La Gazette, numéro 9
oh, les méchants Cahiers!
La Gazette numéro 8 a déclenché une petite polémique, quelques défenseurs de Jean-Michel Larqué nous reprochant nos "attaques" contre cette vénérable figure. Il ne s'agissait pourtant que de dénoncer un travers très courant chez les commentateurs, qui tiennent souvent par tous les moyens possibles à valider leurs a priori sur un match, un joueur ou une équipe pour conclure par un "je vous l'avais bien dit" triomphal. Larqué n'est pas le pire des consultants (l'est-il encore d'ailleurs?), et c'est un assez bon gars, mais nous devons l'écouter depuis vingt ans, et vingt ans c'est long. Surtout, et c'est là notre reproche, il verse de plus en plus systématiquement dans un style pleurnichard, prédisant toujours le pire aux équipes françaises, menacées en permanence de catastrophes imminentes. C'est fatigant. La prochaine fois, on coupera le son .
Il faut nous pardonner ce côté donneurs de leçons, car nous en donnons depuis bien moins longtemps et à bien moins de personnes que les stars du journalisme sportif, en se prenant moins au sérieux, non?
la D1, c'est incertain...
Les bookmakers peuvent maintenir les paris ouverts sur un championnat de France qui refuse de sortir d'une indécision assez totale, et laisse très peu d'indices sur les équipes qui seront à la lutte au printemps prochain, que ce soit pour les places d'honneur ou celles de la relégation: quatre points séparent le 4è du 17è. Seul le TFC fait des efforts pour se détacher vers le bas, et compromet déjà des ambitions qui semblaient élevées pour un promu. Les investissements de l'intersaison ne seront-ils payés que de regrets?
On note quand même qu'en dépit d'une irrégularité persistante, les favoris mal partis sont en sensible progression: Rennes, Bordeaux, Lyon ou même Monaco devraient renouer avec des résultats plus conformes à leurs ambitions. En attendant, ce classement très provisoire récompense ceux qui jouent sans compter, comme Bastia, Lille ou Troyes. Le mystère Paris Saint-Germain n'est pas encore éclairci, et cette équipe doit progresser avant de conquérir les foules, et les titres.
L'avantage de la précarité du métier d'entraîneur, c'est que les opportunités de reprendre le collier se présentent au rythme des déboires des collègues. Patrick Remy, débarqué de Sedan sans grande considération l'été dernier, pourrait ainsi retrouver des Verts à entraîner, et Robert Nouzaret un challenge au moins aussi difficile que le précédent, à Toulouse. L'avenir d'Alain Giresse est nettement plus sombre. Comme il y a deux ans à Paris, il quitte prématurément ses fonctions, et l'échec semble s'acharner sur l'ex-étoile de la sélection nationale. Où pourra-t-il désormais rebondir?
esprit olympique
L'OPA de l'Afrique sur le football olympique se confirme: après le Nigeria à Atlanta, c'est le Cameroun, plusieurs fois miraculé et tombeur du Brésil, qui trouve de l'or à Sidney en battant de malheureux Espagnols. Tiens, ce continent pillé de ses footballeurs comme de ses ressources naturelles, privé de l'organisation de la Coupe du monde, obtient une petite revanche dans une compétition internationale qui préserve un peu l'enthousiasme et le désintéressement, et réunit des joueurs de moins de 23 ans. Ainsi que l'a dit Patrick Mboma, les absents ont vraiment eu tort, à l'instar de Lucien Mettomo embourbé dans un triste conflit avec son club.
Dans quel état, après un long périple aérien et une fête que l'on imagine... camerounaise, les vainqueurs se présenteront mercredi au Stade de France pour en recevoir l'hommage? L'euphorie prendra peut-être le pas sur la fatigue, pour cette affiche qui opposera les champions du monde et d'Europe aux champions olympiques et d'Afrique...
Saluons aussi la place accordée au football féminin dans cette olympiade, mis au même rang que son homologue masculin. L'occasion de voir un jeu qui n'a pas à rougir sur le plan de la technique et du spectacle, et peut donner des leçons aux mâles sur l'état d'esprit. Débarrassé de ses tendances à la brutalité et aux tricheries, le football devient presque un autre sport, pas moins beau. En quelques années, les footballeuses ont conquis plus de respect qu'en plusieurs décennies d'anonymat et de condescendance. Il suffisait de les laisser jouer.
Un peu d'esprit olympique, ça ne fait pas de mal dans le contexte actuel du football industriel, dont on a d'ailleurs vu les réticences à accueillir le tournoi de Sidney dans son calendrier surchargé...