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Diego Simeone et Claudio Ranieri, influences oubliées ?

De tout temps, les exploits ont existé dans le football. Essayons tout de même de remonter l’horloge pour comprendre comment la machine s’est emballée.

Auteur : Philippe Rodier le 10 Mai 2019

 

 

C’est un fait difficilement contestable. Depuis quelques temps, le niveau s’est considérablement resserré sur la scène du football mondial. À force de perfectionnement tactique et d’un élargissement du champ des connaissances disponibles (un accès au visionnage de plus de matches notamment), les "petites nations" et les "petits clubs" – toutes proportions gardées – parviennent de plus en plus à tirer leur épingle du jeu.

 

Les méthodes ne sont plus secrètes. Et chacun peut désormais s’offrir l’accès à la culture nécessaire pour envisager une progression sereine de son art. Pour progresser, et ce peu importe la discipline, il fallait d’abord commencer par observer.

 

 

"Je ne peux pas dire que j’ai inventé quelque chose, expliquait Marcelo Bielsa lors de son passage à l’Olympique de Marseille. Mais j’ai observé ce que font les grands joueurs dans leurs actions. Et j’ai essayé de convertir cela en messages à faire passer aux joueurs avec lesquels je travaille. J’essaie de montrer comment on peut produire du beau jeu et être efficace et je me base sur le talent des grands joueurs. On donne peut-être une dimension démesurée aux entraîneurs. Finalement, c’est un récit: on prend exemple sur les grands joueurs et on essaye de calquer ce qu’ils font pour nos joueurs. Ce sont des scénarios que l’on tente de reproduire."

 

Suivons désormais ce fil conducteur et interrogeons-nous: quelles ont été les influences et les sources d’inspiration des récents exploits et du resserrement du niveau actuel?

 

 

Guardiola, Acte I

La question est complexe mais il paraît impossible de nier l’impact qu’ont pu avoir les victoires de Pep Guardiola à la tête du FC Barcelone puis, à une autre échelle, avec le Bayern Munich et Manchester City. À l’image de nombreux entraîneurs, Eusebio Di Francesco ne s’en cachait d’ailleurs pas quand on l’interrogeait sur le sujet: "Celui qui m’a le plus influencé, c’est Guardiola, avant tous les autres. Bayern, Barça, défense à trois ou à quatre, c'est surtout sa philosophie qui m'intéresse, les principes de jeu qu'il donne à son équipe."

 

Au-delà des titres victoires, le Catalan a marqué son époque. En 2015, Antonio Conte ne disait pas autre chose: "Je pense vraiment que Guardiola est un exemple pour tous les entraîneurs. Il a été un exemple pour nous tous, notamment lorsqu’il dirigeait Barcelone. Son équipe a été une référence pour beaucoup de jeunes entraîneurs, la plupart d’entre nous avons étudié ses méthodes avec beaucoup, beaucoup de soin.

 

Comme l’expliquait son biographe Thibaud Leplat, "aller voir Guardiola, c'est comme aller voir le dernier Tarantino". Une source d’inspiration totale pour de nombreux metteurs en scène en herbe. Malgré cela, la multiplication des débats sur la viabilité de son style de jeu et les réflexions idéologiques que celui-ci peut engendrer, ajoutés à ce qu’on pourrait qualifier d’évolution du football (avec une prépondérance des transitions rapides), il semblerait qu’un autre coach ait une part de responsabilité dans ce nivellement des forces. La question n'étant pas tant de savoir qui est le meilleur, mais le plus influent.

 

 

Simeone, Acte II

Cela pourrait n'être qu'un mirage, mais les éliminations prématurées de l’Allemagne et de l’Espagne lors du dernier Mondial – deux nations affichant la plus grande possession de balle – ainsi que la difficulté de Pep Guardiola à réitérer ses performances barcelonnaises sur la scène européenne avec Munich puis avec City pose question. N’y a-t-il pas une autre source d’inspiration à l'oeuvre au cours de cette décennie?

 

C’est ici qu'on arrive au cas Diego Simeone. Au-delà d'une simple transmission de philosophie, El Cholo a permis à l’Atlético Madrid de remporter en 2013/14 une Liga alors étoudie par la domination sans partage du Real Madrid et du FC Barcelone. En Espagne, beaucoup s’accordaient à dire qu’il s’agissait probablement de la saison la plus folle de l’histoire au regard de son scénario. Suffisant pour avoir un impact à l’échelle mondiale?

 

Cette même année, à la surprise générale, l’Atlético s’est également hissé en finale de la Ligue des champions, qu'il a menée jusque dans les arrêts de jeu contre l'autre club de Madrid. Deux saisons plus tard, la donne fut similaire: une nouvelle finale de C1 et une nouvelle défaite sur le fil – aux tirs au but cette fois – face au Real. Dans les faits, ces fins de parcours ressemblent à celles d'un loser. Pour le foot, ces résultats amorçaient surtout le retour au premier plan d’un style dit plus pragmatique, moins basé sur une possession quasi-obsessionnelle du ballon.

 

 

Lors cette épopée européenne, l’Atlético s’était d’ailleurs offert le Bayern Munich au cours d’une opposition de style totale, et d’un match resté dans les mémoires: "J'étais amoureux de ce que je voyais sur le terrain ce soir", avait lancé Simeone à l’issue de la demi-finale retour. En triomphant de Guardiola ce soir-là, l'Argentin montrait la marche à suivre pour contrer ce qui se faisait de mieux en matière de jeu offensif. Et, d’une certaine façon, devenait lui aussi une source d’inspiration. Quelques semaines plus tard, et dans un registre similaire, le Portugal remportait l'Euro.

 

 

L’Euro 2016, Acte III

Bien évidemment, on devine que Fernando Santos, le sélectionneur portugais, avait peaufiné son idée de jeu avant ce parcours de l'Atlético. Mais on retrouvait la marque des Colchoneros dans l’état d’esprit affiché par les petites nations et la qualité de leurs organisations défensives. Un Euro avec peu de buts, des matches parfois ternes mais toujours de l’émotion et des aventures inattendues voire explosives, n’était-ce pas ici que l’on pouvait apercevoir le spectre du Cholo?

 

Au micro d’Europe 1, après la victoire du Pays de Galles contre la Belgique en quart de finale (3-1), Pascal Boniface expliquait: "C’est le football des nations, les résultats ne sont pas acquis à l’avance et chaque compétition peut réserver des surprises. Il peut y avoir des tableaux, mais ce n’est jamais vraiment la finale prévue à laquelle on assiste. À chaque instant le petit peut l’emporter sur le grand. L’inattendu qui l’emporte sur celui qu’on attendait, c’est ça qui crée beaucoup d’émotion. Lorsque l'on va assister à un match de football, on a toujours un peu peur et beaucoup d’espoir, car on ne sait pas à l’avance quels vont être les résultats."

 

En 2010, le 4-2-3-1 de José Mourinho avait fait des émules lors du Mondial sud-africain. Avec un temps de préparation restreint, il paraît logique d’avoir vu des sélectionneurs opter pour un football plus minimaliste lors de cette compétition, à l’image de l’Atlético mais aussi de ce qu'a notamment fait la France en 2018. "À chaque instant, le petit pouvait l’emporter sur le grand": c’était aussi la base du message délivré par les Colchoneros depuis plusieurs saisons.

 

Le miracle de Leicester, champion d’Angleterre à la surprise générale quelques jours avant le début de ce fameux Euro, ne viendra que confirmer cette possibilité. Et si Simeone, et donc Claudio Ranieri, avaient leur part de responsabilités dans ce phénomène? Au-delà du jeu, c’est aussi l’état d’esprit conquérant de ces "petits" qui restent encore dans les mémoires.

 

 

La "Remontada", Acte IV

C’est une vieille histoire de course après le score. Introduite "officiellement" par le Real Madrid face au Stade de Reims en 1956, la remontada a pris une autre dimension avec le Barça-PSG du 8 mars 2017. Un renversement de situation qui sera subi par les Barcelonais l'année suivante, la Roma comblant une défaite 4-1 à l'aller d'un succès 3-0 au retour.

 

Le journaliste Julien Pereira s'était interrogé sur un autre enchainement de come-back, dans les années 70 cette fois: "Est-ce véritablement une coïncidence? Probablement pas. Parce que ces grands exploits sont réalisés par des équipes, elles-mêmes formées d'hommes, et que ces hommes ont une mémoire sélective leur permettant de se convaincre que l'impossible est réalisable (…) Il est difficile, même impossible, de quantifier le rôle de la psychologie dans ces performances remarquables. Mais il est évidemment impactant."

 

Depuis ce 8 mars 2017, le nombre de "remontadas" s’est multiplié dans le football (Manchester United au Parc des Princes, Juventus contre l'Atlético, Liverpool face à Barcelone voire Tottenham à la Johan Cruyff Arena rien que pour cette saison). Avant de rencontrer le club parisien en 2017, Luis Enrique, vaincu 4-0 à l’aller, avait expliqué: "Demain, on va essayer de créer les circonstances favorables. Pourquoi, moi, j’y crois? Parce que si on est capable d’encaisser quatre buts, on peut en marquer six. On n’a rien à perdre, tout à gagner. Ça reste un match de football avant tout."

 

Quelle est la morale de cette histoire? Quand il met du cœur à l’ouvrage et qu’il ne tombe pas amoureux de ses idées, "celui qu’on n’attendait pas là" peut aussi réaliser des miracles. Le football est un sport où le dépassement de soi passe avant tout par un conditionnement mental.

 

Réactions

  • Richard N le 10/05/2019 à 11h08
    Tres bon article, bravo. Le premier paragraphe toutefois me laisse sceptique. Je ne pense pas que le fait que des "petites nations" ou des "petits clubs" parviennent à tirer leur épingle du jeu soit un phénomène de notre époque ni qu'il se soit particulierement multiplié ces derniers temps. Je pense au contraire que depuis toujours, le foot a donné aux petits la possibilité de battre les plus gros. C’est même un de ses attraits principaux, selon moi.

  • Redalert le 11/05/2019 à 09h58
    Dommage de ne pas ouvrir sur la fin sur Pochettino qui me semble être un bon mix entre Pep et le chollo Simeone.

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