On aura beau m’en persuader, l’équipe de France m’est apparue beaucoup plus terne qu’on le dit partout. Le score de 3-0 face au Danemark conquérant n’est en aucune façon le véritable reflet de la valeur actuelle des Bleus. Au contraire, c’est ultra flatteur.
Si techniquement, il n’y a rien à dire, il n’en est pas de même en revanche tactiquement. On peut même se demander si le jeu français n’a pas pris du plomb dans l’aile au fur et à mesure qu’il a cru se découvrir un nouveau talent pour l’attaque. Qu’advient-il de cette défense de fer qui faisait pâlir d’envie tous les entraîneurs du monde? Où sont passés les mouvements cordiaux qui existaient entre Barthez, Blanc et Desailly? Ne se parlent-ils plus? Ne s’entendent-ils plus? Les ballons de relance ressemblent désormais à des sauvetages en mer que même David Hasselhoff refuserait dans Alerte à Malibu. Les placements sont irresponsables et inattendus, même par les joueurs. C’est qu’ils n’ont plus vingt-cinq ans nos as de derrière.
Heureusement que la valeureuse équipe danoise manquait d’attaquants, sinon… la défense aurait pris l’eau, c’est sûr, et pas seulement lors des quinze premières minutes.
En effet, la domination danoise ne dura pas qu’un quart d’heure, mais tout le match. La France a pratiqué le contre avec bonne humeur, et un réalisme digne des Allemands ou des Italiens des grandes années. Mais indigne de la qualité de jeu que l’on veut coller à la peau des Français. C’est clair que l’absence de joueurs titulaires a largement diminué le Danemark. Mais les Français s’en rendent-ils compte?
Car mis à part un Zidane toujours aussi enclin à faire de l’esbrouffe qui fonctionne, un duo Anelka-Henry travailleur, rien ne ressort réellement du jeu bleu. C’est au contraire dans la moyenne que se situent les performances de Petit, Deschamps, Liza, Thuram et les autres. Le jeu sûr et effrayant (pour l’adversaire) des Français champions du monde n’est pas encore en marche. Le sera-t-il?
On vérifiera cela face à la République Tchèque, nation qui ne sait absolument pas prendre les responsabilités sur un match, un peu comme l’équipe actuelle de Roger Lemerre. Cela ressemblera certainement à une partie pénible, où les joueurs passeront leur temps à attendre le moindre défaut adverse pour placer une contre-attaque. Le foot équivalent du jeu d’échec.
La France reprend son rôle de favorite aux yeux de tous, mais attention, elle n’a pas encore le niveau pour l’assumer, elle n’a même pas le niveau qu’on lui donne.