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Hélas, aucun mort à Geoffroy-Guichard

L'absence de drame lors du derby Saint-Étienne-Lyon préserve la possibilité d'une tragédie de plus grande ampleur dans le futur, avec la complicité des dirigeants et des supporters, et sous l'égide de l'organisateur: la Ligue du football professionnel.

Auteur : Jamel Attal le 5 Mars 2007

 

 

Entre la stratégie de pourrissement de Jean-Michel Aulas – au travers de son attitude sur le marché des transferts ou de ses dénigrements omnidirectionnels (1) – et l'infantilisme de Bernard Caïazzo – qui se croit beaucoup plus malin qu'il ne l'est – les dirigeants des deux parties avaient réuni toutes les conditions pour que le derby Saint-Étienne-Lyon dégénère. En ce sens, les tirs réciproques de fumigènes entre la tribune Paret et le carré visiteur ne furent que le prolongement matériel des invectives plus policées entre les dirigeants. Ceux-ci, pour irresponsables qu'ils soient, ne seront évidemment pas sanctionnés: la Ligue est bien incapable de prendre des mesures contre ses propres membres – même si leur culpabilité et leur caractère de multirécidivistes crèvent les yeux. À tel point que même des joueurs – en l'occurrence Sablé et Malouda – ont pointé leurs écarts.


Bêtisier en direct
Le match a donc, logiquement, constitué un véritable festival de stupidités. Si la rivalité entre l'OL et l'ASSE a donné lieu à des dialogues occasionnellement drôles, par banderoles interposées, le tifo organisé à la mi-temps du match par les Magic Fans a opté pour le plus mauvais des goûts: le défilé d'animaux baptisés du nom des joueurs lyonnais aurait pu être bon enfant s'il n'avait pas été accompagné du mot d'ordre "Tuez-les!" Et de grâce, que personne ne plaide le deuxième degré.

On peut également apprécier la leçon de journalisme donnée par les envoyés de Canal+ à Geoffroy-Guichard. Lorsque M. Chapron s'écroule, victime d'un KO, à la suite d'un choc involontaire avec Källström, Guy Roux y voit spontanément l'effet d'un jet d'objet depuis les tribunes (en dépit du caractère improbable de cette exaction, l'arbitre se situant très à l'intérieur du terrain). Plus tard, Cyrille Linette affirmera que le premier jet de fumigène est parti de la tribune stéphanoise, alors que, de toute évidence, il n'a pas eu les yeux rivés sur cette partie du stade. D'autres observateurs (TF1, L'Équipe) affirmeront, eux, que l'ouverture de ces hostilités fut du fait des visiteurs...

Confondant encore justesse et précipitation, le commentateur attribuera aussi aux supporters l'emploi de lacrymogènes, alors qu'il relevait des forces de l'ordre, à l'extérieur du stade et, selon L'Équipe, pour empêcher certains supporters lyonnais d'aller en découdre dans le kop nord (2). Eh oui, ce garçon possède une carte de presse et dans un passé pas très lointain, il a dû suivre une formation l'incitant à la circonspection lorsqu'il ne dispose que d'informations parcellaires, et à ne pas laisser emporter par l'émotion pour commenter des incidents.


Impair et impasse
Au passage, quelques jours après des interventions à Bollaert, lors du match Lille-Manchester, qui ont suscité de nombreuses interrogations sur les méthodes policières, il est permis de s'interroger sur la pertinence de ces techniques de dispersion dans un espace aussi dense et confiné qu'une enceinte sportive. On aurait voulu provoquer un mouvement de panique, avec des conséquences potentiellement du même ordre que celles déjà observées au Heysel ou à Hillsborough, qu'on ne s'y serait pas pris autrement... Cette saison, l'impréparation des forces de l'ordre, dans des situations aussi sensibles, a été plusieurs fois constatée.

La situation montre l'impasse dans laquelle on se trouve: les grillages (dont Sepp Blatter demande, avec son angélisme habituel, l'abolition) menacent les spectateurs en cas de bousculade, mais leurs absence conduirait à des affrontements sur la pelouse même. Autre impasse: la suppression des déplacements pour les supporters impliqués dans ce genre d'incident, qui semble une mesure de bon sens, aurait également son effet pervers: des déplacements non encadrés avec le risque de débordements encore plus incontrôlables.


De quoi pleurer
Il n'y eut donc pas de victimes – morts ou blessés graves – samedi à Saint-Étienne et les seules larmes qui ont coulé ont été provoquées par les gaz lacrymogènes. On en est presque à le regretter. C'est en tout cas ce à quoi incite le cas du hooliganisme parisien: après plus deux décennies de problèmes et près de cinq années de gesticulations sarkoziennes parfaitement inefficaces sur le terrain (mais très rentables médiatiquement – lire Sarkozy bloqué au même stade), il a fallu une victime, dans des circonstances particulièrement hideuses, pour que les acteurs concernés prennent quelques responsabilités et laissent enfin poindre l'espoir d'une amélioration.

Pas franchement affolé par la perspective d'un pareil séisme, Frédéric Thiriez (qui se déplace avec une remorque pour trimballer sa bonne conscience) a promis des "sanctions sportives" et en a appelé à la responsabilité des dirigeants et à une solution européenne. En attendant, parions que le principal effet du match de samedi, au sein de la Ligue, sera la perte de points de l'AS Saint-Étienne et de l'Olympique lyonnais... au "Championnat des tribunes", dont ils étaient les leaders avant cette 27e journée.


(1) Ajoutons à cela une incapacité à sortir de du schéma "C'est la faute aux autres", qu'il confirma à la fin du match en niant toute responsabilité. L'homme le plus puissant du football français, pour efficace qu'il soit à la tête de son club, possède la mentalité et la maturité d'un pré-ado colérique.
(2) Toujours selon Bernard Lions, dans le quotidien sportif, l'origine des affrontements serait l'exhibition, par les supporters stéphanois, d'une banderole volée aux Lugdunums quinze ans plus tôt.

Réactions

  • prime le 05/03/2007 à 02h18
    Rien à redire sur l'article.
    Ca me titille depuis samedi soir alors je me décide à poster l'intégralité du texte ici :


    La ballade des gens qui sont nés quelque part
    (Paroles et musique : Georges Brassens)

    C'est vrai qu'ils sont plaisants tous ces petits villages
    Tous ces bourgs, ces hameaux, ces lieux-dits, ces cités
    Avec leurs châteaux forts, leurs églises, leurs plages
    Ils n'ont qu'un seul point faible et c'est d'être habités
    Et c'est d'être habités par des gens qui regardent
    Le reste avec mépris du haut de leurs remparts
    La race des chauvins, des porteurs de cocardes
    Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
    Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part

    Maudits soient ces enfants de leur mère patrie
    Empalés une fois pour toutes sur leur clocher
    Qui vous montrent leurs tours, leurs musées, leur mairie
    Vous font voir du pays natal jusqu'à loucher
    Qu'ils sortent de Paris ou de Rome ou de Sète
    Ou du diable vauvert ou bien de Zanzibar
    Ou même de Montcuq ils s'en flattent mazette
    Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
    Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part

    Le sable dans lequel douillettes leurs autruches
    Enfouissent la tête on trouve pas plus fin
    Quand à l'air qu'ils emploient pour gonfler leurs baudruches
    Leurs bulles de savon, c'est du souffle divin
    Et petit à petit, les voilà qui se montent
    Le cou jusqu'à penser que le crottin fait par
    Leurs chevaux même en bois rend jaloux tout le monde
    Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
    Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part

    C'est pas un lieu commun celui de leur connaissance
    Ils plaignent de tout coeur les petits malchanceux
    Les petits maladroits qui n'eurent pas la présence
    La présence d'esprit de voir le jour chez eux
    Quand sonne le tocsin sur leur bonheur précaire
    Contre les étrangers tous plus ou moins barbares
    Ils sortent de leur trou pour mourir à la guerre
    Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
    Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part

    Mon dieu qu'il ferait bon sur la terre des hommes
    Si on y rencontrait cette race incongrue
    Cette race importune et qui partout foisonne
    La race des gens du terroir des gens du cru
    Que la vie serait belle en toutes circonstances
    Si vous n'aviez tiré du néant ces jobards
    Preuve peut-être bien de votre inexistence
    Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
    Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part

  • Si le vin vil tord le 05/03/2007 à 07h07
    Toutafé d'accord avec l'article et la chanson de Brassens.

  • greenflo le 05/03/2007 à 07h57
    Ne serait il pas possible de suspendre de déclaration dans la presse les présidents incriminés, voir de les suspendre tout court ?

  • grognon le 05/03/2007 à 07h58
    Très bon article. Juste une précision, les jets de fumigênes ont eu lieu entre la tribune Paret (et non Faurand) et le carré visiteur.

  • Lubo le 05/03/2007 à 08h25
    Je suis d'accord pour craindre que les sanctions promises par la Ligue seront ridicules. En tout cas, elles ne puniront pas les principaux responsables de cette atmosphère pourrie : Messieurs Caïazzo et Aulas. Une amende ? Dès le prochain match, ils augmentent de 5 euros le prix de chaque place et le mal est défait. Un retrait de points ? Ce sont les joueurs qui seront les premiers punis, idem pour un match à huis-clos.

    Par ailleurs, je rebondis sur l'erreur relevée par grognon au sujet du nom des tribunes pour reposer une question que j'avais posé sur le fil Vert : Comment trouver normal de placer les supp adverses à la gauche des MF, à portée de jets d'objets en tout genre ? Déjà, l'année dernière contre Paris, il y avait eu échange de jets d'objets coupants en tout genre et si je me souviens bien un blessé.

  • sansai le 05/03/2007 à 08h28
    C'est une proposition intéressante greenflo. Mais le jour où on sanctionnera comme il se doit les dirigeants de clubs pour leurs écarts...
    Par ailleurs, y'a que moi qui ait vu ça ? J'ai l'impression que ça n'a choqué personne :

    Jean-Michel Aulas (f365) : "Nous étions partis pour mettre une raclée supplémentaire à Saint-Etienne avant que le match ne soit interrompu."

    Je sais pas si c'est une déclaration en coulisses qui est tombée par hasard dans les oreilles d'un journaliste ou si il a vraiment asséné ça devant un parterre de micros mais en tous cas... C'est de toute beauté.

  • bebito le 05/03/2007 à 08h34
    "...l'origine des affrontements serait l'exhibition, par les supporters stéphanois, d'une banderole volée aux Lugdunums quinze ans plus tôt."

    Je rêve... 5 ans d'âge mental, les mecs...
    En même temps, ça me rapelle les bouquins de Freud que je lisais il y a quelques années. Une tribu qui vole le totem de l'autre, l'autre veut se venger vu qu'on lui a volé un symbole, etc.
    Je crois qu'on peut d'ailleurs pousser le parallèlisme tribal beaucoup plus loin avec ces supporters (instinct grégaire, puissance du symbole, régression de masse, etc - je laisse les pros de la socio et de l'ethnologie approfondir).

  • Lubo le 05/03/2007 à 08h37
    D'autant que la bache des Lugdu aurait été volée il y a plus de 10 ans maintenant... Les MF ne l'avaient jamais sorti en match et là... Pourquoi ce samedi ? Mystère.

  • Raspou le 05/03/2007 à 08h39
    Ben ça fait plaisir de lire cet article... J'ai vu le match sur TV5, avec aux commentaires Christian Jeanpierre et Patrice Ferri (un ancien des deux clubs), j'ai été particulièrement horripilé par certaines choses:

    * Leur nullité journalistique, effectivement, puisqu'eux aussi ont multiplié les hypothèses "jets depuis les tribunes" (au moment du KO de l'arbitre, mais aussi de celui de Cris lors d'un choc aérien tout ce qu'il y a de banal avec Gomis).

    * Le recours à cet insupportable argument du "ah la la, il suffit de quelques abrutis pour que ça dégénère"... Je ne veux pas tomber dans l'excès inverse et dire que toute personne se rendant au stade est un hool en puissance, mais les "quelques abrutis" ne devaient pas se sentir seuls, hier, entre les lanceurs de fumis, ce tifo hallucinant décrétant l'ouverture de la chasse aux joueurs lyonnais et ces insultes continuelles entonnées par les tribunes ("Lyonnais (ou "Aulas") on t'enc..."). On ne peut certes tout mettre sur le même plan, mais les insultes relèvent de la même logique violente, et on est vis-à-vis d'elles d'une tolérance incroyable, sous couvert que ça fait partie du "folklore". Entendre des milliers de personnes insulter un homme seul - fût-ce Jean-Michel Aulas - ça me fait vraiment gerber mais, apparemment, c'est moi qui l'estomac particulièrement fragile.

    * Dans la même veine, l'insistance de Patrice Ferri, homme du milieu, sur le "rôle du public"... Je passe sur le fait qu'il nous ait vendu la rivalité lyonno-stéphanoise comme "fondamentalement saine" (on croit rêver), c'est surtout sa référence constante à la nécessité pour les Verts "d'enflammer le chaudron" qui m'a gêné. Il y a une hypocrisie fondamentale des dirigeants et des joueurs, qui d'un côté condamnent la violence et de l'autre en appellent constamment au soutien des supps, à la "mise sous pression de l'adversaire", etc. Je sais bien que, en théorie, on peut avoir un public qui "s'enflamme" de manière saine, juste en soutenant son équipe, en chantant, en applaudissant... Sauf que c'est vraiment très théorique, et je n'ai pas souvent vu ça au stade... Plus généralement, un stade qui "s'enflamme", c'est une foule qui entre en transe, avec autant d'insultes, sifflets et menaces à l'adversaire (requalifié "ennemi") que de soutien "positif" aux siens. Et il est très hypocrite d'en appeler à l'un en faisant semblant de croire que ça n'entraîne pas l'autre, voire en dissociant de manière commode entre les "vrais supps" et les "abrutis".

    Allez, huis-clos sur le foot, et qu'on n'en parle plus ;-)

  • bebito le 05/03/2007 à 08h47
    Si quelqu'un sait où je peux visionner les images des tifos (tifi?) en question de Geoffroy-Guichard, je suis preneur!
    Merci.

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