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Football de crise en Grèce

Le football n’échappe pas au marasme économique qui frappe le pays. Jusque là épargnés, les grands clubs locaux sont désormais touchés.

Auteur : Toni Turek le 22 Mars 2013

 


En Grèce, 2011 avait été une année agitée: ce n’était pas trois clubs, mais cinq, qui avaient alors dû quitter la Super League. Le Panserraikos et le Larissa FC avaient été relégués sportivement, payant là leurs mauvais résultats sur les terrains. L’Iraklis Thessalonique avait été rétrogradé administrativement pour cause de dettes impayées, et s’était même vu placé au dernier rang du classement 2010/11 pour faux et usage de faux durant la phase de transferts, alors que ses résultats lui avaient valu une place dans le ventre mou. Compromis dans un scandale de matches truqués, l’AO Kavala de Pierre Ducrocq et l’Olympiakos Volos avaient été bannis du foot professionnel grec sous la pression de l’UEFA, qui avait exclu Volos de l’Europa League.
 


Le mal empire

Ces avanies ont causé l’intégration tardive de la Doxa Drama [1] et du Levadiakos FC, deux promus supplémentaires dont la saison avait débuté en novembre… avec neuf journées à récupérer. La saison qui a suivi n’a pas été de tout repos non plus. Surtout avec un match au sommet entre le Panathinaïkos et l’Olympiakos interrompu et donné vainqueur 0-3 au second, tandis que le premier écopait d’une pénalité de cinq points, de matches à domicile à disputer à huis clos et de 250.000 euros d’amende. Peu après, c’était l’Aris Thessalonique qui perdait une rencontre sur tapis vert et trois points au classement, également pour un match stoppé à cause de ses fans.
 

 



 

Avec la saison 2012/13, un palier est franchi: on assiste désormais à la chute sportive de la plupart des grands clubs du pays. Habituellement, les premiers rangs sont en effet trustés par les clubs des deux plus grandes villes: le trio Olympiakos, Panathinaïkos et AEK pour Athènes d’une part – ces clubs ont remporté à eux trois 51 des 54 éditions du championnat national depuis sa mise en place en 1959 – et le duo Aris et PAOK pour Thessalonique d’autre part, souvent qualifiés pour l’Europe à défaut de réussir à obtenir des titres. Mais la crise sévit, et la Super League ne respecte plus la logique des années passées.
 


Le déclin d'Athènes

En à peine quatre mois, la masse salariale globale des clubs de l’élite grecque a dégringolé de plus de 90 millions d’euros à seulement 50. Parmi les plus touchés: l’AEK Athènes. Financièrement à la peine avec 35 millions d’euros de déficit, interdit d’Europa League, le club jaune et noir de la capitale a vécu à l’été dernier un véritable exode de ses joueurs – surtout de ses étrangers, tel l’Islandais Gudjohnsen parti en Belgique. Deux joueurs affichaient à la reprise plus d’un an de présence au club. Rajeunie, affaiblie, l‘équipe a dû patienter deux mois et passer par un changement d’entraîneur pour glaner sa première victoire, et vivote en seconde partie de tableau depuis [2].
 

Le rival du Panathinaïkos (où évolue Boumsong) est resté plusieurs mois sans président à sa tête en 2012, avant que Ioannis Alafouzos, businessman de la télévision et président de SKAI Media Group, ne monte un plan visant à permettre l’éclosion d’un projet collectif, presque "socio": la Panathinaki Alliance. Une bonne idée… qui peine à prendre son essor, les supporters grecs n’étant pas très riches.
 

Comme l’AEK, le "PAO" a enregistré les départs des internationaux grecs Ninis, Katsouranis et Karagounis. Si la saignée a été moindre qu’à l’AEK, le club vert et blanc d’Athènes apparaît lui aussi en net recul comparé à son glorieux passé. Son dernier espoir de revoir l’Europe réside dans l’obtention d’une modeste cinquième place en Super League. Une non-qualification européenne du PAO serait une première depuis 1997.
 


Thessalonique, l’amère

À Thessalonique, la situation n’est guère plus réjouissante. L’Iraklis n’a pas survécu à sa relégation de 2011, perdant sa licence professionnelle et se voyant rétrogradé en Delta Ethniki (la D4 locale), avant de disparaître en tant que tel à cent quatre ans. C’est la nouvelle entité de l’AEP Iraklis, résultat de la fusion de l’Iraklis néo-amateur et d’un club voisin engagé en D3, qui a pris sa succession en 2012. Renommée en Iraklis 1908 FC, celle-ci évolue à ce jour en Football League (D2).
 

Autre club de la ville mal en point, l’Aris. Plus habitué aux places d’honneur qu’aux honneurs, il terminait régulièrement le championnat en position de qualifié européen. Comptant aujourd'hui 20 millions d’euros de dettes, limité dans son recrutement par la fédération, il a dû laisser partir nombre de ses joueurs l’été dernier, parmi lesquels Ricardo Faty. Sorti de la Coupe, l’Aris est loin de l’Europe: cette année: il est menacé par une troisième relégation en seize ans. Arès ou Heraklès, les noms de la mythologie ne semblent plus porter chance aux clubs…
 

Finalement, seul le PAOK tient son rang à Thessalonique. En course pour une place sur le podium de la Super League, sa chance est d'avoir été racheté par Ivan Savidis, magnat gréco-russe du tabac et ancien président du FC Rostov dans les années 2000. Le club de la capitale de la Macédoine grecque a ainsi pu échapper à la grande braderie d’été et aux affres du combat contre la relégation. Pour l’instant.
 


Jouer à l'économie

Avec ces poids lourds à la peine, la hiérarchie locale est bousculée: les deux autres clubs athéniens de moindre envergure que sont le Panionios et l’Atromitos (remonté en 2009) profitent de la situation pour dépasser l’AEK, et l’Atromitos peut même envisager la troisième qualification européenne de son histoire. D’autres clubs en dehors d’Athènes et de Thessalonique montent en puissance: la saison européenne 2013/14 pourrait voir la première participation du PAS Giannina Ioannina (remonté dans l’élite en 2011) en C3 et la première de l’Asteras Tripolis (promu en 2007) en C1. Surtout, les défaillances des grands clubs pourraient mener le dernier titan qu’est l’Olympiakos Le Pirée à une ère de domination sans partage.
 

La crise oblige à toutes sortes d'économies. Ainsi, on a vu l’AEK annuler sa nuit d’avant-match à l’hôtel la veille d’un derby face au PAO. Et l’équipe du Veria FC effectuer un long aller-retour de dix-sept heures en car pour jouer un match à Tripoli. Les matches sont programmés au plus tard à 18h30, pour réduire la facture d’électricité. Le sponsoring est en chute, faute d’investisseurs. Il a fallu reporter un match... car le club n’avait plus les moyens de payer l'impression des billets.
 

Du côté des fans, l’heure n’est pas davantage à la joie: les affluences dans l’élite du foot grec sont cette année en baisse d’environ 20 %. Tout y concourt: les débordements des supporteurs qui provoquent interruptions de matches ou/et rencontres à huis clos, la résignation des services de sécurité, les promotions de clubs aux stades miniatures, le faible intérêt actuel d’anciennes grandes affiches…
 


Avec les grands clubs locaux qui n’assurent plus la concurrence face à l’ogre Olympiakos et le retour à dix-huit équipes en Super League cet été, une nouvelle ère va peut-être s’ouvrir en Grèce. Verra-t-elle le nettoyage des écuries d’Augias que sont les finances de certains clubs? On peut en rêver. Pour ce qui est de revivre une belle épopée de club comme le Panathinaïkos 1970/71 et sa finale (perdue) en Coupe des clubs champions, là aussi il faudra rêver. Sans doute longtemps. Hélas.
 


[1] Drama s’était qualifiée pour les play-off d’accession en 2011 mais avait déclaré forfait faute de pouvoir aligner onze joueurs.
[2] Autre problème pour l’AEK: la suspension pour l’année 2013 de son défenseur Arkoudas pour dopage.

 

Réactions

  • Toni Turek le 22/03/2013 à 04h10
    (Dites, Dame Rédac, il ne manquerait pas un nom de co-auteur en haut et la note [3] en bas ?)

  • la rédaction le 22/03/2013 à 09h05
    Si, pardon, c'est corrigé... (enfin, la note [3] est passé sous la faux de l'éditeur).

  • Nadine Zamorano le 22/03/2013 à 15h23
    Papier très intéressant. Très bizarrement, et tout en ayant conscience de la détresse sociale qui se généralise en Grèce, je lis avec un certain optimisme, notamment au regard de la fin d'un championnat oligarchique, de la recherche de financements alternatifs (avec un succès relatif) et de la fin des dépenses outrancières. Les 500 bornes de bus pour un match de D1, ça ne m'embête pas outre-mesure.

    Comme dirait l'autre, Chapobas et Trébonboulos.

  • Nadine Zamorano le 22/03/2013 à 15h26
    *je LE lis

  • Julow le 22/03/2013 à 19h05
    Très intéressant. On attend la mise à jour dans un an !
    Sinon, ouais, la D4, ethnique.

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