Intrevues et nous c'est une histoire d'égouts
Dans leurs interviews (entrevues???), les journalistes suivent un schéma scrupuleux, régulièrement le même, pas forcément adapté à leur "victime", mais peu importe, le principal étant de trouver la petite bête qui monte, quel que soit son intérêt. Ainsi, on retrouve dans la plupart des magazines la même interview, avec pratiquement les mêmes questions, les mêmes réponses, le même vide inter sidérant. Rares sont ceux qui osent changer quelque chose à ce protocole, quitte à se retrouver dans la situation souhaitée par l'équipe de France lors de l'Euro 2000, à savoir, ne pas répondre aux questions stupides et redondantes. Mais à la fin, l'interviewer laisse passer le message qu'il veut, c'est lui qui a la plume, ou le traitement de texte.
Exemple de processus classique adapté à une situation éloignée du football, ou presque, il suffit juste d'imaginer que le personnage interviewé est un joueur bien connu de son club favori... A chacun le sien.
Q: Ramsès II, vous revenez pour la première fois en Egypte depuis plus d'une vingtaine de siècles. Comment pensez-vous que les Egyptiens vont réagir?
RII: Je me doute que cela risque d'être un choc, d'autant qu'être momifié met un peu plus de pression sur mes épaules.
Q: Justement, depuis cette momification, vous n'avez pas fait preuve d'une grande efficacité orale, on ne vous entend plus, en tous cas pas autant que votre statut le laissait présager...
RII: (Irrité) C'est toujours la même chose, il suffit de prendre un peu de recul, de mûrir, pour passer pour un invertébré auprès des gens. Mais je ne suis pas le premier à qui cela arrive dans l'histoire. Il y en a eu avant moi, il y en a eu après... Et il y en aura d'autres.
Q: Oui, mais reconnaissez tout de même qu'on attendait un peu autre chose de votre part.
RII: (Agacé) Qui? Qu'on me donne des noms. Je commence à me sentir un peu coincé dans ce rôle de Pharaon momifié. Si j'ai choisi ce métier, c'était pour sa beauté, pas pour devenir une figure de proue d'un navire sans mer...
Q: Le fait d'être en concurrence de plus en plus évidente avec Toutankhamon, voire Akhenaton vous donne une pression supplémentaire, non?
RII: (Passablement énervé) Pas du tout, au contraire, c'est ultra bénéfique pour les fibres. Nous sommes tous des représentants de l'histoire égyptienne, alors bon, pourquoi se cracher dessus. Nous nous entendons bien, et ce malgré nos bandages. On envisage même de lier nos sarcophages pour une semaine ou deux.
Q: Ce n'est pourtant pas le bruit qui court...
RII: (en pleine éruption) Les bruits qui courent, il faut les laisser courir. Si certains s'amusent à créer de la tension gratuitement, tant pis, ce n'est pas mon problème.
Q: Est-ce pour cela que vous avez quitté l'Egypte?
RII: (tempéré) Pas du tout.
Q: Ramsès II, des fans vous demanderont des autographes, dans votre situation, vous n'allez pas pouvoir signer, qu'allez vous leur répondre?
RII: (étrange) Mfmmfmzfmfmm
Propos recueillis par Jean-Marc Champolliondumonde
A la lecture de cette fausse interview, l'on peut conclure que Ramsès II ne sait pas garder ses nerfs, contrairement au journaliste... Et c'est toujours pareil... La réponse dépend forcément de l'angle de la question.