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Breno, une carrière en cendres

Annoncé au Bayern comme le nouveau Lucio, Breno a sombré sur le terrain puis en dépression, pour finir en prison après avoir mis le feu à sa maison.

Auteur : Toni Turek le 10 Sept 2012

 

Eté 2007: humilié par sa non-qualification en Ligue des champions, le Bayern casse sa tirelire et fait signer Jansen, Klose, Ribéry, Sosa et Toni pour 75 millions d’euros. La fièvre acheteuse munichoise ne s’arrête pas là: l’hiver suivant, le Brésilien Breno Vinicius Rodrigues Borges est transféré en Bavière pour 12 millions. Un pari osé, car la somme est exorbitante pour un défenseur certes prometteur, mais très jeune (dix-huitans) et sans vécu à l’étranger.

 


Hors-jeu à Munich

Les premiers pas de Breno sur les terrains allemands ne l'emmènent pas plus loin que le banc. La charnière centrale bavaroise titulaire est le duo sud-américain Lucio-Demichelis, et si l’un est absent, c’est le Belge van Buyten qui joue. Sous les ères Hitzfeld II, Klinsmann et Heynckes II, Breno n’est que le suppléant du suppléant, jouant seulement quand il y a deux forfaits en défense centrale. En dix-huit mois, le natif de Cruzeiro apparaît ainsi cinq fois en Bundesliga et six en C1. Mais lors de ces rares passages sur le gazon, où il n’est titulaire qu’une fois sur deux, Breno ne convainc aucun de ses entraîneurs, et voit sa situation s'enliser [1].

 

 

Changement à l’été 2009: van Gaal arrive, et refuse à Lucio de lui garantir un rang de titulaire, ce qui provoque le départ de ce dernier. Tout change? Rien ne change! Breno reste barré par Demichelis et van Buyten, et le jeune Badstuber alors en pleine ascension. Sur le second semestre 2009, le malheureux Breno ne joue que deux fois quatre-vingt-dix minutes: une fois en Coupe, l’autre fois en Bundesliga… à un surprenant poste de latéral droit. Pour le jeune Brésilien, la période van Gaal vaut les précédentes: il reste un quatrième choix en défense centrale.

 

 


Blessé à Nuremberg

Plusieurs joueurs souffrant d’un manque de temps de jeu, le Bayern en prête cinq à l’hiver 2009/10. Si l’Argentin Sosa, lui aussi recruté à prix d’or, en profite pour retourner en son pays à l’Estudiantes, Breno effectue (avec Ottl) un trajet bien plus court: il est prêté au voisin Nuremberg, un promu qui lutte pour son maintien. Dans l’autre club bavarois de l’élite allemande, le Brésilien change de statut: titulaire, il s’y épanouit, réalisant même un bon match contre le Bayern (1-1). Fait inédit: il joue plusieurs rencontres en entier d’affilée. Sa carrière en Allemagne est-elle enfin lancée?

 

Hélas, la réception de Leverkusen en mars 2010 marque un coup d’arrêt dans la progression de Breno, qui est victime d’une rupture des ligaments croisés d’un genou. Direction l’infirmerie: on ne reverra plus Breno sous le maillot du "Club" [2]. Quand il est rétabli, Breno est revenu à son point de départ: sur le banc du Bayern. Sur la saison 2010/11, il est bien titularisé trois fois à côté de l’Ukrainien Tymoshchuk en coupes, mais il doit attendre novembre 2010 pour rejouer en Bundesliga. Après quelques essais lors desquels Breno évolue avec van Buyten, Badstuber ou Tymoshchuk, van Gaal retient le trio van Buyten-Luiz Gustavo-Badstuber en défense centrale. Ainsi dégradé, Breno ne redevient titulaire qu’une fois, à Hanovre en mars 2011: il est alors expulsé sur un carton rouge direct. Quand Jonker remplace van Gaal, Breno ne joue que six minutes de la fin d’une saison à oublier – une de plus.

 

 


Descente en flammes

Et depuis? Rien. La faute à des douleurs récurrentes aux genoux. Souvent blessé, isolé au sein du club, Breno sombre dans la dépression et l’alcool. L’automne 2011 marque une césure dans sa carrière: le Brésilien est placé en détention préventive, soupçonné d’avoir mis le feu à la villa qu’il louait, pour des dégâts supérieurs à un million d’euros – heureusement, le pire a été évité: sa femme et les trois enfants n’étaient pas au domicile ce soir-là. Après douze longs jours passés derrière les barreaux, Breno est libéré sous contrôle judiciaire, grâce à la caution versée par le Bayern qui, s’il ne compte plus sportivement sur Breno, tient cependant s’afficher à ses côtés en ces temps difficiles, ainsi qu’en témoignent des déclarations de soutien de Hoeness et Rummenigge.

 

 

On est loin ici d’une frasque à la Balotelli. Le cas de Breno révèle plutôt le profond mal-être d’un joueur frustré – à raison – par sa place et son parcours au Bayern: vingt matches de championnat joués en quatre ans, un statut de non-titulaire qui lui colle à la peau, et une incertitude sur son avenir, avec un contrat échéant à l’été 2012. À vingt-deux ans, le Brésilien reste jeune, mais il n’a pas réussi à concrétiser les attentes du club qui avait tant misé sur lui.

 

 


Transfert en prison

Si le Bayern tient à accompagner Breno [3], cela n’enraye pas sa descente aux enfers. En janvier dernier, il lâche un tweet affirmant que le Bayern le traite mal. Le club ne dramatise pas l’affaire, et le Brésilien s'en sort avec des excuses et un avertissement, sans même une amende, contrairement aux us locaux. Par la suite, il se fait faire deux nouveaux tatouages, alors qu’il venait de sécher l’entraînement à cause d’une grippe – là encore, le Bayern apaise la situation. Nouveau choc en février: Breno apprend qu’il doit encore se faire opérer du genou…

 

L’été 2012 marque un point final à la relation compliquée entre le Brésilien et son club. Au terme d’une saison blanche côté sportif, et noire côté personnel, Breno est jugé coupable d’incendie volontaire et condamné à trois ans et neuf mois de prison, malgré son état alcoolo-dépressif lors des faits. Éloignée des deux ans avec sursis demandés par son avocat, cette sanction est néanmoins légère – cinq ans et demi avaient été requis contre le joueur, qui risquait en théorie bien plus. Mais elle empêche le défenseur de rejoindre la Lazio, qui paraissait intéressée. Faute de balle, Breno est donc allé au ballon. Jusqu’à quand? Nul ne le sait, le Brésilien ayant fait appel du verdict prononcé. Son avenir dans le foot s’inscrivant pour le moment en pointillés, la question qui reste est de savoir si Breno affolera davantage le marché des transfèrements que le marché des transferts.

 


[1] Sur les onze matches qu’il a disputés entre janvier 2008 et juin 2009, Breno a été noté six fois par le magazine sportif Kicker. Ses notes allaient de 3,0 (moyen +) à 6,0 (nul). Quand il a été titulaire, le Bayern n’a pas gagné (1N, 4D).
[2] Surnom du club du 1. FC Nürnberg, resté jusqu’en 1987 le club le plus titré d’Allemagne, avec neuf sacres.
[3] Tardive prise de conscience ou/et tentative de rachat? C’est l’avis d’Elber, ancien attaquant brésilien du Bayern, pour qui le club n’a pas assez pris soin de Breno pour l’aider dans sa première expérience à l’étranger.

 

Réactions

  • le Bleu le 10/09/2012 à 09h29
    Fort triste histoire. Sans minimiser la maladie psychiatrique qui affecte cet homme, cela n'illustre-t-il pas la nécessité, pour des joueurs professionnels extrêmement impliqués dans leur métier et leur passion, de relativiser leur statut, de comprendre qu'à l'échelle du lot de l'humanité, il y a bien pire sort que d'être assis à 21 ans sur le banc du Bayern Munich ?

    Avait-il demandé à son club de le transférer ? Ce serait logique. Après 2 ans sur le banc, autant mettre les pouces.

    C'est aussi la difficulté, pour un joueur brésilien, de s'adapter au football européen. C'est un effort énorme. Beaucoup n'y parviennent pas.

  • Pascal Amateur le 10/09/2012 à 10h22
    A noter, en allemand, "brûler" se traduit "brennen", ce qui est très proche du nom du joueur – et pencherait dans un sens en effet psychiatrique : c'est à lui-même qu'il a voulu mettre le feu, disparaître.
    Ou pas.

  • la menace Chantôme le 10/09/2012 à 11h04
    Note pour mon club : 'va falloir qu'on donne quelques bouts de matches en plus à Lugano, quand même...

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