L'éthique en prime, ou le prix de la vertu
Une Balle dans le pied – Les primes d'éthique ne sont pas propres au PSG, et ne concernent pas seulement l'obligation de saluer les supporters. Mais elles témoignent d'une forme de cynisme désenchanteur.
(…) D’un point de vue peut-être "moraliste", mais pas illégitime – le point de vue de personnes probablement moins blasées et moins résignées que l’amateur de football –, on peut s’étonner que ce qui semble le minimum à assurer de la part de professionnels soit l’objet d’une gratification financière.
Saluer les kops à la fin du match est un geste symbolique auquel les supporters sont attachés ; savoir que les joueurs sont rétribués pour l’accomplir est pour le moins attristant. Certains le font sans doute spontanément, mais le doute est sur tous quand l’obligation morale, désintéressée, devient une obligation contractuelle et rémunérée (ou sanctionnée financièrement si elle n’est pas respectée).
D’un autre point de vue, qui n’adhère pas à ce moralisme et à cette exigence d’exemplarité des joueurs, ces démarches mettent en œuvre une sorte de police comportementale, qui assure le respect des bonnes mœurs et de l’hygiène de vie. On célèbre les bad boys de jadis, fêtards et fauteurs de troubles, mais les moindres écarts sont aujourd’hui accueillis par la réprobation générale. On déplore la langue de bois, mais on cautionne un code de bonne conduite, un dispositif disciplinaire qui proscrit les critiques envers le club ou l’entraîneur… (…)