Chronique de l'entre-deux
Une trêve de deux jours peut sembler brutale quand elle survient après une telle série de rencontres. Dans les médias, l'heure est donc au relâchement, et même L'Equipe fait grève. Les tirages de leçon vont bon train, on médite un peu sur le premier tour, on parle des maillots des Italiens, des hooligans, de Matthäus qui allume ses coéquipiers, de Shearer et sa retraite à 29 ans…
Le marché des transferts en profite pour faire son retour dans les dépêches, même si c'est surtout pour dire que rien n'a bougé et que les dossiers n'avancent pas. Le supporter a de toute façon du mal à quitter la tunique bleue pour revêtir celle de son club, et préférerait encore ne penser qu'au tournoi européen, loin des contingences régionales, des stratégies de recrutement et des mesquineries contractuelles qui lui semblent un peu irréelles en ce moment.
Pourtant, "pendant ce temps" dans l'hexagone de notre football, il se passe des choses intéressantes, comme la salade niçoise ou encore la désignation des "candidats indépendants" pour les élections du C.A. de la Ligue, parmi lesquels se trouve le futur opposant à Le Graët, mandaté par Aulas et le Club Europe (voir Cahiers 36). Intox et intrigues de couloirs se multiplient car le scrutin s'annonce serré et a été soigneusement préparé par l'opposition à l'actuel président. Ce 6 juillet décisif pour l'avenir du football français arrivera très vite.
On aura aussi assisté de loin à l'enterrement en toute discrétion de "l'affaire OM/Monaco" après le double retrait de plainte de Gallardo puis Simone. On ne s'est pas où en est la lessive marseillaise, mais le ménage aura été proprement effectué par le foot français, dans l'intérêt supérieur de lui-même. On peut se féliciter de ce retour au calme (qui a permis opportunément de mener quelques négociations importantes entre les deux clubs concernés, les affaires sont les affaires), mais aussi regretter ce coup d'éponge qui arrange tout le monde et laisse passer l'occasion d'une réelle mise au point.
Enfin, tout aussi discrètement, l'UEFA a annoncé qu'elle réfléchirait dans le courant de la saison prochaine à une refonte de la Ligue des Champions, afin de faire passer de 17 à 15 ou 13 le nombre de rencontres disputées par les finalistes, dès 2001/2002. De là à remettre en cause le regrettable système à deux phases de poules, il n'y a qu'un pas que nous voudrions bien voir l'UEFA franchir (comme nous avions voulu lui faire savoir avec notre modeste pétition de mai dernier). Mais il faut d'abord que la confédération négocie avec les clubs, et donc indirectement avec le G14. Les jeux sont donc loin d'être faits.
Voilà, laissons encore quelque temps ces dossiers de côté et retournons à l'excitante parenthèse de l'Euro, avant de revenir sur terre et dans nos championnats…