Bordeaux : en route pour la joie?
En s’imposant successivement à Glasgow et à Strasbourg, les Girondins se sont rappelés au bon souvenir du public français. Accédant à la deuxième place du classement, ils se sont également replacés dans la course au titre. Car en dépit de toutes les protestations d’usage des joueurs et des dirigeants, Bordeaux a sans doute les arguments pour se mêler jusqu’au bout à la lutte finale. Après une entame très perturbée, les hommes d’Elie Baup ont en effet su redresser la tête depuis quelques journées.
Ce rétablissement spectaculaire a coïncidé avec l’arrivée de deux éléments primordiaux. En premier lieu, une efficacité de nouveau au rendez-vous. Wilmots avait été le précurseur en ce domaine mais les rencontres contre Lille, le Celtic ou Strasbourg ont été exemplaires à cet égard. Le match contre les Nordistes a mis en exergue une combativité et une persévérance peu communes. Là où en début de saison, les Bordelais auraient abandonné deux points, ils ont réussi à forcer leur destin. Les deux dernières sorties bordelaises ont montré une autre facette de leur nouveau talent offensif : le réalisme. Ballottés pendant près d’une heure en Ecosse et pendant tout le match en Alsace, ils n’ont eu besoin à chaque fois que de deux occasions pour décrocher les étoiles.
Mais les Girondins vont également beaucoup mieux depuis le retour d’Alain Roche. Invité de dernière minute, celui-ci a réussi à stabiliser l’équipe grâce à ses qualités morales et techniques. Il a rassuré ses partenaires de la défense et a insufflé au reste de l’équipe la confiance et l’ambition qui lui manquait sans doute après les atermoiements de début de saison.
Début de saison d’ailleurs loin d’être aussi raté que certains l'ont écrit. Il ne s’en est fallu que d’un manque de réussite évident pour que les hommes de Baup ne se retrouvent d’entrée dans la course en tête. Deux très bons matches contre Metz et Troyes injustement sanctionnés par deux résultats nuls ont accentué un malaise que l’avarice supposée des dirigeants bordelais et le traitement de l’"affaire Wiltord" avaient fait naître. Le retour en forme de Wilmots et l’arrivée de Pauleta ont su calmer peu à peu les plaintes des uns et des autres et ont permis à tous de se recentrer sur le jeu. Enchaînement logique de ce nouvel état d’esprit, un rapide retour à la surface.
Pour autant tout n’est pas encore parfait dans le collectif girondin. Et il n’échappe pas à l’un des tous meilleurs entraîneurs de France que son équipe a encore de gros progrès à faire dans la maîtrise du jeu. Comme beaucoup de ses concurrentes cette année, elle peine à domicile. Si la solidité défensive et la solidarité affichées lui permettent de bien se comporter à l’extérieur, elles sont en revanche insuffisantes pour dominer les débats à Lescure. Contraints d'y faire le jeu, les coéquipiers de Dugarry se retrouvent souvent en difficulté dans ce domaine. La faute à un rendement technique encore très insuffisant et peut-être à l’absence d’un vrai meneur de jeu susceptible d’apporter un éventail de solutions plus variées en attaque. Dans ce domaine, le retour en forme de Laslandes pourrait bien apporter un début de solution. Non pas que le double buteur de Glasgow soit le nouveau Giresse mais grâce à une efficacité retrouvée, il pourrait permettre à son équipe de concrétiser plus rapidement et ainsi de s’ouvrir des espaces qui lui conviennent bien mieux.
Dans cette éventualité, les hommes de Baup pourraient dès lors s’inscrire comme les favoris d’une compétition où le gagnant sera celui qui montrera le plus de continuité dans ses résultats. A ce titre, ils possèdent, par exemple, un avantage sur deux des principaux candidats à la victoire puisque pour cause de Ligue des Champions, ils bénéficieront d’un calendrier plus allégé que Paris et Lyon (qui vont être fragilisés par la Ligue des champions, voir la Gazette 18). De surcroît, avec une expérience autrement plus importante que la plupart de leurs "nouveaux rivaux" (Sedan, Lille, Guingamp, Nantes, s'ils maintiennent leurs positions), ils pourrait se trouver en position idéale pour franchir la ligne en tête.
Nous n’en sommes pas encore là, mais il n’aura échappé à personne qu’à travers l’exemple Bordelais la notion la stabilité se retrouve à l’honneur. Nul hasard, qu’exception faite du PSG, les principales équipes de tête bénéficient d’un effectif quasi identique à la saison précédente. Il nous semble d’ailleurs assez moral que la continuité du travail soit ainsi récompensée et qu’une vue à moyen terme puisse porter ses fruits. Les millions claqués à l'intersaison ne font heureusement pas tout.