Comment le Danemark va gagner la Coupe du Monde
Puisqu’il faut toujours et à nouveau préserver la raison d’un football rationnel et démythifié, il est bon, sinon nécessaire, de préciser que les moyens sous-entendus et, en fait, inconscients de l’équipe danoise sont toujours infiniment plus subtils et imprévisibles que toutes les éternelles stratégies qui - étant cliniquement ouvertes et respectables - de temps à autre sont officialisées par le sélectionneur: un sélectionneur qui, naturellement, est obligé de faire semblant d’être maître de cette équipe qui, nécessairement, doit vivre d’un arbitraire profond. Il faut s’arrêter sur ce mot “arbitraire” pour être capable de comprendre la qualité inopposable du football danois: cet arbitraire particulier du Danemark n’est surtout pas simplement encore une manière de jouer qu’on peut trouver sur les lignes ordinaires du football international. Il n’est pas, autrement dit, seulement situé quelque part dans un espace dont les points sensibles sont l’anarchie assourdissante et sentimentale d’un jeu de hasard total et l’abîme moinillonal et somnifère d’un système diététiquement parfait.
Il faut aller beaucoup plus loin, il faut lire entre les lignes: le football danois, l’arbitraire, est plutôt le mètre standard inconnu du jeu, une découverte toujours cachée et ainsi toujours à l’antique, toujours moderne. L’équipe danoise est là, simplement, sans une raison saisissable, mais aussi sans la manquer; presque invisible, mais incontestable; partout aussi bien que nulle part - un peu comme une langue qu’on parle naturellement sans être capable d’en dire les racines.
En fin de compte on peut dire que le Danemark recouvre de façon ajustée une question qui ne sera jamais posée: qu’est-ce que le football normal quand il n’est pas football normal? Une fête inouïe dans laquelle le foot est capable de célébrer le foot sans le savoir! Et ça suffit aux besoins, en plus! On ne peut mettre fin à un mètre standard et l’équipe sera sélectionnée le premier juin. Cela est sans réponse: but!