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L'infortune du Pérou

Clubs en banqueroute ou qui s\'auto-dissolvent, salaires impayés, grève massive, lock-out: le football péruvien traverse une des plus graves crises de son histoire.

Auteur : Bastien Josserand le 27 Fev 2012

 

Malgré la très bonne Copa America des hommes de Sergio Markarian en 2011, le football péruvien traverse une tempête d'une rare ampleur. Lundi dernier, le Club Deportivo Universidad de San Martín de Porres, une des formations les plus brillantes de la dernière décennie, qui correspond aussi à sa courte histoire [1], a décidé son retrait du championnat et sa propre dissolution. Le club, quatrième du dernier championnat et qualifié pour la prochaine Copa Sudamericana, était pourtant dans une bonne situation financière. Cette dissolution fait suite à la grande grève qui secoue le football péruvien et qui met en péril la tenue du prochain championnat.

 


Dix clubs au bord de la faillite

Revenons un peu en arrière. Il y a un peu plus d’un an, les difficultés financières des clubs professionnels commencent à prendre de plus en plus d’importance. Premier club sanctionné, et non des moindres, l’Universitario de Deportes de Lima, club au vingt-cinq titres de champion et alors en course pour le titre, s’est vu perdre à plusieurs reprises des matches sur tapis vert à cause d’impayés. Puis ce fut le tour des Sports Boys de Callao (le port de Lima) et de Cobresol, club de Moquegua au sud du Pérou. La dette la plus importante est celle de l’Universitario, qui avoisine les 1,5 millions de dollars pour les joueurs et les 15 millions pour le fisc péruvien.

 

À la fin d'un championnat qui voit la victoire de Juan Aurich, la rumeur d’une grève commence à se répandre dans le milieu du foot péruvien. Sur les seize clubs de première division, dix ont des dettes importantes et ne paient plus leurs joueurs depuis des mois. Parmi eux, certains des clubs historiques du pays: la U de Lima donc, mais aussi l’Alianza Lima, rival historique aux vingt-deux titres, Cienciano de Cuzco, auxquels s’ajoutent les Sports Boys, Cobresol, FBC Melgar d’Arequipa, Cobresol, José Gálvez FBC de Chimbote, les Ayacuchos de l’Inti Gas, le Sport Huancayo et l’Universidad César Vallejo de Trujillo.

 


Lock-out

L’intersaison est agitée, beaucoup de joueurs partent à l’étranger, libérés de contrats non payés ou bradés. Le championnat suivant est tout de même programmé pour le 18 janvier, mais l’Agremiación, le syndicat des joueurs (aussi appelé SAFAP), appelle à la grève, refusant la disposition prise unilatéralement par les clubs de rembourser les impayés en vingt-quatre mois. Et effectivement, pour la première journée, la grève est totalement suivie par les joueurs, à tel point que même les clubs financièrement sains ne peuvent présenter d’équipe. Les autres joueurs se montrent en effet solidaires de leurs camarades. La plupart des clubs envoient leurs équipes de jeunes pour des parodies de match, quand ces matches ne sont pas annulés par manque de joueurs, ou par refus d’envoyer une équipe bis alors que les paiements sont honorés.

 


L'équipe de San Martin.

 

C’est le cas de la San Martin, qui annonce le lendemain son retrait définitif du football. De son coté, Rofilio Neyra [2], le président du club d’Ayacucho, qui a finalement réglé les dettes, licencie tout son effectif et son staff au motif que le refus de jouer un match est une condition suffisante [3]. Le jour suivant, l’Unión Comercio et l’Universidad Cesar Vallejo remettent publiquement en cause leur participation au championnat et l’existence même de leur équipe [4]. Juan Aurich, champion en titre et obligé de jouer avec ses jeunes alors que les salaires sont honorés, réfléchit en interne à une sortie du football. Le Sporting Cristal, troisième grand du pays, a pour sa part confirmé sa participation.

 


Comment en est on arrivé là ?

Les clubs de football péruviens ont généralement le statut d’associations sans but lucratif. Depuis plus de vingt-cinq ans, les clubs sont très mal gérés par des présidents controversés et au passé parfois trouble, et les statuts ne permettent pas aux personnes extérieures de se plonger comme elles le souhaiteraient dans ces affaires. De surcroît, la Fédération péruvienne de football (FPF) a longtemps laissé les clubs s’endetter sans punir.

 


L'équipe de Cesar Vellajo.

 

Cette fois-ci, la FPF semble se ranger du coté des joueurs, comme le montre l’accord trouvé avec l’Agremiación de futbolistas pour un paiement en trois mois, accord refusé par les clubs représentés par l’Association sportive du football professionnel (Asociación deportiva de fútbol profesional - ADFP). Le président de l’Alianza Lima, Guillermo Alarcon, est très critiqué pour son intransigeance. Celui de l’Universidad Cesar Vallejo, Cesar Acuna Peralta, a d'abord menacé ses joueurs de licenciements s’ils ne quittaient pas le syndicat et n’acceptaient pas une réduction de salaire de 25%, ce qui est totalement illégal. Le 23 février, devant leur refus, il prend la décision de licencier les deux tiers de son effectif, dont le capitaine Carlos Galvan, pour ne conserver que onze joueurs. Selon les joueurs des SportsBoys, cette décision aurait été imitée par leur président, même si ce dernier a démenti. Si les présidents n'hésitent cas pas à licencier les grévistes, c'est aussi parce que la dissolution de San Martin met sur le marché un effectif complet de footballeurs pouvant jouer le titre.

 


De graves répercussions économiques

Pour ne rien arranger, le président de la FPF, Manuel Burga, se trouve actuellement à Zurich au siège de la FIFA, ce qui complique les négociations. Sergio Markarian, sélectionneur du pays, a quitté samedi un stade au bout de dix minutes après avoir vu jouer devant lui les équipes de jeunes du Sporting Cristal et de Cobresol – ce qui, malgré les démentis, fait craindre aux Péruviens une défection de celui qui a emmené la Selección à la troisième place de la Copa America.

 


Manuel Burga (président de la FPF), Luis de Souza Ferreira (président de l'ADFP) et Juan Baldovino (représentant de l'Agremiacion).

 

La solution? Elle serait de passer les clubs sous un statut de société anonyme, ce qui permettrait un meilleur contrôle des finances et des ressources des clubs. Dans l’immédiat, il semble urgent de trouver un accord permettant une tenue rapide du championnat. Les sponsors et les diffuseurs s’agitent, et les répercussions économiques sont très importantes pour toutes les personnes qui gravitent autour du foot – revendeurs de places, vendeurs de maillots, casquettes, vendeurs de nourriture et de boissons, jusqu’aux réserveurs de places dans les files – tout ce monde de personnes pauvres sans emploi stable dépend très fortement des rencontres de football. L’Association colombienne des joueurs de football professionnels (Asociación colombiana de futbolistas profesionales – Acolfutpro) s’est solidarisée par un communiqué soutenant les grévistes et demandant aux Colombiens des clubs péruviens de se joindre au mouvement.

 

Rien ne semble possible avant le retour de Manuel Burga, en espérant qu’aucun autre club ne quitte définitivement le football, laissant sur le carreau footballeurs, staff et employés. Le syndicat des joueurs semble néanmoins prêt à accepter un paiement sur douze mois, ce qui est encore refusé par l’Alianza, le Sports Boys et Cobresol...

 


[1] Le directoire de l’Université San Martin avait racheté la licence et l’accession à la première division au Club Sport Coopsol en 2004 qui avait elle-même racheté la licence d’un club de deuxième division en 2000. Système relativement courant au Perou et qui mériterait un article à lui tout seul.
[2] Pour la petite histoire, c’est ce même président qui a menacé de vendre son équipe et sa licence de première division à la ville de Cajamarca, dans le nord du pays, si le stade d’Ayacucho n'était pas plus rempli lors de leurs matches à domicile.
[3] C’est légalement autorisé, même si rarement utilisé, surtout dans de telles proportions.
[4] Mais contrairement à San Martin, ce n’est pas encore ratifié par la Fédération.

Réactions

  • poiuyt le 27/02/2012 à 13h07
    Intéressant... C'est quand même dingue de voir à quel point le droit de grèves semble très mal protéger au Pérou. Qu'en dit la législation?

  • balashov22 le 27/02/2012 à 18h04
    Probablement rien, sinon j'ose espérer que les autorités (fédération, confédération, FIFA) auraient réagi. C'est aussi dans ces moments, à travers le prisme de notre passion pour le football, qu'on se rend compte qu'il y a des progrès notables à faire si on veut tendre vers une égalité des droits des salariés de par le monde.
    (Même si je sais qu'on va me dire que les joueurs de football ne sont pas les plus à plaindre, par rapport aux ouvriers des pays en voie de développement.)

  • le Bleu le 27/02/2012 à 18h50
    Je sais pas non plus si un footballeur péruvien est aussi bien payé que André-Pierre Gignac.

  • Gone Going le 27/02/2012 à 19h25
    Dans ce genre de pays, la législation ne sert pas à grand chose. C'est pourquoi les grèves sont aussi violentes, que ce soit dans les mines, les constructions routières, et donc à une échelle moindre le football.
    Je n'arrive pas à retrouver un article qui citait précisément le droit péruvien, je le fais donc de mémoire.

    Tout d'abord, le droit des footballeurs est un peu différent de celui des autres, puisqu'il y a eu des accords entre l'Agremiacion et les clubs.
    En fait, les clubs démentent la légalité de la grève: les footballeurs seraient dans leur tort. Ils peuvent donc les licencier, puisque cette grève n'aurait pas de raison d'etre. Généralement, les joueurs recoivent une lettre de prélicenciement, passent dans une comission où ils doivent expliquer pourquoi ils ont refusé de jouer. Et puis là, ils sont virés.

    Par contre, ce qu'a fait César Acuna (U. Cesar Vallejo), c'est à dire virer les joueurs refusant de quitter le syndicat et de baisser leur salaire, est totalement illégal. On va voir comment il le tourne.

    Quant à San Martin, ils risqueraient d'etre condamné à payer 12 mois de salaires aux joueurs pour rupture abusive de contrat si c'est confirmé (mais ca passera au tribunal avec toute la corruption et les magouilles qui vont avec)

    ____________

    Pour les salaires, ce n'est pas très élevé par rapport à la France ou l'Europe mais cela reste très largement au dessus de l'ouvrier.
    Salaire minimum au Perou et en Equateur: environ $280
    Un bon joueur du championnat (type Didot, Brechet, Plasil) gagne autour des $30000, et un jeune joueur commence autour de $4000.
    Les étrangers étant en nombre limités par club et sur les feuilles de matchs, ce sont généralement des joueurs importants, avec des salaires plus élevés.


  • Hydresec le 27/02/2012 à 23h05
    Des salaires impayés, des clubs gérés n'importe comment par des dirigeants incompétents et avides, des staffs licenciés : le Racing Club de Strasbourg à l'échelle d'un pays, personne n'en rêvait, les Péruviens l'ont fait.

La revue des Cahiers du football