Kim jongle-t-il ?
Matchbox – Brésil-Corée du Nord : 2-1. Un Brésil loin de son standing supposé prend tardivement la mesure de Coréens valeureux, pour ne pas dire épatants.
Auteur : Steven Rousseau
le 16 Juin 2010
Ellis Park, Johannesburg.
Buts : Maicon (55e), Elano (72e); Ji Yun Nam (89e)
Arbitre : Viktor Kassai (Hongrie)
Brésil : Julio César – Maicon, Lucio, Juan, Bastos – Elano (Daniel Alves, 73e), Gilberto Silva, Felipe Melo (Ramires, 84e) – Kaka (Nilmar, 78e) – Luis Fabiano, Robinho
Corée du Nord (1) : Myong-Guk – Jong-Hyok, Chol-Jin, Jun-Il, Kwang-Chon – Young-Hak, Yun-Nam, Nam-Chol, In-Guk (Kum-Il, 80e) – Yong-Ho – Tae-Se
La nalyse
Ce groupe G est présenté comme le ''groupe de la mort''. Effectivement, à voir Dunga attendre Charon crispé devant son banc, engoncé dans son pull à col roulé et cachant ses mains dans les manches de sa vareuse, la question s'est posée pendant quarante cinq minutes: et si l'équipe la plus énigmatique de la compétition pouvait plonger le favori dans le coma?
Hermétique Corée
On avait sur ces Nord-coréens peu d'informations, dont la plus rassurante n'était pas leur préparation dans la région de Nantes et le nul 0-0 obtenu face à la formation du ''Cher dirigeant'' local. Que les sélections de jeunes aient obtenu récemment de bons résultats (2) ne poussait pas non plus à l'optimisme débordant, tout comme le pedigree des 23 sélectionnés dont la plupart évoluent au fameux 25-Avril-SG (3) de Nampo. Les accusations de tentative d'empoisonnement par leurs cousins au Sud du 38e parallèle, le recrutement de Chinois pour supporter l'équipe en Afrique du Sud, le suspens sur la diffusion ou non des matches à la télévision locale (à deux doigts de provoquer l'apocalypse entre les deux Corées) ou la saga du maillot acheté initialement en magasin et finalement fourni par un équipementier italien achevaient de taxer d'un amateurisme fatal cette équipe, vouée au rôle de faire valoir. Les déclarations optimistes du sélectionneur, déclarant viser les trois points face au Brésil, ne devaient être prises au sérieux par personne.
Et pourtant, les Chollima (4) n'ont pas volé leur billet pour l'Afrique du Sud. Comme beaucoup d'équipes supposées plus faibles techniquement et tactiquement, celle-ci se base sur une discipline de fer en défense et de rares individualités chargées de porter le danger en attaque. De fait, durant les éliminatoires de la zone Asie, la Corée du Nord a encaissé très peu de buts. Et elle entend bien continuer sur sa lancée.
De la méthode avant toute chose
Face à un Brésil aussi monotone qu'un concert de vuvuzelas, les Coréens défendent intelligemment avec un sens de l'anticipation inconnu de tout Commissaire au Plan, obligeant les attaquants auriverde à venir s'empaler dans une forêt de défenseurs solidaires pour les décourager de dribbler (Robinho 2e) ou à tirer de loin et loin du cadre (Elano et Robinho 7e, Bastos 10e, Elano 13e, Bastos 34e, etc...), les rares centres aériens vers Luis Fabiano étant immanquablement repoussés par la tête de Kwang-Chon, à dégoûter les Brésiliens d'insister.
La première frappe depuis l'intérieur de la surface de réparation intervient seulement à la 21e minute! Toujours intelligemment, sans paniquer, ils relancent proprement et méthodiquement sans jamais balancer le ballon, cherchant Tae-Se dans la profondeur ou en pivot. À l'image d'un Luis Fabiano passablement énervé, ou d'un Maicon faisant signe de la main à ses coéquipiers de ne pas trop se jeter, le Brésil n'arrive pas pour l'instant à fendre le bloc adverse. Pimentée de-ci de-là par quelques gestes plus instinctifs (tentative de lob de 60 mètres par In-Guk, 19e) ou des coups de pieds arrêtés (frappe de Kwang-Chon qui traverse la surface, 32e), la discipline des Rouges les amène à la mi-temps sur un 0-0 assez étonnant.
Maicon trouve le bon angle
À la reprise, on est curieux de savoir combien de temps les Coréens vont tenir physiquement, puisqu'ils ne semblent pas présenter de faille. La pression brésilienne reprend immédiatement, et par le tout premier décalage réussi dans la surface, Maicon semble vouloir centrer en bout de course... mais le ballon n'est pas redressé et passe entre le gardien et le poteau (1-0, 55e).
Ce but déstabilise apparemment les Chollina, désunit leur collectif et provoque les premières crampes, tandis qu'il rassure des Brésiliens plus tranchants. Sur une ouverture lumineuse de Robinho, Yun-Nam est trop court et Elano ajuste Myong-Guk d'une frappe croisée (2-0, 72e) et la raclée semble alors se profiler. Que ce soit dû au sursaut d'orgueil des uns ou au relâchement des autres, les attaques coréennes se font au contraire plus précises (86e) et à la suite d'une jolie déviation Yun-Nam réduit le score d'une frappe de près (2-1, 89e). Plus que le score, la Corée du Nord réduit l'écart avec ses prédécesseurs héroïques de 1966.
Les gars
Jong Tae-Se : le fameux ''Rooney asiatique'', unique pointe de l'équipe. À charge pour lui de faire la différence en solo, sans succès malgré de belles accélérations laissant Maicon et Lucio sur place (11e, 26e, 32e), d'attendre les renforts (36e) ou de dévier les ballons (89e). Repris in extremis par Juan alors qu'il se présentait en un contre un devant Julio César (86e). Victime d'une spectaculaire entaille au genou en première période, qui n'a pas semblé le handicaper.
Dans les buts, Ri Myong-Guk est sûr dans ses prises de balles et les sorties aériennes, mais peut être un peu coupable de son anticipation sur le but de Maicon. Celui-ci, délesté des tâches défensives, apporta souvent le surnombre, tout comme Bastos – longtemps le Brésilien le plus dynamique et entreprenant. À l'inverse, Luis Fabiano a erré comme une âme perdue dans une défense aussi verrouillée qu'une frontière coréenne. Et Kaka n'a pas récupéré de sa saison pénible. Souvent le nez dans le gazon, on se demande qui des défenseurs ou de sa pubalgie le déséquilibre le plus.
Les questions
• Le but coréen va faire le tour du monde et rendre son auteur célèbre pour des années. A-t-il conscience qu'il risque le camp de rééducation?
• A force de dire des favoris supposés, et décevants, qu'on aimerait les voir contre une opposition plus forte... contre qui peut on les faire jouer?
• Kaka, le bellâtre gendre idéal hyper doué mais transparent depuis des mois... Gourcuff, il serait pas pareil, du genre un peu puceau?
L'affirmation
Les évangélistes brésiliens ont battu les cocos : Dieu existe! Et il n'a pas le goût de la farce.
Les observations en vrac
• À voir les résultats et la qualité de jeu des équipes asiatiques, le futur du foot est peut être en train de filer au nez et à la barbe des Africains sur leur propre continent.
• Des supporters officiels qui chantent et ne jouent pas de vuvuzela. Grâce soit rendue aux Républiques Populaires de Chine et de Corée.
• Vous voulez du spectacle? Marre de ces interminables et moches premiers tours? La Corée du Nord a infligé il y a quelques années un 21-0 à Guam. Offrons quinze places à l'Asie en Coupe du monde!
Le match de TF1
Entendu un peu par inadvertance, Christian Jeanpierre qui se marre parce qu'à cause des vuvuzelas les spectateurs portent des casques anti bruit. Chez vous, pour éviter et les vuvuzelas et Christian, à un casque ridicule préférez Food For Animals. C'est peut être un poil trop rythmé pour un débordement de Kaka, mais c'est bien moins crispant que les sons de trompette des sus-cités.
Vu du forum
=>> J'ai remis tout l'allant – mardi 15 juin 2010 - 21:14
Vache de vie... Depuis que Kaka s'est marié et a goûté au fruit défendu, ce n'est plus, mais alors plus du tout le même homme : je vais devenir moine.
=>> newuser – mardi 15 juin 2010 - 22:10
Je suis content d'avoir vu au moins 23 Nord-Coréens qui ne souffrent pas de malnutrition voire carrément de non-nutrition.
(1) On a essayé, mais suivre les injonctions du staff nord-coréen et placer république, démocratique, et populaire devant Corée était incompatible avec l'eau fraiche de ce site.
(2) Quart de finale de la Coupe du monde U17 en 2005, championne d'Asie junior 2006
(3) On ne sait si SG signifie ''Saint Germain''.
(4) En gros, les chevaux trop rapides.