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Éloge du streaming (de mauvaise qualité)

À coups d'algorithmes ou de statistiques, le football est de plus en plus souvent l'objet d'une scientificité douteuse – et fatigante – qui prétend prévoir l'issue des matches et des compétitions en croyant abolir le hasard.  

Auteur : Mathias Lachenal le 20 Juin 2014

 

 

Le football, comme toute discipline scientifique, se prête parfaitement à l'exercice de l'analyse rétrospective, qui consiste à expliquer, au vu du résultat final, pourquoi les choses n'auraient pu se dérouler autrement. Nul doute que la Coupe du monde, comme l'ensemble de la saison passée, nous offre par exemple son lot de "coaching gagnant", consistant rappelons-le en l'entrée en jeu d'un joueur marquant aussitôt un but. Les dénégations d'un Mourinho, accusant humblement la chance lors de l'élimination parisienne, n'y feront rien: il semble possible, pour les amateurs de football, de prévoir à priori le joueur destiné à marquer. Certes, c'est là la marque des meilleurs, mais les faits sont là: le joueur remplaçant a marqué, comme prévu.
 

Les spécialistes du ballon rond partagent avec ces coaches talentueux la maîtrise de la footballistique et l'analyse des causalités. Capables d'expliquer précisément, après un match, les causes de son résultat, ils rejoignent au panthéon des scientifiques les météorologues expliquant le temps de la veille et les économistes évoquant l'inévitabilité de la dernière crise financière.

 


 


Prendre les poulpes pour des lanternes

Il est intéressant de constater que nos spécialistes se livrent par ailleurs de plus en plus au jeu des prévisions et des paris, preuve ultime de leur maîtrise et de leurs compétences. Ils s'y prêtent avec d'autant plus de sérénité qu'ils savent bien que seules les prévisions effectivement réalisées seront, en définitive, remémorées, de la même manière qu'il ne viendrait à l'idée d'aucun commentateur de relever les fois où un joueur entré en cours de match ne marque pas. Naguère réservées aux poulpes allemands, les démarches de prédiction se multiplient, toutes plus sérieuses et scientifiques les unes que les autres.
 

Ainsi, nous explique Le Monde, la firme Electronic Arts a-t-elle utilisé ses "algorithmes" pour prédire la victoire de l'Allemagne. La banque Goldman Sachs a quant-à elle, élaboré un "modèle statistique" favorable au Brésil en analysant les résultats des matchs de 1960 à nos jours. Enfin le CIES, compilant données et indicateurs de performance, aurait découvert des indices pertinents lui permettant d'annoncer une victoire de l'Espagne.


Les chaînes et sites mandatés pour la retransmission des matches de cette Coupe du monde versent elles aussi dans la "mise en décor" scientifique du match de foot (relevée par Xavier Delaporte jeudi 12 juin sur France Culture) faite de statistiques complexes, d'explications rétrospectives et de débats d'experts. Le football est une fois de plus présenté en science totale, au croisement de la sociologie, des mathématiques, de l'histoire et de la politique. Nul doute que l'on saura nous expliquer, le 13 juillet, le pourquoi de la victoire brésilienne, ou son élimination par en huitième de finale, à l'aune du ressenti des classes moyennes brésiliennes face à la politique du gouvernement Dilma. Nul doute que Goldman Sachs saura alors nous rappeler la qualité de ses statisticiens.
 


La part du hasard et de l'incertitude

Il est cependant des amateurs qui se sentent débordés par une telle scientifisation du football. Qui accueillent avec une certaine lassitude chaque nouvel article consacré à tel ou tel pronostic ou pari. Qui persistent à croire que si Sergio Ramos ou Sylvain Wiltord marquent à la 93' minute, c'est moins la preuve de la supériorité de leur équipe que celle de la part de hasard, de chance et de malchance qui se cache derrière tout résultat sportif. Qui se doutent, enfin, que Luis Fernandez et consorts gagnent plus d'argent à dire les paris qu'à les déposer chez leurs bookmakers.


Quel soulagement, pour ces amoureux de l'incertitude, lorsque soudain sur leur ordinateur la fenêtre se fige, lorsque le match débusqué sur internet s'interrompt. Lorsque le ballon, lancé en direction de la surface de réparation, s'arrête subitement dans les airs. Quel bonheur de retrouver, dans ces accidents de streaming, la magie du football. Face au flux devenu image, comment trouver des indices de la destination précise du ballon? Nous voilà confronté à un paradoxe digne de celui de Schroedinger: une fois immobilisé, le ballon n'est-il pas à la fois dans la cage et hors de celle-ci? Une fois ainsi stoppé, le match n'est-il pas à la fois gagné et perdu?


Il en faudrait, du courage, pour éteindre son téléviseur lors d'une séance de tirs au but. Pourtant, quel délice de voir sa chaîne de stream violemment coupée à la 87e minute pour de sombres histoires de droits de diffusion! Quelle joie de ressentir dans sa chair que la vraie beauté du football n'est pas dans la victoire "nécessaire" de l'équipe finalement triomphante, mais dans la simultanéité, à un instant t du match, de la victoire et de la défaite. Alors, lorsque les progrès de l'informatique nous imposent des flux de plus en plus stables, lorsque les banquiers d'affaires dévoilent la fin de la compétition avant même la cérémonie d'ouverture, lorsque TF1 annonce "le plus beau but de la #CM2014" dès le troisième match, affirmons haut et fort notre désir de ne pas savoir, notre droit à l'incertitude, notre besoin de mystère.
 

Réactions

  • Pascal Amateur le 20/06/2014 à 09h16
    Moi j'avais beaucoup aimé Schroedinger dans "Ricky ou la belle vie".

  • Jean-Luc Skywalker le 20/06/2014 à 09h28
    Je trouve bien déraisonnable de remettre en cause la pertinence des analyses de ces estimables world companies qui ont l'audace de prévoir le Brésil vainqueur à l'aune de savants algorithmes. Est-ce qu'on n'a le détail de leurs prévisions ? Histoire de s'assurer qu'ils avaient évidemment calculé la sortie de l'Espagne dés le 2ème match ou encore la victoire du Costa Rica face à l'Uruguay ?

  • Flying Welshman le 20/06/2014 à 09h37
    "l'instant t" sur ce site

    Pas ça Mathias L. ! Oh non, oh non pas ça ! Pas aujourd'hui, pas maintenant, pas après tout ce que tu as fait !

    Chouette article sinon.

  • jeronimo le 20/06/2014 à 10h43
    Excusez-moi mais quel est le rapport avec le titre de l'article ?

  • Le Meilleur est le Pires le 20/06/2014 à 11h34
    Encore une raison de souhaiter l'élimination précoce du Brésil.


    Je revendique le droit à l'incertitude, par contre j'avoue ne pas avoir ta philosophie lorsqu'un streaming vient à ramer.

  • Ba Zenga le 20/06/2014 à 13h20
    Mon taf, c'est statisticien justement. Je suis d'accord pour dire que c'est relou de voir le foot autant "modélisé".

    Mais avant de dire "bullshit" sur ce que racontent les uns et les autres, je serais juste curieux de savoir comment justement ils gèrent l'incertitude. Quels modèles ils utilisent. Savoir ce qu'il y a derrière, quoi.

  • leo le 20/06/2014 à 14h33
    Article qui mélange un peu tout et qui veut faire dire un peu trop de choses aux "statistiques" ou aux "chances de victoire".

    Si je dis que j'ai 5 chances sur 6 de ne pas faire 6 en lançant un dé, j'ai raison, il arrive pourtant que le dé tombe sur 6. C'est peut-être pareil pour l'Espagne a 1,3% de chances (j'invente) de sortir au premier tour en perdant ses 2 premiers matchs, je ne sais pas si la proba est pertinente ou pas (comme l'a dit Ba Zenga, on ne connaît rien aux modèles utilisés) mais sur le tirage "Coupe du Monde 2014", l'Espagne est éliminée et ce n'est pas pour ça que le modèle s'est trompé (encore une fois, je ne dis pas que le modèle est bon, j'en sais rien).

    Si un match de football est un système très complexe et qu'il est absurde de chercher à le modéliser de manière déterministe (Poincaré est passé par là, c'est pas possible, même pour des systèmes beaucoup plus simples), une approche statistique peut apporter des éléments de compréhension, voire de prédiction, même pour un truc aussi "magique" que le football.

    Le foot est, en partie, explicable. Sinon, les entraîneurs ne s'embarrasseraient pas à regarder des matchs, à aligner tel ou tel joueur à tel endroit et à tirer les coups de pieds arrêtés ou jouer les touches de telle ou telle manière.

    L'analyse statistique du sport est un domaine de recherche en forte croissance aux USA (tout le monde a vu Moneyball, Le Stratège en français, l'histoire de Billy Beane, manager des Oakland A's de baseball qui s'attache les services d'un statisticien de Harvard pour mieux gérer son équipe de baseball, avec des succès fulgurants et une approche qui a fait école), en raison des sommes énormes en jeu, et le MIT organise une conférence annuelle, la MIT Sloan Sports Analysis Conference, où les spécialistes discutent de métriques pour analyser et prédire des résultats sportifs.

    On y arrive en foot. Le football est évidemment plus "fluide" et plus complexe à analyser que le baseball (nature et taille des échantillons très différentes) mais une approche statistique permet d'en savoir plus sur le football, ça me semble indéniable (les Cahiers avaient d'aiulleurs parlé du bouquin "Les attaquants les plus chers ne sont pas ceux qui marquent le plus"). Certains trouveront que ça enlève du chrme, de la magie au football, peut-être... Je ne pense pas qu'un modèle puisse un jour "expliquer" le génie de Maradona (j'espère qu'on en sera incapable, en fait).

    Le lien avec le stream qui plante, j'ai pas compris et le propos de café du commerce sur les météorologues aurait pu être évité.

  • JauneLierre le 20/06/2014 à 14h40
    jeronimo
    aujourd'hui à 10h43
    Excusez-moi mais quel est le rapport avec le titre de l'article ?
    --------------------------------
    Idem.

    Je préfèrerais presque l'article d'Ouest-France:
    lien

  • la rédaction le 20/06/2014 à 14h59
    Les articles sur les statistiques partagent avec ceux sur le droit le fait d'être pris beaucoup trop au sérieux ici (sans l'excuse que les articles sur le droit sont toujours sérieux).

    En tout cas, celui-ci ne portait effectivement pas sur le streaming: il y avait un piège dans le titre (même si le lien avec le streaming s'explique quand même en fin de texte).

La revue des Cahiers du football