Les gestes

• Les six bras levés en même temps par la défense australienne, qui laisse Podolski envoyer une praline carlosalbertesque dans les filets à l'issu d'un jeu en triangle de quinze mètres de côté en pleine surface.
• Le lever d'yeux aux ciels de Pierre Ménès dès qu'il s'apprête à faire une vanne sur les Bleus (soixante-sept fois par émission).
• La passe dans l'espace d'Heskey qui voit le trou avec ses yeux dans le dos, pour le petit exter maîtrisé de Gerrard – lequel offre another day in paradise à ses coéquipiers.
• Le contre sud-africain conclu par la grosse patate Kostadinovienne de Tshabalala, qui marque le premier but de l'été avec un nom de tube de l'été.
• La passe parfaitement dosée de Robinho pour Elano, qui entre dans la défense nord-coréenne comme un couteau chaud dans du beurre, et démontre à Ribéry qu'on peut savoir dribbler et penser aux copains avant de s'enfermer au milieu de quatre adversaires.



Les antigestes

• La Robert Green de Robert Green, qui doit pouvoir donner son nom au geste comme Arconada avant lui.
• La sortie aérienne de Schwarzer au devant de Klose, vers l'infini et au-delà du ballon.
• Le marquage respectueux des Nigérians sur la tête de Heinze: pas un défenseur à moins de cinq mètres, les Super Eagles étant certainement prévenus par Taiwo que l'Argentin ne marquait jamais de la tête.
• La réaction parkinsonienne de Steevy Boulette Chaouchi sur le tir de Koren. Avec une coiffure pareille, on a du mal à le plaindre.
• La chorégraphie danoise tête dans le mauvais sens / passe du dos dans le but, réalisée par les compères Bðnnartsen et Zubarsen.





La bannette

L'équipe qui va devoir pousser, pousser plus fort, voilà, comme ça, c'est bien!
Christophe Jammot (TF1) : "On sent beaucoup de contraction chez les joueurs sud-africains".

La vieille carne et le chili con carne
Franck Lebœuf (TF1) : "Blanco... 37 ans, 38 ans avec une bonne vingtaine de kilos en trop... et ça va pas s'arranger avec la nourriture mexicaine".

Le match en dents de scie
Christian Jeanpierre (TF1) : "Il ne doute de rien, il va croquer ce match de Coupe du monde Abou Diaby".

Le sélectionneur qui a le crampon qui le démange
David Astorga (TF1) : "Raymond Domenech est très très agité en phase défensive".

La Quality Street
Arsène Wenger (TF1) : "Ils sont malins comme des joueurs de la rue".

La redécouverte de son corps après la circoncision
Franck Lebœuf (TF1) : "C'est tout fin, c'est tout beau et puis c'est tout propre".

La ferme, célébrité !
Franck Lebœuf (TF1) : "On a eu le chat et maintenant on a le canari".

Le consultant qui excelle en brasse coulée
Xavier Gravelaine (France 2) : "Même si l'Australien sait bien nager, ça risque quand même de prendre une sérieuse tasse".

L'apport méconnu des commentateurs au score des matches
Laurent Luyat (France 3) : "Vous avez commenté 6 buts en deux matches hein quand même, chapeau".

Le scénariste d'arrière-garde
Alain Giresse (France 3) : "C'est Fort Alamo pour les Japonais là". Et alors, y a Napoléon qui a sorti sa kalachnikov pour décimer une armée d'Inuits énervés.

Les résultats du concours de porno-sticks
Christian Jeanpierre (TF1) : "L'arbitre était moins excité que vous Jean-Michel".

Le commentateur qu'on aimerait parfois mettre sur silentbloc
Christian Jeanpierre (TF1) : "Il est quand même blessé... il est sur deux cylindres là notre ami".

Le ballon gonflé à l'hélium
Xavier Gravelaine (France 2) : "Ça respire le football ce soir".



La voilà la vraie surprise de Domenech. Qui se serait attendu à la sélection de Bourillon?


Les minutes

La minute de lucidité de Xavier Gravelaine, champion de France
"C'est marrant, dans les pays étrangers, quand y a des champions du monde, ils sont souvent adjoints ou sélectionneurs...  en France ils sont à la télé". (France 3)

La minute "Aime ton prochain comme toi-même" de Raymond Domenech
"Mais bien sûr que j'aime les journalistes. Je suis moi-même un peu journaliste pendant cette Coupe du monde. C'est un métier très difficile. Dommage qu'il soit fait par des gens qui le fassent si mal". (TF1)

La minute "J'ai oublié ma rencontre avec Cristiano Ronaldo" de Taye Taiwo
"Tout le monde dit que Messi est le meilleur joueur. Tout le monde le regarde. Je regrette qu’il ne soit pas resté de mon côté. Il est passé au milieu du terrain et il a couru avec le ballon. Je l’attendais de mon côté et il n’est pas venu. C’est dommage". (RMC)

La minute de cohérence de Raymond Domenech
"Les spécialistes m'assènent des critiques continuellement parce qu'y a pas d'équipe-type, y a pas d'automatisme, l'équipe change tout le temps et là, vous trouvez inquiétant que l'équipe ne change pas: mettez-vous d'accord hein!" (TF1)



Déception théologique

La question pouvait séduire : "Dieu aime-t-il le foot?" Posée par l’hebdomadaire chrétien Pèlerin, et illustrée en couverture par un Kaká en fervente prière sur le terrain du Milan AC, elle nous promettait d’entrer dans les coulisses de l’au-delà, et de mesurer l’engouement divin pour ce sport populaire.
Las, on n’y lira que des professions de foi profondément "humaines", de Djibril Cissé au Monégasque Park, qu’accompagnent les témoignages plus ou moins mystifiants des habituels Thierry Roland, Eugène Saccomano ou l’ethnologue Christian Bromberger.

Mais Dieu, dans tout ça, il en pense quoi? Qu’on le loue d’avoir permis un but ou une qualification en Coupe de la Ligue, ça le déroute ou ça le divertit des complaintes habituelles? Posée en couverture, la question ne sera pas traitée. Dommage, on aurait bien aimé que la Bible commente les décisions sportives, cela aurait changé de Thierry Adam et de ses exégèses paumées.



Alors que toute la France acclame la nomination du Président au poste de sélectionneur, Zidane tient à nous rappeler que c'est lui l'Empereur.


Tactique de langage

On dit que les Coupes du monde donnent le ton pour les années à suivre en matière de football, il faut espérer que ce ne soit pas le cas en matière de journalisme. On a vu apparaître ces dernières semaines un phénomène inquiétant: les journalistes experts. Ou comment chaînes et journaux ont fini par considérer que leurs journalistes étaient légitimes pour parler tactique.

Si Pierre Ménès déblatère sur le sujet depuis des lustres sans qu'on ne lui accorde trop d'attention, on a vu ce terrain habituellement reservé aux anciens entraîneurs ou joueurs (avec un déchet important concernant ces derniers) envahi par des titulaires de carte de presse dont le seul diplôme est celui de l'ESJ. L'Équipe avait commencé par donner "son" 11 pour la Coupe du monde. Ce mardi on a carrément vu les trognes de Duluc, Tarrago, Degorre et Dufy nous expliquer pourquoi il fallait placer machin ici et bidule de l'autre côté pour que pif paf boum fastoche on gagne. En faisant appel, sur la page opposée, à Luis Fernandez pour savoir comment réorganiser les Bleus, on comprend qu'ils se soient sentis légitimes.
TF1 a aussi demandé à des journalistes du Parisien et de L'Équipe comment corriger ce qui ne va pas en équipe de France… mais présente la formation du match contre l'Uruguay en 4-3-3 dans le reportage.

Ces avis ainsi donnés sont moins formatés et prennent moins de pincettes. C'est que Sagnol est ennuyeux, à répéter toutes les deux phrases que sans connaître les plans du sélectionneur ni être dans le groupe, on ne peut pas dire grand chose.

> La Gazette du Mondial #3,5 : deuxième partie