+1 max. Les tours n'ont poussé que sur la friche du périph mais chacun devine déjà que les sites qui pourront croitre en hauteur feront l'objet d'une attention particulière de la par des pouvoirs publics. Cela ne se fera pas autour de la Mairie. Derrière les puces, à proximité d'un habitat plus haut et avec du retrait par rapport aux vis à vis, en revanche...

    La pelouse

    Aucun brin d'herbe n'y a jamais poussé. Le substrat de base reste le même de Dauvin à Delaune, St Denis, une glaise noire pourrie qui colle aux godasses et draine mal par ces coins à fleurs de béton. Bauer est le jumeau de Dauvin et leurs encastrements urbains les empêchent d'évacuer l'eau, des flasches se forment et l'herbe moisit. Aucune pelouse digne de ce nom n'y poussera en dépit de tentatives désespérantes de décaissement passées et de camions de graviers calibrés. Dès qu'il y a abrasion et déformation, ça gondole; et dès que la couche d'aveuglement est touchée et altérée, on ne drainera plus jamais. De plus, il n'y a ni air ni ensoleillement pour stimuler un minimum le peu de pousse hivernale. Lorsque le soleil est bas sur l'horizon, c'est une glacière. Le foot se joue majoritairement d'automne au printemps, des mois où l'herbe ralentit dans l'hémisphère nord. Toute abrasion automnale est définitive. On touche le fond d'un canyon urbain. Ce coin de France refuse la pelouse naturelle.

    La sécurité

    La logique commande de vacciner tout le monde contre le tétanos mais on va aborder une autre forme de sécurité. En maintient de l'ordre, il faut des voies de dégagement pour la foule et un espace pour manœuvrer, au besoin stationner à proximité des véhicules. A Bauer, je ne vois pas comment organiser un plan correct pour une foule sublime, forcément sublime et Bauer dans sa configuration actuelle doit donner de l'urticaire à la PP. Garer les véhicules de Police, pour un gros évènement, il faut enlever le stationnement et la foule nombreuse et agitée ne pourrait pas refluer du côté Clignancourt avec les badauds des puces et les étals sans parler du noeud de communication embolisé par les options de voiries parisienne. Il n'y aurait donc qu'une seule possibilité vers le cimetière en remontant le boulevard Ornano. Coté porte Montmartre, on oublie, il n'existe aucune échappatoire ouverte pour une dispersion houleuse. Les rues sont perpendiculaires, on retombe sur Vernaison et on se retrouve bloqué par le périph. Bauer reste délicat sur un bon gros match à embrouille. En comparaison, imaginez l'esplanade du stade de France qui propose quatre échappatoires et une importante capacité de stockage sur l'esplanade. Bauer, c'est bien pour l'odeur de frites, les marrons, les vendeurs de tam tam, les fausses lithos de Miro et les blousons en cuir, pas plus. Les infrastructures sont antédiluviennes. Tous les transports en commun convergent au même point.

    La Courneuve

    En attendant de voir un oligarque de la potasse en Molvanie investir dans une Biron Arena qui allierait tradition et modernité telle une guinguette fauve du 21e siècle en bord de Seine à gauche après l'usine de traitement des déchets, pourquoi ne pas se refaire un Bauer à la Courneuve. C'est à deux pas, facile d'accès et surtout, l'espace est attenant au parc départemental. Sauf erreur, cette pelouse magnifique est toujours propriété du 9 cube. Le vestiaire arbitre est décent, il y a de l'eau chaude, c'est fermé derrière et côté piscine de Stains et il y a de l'accès et du dégagement par le parc. Pour une somme modique on doit pouvoir clore l'enceinte et soyons fou, faire sauter cette piste pour édifier des tribunes qui ne dérangeront pas les riverains. Il existe des possibilités de développements en dur et modulables. La concession de ce terrain ne coute rien en subventions. Sauf modifications ou restriction récente, il accueillait des tours nationaux de coupe de France, comme Delaune mais avec une qualité de pelouse toute autre. Delaune restera toujours un champ de patates. Et le Red Star y a joué. C'est plus près que Beauvais, moins cher que le SDF et le projet d'édification d'un petit stade à l'anglaise de cotagers low cost est séduisant. Ils doivent pouvoir s'entendre pour pas un rond car l'apport initial reste minime. Et si Oblomov veut faire peuple pour son boulot de dans deux ans, la piscine de Stains après l'échangeur de l'Autoroute du nord pourrait le faire. Il y a tout à deux pas, c'est central, il y a des cigarettes de contrebande, du shit et des armes. En venant de St Ouen, on n'est pas dépaysé.

    Pour conclure (?)

    Je sais bien que vous êtes des sentimentaux attachés à vos habitudes et à cette sortie vintage à deux pas de votre rade préféré dans lequel vous vous rendez en pantoufle sans même songer à enfiler des chaussures de ville. Mais Bauer n'a pas d'avenir. La progression du club constitue une insulte aux plans d'urbanisme. Les collectivités locales n'en peuvent mais. Elles ne sont pas là pour vous payer un stade non plus. Le brouzouf est pour les mômes, pas pour le foot pro. La piscine de St Ouen est déjà un poème. Si cinq millions vous paraissent peu, mettez-les de votre poche. Bauer n'est pas le bon outil et la concentration des aires de jeu en périphérie de Paris représente un lointain vestige des aires de plaisirs ouvrier aux abords des fortifs qui vaut à cette zone (on l'appelait LA zone) d'avoir été sous urbanisé par rapport à l’extension parisienne. Dans le grand Paris immobilier et avec une législation qui pousse les communes à accumuler du logement à loyer encadré, Bauer est un anachronisme. Et je le dis comme je le pense, on tient là un terrain pourri et il me semble utile d'envisager de construire ailleurs. Beauvais est loin, St Denis a une politique tarifaire exorbitante, Beauvais, n'est pas très ... central. Je mets les bonnes âmes en garde: Faire sortir de terre un beau stade en PPP va bien plomber les finances et du club et du contribuable pour 30 ans. Le Red Star doit voler low cost pour ne pas se mettre en péril. C'est un club Ryan air qui a pourtant survécu à PFC, PSG, Racing club de France Paris Matra 92 et Stade Français qui connu aussi ses heures de gloire en 2e div. Le destin du Red Star passera plus surement par le stadium des Mirettes que par la Biron Arena.

  • Sir Sourire le 13/10/2015 à 11h48
    Coach Potato
    aujourd'hui à 11h30

    La Courneuve

    En attendant de voir un oligarque de la potasse en Molvanie investir dans une Biron Arena qui allierait tradition et modernité telle une guinguette fauve du 21e siècle en bord de Seine à gauche après l'usine de traitement des déchets, pourquoi ne pas se refaire un Bauer à la Courneuve. C'est à deux pas, facile d'accès et surtout, l'espace est attenant au parc départemental. Sauf erreur, cette pelouse magnifique est toujours propriété du 9 cube.
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    Le stade est sur le terrain du Parc interdépartemental des sports, copropriété d'un syndicat Paris/Seine-Saint-Denis. Pour être tout à fait honnête, Paris s'en tape un peu.

    En ce moment le syndicat de gestion est présidé par un conseiller départemental séquano-dionysien PS, qui est également député de la circo qui englobe Saint-Ouen. Autant dire que le projet de relocalisation du Red Star dans le coin est dans ses cartons. C'est pas pas gagné pour le moment, notamment en raison des enjeux politiques locaux (le stade est utilisé par des clubs courneuviens, ville encore communiste mais également canton du Président du Département).

    De ce que je sais, ça déplairait pas aux dirigeants du Red Star, qui lorgnent sur la demi-douzaine de terrains annexes qui pourraient servir au centre de formation.

    Enfin bon, ce qui est sûr, c'est que le club est dans un beau merdier.

  • osvaldo piazzolla le 13/10/2015 à 13h17
    Houlala, Coach, c'est encore plus long que l'article. Je vais bosser et je digère tout ça ce soir.

  • osvaldo piazzolla le 13/10/2015 à 13h58
    Juste: vous parlez bien de Marville? le SYMBOLE de la descente aux enfers du Red Star ?

  • Coach Potato le 13/10/2015 à 14h09
    Sir Sourire
    aujourd'hui à 11h48

    Les galettes de Pont Aven

    Merci pour cet éclairage. Ce retour aux sources représenterait selon moi l'opportunité que la FFT n'a pas saisie en migrant vers la plaine des Noues.
    J'épargne à la cédéfie un deuxième pavé d’affilée sur l'évolution du Parc de la Courneuve depuis le Trias mais il n'a pas toujours eu cette configuration restreinte et il a accueilli des générations de neufcubiens car le district veillait à répartir les concessions entre clubs affiliés et réservait les meilleurs terrains aux championnats LIPFF. L'Honneur avec tribune représentait alors le sommet de la chaine alimentaire et disons le sans fard, les concessions donnaient lieu à des discussions de marchands de tapis homériques dont certaines se sont terminées en after dans un live show avec tables du bas de la place Pigalle. Il y a prescription...

    Les clubs les plus richement dotés par leur municipalité savaient s’effacer devant les plus pauvres, la hiérarchie des championnats déterminaient la qualité du terrain et on n'a déploré aucun mort par énucléation ou par strangulation. C'était 50 francs la caution.

    En début de saison, pour les terrain herbe en tente qui jouxtait le parking, chacun se mettait en rang depuis 1 m derrière la ligne de but, dirigeants, arbitres, adversaires et partenaires, pupille minimes, cadet juniors pour ratisser et retirer les canettes de bières et autres verroteries qui jonchaient après la fête de l'huma qui empêchait la tenu de match à domicile le WE d'avant. Les stab en Rote Erde sont venus se surajouter plus tard en rognant le parking des cars dont la voie fut goudronnée. Les méchantes langues prétendent que c'est aussi parce que le Rote Erde n"avait pas encore été breveté mais vous savez comme sont les gens...

    La nécessité d'accueillir du remblai a modifié la nature du parc et le paysager a recouvert toute cette surface qui représentaient autant de concession pour des équipes de foot. En fait, à l'époque des stégosaures, seule la Courneuve y jouait à l'extérieur. Ce qu'on nommait le fond du parc par rapport à l'entrée côté A1 constituait le ressort haut de gamme, enclavé. Terrains bien drainés, bien stabilisés. J'en profite pour placer: Tous les terrains ou toutes les routes sont stabilisées, peu importe la surface proposée tarmac ou pelouse soyeuse. C'est là où réside la différence avec un champ de foire ou une vicinale.

    Cet endroit qui demanderait des arbitrages faciles à gérer puisqu'il s'agit de concessions représente une opportunité formidable en raison des options modulaires offertes. Module par module et on voit comme ça évolue et l'investissement ne serait pas perdu. De plus ce serait le pôle d'excellence rêvé pour le département qui a souvent émigré à pétaouschnock dans d'improbables CREPS pour ses stages élite.

    Pour le Red Star, ce ne serait pas un déclassement en raison de l'outil de travail potentiel supérieur et je le répète, encore moins un déplacement. Je le reprécise bien pour anticiper la volée de bois vert et blanc des chantres du renouveau audonien. En bonne logique ce terrain, à l'origine est fait pour accueillir à domicile une des équipes fanion du département, y compris et surtout pour ses championnat de ligue régionale, voire plus si affinité. Pour des clubs comme Romainville et Epinay qui ont un superbe honneur ou St Denis qui tient à son champ de patate, c'est inutile. Mais pour des équipes du Red Star, cela fait sens. En plus, il est bien ce terrain. Pour info, à l'époque des stégosaures, il était bien supérieur à l'honneur du camp des loges. Le summum du velours était alors Romainville et Bergeal à Mantes (2e div).

    Ce terrain me semble envisageable à peu de frais dès 2016/2017 avec un minimum de bonne volonté. J'ajoute que du temps de la ceinture rouge, toute les municipalités n'étaient pas coco et que les politiques n'intervenaient qu'à bon escient et laisser dealer les présidents au district et à la ligue en amont selon le processus décrit ci-dessus. Si l'on considère la réduction des surfaces de terrain de foot, il y aura peu de concession à ne pas renouveler.

    En revanche, sur la base de ce que j'explique, il ne s'agit pas non plus d'un passe-droit. Ces recoins du parc départemental avait vocation à héberger les meilleurs et tout le monde trouvait ça normal. Le président qui subissait une mauvaise année au Maratrat bougonnait sous l'oeil goguenard de ceux qui avaient des terrains municipaux, le président arbitrait pour la forme (je vais éplucher tes mutations, pour rire), il faisaient un bien modeste gueuleton au couscous du coin, allaient parfois s'encanailler gentiment. Chacun rentrait chez soi heureux et celui qui jouait le plus haut obtenait ses concessions de droit. On ne faisait pas monter les ténors politiques locaux à la ligue et pourtant, le quartier n'en manquait pas. Je ne plaisante pas en plus... Et c'était 50 francs la caution.

    Et je pourrais vous frapper avec ma canne! Ou vous biffler avec ma queue de stégosaure.

    *LIPFF: Ligue Parisienne d'Ile de France de Football, gère les championnats "honneur" et chapeaute les districts. Organise les sélections IDF et le 93, en pointe, toujours, s'était doté d'un staff professionnel pour ses détection à lui. Sauf erreur, il n'y a pas de Creps ou équivalent dans le 93. Il fallait squatter comme des SDF ou aller chez les gueux, loin. Salauds de pauvres. Mais bon, on avait la Courneuve qui aura été un outil génial. On doit pouvoir monter en gamme à peu de frais.

    Et comme je le dis à moitié en plaisantant, il faut conserver des bilans présentables sur des projets ciblés à l'heure où baissent les dotations aux collectivités. J'ai oublié de le préciser, c'est pas loin du CDI de la Dame blanche, Oblomov va pouvoir se sentir bien pour faire des photos peuple. On le mettra pour illustrer les publications du district à coté des convocations pour sanctions administratives et d'une photo des U15 du Blanc Mesnil. Difficile de faire plus peuple mais ce sera moins glamour que Riana à la corbeille.



  • Coach Potato le 13/10/2015 à 14h19
    Les seins nus!

    Le nom de la boîte à Pigalle: Les seins nus.
    Oui. Vous ne saviez pas comment était gérées les concessions et les candidatures à la ligue, maintenant vous savez.

    Sans déconner, entre la Courneuve et Bauer, il n'y a pas photo. (j'ai testé) Vous ferez une vente des poteaux à Drouot. On vous les gardez pour faire passer les visiteurs comme sous des fourches caudines, peintes en vert belle époque.

  • Hydresec le 13/10/2015 à 16h36
    J'ai toujours pensé que plusieurs contributeurs postaient sous le pseudo Coach Potato - ces dernières contributions très intéressantes et, il faut le souligner, constructives, en sont la preuve (ou alors Coach a eu plusieurs vie. Ou possède le don d'ubiquité).

    Une réponse de l'auteur de l'article serait bienvenue, parce qu'autant je ne suis pas insensible au romantisme des fortif', autant s'arc-bouter coûte que coûte sur une enceinte bonne pour la pelleteuse et une pelouse à peine digne d'être broutée par les chèvres, je trouve ça un peu vain.

    (Coach, tu as cité le stade Aimé Bergeal de Mantes la Ville : sache-le, tu m'as ému)

La revue des Cahiers du football