L'analyse en carton
Une métaphore banale de Laurent Fabius sur un "carton jaune" provoque une vague de réactions. Que nous avons recueillies en exclusivité, de Jean-Michel Aulas à Cyril Rool.
Auteur : Sylvain Zorzin
le 4 Fev 2008
Laurent Fabius l’a dit, et plutôt deux fois qu’une: "Il s'agit de sortir une espèce de carton jaune par rapport à la deuxième phase [du mandat de Nicolas Sarkozy]. (…) Ces élections municipales doivent être les élections du carton jaune". La banalité et la médiocrité de la métaphore footballistique coïncident sans doute avec le niveau de la campagne électorale qui s’engage. Pourtant, un certain nombre de personnalités ont souhaité réagir, parfois vivement, à cette déclaration. Nous avons poussé le vice jusqu’à les écouter.
Jean-Michel Aulas
"Un carton jaune? Une fois de plus, nous avons l’exemple flagrant d’une faute d’arbitrage qui pénalise toute une équipe. Voilà un arbitre, n’est-ce pas, qui ne pense qu’à sanctionner l’adversaire, sans même se poser la question de sa propre légitimité. J’en parlais encore ce matin avec mon ami Pascal Urano, qui me disait "Ah, là, là, c’est un scandale, vous tuez le foot, ah, là, là", juste avant que je lui dise: "Salut c’est Jean-Michel Aulas, comment va?", c’est dire. Nous espérons que la commission de discipline adoucira la sanction, en tout cas quand elle aura fini de se moquer de Fadela Amara. Savez-vous qu’ils la surnomment "Favela Amara" pour ses déclarations bidon?"
Frédéric Thiriez
"Je pense sincèrement que ce carton jaune aurait bien trop de conséquences pour le laisser à l’appréciation du seul arbitre de la rencontre. Bien loin de moi l’idée d’en rajouter une louche sur la médiocrité de notre système de formation arbitral, mais enfin, la dernière fois que monsieur Fabius a dû arbitrer dans son propre camp, il s’est quand même prononcé contre le Traité européen, c'est-à-dire contre le G14, la Ligue des Champions, le Championnat d’Europe des Nations, la victoire française en 2000 contre l’Italie et la joie dans les cœurs. L’arbitrage vidéo est indispensable dans ce cas. Car enfin que voyons-nous? Un tirage de maillot, mais c’est le maillot de bain de Carla Bruni qui est trois tailles trop petit, et une petite poussette par derrière, mais c’est juste pour tous les bébés qu’il nous fait dans le dos".
Alain Sars
"Je pense que la sanction administrative est tout à fait méritée. On a vu monsieur Sarkozy être averti verbalement plusieurs fois, il n’a pas voulu en tenir compte, et voilà. Je crois que monsieur Fabius a pris la bonne décision, et les images n’apporteront rien de plus. Le gouvernement peut toujours déposer une réserve, mais la seule chose que monsieur Sarkozy réserve en général, ce sont des chambres d’hôtel de luxe et ses interviewes à Jean-Pierre Elkabbach. Donc non, il n’y a aucune raison de remettre en cause cette décision".
Cyril Rool
"Un carton jaune pour ça, faut quand même pas exagérer, pourquoi pas le rouge tant qu’on y est? Un carton jaune c’est pour quoi? Une inflation d’au moins 40%, un chômage de 20, 25% qui touche même les classes sociales les plus riches, un krach boursier constant qui a des répercussions jusqu’en Suisse. Bref, les critères de Maastricht appliqués au Burkina-Faso ou au Lesotho. Quelque chose de viril, quoi. Mais pas pour juste sanctionner cette nullité du pouvoir d’achat et cette organisation de la justice expédiée en trois coups de cuillère à pot de chambre (correctionnelle). Et puis il ne faut pas oublier que si Nicolas Sarkozy avance les deux pieds décollés, c’est parce qu’il a des talonnettes".
Xavier Gravelaine
"Pour moi, une biscotte, ça reste une biscotte, alors bon. Je sais bien qu’avec le pouvoir d’achat qui concurrence le FC Metz au classement, elles ressemblent de plus en plus à des Craquinettes Leader Price. Mais nous, on va quand même diffuser Le Mans-Lens en Coupe de la Ligue, alors je suis mal placé pour faire la morale. En plus il y a Thierry Adam à côté de moi qui s’emballe à la moindre réprimande verbale. Lui, on le surnomme Jean-Pierre Adam, rapport à ses commentaires qui provoquent un coma profond. Donc je suis mal placé pour être incisif. Un peu comme pendant ma carrière en fait…"
PS: Certains autour de moi m’ont demandé: "Mais c’est qui Laurent Fabius?" Je ne le sais pas plus que vous, mais sa métaphore sur le carton jaune était trop flagrante pour ne pas divaguer dessus.