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Faux passeports: une bombe à retardement?

Parmi tous les fléaux qui menacent le football européen (réforme des transferts, extension de l'arrêt Bosman, hurlements de Denis Balbire...), l'affaire des faux passeports continue de rebondir, sans que l'on puisse vraiment pronostiquer ce qu'elle va renverser sur son passage. En France, la mèche est allumée...
Auteur : Jamel Attal le 8 Dec 2000

 

Une inquiétante épidémie
C'est en Italie que se sont produits les premiers remous. La saison passée, les obscures conditions d'obtention de la nationalité italienne par des joueurs sud-américains comme Veron (dont le procès devrait s'ouvrir l'an prochain) avaient fait grand bruit, et lancé une vague de suspicions et d'investigations. Aujourd'hui, c'est Dida, le gardien brésilien du Milan AC, qui est mis en examen pour usage de faux passeport, et de nombreuses instructions s'intéressent aux cas de Warley et Alberto (Udinese), Ayala et Chamot (Milan AC) ou Almeyda (Parme). Relayées dans d'autres pays européens, elles ont révélé l'existence de véritables réseaux organisés, gravitant autour de certains agents de joueurs et impliquant diverses organisations mafieuses, voire certains clubs. Le Portugal a récemment révélé un vol massif de passeport dans plusieurs de ses consulats en Europe, et une commission parlementaire a été chargée d'enquêter sur d'éventuelles complicités dans l'administration lusitanienne (voir Gazette 15). La police luxembourgeoise a également découvert en début d'année un réseau brésilien, ce qui n'étonnera pas les parlementaires de ce pays qui croient en l'origine de ces filières sur leur sol (voir Brésil, triste carnaval).
Si la cascade des révélations se poursuit et si les enquêtes judiciaires mettent à jour les méthodes, les clubs ne pourront longtemps jouer aux blanches colombes flouées par de méchants managers. En Italie, la justice soupçonne certains dirigeants de complicité active. Mais il est surtout significatif d'observer leur attitude sur le marché international des joueurs et leur façon de jouer avec les règlements, notamment en France, en Espagne et en Italie, où il est interdit d'aligner plus de trois joueurs "non-communautaires" (à l'exception d'un seul autre s'il réside depuis trois ans dans l'Union européenne). L'arrêt Bosman en son temps avait fait hurler des clubs qui aujourd'hui emploient tous les moyens pour multinationaliser leurs équipes en décrochant des passeports comme par magie et en jouant avec comme d'un jeu de cartes. "Ce soir, tu sera assimilé Danois, et on fera jouer le Colombien avec son permis de conduire espagnol".

France: sur la voie de Garay
Le foot français ne s'est montré concerné que lorsque la Ligue a dû tout récemment affronter la requête de l'AS Nancy-Lorraine, qualifiée d'"affaire Garay" et concernant l'Italo-argentin de Strasbourg, dont on a appris qu'il avait évolué la saison dernière avec un faux passeport, disputant 22 matches et quelques minutes du derby Nancy-Strasbourg du 8 avril (2-3). Accusant les Alsaciens d'avoir de fait triché, Jacques Rousselot, le président de l'ASNL a demandé la réintégration de son club en D1, ainsi qu'une compensation financière de 70 MF. Le volet sportif de cette demande a peu de chances d'aboutir, les résultats d'une compétition ne pouvant plus être modifiés passé le délai des réclamations. En revanche, Nancy peut espérer obtenir une réparation financière devant une juridiction civile. Le club s'était déjà senti floué en raison de l'absence de sanctions graves prises à la suite du tristement célèbre OM-Monaco (Nancy n'avait été relégué que pour une différence de deux buts avec Marseille), il a décidé de mettre les pieds dans le plat et de "monter un dossier". Verra-t-il vraiment le jour?
Patrick Proisy a pour sa part annoncé son intention de mener une action en justice contre son ancien joueur afin d'annuler le transfert et de récupérer l'indemnité. Une agressivité un peu tardive, alors que les dirigeants savaient depuis le 26 mai que le passeport de leur joueur n'était pas valide, à la suite d'un contrôle des douanes allemandes (le RCS revenait d'une tournée en Malaisie)...

Contrôle des papiers mais immunité des clubs
La Ligue a réagi en annonçant une vaste opération de vérification des papiers de tous les joueurs étrangers de D1 et D2, en liaison avec le ministère des affaires étrangères et les services des douanes. Proclamé ainsi, cela ressemble à une efficace opération de police, mais au-delà, Gérard Bourgoin a précisé que "si des faux passeports ou des passeports de complaisance étaient découverts, les joueurs incriminés ne pourraient continuer à jouer dans nos compétitions, mais il n'y aurait pas de sanctions à l'égard des clubs qui se seraient fait piéger" (L'Equipe 29/11). Une déclaration assez extraordinaire: la Ligue garantit l'impunité aux clubs, qui sont déjà présentées comme des victimes. Il ne sera donc pas question d'imputer une quelconque responsabilité aux dirigeants, ni même de les soupçonner de complaisance. C'est un peu comme si une entreprise ne pouvait être en rien responsable d'employer des travailleurs clandestins...
La "vague sud-américaine" avait été très médiatisée en début de saison, elle pourrait l'être à nouveau, sous un autre jour, s'il se révélait comme on peut le craindre que les vérifications de la part des clubs et surtout des instances soient restées très sommaires. Leur responsabilité est au moins là, dans ce laxisme coupable. Reste à vérifier si elle n'est pas impliquée plus directement dans l'organisation des trafics. Dans quelques semaines, on devrait en tout cas savoir si l'enquête actuelle expose de nouveaux noms ou montre plutôt l'exemplarité du football français...

Des Stéphanois multicartes
Ce n'est donc pas la panique, mais la révélation d'une autre contestation franco-française a renforcé le doute. Le Toulouse FC a saisi la Ligue après avoir constaté sur la feuille du match Saint-Etienne-Toulouse que Levytsky, et surtout Alex, avaient changé de nationalité depuis le match aller. Le premier, d'Ukrainien était devenu grec, le second de Portugais était redevenu Brésilien. Alain Bompard a déclaré que le changement pour l'attaquant avait été effectué "parce qu'une place d'étranger s'est libérée avec le départ de Panov. (...) J'ai exercé un premier contrôle au sein de mon club, il y a quelques semaines. Il n'a rien révélé. J'ai à nouveau demandé un autre contrôle par mesure de sécurité. Sur ce dossier, je ne prêche que ma bonne foi" (AFP 06/12).
Ce serait plus facile à croire si certains éléments ne dessinaient une réalité plus troublante. D'abord, Gérard Soler a contredit son patron et laissé entendre que c'était effectivement une mesure de précaution, admettant que des doutes étaient donc possibles sur le passeport portugais d'Alex. Ensuite, il faut se rappeler qu'à la veille de Saint-Etienne-Lyon, le 7 septembre, Jean-Michel Aulas avait menacé de porter des réclamations si Alex était aligné, sans en préciser les motifs. Alex n'avait pas joué, au prétexte d'un départ quasiment conclu vers le Betis Seville. Aujourd'hui, Robert Nouzaret affirme qu'il y avait une autre raison, et rappelle que Gérard Soler était le seul en charge de ces dossiers (L'Equipe 06/12).
Cette affaire, dans laquelle rien n'est aujourd'hui établi, comporte une évidente dimension de règlement de compte et on en verra les suites éventuelles. Mais elle révèle malgré tout des aspects "intéressants" des pratiques actuelles.
C'est ainsi que Jean-Michel Aulas, vice-président de la Ligue, peut efficacement menacer un adversaire de révéler des informations qu'il détient. Avec Alain Bompard, vice-président de la Ligue, ils trouvent un arrangement, personne ne parle et tout le monde est content. D'autre part, l'AS Saint-Etienne montre comment on gère les contraintes de nationalité dans un effectif insuffisamment "communautaire". Ce club, comme d'autres, a vraisemblablement dépassé ses capacités en recrues internationales et il en fait les frais. Espérons qu'il n'ait pas aussi franchi la ligne blanche en voulant un peu forcer les identités des uns et des autres.

Bien sûr, ces affaires —qui touchent aux petits arrangements d'un milieu qui a pris l'habitude de vivre avec un implicite statut d'extraterritorialité vis-à-vis de la loi commune— ont toutes les chances d'être amorties en douceur. Mais d'éventuelles recherches de la justice auraient vite fait de démêler les grosses ficelles employées.
Ces secousses surviennent à un moment où un "arrêt Tibor Balog" (du nom du footballeur hongrois qui a porté son cas devant la Cour européenne de justice) pourrait étendre l'arrêt Bosman à tous les joueurs issus de pays ayant des accords de coopération ou d'association avec l'Union européenne. Si les juges de Luxembourg tranchent en sa faveur, c'est un contingent supplémentaire de joueurs dont les mouvements ne seront plus entravés par la règle des quotas. Le problème des passeports se posera alors très différemment... Mais on touche là à la question des transferts et c'est une autre histoire.

Réactions

  • Pluloinqueleboudunez le 08/12/2000 à 00h00
    Depuis plusieurs années déjà, je suis à l'écoute de rumeurs (par définition invérifiables) qui font état de rapports entre le milieu du foot et le milieu tout lien
    Un ami italien me soutient mordicus que le calcio est le système idéal et usité de blanchiment d'argent. Je ne l'ai jamais vraiment cru, même si parfois on se demande d'ou peuvent venir les monceaux de millions de clubs qui ne gagnent pas de titres (qui a prononcé le mot Inter?).
    Et j'avoue que votre article est troublant... Il faut un réseau bien organisé pour piquer dans les ambassades, faire des vraix-faux, les diffuser (confer Mr Sirven) et en général le footeux moyen enterre les enveloppes au fond de son jardin. Alors évidemment on pense à la maffia, qui a les moyens de ce genre de lien
    Brrr! Les Corléone dans notre foot? Et pourquoi pas le dopage pendant que vous y êtes!!!

  • guardiola le 08/12/2000 à 00h00
    le problème c'est que si on ne met pas de garde-fous, la spécificité "géographique" du football peut disparaitre et le foot, dans sa dimension culturelle (les clubs comme relais d'oppositions locales, régionales ou nationales) en patirait. avouez qu'il est plaisant de s'identifier au club de sa région natale. le barça en espagne est un véritable exemple d'identification à la communauté catalane (depuis les premiers immigrés au début du siècle) et de symbole de non soumission à l'hégémonie castillane. or si tout etait permis, si le système était définitivement libéralisé, on aurait droit non plus à de l'exotisme bienvenu et enrichissant mais à un monstre "multinationalisé" qui n'auait plus de sens (ex:chelsea avec 2 anglais sur le terrain). certes, cette loi est on ne peut plus artificielle mais je ne crois pas qu'elle ait un coté xénophobe, elle a seulement une valeur régulatrice. le vrai problème c'est: faut-il supprimer les equipes nationales dans ce cas? il me semble que les compétitions nationales procèdent du meme droit du travail et de la profession de footballeur que le foot de club; ne sont-elles pas aussi en contradiction (comme les indemnités de transferts le sont ou le droit du foot l'était avant l'arret bosman) avec la liberté de travail, dans le cadre européen bien sur? qu'est ce qui interdit à un joueur français de jouer pour la sélection italienne par ex? des valeurs liées à la spécificité du foot inter-nations? alors il faut faire de meme dans le foot de clubs, sous peine de voir disparaitre le sentiment minimum d'identification à une équipe, il faut imposer un minimum de gardes-fous européens juridico-sportifs, ce que fait carrément à l'extreme(et exagérément) l'athlétic bilbao, bref reconnaitre une "spécificité sportive".

  • hapege le 08/12/2000 à 00h00
    Guardiola fait gaffe quand tu prends tes exemples car le Barca n'est pas forcément un modèle d'identité régionale quand tu vois le nombre de nationalités dans ses rangs, tout comme
    Chelsea que tu nommes plus loin.

  • guardiola le 08/12/2000 à 00h00
    en réponse à hapege, je confirme justement que les socios du barça sont dégoutés de voir l'infiltration hollandaise de ces dernières années et que franchement chelsea c'est ridicule. je parlais du barça historique qui a subit les méfaits du libéralisme à outrance (mais je suis pas communiste non plus) et du foot fric.

  • hapege le 08/12/2000 à 00h00
    Ok pour la mise au point.

  • Isaac Newton le 08/12/2000 à 00h00
    Même si c'est bizarre dans le contexte actuel (dérégulation généralisée) l'exception sportive est justifiée pour le football et les autres sports collectifs. Un footballeur est un travailleur comme un autre uniquement quand ça l'arrange, ou quand ça arrange son club.

  • mat le 08/12/2000 à 00h00
    Eh ben; dès que l'on parle plus de PSG ou de l'OM, il n'y a plus personne. ;-)

    Enfin bon, voila un sujet grave mais qui relève du pénal et le plus grave dans tout cela c'est que ce sont les joueurs qui risquent gros (expulsion et interdiction de territoire) mais pas trop vite quand même (cf. cas VERON). Tout ça est assez lamentable et je pense que les différents clubs jouent le pourrissement car ils attendant tous la réforme des transferts qui risque de changer la lien
    En ce qui concerne St Etienne, les atermoiements de ses dirigeants sont dignes des meilleurs Marx Brothers et les cas Levytsky et Alex frisent le ridicule. Et en plus pour Alex, c'est trop tard, malgré le changement de nationalité soudain, si il a triché et qu'il est rentré en France avec un faux passeport, c'est un délit. Enfin, je pense qu'un coup de balai à toutes ces pratiques insidieuses ferait le plus grand bien surtout pour les joueurs locaux systématiquement barrés par des étrangers pas forcément meilleur qu'eux : ah l'attrait de l'exotisme.....

  • skonto le 08/12/2000 à 00h00
    je suis pas tout à fait d'accord. Enfin, si bien sur mais je pense qu'il n'est pas nécessaire de rajouter une nouvelle couche de pb alors que de nombreux sont à règler. Et puis c'est quand même paradoxal, la justice va condamner des cas qui sont la cause du système actuel de mouvement des joueurs et prôner l'opposé.

    Et puis c'est pas les clubs qui vont trinquer.
    Et puis, cela vous a encore permis d'attaquer aulas ;o)

  • ZZ le 08/12/2000 à 00h00
    D'accord avec Matt. Par contre, je voudrais insister sur le fait que les clubs concernés ne pouvaient pas ne pas savoir qu'il y avait fraude. La question qui reste en suspens, c'est de savoir s'il y a réellement quelqu'un dans le monde du football (à l'exception des juges et magistrats) qui a envie de faire le ménage.

  • Il principino le 08/12/2000 à 00h00
    Personnelement, je trouve scandaleux qu'un joueur extracomunautaire n'ait pas les mêmes chances qu'un communautaire. Un joueur est un travailleur comme un autre depuis que le football s'est professionalisé. Je ne vois pas pourquoi - en dehors de raisons sportives qui n'ont pas lieu d'être quand il s'agit d'un travail rémunéré- cette règle absurde des trois communautaires existe. Si le joueur est bon, il n'y a pas de nationalité qui tienne.

La revue des Cahiers du football