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Comment continuer à aimer le football ?

Démode d'emploi – Pour entretenir nos sentiments avec une passion qui s'érode, voire qui nous trahit, il faut y mettre du sien. Ou se détacher. 

Auteur : Hind Boukhatem le 17 Nov 2020

 

 

La moitié des mariages finissent en divorce, mais l’amour du football dure toute une vie, en principe. Comme dans toute relation, vient un moment où les petits défauts que nous tolérions au début nous deviennent insupportables. Avec le football, c’est un peu l’inverse. Plus il se perfectionne, plus il devient difficile de l’aimer.

 

C’est-à-dire que le contrat que nous avions signé à la base nous convenait mais, année après année, de nouvelles lignes sont venues s’y ajouter. La situation s’est tellement détériorée qu’un week-end sur deux, on agite la menace d'une séparation. Des menaces vaines, auxquelles nous ne croyons pas nous-mêmes.

 

Le football a pris de la masse, il est devenu plus riche, plus sophistiqué et nous, à côté, nous sommes restés les pouilleux que nous avons toujours été et qui se font maintenant snober.

 

 


photo cc CJS*64

 

Tricher

Un récent article du Parisien était consacré à la nouvelle stratégie marketing du Red Star. Il y était question d’hommes d’affaires américains, de parcours touristiques et de loges VIP pour y causer business. De quoi faire tomber en syncope n’importe quel anarcho-communiste de Saint-Ouen.

 

Alors sans scrupule, on triche. On lorgne les divisions inférieures où c’est petit, vieux et confortable. Une sorte de dernier refuge du football populaire. D’autres, plus déterminés, organisent la résistance très concrètement. Un bon exemple: les Rencontres nationales de calcio popolare organisées à Pescia, en Toscane, cet été. Des réunions studieuses pour aller vers un football inclusif, autogéré et éthique.

 

Le truc est qu’il est encore possible d’aimer le football en se créant ses propres règles. Le football moderne est une machine que rien n’arrêtera – à part peut-être un krach économique. Pourtant, même en cas de chute, il n’y aura pas de retour en arrière. L’erreur, cependant, serait de penser que nos seuls choix sont la résilience et le conformisme.

 

Avec toute l’importance qu’on attribue au football, il n’est pas question de sacrifier ni ses principes, ni son bonheur. Certes, Bill Shankly a dit que le football est quelque chose de bien plus important qu'une question de vie ou de mort, mais il avait également dit qu’il regrettait les nombreux sacrifices qu’il avait consentis au nom du football.

 


L'ignorer

Le jeu doit rester un jeu. La principale fonction du football est de procurer du plaisir. Si nous commencions par prendre le football plus à la légère, ça serait un premier pas pour renouer avec ses émotions. Et si certains retroussent les manches pour bousculer le nouvel ordre, il faut se rappeler que, pour la plupart, le football est d’abord une distraction et un lieu d’évasion. Le même effort de lutte ne peut être raisonnablement exigé de tous.

 

Si la VAR est une abomination faustienne dont on ne peut se débarrasser maintenant, on peut choisir aussi de l’ignorer. Le mercato est une plaie? Pourquoi le suivre? La croyance que nous sommes forcés de subir en spectateurs dociles et résignés ne fait qu’accroître les sentiments de frustration et de dégoût.

 

Peu importe qu’on choisisse de s’impliquer ou qu’on préfère se tourner vers des championnats hors d’atteinte des velléités sécessionnistes des plus riches, il est possible encore de retrouver un football à notre image.

 

Enfin, en cette période de morosité, entre stades vides, menaces de ligues fermées et impossibilité de faire son five le dimanche, on peut aussi envisager d’arrêter le football, tout simplement. Temporairement jusqu’à l’amélioration des conditions ou définitivement.

 

Après tout, la résistance est aussi le refus de tout compromis qui ne soit pas pleinement satisfaisant. Toutes les histoires d’amour n’ont pas une fin heureuse.


 

Réactions

  • inamoto le 17/11/2020 à 10h42
    Merci pour cet article.
    J'en partage la tonalité pessimiste et sans illusion.
    Pour ma part, je suis dans une sécession partielle. J'ai quasiment abandonné le football comme spectacle, à une exception près, mon club. Mais pour la première fois, avec les stades vides, y compris sur ce terrain là il y a une faille.

  • Richard N le 17/11/2020 à 10h47
    Très bonne réflexion, les mots sonnent justes. Pendant combien de temps peut-on faire semblant d'aimer encore ? Pourquoi tardons-nous à admettre que les meilleurs moments ne reviendront jamais ?

  • blafafoire le 17/11/2020 à 10h49
    Oui mais faire sécession avec le foot d'aujourd'hui, c'est un peu faire sécession avec aujourd'hui. Et ça, même si ça semble moralement juste, c'est dur à avaler.

  • OLpeth le 17/11/2020 à 11h54
    Le foot de club ça devient vraiment compliqué à apprécier entre la L1 cheaté par le PSG et la LDC cheaté par les gros.
    Par contre il y a toujours quelque chose pour moi du foot d'avant dans celui des équipes nationales : pas de transferts délirants, pas de nouveaux riches qui débarquent, ou de vieux riches indétrônables, simplement les meilleurs joueurs d'une nation qui s'affrontent dans des compétitions claires (la ligue des nations ne comptent pas). Bon le fait qu'on ait une équipe et des résultats exceptionnels en ce moment doit jouer un peu.

  • Marius T le 17/11/2020 à 13h27
    Ne plus être joueur c’est ça le plus difficile, l’absence du vestiaire, de camarades, de sueurs, d’efforts, de matchs.
    Des matchs à voir «  comme avant » il en reste des tonnes mais je vous accorde qu’il ne faut pas regarder et écouter autour.

  • dugamaniac le 17/11/2020 à 15h31
    Ca parait vain mais le monde ultra, pour une partie, tente la stratégie de la lutte en étant plus que présent et en militant.

    D'ailleurs en ce sens, le piratage peut il être considérer comme une forme de lutte?
    Je le crois, mon refus de payer un abonnement télé aujourd'hui est plus militant que strictement economique

  • Hind le 17/11/2020 à 18h11
    @dugamaniac je suis du même avis. Lutter c’est aussi passer par des moyens peut-être peu louables mais en même temps lorsqu’on est facturés honteusement quel autre choix ? Si cela peut servir de moyen de pression aussi.

  • José-Mickaël le 17/11/2020 à 19h54
    Refuser de payer des abonnements télé, c'est mal.

    C'est mal parce que c'est de l'argent que les chaînes de télé ne pourront pas distribuer aux clubs, dont la grande majorité des revenus proviennent des droits télé, payés par nos abonnements. Ces clubs ne pourront donc pas payer leurs joueurs. Au final, en refusant de payer des abonnements, ce sont les footballeurs que vous lésez.

    Or si le foot peut se passer de spectateurs (la crise sanitaire a prouvé qu'on n'avait pas besoin de remplir les stades pour continuer les championnats), s'il peut se passer de téléspectateurs (les audiences en baisse n'empêchent rien), il ne peut pas se passer de joueurs.

    Et toc.

    (En plus, en affaiblissant le pouvoir d'achat des joueurs, vous risquez de mettre en danger l'économie des voitures de luxe, des vêtements de luxe et des prostituées de luxe. C'est mal.)

    (Alors que caricaturer, c'est bien, du coup je ne me gêne pas.)

  • MinusGermain le 17/11/2020 à 20h47
    Merci pour cet article.
    Si le foot évolue dans le mauvais sens, pour "nous". Il faut aussi prendre en compte que nos attentes vis à vis du foot évoluent.

    A titre personnel, comment pourrais-je tomber amoureux d'un OM dirigé par un Bernard Tapie aujourd'hui? Complétement impossible, mais ça ne l'était pas quand j'avais 10 ans.

    Heureusement, qu'il reste encore des échappatoires, en vrac:
    - les compétitions de sélections nationales
    - les 'premiers' tours de Coupe de France
    - le foot d'en bas, évoqué dans l'article
    - le foot d'ailleurs
    - les albums panini
    - les écrits, les images, les souvenirs du foot qu'on a aimé
    - taper du pied dans le ballon avec ses amis, ses enfants

  • lyes le 18/11/2020 à 13h44
    Ce qui m'étonne le plus c'est à quel point je me suis distancié du football depuis l'apparition du Covid. Le fait de ne plus pouvoir aller au stade, de regarder des matchs télévisés dans des stades vides, d'être privé des festivités de l'Euro, des diffusions dans les bars à complètement tué mon intérêt.

    Il faut des matchs très emballants, à enjeux et avec des commentateurs qui me tiennent pour que je suive un match entier. Je me suis surpris à hurler dans mon salon sur le but de Kanté au Portugal, ça faisait des mois que le football n'avait provoqué aucune réaction impulsive chez moi.

    La dimension sociale de partage autour du premier sport mondial est tellement sous estimée.
    Je veux bien passer outre les dérives économiques, la réalisation technique douteuse, l'arbitrage vidéo, les spécialistes de la polémique, les matchs nuls... Mais je n'arrive pas à me passer du stade, du partage devant un match, de la célébration collective des victoires où de l'amertume partagée des défaites.

    Ce n'est pas définitif mais le football et le suivi du football est tombé très bas dans la liste de mes centres d’intérêt. La NBA par exemple est une ligue que je trouve intéréssante dans son abord des contraintes actuelles et pour laquelle je n'ai aucune attente de supportariat et de partage festif donc je suis toujours très attentif.

    J'attend avec impatience l'Euro (même à 24) et la Coupe du Monde (même au Qatar).

La revue des Cahiers du football