Copa América : le guide / 1
La Copa América commence ce week-end en Argentine. Entamons la présentation des équipes avec des poids-lourds: Argentine, Bolivie, Brésil.
Auteur : Rock'n Santa Cruz et Sylvain Dupont
le 2 Juil 2011
Argentine
(Groupe A)
Le grandissime favori de cette Copa: toutes les stars au rendez-vous, un premier tour facile et le soutien de tout un pays. Cela devrait être suffisant pour aller loin et renouer avec le passé lointain (dernière victoire en 1993). Comme d’habitude, le pays pourra compter sur une ligne d’attaque qui donne le tournis: au milieu de Messi, Di María, Pastore, Agüero, Higuaín et Tévez, un joueur comme Ezequiel Lavezzi est obligé de se faire tout petit, c’est dire, alors que l’attaquant de Naples sort d’une fantastique saison ponctuée par une troisième place en championnat.
Pour le reste, c'est très classique. À noter l’absence d’Heinze et le retour de Zanetti et Cambiasso, les exclus du Mondial sud-africain. Batista, désireux d’effacer toute trace du passage de Maradona, renoue en effet avec une équipe de stars confirmées, qu’il a motivée pour une Copa parfois délaissée. Et il a particulièrement bien préparé son affaire. Pas de raison donc, de croire que les récentes défaites contre le Nigeria et la Pologne ont ébranlé ses convictions: quand les choses sérieuses commenceront, ce ne seront plus les remplaçants qui sortiront sur le pré!
La star : le stade Monumental
Tous les joueurs convoqués sont bien sûr des stars. Mais l’objet vers lequel tous dirigent les yeux avec envie et respect est le stade de la finale, mis en vedette ces derniers jours par les tristes évènements autour de la relégation de River Plate. S’il est probable que l’enceinte des Millonarios sera suspendue de longs mois après les débordements survenus, elle reste néanmoins le théâtre principal de la Copa, et l’arme ultime de la sélection: sur les quatorze titres remportés par l’Argentine, six ont été acquis à domicile, et la première Coupe du monde des Albiceleste a été soulevée au stade Monumental.
À surveiller : Javier Zanetti
Devant son public, ‘Il Capitano’ jouera sa cinquième (et dernière?) Copa América et pourrait s’approcher des 150 matches disputés avec la sélection argentine. Déjà présent en 1995, l’homme aux mille matches professionnels a échoué deux fois en quart et deux fois en finale. Il espère bien cette fois décrocher la timbale pour compenser la perte de ses titres avec l’Inter – et celle, plus douloureuse, de sa mère il y a un mois. Une victoire dans trois semaines dans le Monumental lui permettrait d’entrer, un peu plus encore, dans le livre des records avec l’Argentine.
Bolivie
Groupe A
Depuis 1997 et sa place en finale face au Brésil, la Bolivie n’a plus passé la phase de poules en Copa América. Et même si l’objectif avoué est de préparer les échéances mondialistes à partir d’octobre, le pays ne cracherait pas sur un billet pour les quarts de finale, même en tant que meilleur troisième de groupe. Seul problème, l’équipe ouvre contre l’Argentine qui désirera venger le 6-1 encaissé à la Paz sur la route du Mondial sud-africain.
De plus, l’équipe navigue à vue, sans référence, faute d’avoir disputé un nombre suffisant de matches amicaux. L’apport du jeune entraîneur Gustavo Quinteros et le renfort de quelques éléments évoluant en Israël, Turquie ou Portugal seront-ils suffisants pour encadrer cette formation sans expérience ?
La star : Marcelo Martins Moreno
Doté de la double nationalité, il a choisi la sélection de Bolivie après avoir joué avec le Brésil U20. Ayant également évolué dans des clubs des deux pays, il fait maintenant partie de la cohorte de Sud-américains du Shakhtar Donetsk. Cependant, il n’a jamais justifié le montant de son transfert (neuf millions d’euros) ni confirmé les espoirs soulevés par sa Copa Libertadores 2008 (meilleur buteur du tournoi), alors qu’il jouait avec Cruzeiro. Âgé maintenant de vingt-quatre ans, et après deux prêts au Werder de Brême et à Wigan, il est temps pour lui de se rappeler au souvenir de clubs européens pour éviter de cirer trop longtemps le banc en Ukraine.
À surveiller : Gustavo Quinteros
Comme souvent dans ce genre d’équipes, le moteur de l’équipe est l’entraîneur, chargé de faire du jeu avec des joueurs peu rompus aux joutes internationales. Dans le cas présent, la FBF s’est penché sur Gustavo Quinteros, quarante-six ans, argentin mais naturalisé bolivien après avoir longtemps joué dans le championnat local. À sa retraite sportive, il devient entraîneur et connait immédiatement le succès: sept trophées en six ans et avec trois clubs différents.
Cette connaissance du football bolivien se retrouve dans sa liste, subtil mélange d’expérience et de promesses en passe de confirmation. Mais, conscient des manques de son onze titulaire, il a eu le nez creux en allant chercher au dernier moment un Brésilien disposant d’un passeport bolivien: Edivaldo Rojas, titulaire indiscutable avec le Naval portugais, ailier rapide et déséquilibrant qui pourrait être le chaînon manquant de la sélection.
Brésil
Groupe B
La mission de Mario Menezes, nouveau sélectionneur brésilien, est simple: ramener des titres et du joga bonito au peuple auriverde après les affres de l'ère Dunga. Toutefois, l'émergence d'une génération prometteuse le pousse à tenter de concilier reconstruction en profondeur et performance à court terme.
Julio César, Dani Alves, Maicon et Lucio fournissent certes une base solide et expérimentée au double tenant du titre, mais le nouveau style de la Seleçao est incarné par trois jeunes joueurs pétris de talents: l'élégant défenseur de Chelsea David Luiz (vingt-trois ans), et surtout la doublette infernale de Santos, composée du meneur de jeu Ganso (vingt-et-un ans) et de l'attaquant Neymar (dix-neuf ans), qui semble tout droit sortie d'un épisode d'Olive et Tom.
Si l'objectif affiché reste les prochains JO (seul titre qui manque au palmarès) pour roder les jeunes en vue de la Coupe du monde 2014 à la maison, la grogne pointe déjà le coin de son nez. La faute à des matches amicaux poussifs, notamment à domicile (nul contre la Hollande, petite victoire 1-0 contre la Roumanie), et à des choix discutés – par exemple les non sélections de Marcelo ou Hulk. Le public est exigeant, le sélectionneur doit convaincre, et un titre reste encore le meilleur moyen de s'acheter du temps pour bosser sereinement.
La star: Neymar
Comparé à Pelé, déjà vainqueur de la Libertadores, annoncé dans les meilleurs clubs européens pour des sommes mirobolantes, le tout à moins de vingt ans. Comme de nombreux joueurs brésiliens avant lui, Neymar va directement à la case joueur-star sans passer par la case espoir, tout en touchant le pactole. Reste qu'il va disputer sa première grande compétition en jaune et vert, et incarne déjà les espoirs de toute une nation. Vous avez dit pression?
À surveiller : Mano Menezes
Bombardé sélectionneur après une réussite fulgurante en club, avec pour mission de refaire rêver le pays après une période de jeu trop restrictif. Mano Menezes, c'est un peu le Laurent Blanc brésilien, sans le passé de joueur international et la relative mansuétude qui va avec. Ce qui donne une idée de l'ampleur de la tâche qui l'attend.