Chronique d'une déroute annoncée (la suite)
La saison n'est pas encore lancée que déjà l'OM fait peur à ses supporters. Certes, il était prévu par une équipe dirigeante quelque peu frileuse une saison de transition. Certes, après les déboires des derniers mois, il était difficile d'espérer autre chose qu'un dur labeur pour des Olympiens en plein doute. La reconstruction annoncée commence mal, l'OM est en train de retrouver le niveau qu'il avait durant ces longues années 80, faible et sans ambition.
Auteur : Justine Misopoint
le 26 Juil 2000
La saison n'est pas encore lancée que déjà l'OM fait peur à ses supporters. Certes, il était prévu par une équipe dirigeante quelque peu frileuse une saison de transition. Certes, après les déboires des derniers mois, il était difficile d'espérer autre chose qu'un dur labeur pour des Olympiens en plein doute. La reconstruction annoncée commence mal, l'OM est en train de retrouver le niveau qu'il avait durant ces longues années 80, faible et sans ambition.
Ce constat n'empêche en aucun cas les Marseillais de s'abonner en masse (41 000 personnes), mais la morosité court les rues. Si l'OM continue de représenter une des valeurs fondamentales du football français, il le doit beaucoup plus à cette fidélité du public qu'à ses choix sportifs. Comment expliquer (excuser) une nouvelle intersaison de ce calibre? L'équipe dirigeante continue d'enfoncer le club en vendant à ses principaux adversaires ses joueurs les plus talentueux. Après Dugarry vers Bordeaux en décembre 99, c'est au tour de Luccin et Dalmat d'aller enrichir l'effectif du PSG pour des sommes élevées, cela va sans dire, mais sans commune mesure avec la fâcheuse tendance actuelle et le niveau clairement décelable de ces deux joueurs.
L'affaire Lucas, Brésilien hautement prometteur, convoité par l'OM, pratiquement acquis par les négociations de Di Méco, et enrôlé par Rennes, n'est qu'une preuve supplémentaire que l'OM est rentré dans le rang. Cette dernière anecdote dévoilant publiquement les rapports médiocres entre un Yves Marchand qui ne comprend toujours rien au monde du football et Eric Di Méco, dégoûté de n'avoir pas eu les moyens de construire l'équipe qu'il souhaitait.
La crise qui couve entre la direction administrative et la direction sportive n'est pas sans rappeler celle qui a fait exploser entièrement le club l'an passé. Si les torts semblaient être des deux côtés (Courbis et Marchand) en 99, il n'en est pas de même cette saison, Yves Marchand, par une lenteur impressionante dans ses prises de décision, et par sa méconnaissance totale du foot (Denilson le Suédois...), tenant en effet le rôle de premier virus dans la maladie rongeant le club des Bouches du Rhône.
Son principal soutien, Robert Louis Dreyfus, aura lui aussi du mal à prouver une nouvelle fois aux supporters, légitimement en droit de réclamer des comptes dès aujourd'hui, que sa façon de commander l'OM est la bonne. Car les 500 millions sortis de sa poche et injectés dans le club n'ont rien amené de probant. Et s'il a délégué tous ses pouvoirs à Yves Marchand ou Rolland Courbis à une époque malheureuse, il n'en reste pas moins le responsable ultime de calamiteuses gestions sportives (merci le goal average), humaines (Porato le gentil qui pète publiquement les plombs l'an passé), financières (Eric Di Méco qui apprend stupéfait les clauses comprises dans le contrat de Pirès, le nombre de transferts non rentables hallucinant depuis sa prise de pouvoir, son refus obstiné de s'allier à tout nouvel investisseur pour garder la main mise sur son "oeuvre"...).
Il veut renflouer ses caisses avant de réinvestir et prend comme excuse à ces mauvaises gestions sus citées la piètre santé du championnat français et la position du sport de haut niveau en France comparé aux autre nations (impôts élevés...). Autant de situations qu'il connaissait avant de reprendre le club. Et s'il a cru que sa volonté de casser un système bien ancré suffirait, il s'est quelque peu trompé, ce qui tendrait à prouver que malgré son expérience réussie chez Adidas, il n'en demeure pas moins innocent. Il aura aussi du mal à expliquer les différents investissements de ses concurrents par rapport aux siens, ces concurrents qui relèguent tranquillement et en souriant son club au niveau des poids moyens. Ce qui n'est pas si mal après tout pour quelqu'un qui se voyait finalement assumer une saison en D2.
L'OM tourne mal et fait presque pitié. Il faudra beaucoup de courage à Abel Braga et aux petits nouveaux pour jouer sans pression un championnat délicat. Mais l'espoir fait vivre, et les supporters, eux, y croient quand même un peu. Malgré tout.