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« Ils sont sur la Breizh »

Reportage – Ambiance mardi soir, près de Nantes, pour ce match entre l’équipe nationale du Mali et la sélection de Bretagne. Nationale, la sélection?

Auteur : Erwan Menez le 30 Mai 2013

 


Un énorme grain vient d’inonder le stade de Carquefou, ville qu’on ne présente plus comme la banlieue cossue nantaise mais bien comme une équipe de football rivale des voisins en jaune et vert. En ce mardi soir, le préposé au micro s’amuse: "Amis du Mali, soyez les bienvenus en Bretagne". L’enjeu est différent pour les deux équipes: les Maliens préparent deux rencontres de qualification pour la prochaine coupe du monde. L’équipe de "Breizh", elle, tâte le terrain auprès des fédérations française et internationales pour savoir à quel point elle peut dire "on existe".
 

Le match aura lieu, et c’est déjà un petit miracle, comme à chaque coup: outre la météo moisie, ce sont les autorisations qui ont bien failli manquer. Celle de la FFF est tombée le jour même à 16 heures. "La première fois qu’on a joué avec leur accord, c’était le Cameroun en 1998", commente le président de la Bretagne Football Association Gérard Russo qui se souvient: "En acceptant que ce match soit officiel, ils ont ouvert une voie. D’autres matches et d’autres régions ont suivi, dont les Corses qu’on a joué il y a deux ans. Eux y vont beaucoup plus à la hussarde que nous. Pour faire vivre leur équipe, ils se passent volontiers des autorisations. J’espère que ça ne va pas pousser les bureaucrates de Paris à faire machine arrière".

 


 


Landreau et Gourcuff en tribune, Danic et Didot sur le terrain

Autre difficulté à l’organisation de cette rencontre: début mai, il a fallu trouver un autre stade que celui de Vannes, où elle était programmée. L’IRB, qui organise le mondial de rugby des moins de 20 ans, n’était pas d’accord. L’option Carquefou, à deux pas d’un vivier de supporters bretonnants bien fourni, a été validée. Et puis évidemment, il y a eu l’appel des joueurs, et ce n’est pas le plus simple: sur son site web, la Bretagne Football Association annonce une trentaine de joueurs sélectionnables puisque nés en Bretagne, ayant des aïeux bretons, ou arrivés en Bretagne avant l’âge de trois ans. Ça fait du beau monde, à ce jeu on pourrait voir un jour les Jérémy, Menez et Toulalan, absents hier soir. Landreau et Gourcuff étaient là, mais seulement en tribunes, préservés pour la tournée avec l’équipe de France. Quand aux joueurs rennais, une histoire d’assurance les a privés de ce match. Un assureur moins regardant dans d’autres clubs puisque Gaël Danic, Etienne Didot et Frédéric Sammaritano démarrent la rencontre. Parfois, le refus relève d’un choix personnel: le Rennais Kévin Théophile-Catherine, à la fois guadeloupéen et breton d’origine, à choisi de représenter l’île des Caraïbes. Question de climat?
 

L’affiche est quand même jolie et à l’entrée du stade, ils sont une dizaine à vendre le Gwenn Ha Du, ce drapeau breton noir et blanc. Cinq euros pièce, la palme revenant à Raphaël Vinet, l’héraldiste local célèbre pour ses drapeaux bretons colorés en jaune et vert, couleurs FC Nantes, baptisé Melen-ha-Gwer. Il met les points sur les "i": "Tu es journaliste donc je t’explique, car les journalistes ne comprennent rien, ou ils en font exprès parce qu’ils sont Jacobins: donc, lors d’un derby tu n’écris pas 'les Bretons se déplacent à Nantes', mais 'les Rennais viennent à Nantes pour le derby breton'". Il finit plus pragmatique: "Je table sur la montée en Ligue 1 pour écouler un peu le stock. Tu me prends en photo?"
 


La starlette et les Erwan

Derrière, voici quelques anciennes gloires locales: Fred Da Rocha et Nicolas Savinaud, celui-ci mégote sur le tarif infligé à son fiston, "Vous dites dans la presse que c’est gratuit pour les mômes, et en vrai c’est pas gratuit". Les stadiers, trempés pour une bouchée de pain depuis deux heures, sont sidérés. Personne ne lui a dit que la recette est versée à une ville malienne, pays où se déroule une guerre, ces jours-ci. Le Savinaud sera puni plus tard par son pote Landreau, en tribune: "Lui, c’est un Ventrachou (Vendéen), y a pas moyen de le mettre dans une équipe bretonne. Trop sud-Loire!"
 

Il y aussi des people, du vrai, et TF1 est en force sans même avoir dépêché de caméra: la présentatrice Karine Ferri accompagne son Yohann, et le coup d’envoi est donné par la charmante Laura Chab’, une fille des bords de Loire remarquée à l’émission "the Voice", et l’une des rares présences féminines de la soirée. C’est peu dire qu’elle est remarquée: la plupart des caméramen se fendent d’un interview bidon de la jeune chanteuse avant le match pour taper la causette. La feinte de cow-boy… Elle est la marraine de l’équipe malienne et donne le coup d’envoi d’une partie qui ronronne gentiment: c’est l’occasion d’un tour des tribunes pour en connaître un peu plus sur l’histoire des noirs et blancs. Il y a ce club de supporters, la plupart rennais, qui adore vanner avec des jeux de mots ("ils sont sur la Breizh") et a accepté de s’approcher de la rivale nantaise pour la bonne cause régionale. "Regarde bien le drapeau, il y a l’évêché nantais. Ici on est en Bretagne!" Ils s’appellent tous Erwan, comme les opposants à la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, à 20 kilomètres d’ici, se sont tous rebaptisés Camille pour éviter de se faire ficher par les RG qui pourraient bien rôder par ici.
 


Exclusivement en breizhou

"En fait l’équipe bretonne a vraiment commencé à exister en 1998", raconte un Erwan. "Claude Le Roy a bien poussé l’affaire, d’ailleurs il était à la fois sur le banc du Cameroun et de la Bretagne sur ce coup-là". Variante hier soir: il coache l’équipe bretonne, tout en téléphonant à Kinshasa, pour y laisser quelques consignes en tant qu’entraineur du Congo. Entre deux coups de fil, il aime rappeler ces modestes connaissances en langue bretonne, et les origines de sa mère, "née à Gouarec, entre Rostrenen et Loudéac". Il est le seul à échanger quelques mots du crû avec les journalistes de Radio Kerné, qui donnent les commentaires en direct sur quatre antennes exclusivement en breizhou.
 

 


Claude Le Roy et Michel Audrain
 Dans la tribune d’en face, Erwan et ses potes entonnent "l’hymne national" qui a plus de succès que le classique "Nous sommes les Bretons/ et nous allons gagner…" Un Kermorgant bien de chez nous inscrit le seul but de la rencontre, le kop Breizh chante de plus belle, regrette entre deux actions que les joueurs ne parlent pas du tout leur langue d’origine "à cause de ces Jacobins de l’Education nationale", mais se félicitent que certains compensent: "Didot danse la gavote après chaque but". La tribune en rigole avant d’entamer le sujet qui fait consensus, lancé un énième Erwan: "La réunification de la Loire-Atlantique avec la Bretagne, ça serait bien l’an prochain, pour les 500 ans de la mort d’Anne de Bretagne. Un 9 janvier. À l’école, on nous apprend seulement son mariage avec le Roi". Il termine, énigmatique: "On rigole, on rigole, mais un jour il faudra bien faire quelque chose…"

 

Réactions

  • A la gloire de Coco Michel le 30/05/2013 à 01h53
    Kermorgant plutôt que Kermorvant non ?
    C'est également un problème d'assurance qui a empêché les guingampais Kerbrat, Samassa et Yatabaré d'être au stade ?

  • le Bleu le 30/05/2013 à 08h15
    En tant que jacobin, je me sens non seulement insulté mais très gêné par cet article.

  • Richard N le 30/05/2013 à 08h27
    Je n'avais pu me rendre à ce match, merci donc pour ce résumé. J'aime beaucoup l'idée de cette équipe de Bretagne, qu'elle devienne un rendez-vous de fin de saison histoire de passer une bonne soirée landi-landi-landi. Merci aussi à la FFF de traîner des pieds dès que ce genre de match est mis sur pied : Ca alimente le folklore.

  • Richard N le 30/05/2013 à 08h29
    Sinon, ne restons pas sur une mauvaise impression : Nicolas Savinaud est un mec bien.

  • OLpeth le 30/05/2013 à 08h33
    Je trouve ce genre de régionalisme pseudo-revendicatif parfaitement ridicule. Ces pauvres opprimés bretons, corses et autres basques nous font croire que le méchant état jacobin français les empêchent de pratiquer leur langue, d'affirmer leur culture, bref d'exister, alors que tout leur est permis, voire subventionné. Y'en a qui ont vraiment du temps à perdre (je parle pas de l'initiative du match en elle-même : si les gars trouvent des joueurs que ça branche, des équipes pour s'aligner en face et un public que ça intéresse, c'est tant mieux).

  • blafafoire le 30/05/2013 à 08h57
    Normalement, avec les bretons, il y a un moment où ils sont bourrés et où ils sortent les instruments traditionnels en braillant des chansons de marin.
    Non ?

  • Lancelot du HAC le 30/05/2013 à 09h01
    OLpeth
    aujourd'hui à 08h33

    C'est probablement vrai aujourd'hui. Ça l'était moins au début du 20ème siècle, quand la bretagne était une région pauvre et ses habitants moqués quand ils parlaient leur patois en montant à la Capitale. Loin de moi l'idée d'être misérabiliste, et c'était probablement une castration auto-infligée par la force des choses plus qu'une volonté de l'état jacobin, mais le fait d'être des citoyens de second rang dans la république française n'a pu que développer chez les Bretons un réflexe identitaire a posteriori.

    Qu'il se matérialise aujourd'hui de manière potache par l'intermédiaire d'un match de football ne paraît pas très grave, et la menace contre l'état jacobin assez surévaluée.

    Dans la série "je raconte ma vie", je me rappelle ma grand-mère qui nourrissait une honte terrible à avouer qu'elle parlait breton, à tel point qu'elle refusait même de nous traduire les illustrations dans la crêperie du village où on passait nos étés: son traumatisme par-rapport à la langue, et donc une partie de son identité, était réel.

    Dans son ensemble, l'article est très sympa, et retranscrit plutôt une ambiance de début de grandes vacances qu'une menace pour les institutions centralisées du pays.

  • Belmondo Bizarro le 30/05/2013 à 09h41
    OLpeth
    aujourd'hui à 08h33
    ---

    On a le droit de penser ce qu'on veut du régionalisme, et je suis plutôt d'accord avec toi quand tu remarques que les revendications sont parfois excessives. En revanche, "tout ne leur est pas permis" sinon il n'y aurait pas eu des manifestations pour la promotion des langues régionales avant la présidentielle, Hollande n'aurait pas inscrit dans son programme qu'il ratifierait la charte européennes des langues régionales pour ensuite y renoncer, pendant que certains politiques y sont encore farouchement opposés (Mélenchon entre autres).

    La situation n'est plus la même qu'il y a 100 ans, mais il y a encore des choses qui peuvent être revendiquées (comme pour le droit des femmes par exemple). Mais je peux tout à fait comprendre que ça paraisse folklorique et superflu quand on n'a pas grandi dans une région "à forte identité".

    ---

    Merci beaucoup pour l'article sinon, je n'ai pas pu suivre le match et je trouve ça sympa de lire un compte-rendu ici. Dommage qu'il y ait tant de contraintes, j'aimerais bien voir une équipe avec les Landreau, Gourcuff, Toulalan, Lemoine... Par contre ça m'avait l'air d'être une réunion de bretons régionalistes, entre les propos rapportés de l'héraldiste et les remarques un peu bizarres sur le fait que les joueurs ne parlent pas breton (d'où ils sortent ? Même quand on nait en Finistère aujourd'hui on parle plus vraiment breton, sans compter que le breton n'est qu'une des langues parlées en Bretagne...)

  • Christ en Gourcuff le 30/05/2013 à 09h53
    blafafoire
    aujourd'hui à 08h57
    ____

    Je ne joue pas d'instrument, mais pour le reste totalement.


    OLpeth
    aujourd'hui à 08h33
    _____

    Sans rentrer dans un débat qui n'a pas lieu d'être, il a longtemps été interdit de parler breton à l'école et ce à partir du début du XXème siècle. A cette époque il y a une volonté claire du gouvernement de lisser (pour ne pas dire supprimer) cette culture bretonne un peu trop forte peut être.

    Maintenant des écoles enseignent le breton dès le primaire (les fameuses écoles Diwan) jusqu'au bac. Dans les lycées, le breton est proposé en option comme LV4 etc

    Sur les routes, les panneaux de signalisation sont doublés en breton etc

    Donc la langue revient et on peut espérer que dans une ou deux génération la pratique de la langue soit si ce n'est généralisée, au moins plus développée dans la région. En tant que breton, j'aimerai pouvoir parler cette langue, et je ne suis pour autant pas indépendantiste pour un sou!

    Maintenant dire que "tout leur est permis" est absolument faux, comme l'explique Belmondo Bizarro plus haut.

  • Bouletor le 30/05/2013 à 11h42
    Je proteste, nous ne nous appelons pas tous Erwan, il existe aussi des Erwann.

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