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Buts de (très) loin : la longueur ne fait pas tout

When Saturday Comes – Les tirs qui trompent le gardien depuis la ligne médiane ont souvent les faveurs des élections des plus beaux buts. Distance ne veut pourtant pas dire beauté.

Auteur : Tom Lines le 16 Oct 2018

 


Extrait du numéro 379 de
When Saturday Comes. Titre original : "Going the distance", traduction La Menace Chantôme.

 

* * *

 

Il aura fallu moins de trois secondes à David Beckham pour se faire un nom – 2,8 secondes exactement, soit le temps écoulé entre le moment où le ballon quitta son crampon droit et celui où il finit sa course au-dessus d’un Neil Sullivan désespéré pour se blottir au fond des filets de Wimbledon.

 

 

 

Si le fait de marquer depuis la ligne médiane avait déjà paru possible auparavant, l’exploit était resté désespérément inaccessible. Il y eut bien sûr Pelé, qui passa à deux doigts d’y parvenir en 1970, tout comme Chris Waddle lors de la Coupe du monde 1990 en Italie (mais une faute avait de toute façon été signalée – voir à 2:42 sur cette vidéo). Et lorsque John Bailey y parvint (après rebonen 1982 pour Everton, il admit immédiatement avoir simplement eu un gros coup de chance.  

 

 

Tout est possible

Le geste spectaculaire de Beckham lors de l’ouverture de la saison 1996/97 est probablement le but le plus emblématique de la Premier League. Il fut en quelque sorte le signal que tout était désormais possible, et le point de départ symbolique de la transformation du sport en l’industrie hyper médiatisée de plusieurs milliards d’euros que nous connaissons aujourd’hui.

 

Surtout, il illustre parfaitement comment (et probablement pourquoi) les buts marqués depuis de très longues distances sont devenus aussi surestimés. En 2002, ce geste fut nommé plus beau but des dix premières années de Premier League, mais aussi 18e meilleur souvenir sportif de tous les temps par la chaîne Channel 4, signe que la Beckham mania avait alors atteint son paroxysme.

 

Pourtant, ce but certes superbe était-il techniquement supérieur au numéro étourdissant de Tony Yeboah sous le maillot de Leeds, qui mit en danger la transversales? Et que dire du fabuleux enchaînement pivot, feinte et finition de Dennis Bergkamp à Newcastle, ou de l’ensemble de l’œuvre de l’étincelant Matt le Tissier?

 

 

 

 

 

Séduction à distance

Lorsqu’un but fait l’objet d’un vote ouvert au public, l’impression que l’énorme base de supporters de Manchester United peut fausser les résultats est souvent tenace (le retourné acrobatique de Wayne Rooney lors du derby a d’ailleurs remporté le prix du plus beau but des vingt premières années de Premier League en 2012). Pourtant, le résultat reste souvent le même lorsque le scrutin est confié à un jury.

 

En avril, les invités des prix de fin de saison de l’English Football League Championship ont dû voter pour leur réalisation préférée de 2017. Difficile d’espérer une meilleure sélection de personnalités du monde du football pour servir de jury. Pourtant, leur choix s’est tout de même porté sur le lob de plus de cinquante mètres d’Olly Lee de Luton sur le malheureux gardien de Cambridge, David Forde.

 

La popularité de ces buts est donc indéniable. Mais comme pour tout phénomène moderne inexplicable (de la carrière de présentateur de Jake Humprey au concert à guichets fermés de Stereophonics à Wembley), il semble important de s’y intéresser de plus près dans l’espoir de mieux le comprendre.

 

 

Plaisir cruel

Les buts inscrits depuis la ligne médiane ont quelque chose de transgressif, d’abord parce que ce genre d’événement ne devrait pas se produire, mais aussi en raison du plaisir cruel que procure le fait de voir un gardien tenter désespérément d’éviter l’humiliation imminente. Le simple fait de tenter d’aussi loin en fait pour beaucoup un geste d’un tout autre niveau.

 

Et il est vrai qu’avoir suffisamment de confiance et d’ambition pour essayer de prendre un portier à défaut depuis sa propre moitié de terrain est déjà louable en soi. Mais cela vaut également pour le fait d’écrire un ballet sur le parti UKIP, et aucun de ces deux efforts ne doit pour autant être à l’abri de la critique.

 

Classer des buts est toujours un processus subjectif, mais la tentative de loin exerce clairement un attrait passionnel et irraisonné. En effet, comparé aux plus belles reprises de volée, aux lobs subtils et autres buts découlant de sublimes mouvements collectifs, il s’agit ni plus ni moins de frapper d’une longue distance – avec une précision certaine. N’est-ce pas un geste que la majorité des footballeurs professionnels devrait être en mesure de réaliser?

 

 

Prime aux mètres

Objectivement, la plupart d’entre nous peuvent tenter une frappe depuis le rond central, et c’est d’ailleurs précisément pour cette raison que cet exercice est le divertissement proposé à la mi-temps de nombreux matches, plutôt que celui du ciseau retourné à vingt mètres (même si, à la réflexion, cela pourrait faire un spectacle plutôt intéressant).

 

Dans le monde du football, l’amalgame entre beauté et distance est fréquent, ce critère prenant même souvent le dessus sur toute autre considération. Comme si roman le plus long recevait automatiquement le Booker Prize, le concours du salon canin Crufts était remporté chaque année par un dogue allemand, ou le couple Torvill et Dean [1] ratait l’or olympique parce qu’un couple russe réussissait un saut lancé de neuf mètres.

 

Peut-être devons-nous des excuses à David Batty: le mercredi suivant le fameux but de Beckham, Wimbledon FC se déplaçait à St James’ Park et, à la troisième minute, Neil Sullivan dût sortir de son but pour effectuer un dégagement. C’est alors que dans un parfait exemple de déjà-vu propre au football, le milieu de Newcastle reprit froidement le ballon d’une demi-volée qui loba le (décidément) malheureux gardien sur près de quarante mètres.

 

Avec le recul, c’était peut-être sa façon à lui de nous faire comprendre que le but de Beckham n’était pas aussi spécial que tout le monde le pensait. Si seulement nous avions reçu le message.


[1] Jayne Torvill et Christopher Dean, patineurs britanniques champions olympiques de danse sur glace en 1984.
  

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Réactions

  • Sens de la dérision le 16/10/2018 à 07h19
    C'est justement l'alliance de la puissance, du précision et du culot, sans oublier la rareté qui fait que ces buts sont beaux.

  • la menace Chantôme le 16/10/2018 à 09h53
    Tiens, je crois qu'un paragraphe clandestin (et visiblement sponsorisé) s'est glissé entre celui sur Beckham et le chapeau ;)

  • Özil paradisiaque le 16/10/2018 à 10h16
    le plus beau but de l'histoire de la 1ère league est évidemment celui d'Arsenal contre Norwich lors de la saison 2013/2014 conclu par Wilshere : le foot restant un sport d'équipe.
    La même saison d'ailleurs, Rosicky concluera une action du même genre contre Sunderland

  • la menace Chantôme le 16/10/2018 à 10h36
    Anecdote 1 : le but de Yeboah initialement référencé dans l'article original était le suivant : lien.
    Mais j'avais moi aussi trouvé l'enchaînement choisi par la rédac bien plus joli. Belle harmonie sur les cahiers :).

    Je trouve d'ailleurs intéressant que ce boulet de canon plongeant ait visiblement davantage marqué la mémoire collective d'Outre-Manche que le numéro où il enchaîne plusieurs gestes techniques. Peut-être que l'opposition joue un rôle important (Liverpool). Mais du coup, on en revient à l'argument de l'article : un seul geste technique (certes remarquable) contre un enchaînement conclu par une belle frappe.

    La trajectoire, aussi ? Mais sur ces 2 buts, on a les plus beaux représentants des deux styles (bombé vs rectiligne).

    Perso j'aurais retenu les 2 ex-aequo.

    Anecdote 2 : saurez-vous identifier le club (multirécidiviste, à ce stade) contre lequel Yeboah marque ce fameux enchaînement jongle - crochet - boulet de canon ?

La revue des Cahiers du football