La Gazette, numéro 8
Les Girondins poursuivent leur thérapie de redressement avec une séance réussie contre Lierse. Pauleta s'offre un nouveau triplé, Feindouno un doublé et Bordeaux prend la tête du championnat belge. Plus sérieusement, cette victoire est rassurante, et pas seulement pour les Bordelais: les résultats européens des clubs français seront particulièrement observés en cette année où l'on se met à douter du niveau national...
Paris en funambule
Autre motif de satisfaction sur ce même plan, la victoire du PSG arrachée au Bayern. Le club parisien a enfin haussé son niveau de jeu, à défaut de maîtriser vraiment un destin qui aurait pu basculer dans l'autre sens, si les Bavarois avaient été moins romantiques devant le but (ou si l'arbitre avait sifflé le penalty flagrantissime sur la faute d'Algerino dans la surface, remarquablement enterré par nos commentateurs).
Mais cette équipe est décidément faite pour attaquer, et lorsqu'elle parvient à le faire ainsi pendant 90 minutes, toujours à la limite, elle donne envie de pousser avec elle. Ce but de dernière extrémité (en l'occurrence l'extrémité de la chaussure de Laurent Leroy) restera comme un excellent moment.
Leroy est plus expressif en gestes qu'en paroles: après le but, son moulinet des bras indique qu'il ne se satisfait pas de son statut de joker, mais au micro de Canal+ quelques instants plus tard, il tient le discours diplomatiquement correct. La réussite de l'ancien Cannois n'est pas le pire des problèmes pour Bergeroo.
On ne boudera donc pas son plaisir devant le spectacle offert, surtout que les corbeaux vont devoir s'éloigner un peu de la dépouille du football français. L'échec à domicile d'un leader national contre le grand Bayern aurait eu en effet une valeur trop symbolique pour qu'ils se retiennent. Et comme sur le plan comptable, ces trois points étaient indispensables (le parcours de Rosenborg a de quoi inquiéter les protagonistes de mardi soir), Paris garde ses chances pour la suite.
Ailleurs en Europe, la logique a été un peu bousculée: Manchester perd contre Eindhoven (avec Kezman qui a réussi une Kostadinov de toute beauté), le Barça est battu au Camp Nou par le Milan AC, et la Juve est tenue en échec à Turin par La Corogne. Si la Ligue des champions devient aussi imprévisible que le championnat français, où va-t-on?
Allez retours
Le deuxième volet de la troisième journée de la première phase de Ligue des champions (c'est-à-dire le mercredi soir) a un peu plus respecté les probabilités, avec la seule victoire à l'extérieur du Real contre Leverkusen. Cette soirée a déposé un bilan assez positif pour nos représentants, malgré l'énervante défaite de Lyon à Valence.
Monaco a réglé ses comptes avec quelques doutes en dominant largement le Sturm Graz. Marco Simone qui retrouvait le cadre de quelques-uns de ses exploits a aussi trouvé sans difficulté celui des buts autrichiens. L'ASM retrouvera le haut niveau en compagnie de Bordeaux samedi prochain, puisque les quintuples buteurs européens se rencontrent en principauté.
Le Stade Mestalla a abrité un match plus intense, mais qui laisse tout le monde entonner l'air des regrets. Au moins l'Olympique lyonnais a-t-il montré qu'il avait le niveau pour inquiéter le vice champion d'Europe, et donc pour réussir ses matches retour. Les nombreuses occasions françaises, souvent mal négociées, insiste sur le fait que les attaquants devront faire preuve de plus de réalisme s'ils veulent sortir l'OL de cette poule. Et si en prime la superstition pouvait leur faire abandonner ce triste maillot gris...
À mi-parcours de la première phase, le bilan des clubs français en LdC est simple: ils ont gagné à la maison et perdu en déplacement (si l'on considère que le Stade Louis II avait été transformé en mini-Ibrox Parc lors de Monaco-Rangers).
Larqué vous l'avait bien dit
Dans le rôle de la pleureuse en chef, Jean-Michel Larqué a une nouvelle fois montré l'étendue de ses capacités. Il avait commencé par mettre Edmilson dans son collimateur, mais les relances audacieuses du Brésilien n'amenaient aucune perte de balle, ce qui contribuait à augmenter l'irritation du commentateur. Alors lorsque le défenseur poussa trop loin sa montée, déclenchant l'action du but espagnol, Larqué ne put se retenir d'exulter, avec un interminable couplet sur le "respect du jeu", puis de jubiler jusqu'à la fin du match tout en se lamentant sur "l'occasion ratée" par les Lyonnais de l'emporter. Au moment de son crime, Edmilson tente justement de faire la différence, et ensuite, le but n'est pas encore au fond... Et peut-être faudrait-il se rappeler que Coupet avait arrêté le penalty de Mendieta. Au fait, cette parade avait déjà vexé le compère habituel de Thierry Roland (cette fois associé au génial Christian Jeanpierre), qui prédisait l'inéluctable réussite du tireur...
Les commentateurs ne peuvent s'empêcher de jouer aux prophètes, et s'acharnent à voir leur pronostic se réaliser pour flatter un peu leur ego d'experts. Charles Biétry reste insurpassable dans cet exercice: il connaît déjà le sens de la rencontre et les performances des joueurs avant même le coup d'envoi.
Pour en revenir à Edmilson, il a certainement besoin d'une petite cure d'humilité, et de mieux évaluer les exigences du foot européen (en espérant que son retour sur terre ne soit pas aussi délicat que celui de Talal El-Karkouri). Mais ensuite, Santini aura un joueur exceptionnel à sa disposition.