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La raclure et les racleurs

Même gravement insulté et diffamé, un arbitre doit rester sur le banc des accusés. Le football français et ses médias ne semblent pas incommodés par l'odeur qu'ils répandent autour d'eux.
Auteur : Jérôme Latta le 18 Mai 2009

 

Voici "l'affaire Chapron", comme l'a baptisée le journal L'Équipe. Voici donc un arbitre qui prend des décisions contestées alors qu'elles sont parfaitement légitimes, auquel on ne reproche qu'un "manque de psychologie" – cette tartufferie de premier ordre (1) –, et qui se fait insulter devant témoins par un président de club: "Vous êtes une raclure de bidet, une honte de l'humanité". Plus tard au point presse, le dirigeant ajoutera notamment: "La rencontre a été pourrie par l'arbitre. (...) c'est du racisme anti-ch'ti ! (...) Ce qui était une belle fête a été gâché par ce triste sire. C'est une caricature d'arbitre, c'est un mélange de morgue et de suffisance. Il est malhonnête et j'assume mes propos".



affaire_chapron1.jpg"Psychologie"


Mais pas question de parler "d'affaire Decourrière", du nom de l'auteur de ces propos intolérables. Peu importe que l'on ait, d'un côté, des insultes ordurières avérées, de l'autre, des accusations émanant des joueurs, dont on connaît la légendaire bonne foi sur un terrain. Non, bonnes gens, la vedette du procès, son présumé coupable, c'est l'arbitre.

"M. Chapron est à créditer d'un arbitrage correct", concède pourtant Raphaël Raymond. spécialiste désigné de l'arbitrage au sein de L'Équipe (2) dans l'édition de vendredi. (...) dans l'ensemble, les décisions sportives ne sont pas contestables. Sa gestion psychologique, des acteurs, si". Ah oui, car non seulement les arbitres doivent être de fins critiques dramatiques (lire "Fucking disgrace"), mais aussi les gestionnaires du fragile mental de nos chers footballeurs. Sinon, qu'ils ne s'étonnent pas de se faire insulter par d'aussi fins psychologues que les présidents de club.
S'ensuit un long paragraphe intitulé "Y a-t-il un problème Chapron?", l'arbitre grenoblois étant, donc, accusé de parler trop vertement aux joueurs. On attend avec impatience l'expertise de Gilles Veissière, grand allumeur de ses anciens confrères, qui avait subi des accusations infiniment plus lourdes, au cours de sa carrière, quant à son langage sur les pelouses.



Équité, toi ?

Chapron se voit aussi reprocher... de ne pas parler. "Pour un arbitre, qui appartient au jeu, refuser le dialogue avec les joueurs relève de l'incompréhension, voire de l'arrogance". Deuxième tarte à la crème, l'arrogance du corps arbitral qui, bizarrement, peine à répondre aux torrents de mises en cause stupides et d'agressions verbales dont il fait l'objet. Que les joueurs commencent par cesser de hurler et de gesticuler devant l'homme au sifflet à chaque fois qu'il s'en sert, chose impossible dans tout autre discipline, et l'on pourra commencer à parler de dialogue.

La perversité des raisonnements éclate dans l'encart "Opinion", que Raphaël Raymond intitule "Équité". Mû par un fol espoir, on se dit qu'il va enfin être question d'équité dans le procès fait aux arbitres, ou dans les sanctions prononcées contre les insulteurs. Non point. Car après avoir souligné la caractère "injurieux et avilissant" des propos de Decourrière, le journaliste embraye inexplicablement sur "l'équité d'un championnat" qui mérite "un épilogue sans scandale ni suspicions". Croyez-vous qu'il adresse à ses confrères, qui font leur beurre des scandales et des suspicions, un appel à au calme et à la raison? Non plus. Il somme simplement la Fédération de désigner pour les matches décisifs les "moins discrédités" des arbitres (la liste est fournie), "des hommes vierges de «casseroles» embarrassantes". Vous ne rêvez pas. Au lendemain d'un match durant lequel l'arbitre a fait correctement son boulot et s'est fait insulter en des termes ignobles, c'est bien le procès des arbitres qui se poursuit (3).

affaire_chapron2.jpg


Coup de torchon

Mais L'Équipe est un journal qui sait se tenir. On a moins de scrupules ailleurs. Voyons cet article de eurosport.fr / AP, qui s'attache à fabriquer le coupable avec rigueur et subtilité. "[Tony Chapron] n'en est pas à son premier fait d'armes", il a "une fâcheuse tendance à faire parler de lui", "n'en est pas à son coup d'essai". "Ça commence à faire beaucoup pour croire à une simple coïncidence..." Les exemples sont pourtant extraordinairement peu probants (4).

Mais la palme revient sans conteste à un article de Vincent Duchesne pour sport24.com (repris par le figaro.fr). Ce papier inqualifiable, entièrement à charge, multiplie les accusations ad hominem et les procès d'intentions, à tel point qu'il faudrait le citer de bout en bout. Cela commence par: "Nom: Chapron. Prénom: Tony. Professsion : Arbitre international. Signe particulier : souvent à côtés de ses pompes et expert en matière de polémiques". Et cela se termine par: "Mais pour le principal intéressé, il n'y a pas lieu d'en faire tout un plat. Selon lui, ses décisions n'ont pas été contraires à Valenciennes et n'ont nullement modifié le score. Pour une fois…" Pour le reste, on connaît la chanson: les arbitres sont responsables des turpitudes des joueurs, comme lorsque Pieroni expédie un ballon sur l'arbitre puis l'invective après un premier carton jaune...
Après la citation intégrale des déclarations de Francis Decourrière, l'auteur a ce commentaire: "Les termes sont durs, acerbes et quelque peu exagérés, il faut bien le reconnaître". Vous ne rêvez toujours pas. Se cachant à peine d'adhérer aux témoignages accusateurs des joueurs, il osera même, moralisateur: "Le respect est une valeur fondamentale qui s'applique à tous".



Sous la pelouse, le fumier

Pour des propos complètement déplacés à l'encontre d'Éric Poulat (lire "Chasse ouverte toute l'année"), le vice-président de la Fédération Noêl Le Graët a été suspendu un mois de toute fonction officielle. N'imaginant même pas présenter des excuses, il a ironisé sur cette sanction... Les suspensions d'entraîneurs ou de dirigeants sont, de toute façon, d'aimables plaisanteries. Les premiers s'agitent derrière des grilles ou sur un talkie-walkie, les seconds en sont à peine affectés. À l'heure ou l'on bannit préventivement, sans autre forme de procès, des supporters décrétés suspects par le préfet de police, la seule mesure cohérente serait l'interdiction de stade pure et simple pour chaque dérapage. Mais la Ligue a cent fois démontré qu'elle était incapable de sanctionner les siens, et les instances fédérales s'aplatissent devant le football professionnel.

Le football français est malade. Non pas de son arbitrage, mais des procès lamentables fait aux arbitres, de façon obsessionnelle et avec une malhonnêteté intellectuelle exorbitante ou une franche incompétence (lire "La main dans l'œil" ou "Au pays des aveugles"). L'unanimité des médias et l'impunité des professionnels créent les conditions d'un lynchage permanent, qui trahit une vision complètement infantile du football, aux frais de l'éternelle même victime expiatoire sacrifiée au profit de l'imbécillité collective. À peine moins hystérique que la saison passée, la campagne anti-arbitrale est devenue plus sale. Elle devient franchement nauséabonde quand la mise en doute de leur honnêteté ne choque plus personne. Quand des insultes proférées à l'encontre d'un arbitre deviennent normales, et servent même à l'accabler...


(1) Dans l'idéal des contempteurs de l'arbitrage, il ne doit pas y avoir d'application stricte et uniforme des règlements, mais interprétation permanente de ceux-ci selon le moment du match, l'état d'esprit des joueurs ou le karma du ramasseur de balle. On comprend l'avantage: l'arbitre sera alternativement stigmatisé comme trop rigide ou trop laxiste.
(2) Un boulot située entre les renseignements généraux et la comptabilité, s'agissant de tenir les fiches et les comptes, peut-être en vue du prochain "Les 85 erreurs des arbitres", comme l'an passé.
(3) L'arbitre est invité à assurer sa défense lui-même dans une interview. Ses propos et les arguments qu'il expose sont ignorés par l'article, alors qu'il aborde les questions de fond ("Je pense qu'en France, on ne supporte pas que les règles soient appliquées à la lettre"), mais évoque aussi sa nuit dans un hôtel surveillé par la brigade anti-criminalité.
(4) Ils comprennent une expulsion de Yepes pour tirage de maillot en 2006, ou le Marseille-Lorient au terme duquel l'arbitre avait admis, accablé, des erreurs sans rapport avec sa supposée agressivité.



J'ai décidé d'arrêter

Nous reproduisons ci-dessous le message envoyé par Romaric, qui traduit bien le dégoût que nous ressentons nous-mêmes en ce moment.

Cher journal,

Avant, j'aimais le foot. Je ne sais pas pourquoi l'envie me prend subitement de me confier à toi sans trop de réflexion, mais je crois que cette fois ils ont vraiment tout gâché. Je crois que cette fois, à voir hurler des joueurs, des entraîneurs et des présidents sur un arbitre aussi maladroit dans la forme qu'irréprochable dans le fond, j'ai décidé de tout arrêter, comme ça, devant le résumé d'un pluvieux Valenciennes-Bordeaux.

Ce soir, j'ai pris conscience du temps passé à m'user l'oreille sur une vieille chaîne hifi, pour écouter mes premiers matches de championnat, des soirées où, tout petit, je jouais mon championnat fictif et parallèle avec deux chaises et une boulette en papier, toutes ces soirées aussi futiles qu'indispensables alors pour être heureux, ou en avoir l'impression.
Ce soir, je me rends compte avec tristesse que depuis des années et avec acharnement les filles avaient bien raison. J'ai consacré trop de temps à un sport à la con.
Ce soir, je ne tiendrais pas rigueur à mes parents s'ils m'avaient imposé de faire de la planche à voile, du curling ou du tir à l'arc, du surf des neiges, du deltaplane ou du short-track; au lieu de demander naïvement à un jeune adolescent fou de Papin dans quel sport souhaitait-il s'illustrer. "Le foot". Oui, le foot, le grand, le vrai, celui auquel on pardonne tout pour y avoir touché, celui sur lequel tout le monde à un avis dessus pour les mêmes raisons.
(...)

Soit, à défaut d'être un grand penseur pour une soirée, je tenais, cher journal, te témoigner à toi tout particulièrement toute ma tristesse en cette soirée. (...) Ce soir, je n'en peux plus de comprendre que si un jour improbable la vie et une femme me donne des enfants, je ne pourrai pas les faire jouer au foot, parce que celui-ci vient de perdre à mes yeux toute les valeurs éducatives que j'étais solitairement heureux d'avoir acquis par lui, et pour lui.
Voila, un message bête comme le foot, futile comme le foot, banal comme le foot, mais totalement de bonne foi, lui. Bon courage, sincèrement.

Réactions

  • Tapas Tef y Graf le 18/05/2009 à 03h52
    Effectivement le plus triste dans cette affaire est bien que seuls les Cahiers soient atteres par les propos de M Decourrière.

    Je pense que si les entraineurs, presidents de club, et tout autre personne ayant encore une quelconque autorite morale sur les joueurs avaient la volonte de s'y attaquer, le probleme serait vite resolu. En mettant les points sur le "i" au debut de la saison par exemple: "Le premier qui s'enerve contre un arbitre, il pourra regarder les deux prochains matchs chez lui devant sa tele".

  • Marf le 18/05/2009 à 08h19
    Il y a quelques temps, il était de bon ton de dire "au moins, en Angleterre, y a pas de contestations, le premier qui l'ouvre prend une carte jaune". C'est moi, ou j'ai l'impression qu'ils ont plutôt tendance à tourner vers le foot continental contesté plutôt que de nous tirer vers eux ?

    Je suis d'accord sur le fait qu'un joueur/entraîneur/dirigeant qui la ramène soit sanctionné et suspendu. Mais dans ce cas là, il faut que ce soit appliqué par TOUS les arbitres dès le début du prochain championnat. Parce que si UN arbitre ne l'applique pas, ce sont tous se camarades qui auront appliqué sur le terrain d'à côté qui vont s'en prendre plein la gueule.
    Car actuellement, le problème d'injustice est là : y a des matches où, en râlant, on sait qu'on peut obtenir une compensation sur le coup de sifflet suivant, et d'autres, où en pestant, pas forcément vers l'arbitre, d'avoir pris un coup (qui n'a jamais balancé un "fait ch..., m.... !" après avoir subi une faute sans que ça ne soit à l'encontre de qui que ce soit ?), on se retrouve sorti pour le match, mais aussi pour le(s) suivant(s).

    Pour éviter le phénomène des pénalty sifflés pour du grabuge dans la surface qui a fait long feu, la solution pourrait par exemple être d'obliger chaque club à faire un match amical d'avant-saison contre un autre club de L1 ou de L2 (une sorte de journée à blanc) où les arbitres auront pour mission d'appliquer et d'EXPLIQUER aux joueurs/entraîneurs/dirigeants les nouvelles consignes qu'ils auront reçues de leur direction (Application stricte de telle règle, changement de l'esprit de sanction de telle autre, etc.). Ainsi, les arbitres auront eu un galop d'essai et les clubs ne pourront pas dire que "c'est dégueulasse, on n'a pas été prévenu".

    Dernier point de mon commentaire, autant nous sommes tous d'accord pour dire qu'il est de mauvais aloi de mettre tout systématiquement sur le dos de l'arbitre, autant je pense qu'il serait hypocrite de les blanchir systématiquement. Pour l'exemple de Chapron, réagir à "il insulte les joueurs sur le terrain" par "c'est impossible, l'arbitre est blanc comme l'enfant qui vient de naître". Parce que je me permets de m'interroger quand même sur le fait qu'il y a des arbitres avec qui un match ne dégénère que très rarement (pour ne pas dire jamais) et d'autres avec lesquels, en voyant leur nom sur la feuille de match, on sait pertinemment que ça va causer, dans un sens ou dans l'autre, de l'arbitrage pendant et après le match.

  • Marf le 18/05/2009 à 08h21
    Ah tiens, j'ai une phrase sans verbe dans mon dernier paragraphe... Je copierai 100 fois : "je me relis avant de cliquer sur envoyer si je ne veux pas être considéré comme une raclure de bidet".

    Bon, j'espère quand même que vous comprenez mon propos.

    "je me relis avant de cliquer sur envoyer si je ne veux pas être considéré comme une raclure de bidet"

  • Road to Champions League le 18/05/2009 à 09h24
    D'accord sur toute la ligne avec Marf.
    S'il faut mettre en place un arbitrage cohérent et équitable en imposant l'application stricte du règlement, l'occasion s'en présentera dans 2 matchs. Et quel autre moyen pour enfin imposer le respect de l'arbitre ?

  • Roger Cénisse le 18/05/2009 à 09h33
    D'accord aussi avec Marf.

    Ce dont a besoin le foot, c'est tout d'abord de plus de respect envers les arbitres - d'où l'idée d'appliquer les sanctions prévues, telles un CJ pour toute contestation ou d'alourdir l'arsenal répressif - mais aussi d'arbitres qui évitent de mettre de l'huile sur le feu en se comportant de manière scandaleuse avec les joueurs.

    Pour que deux joueurs qui s'aiment d'amour vrai comme Echouafni et Modesto en viennent à accorder leurs violons après un Nice-Monaco pour stigmatiser le langage de Chapron, ça veut tout de même dire qu'il y a sans doute baleine sous gravillon.

    Il ne s'agit pas d'exonérer les joueurs ou l'arbitre de toute responsabilité. La bonne tenue d'un match est de la responsabilité des deux parties (clubs + arbitres) et non uniquement des joueurs ou des hommes en noir. Qui n'a pas déjà vu un match amateur dégénérer pour une parole déplacée (mais ô combien compréhensible) d'un arbitre ? d'un joueur ?

  • Lescure le 18/05/2009 à 09h56
    Très bon article en effet. Concernant les propos que Chapron auraient pu tenir, encore une fois l'exemple du rugby est intéressant. Les arbitres du to 14 sont sonorisés et pédagogues, même si il y a des erreurs, jamais les polémiques ne vont aussi loin. D'ailleurs le Capron/Veissière du rugby Didier Mené n'a jamais eu la langue dans sa poche et n'a jamais manqué de chambrer gentiment les joueurs, comme quoi les rubipèdes ont peut-être un poil plus d'humour que les pousse-cailloux.

  • SuperColleter le 18/05/2009 à 10h10
    En tant qu'ancien arbitre, je ne peux que plussuner avec cet article mais quel dommage que les intéressés, cad les arbitres, ne réagissent qu'individuellement à ces agissements.
    Il y a aujourd'hui plusieurs syndicats d'arbitres alors que, pendant de longues années (on va dire, tant que Vautrot était encore dans le circuit) seul l'UNAF existait, avec un esprit certes plus d'amicale que de syndicat mais, de l'arbitre de district à celui qui officiait en coupe d'europe, tous se sentaient unis par ce lien commun. Depuis que Vautrot a été "évincé" du pouvoir, il se crée chaque saison de nouvelles mouvances au sein de l'arbitrage fédéral (à partir du CFA), celles-ci ayant pour but unique l'espoir de promotions plus rapides grâce au copinage. Résultat, plus aucune unité au sein de cette corporation et une absence totale de réaction du corps arbitral lorsqu'un des leurs se fait taper dessus (et je suppose même qu'au contraire, certains s'en frottent les mains allègrement).
    Ajoutez à cela les anciens arbitres (Quiniou, Veissière, Derrien, Sars...) qui, tels des mercenaires, viennent cracher sur leurs anciens collègues à la télé. Je pense qu'ils y sont car tous ont été écartés de la direction de l'arbitrage français et qu'à 45 ans, âge de la rertraite des arbitres, il leur a fallu trouver un moyen d'exister autrement qu'en animant des stages de jeunes arbitres dans leur district le samedi matin. En soufflant sur les braises comme ils le font (Veissière en est le plus admirable exemple) ils pensent faire tomber Batta, l'actuel directeur de l'arbitrage français et évidemment prendre sa place.

    Tout ça pour dire que la situation s'est dégradée petit à petit du fait des médias mais pas seulement.

    Marf, RTCL et Roger, je suis désolé mais l'argument du manque de respect des arbitres envers les joueurs ne tient pas car au début du match, les joueurs manquent déjà de respect en se disant "c'est Chapron, le match va dégénérer " sur la foi d'un ou deux précédents qui chargent cet arbitre et uniquement lui .
    Quand un ballon sort en touche et que deux adversaires lèvent la main en criant "à nous!" n'est-ce pas déjà manquer de respect envers l'arbitre qui, à deux mètres, a vu que c'est le rouge qui a touché le ballon en dernier?
    Aujourd'hui - j'ai déjà eu l'occasion de le dire et je le redis - la contestation de la décision arbitrale est devenu un reflexe pavlovien à cause des retransmissions télévisées qui passent plus de temps à remontrer les actions ayant entrainé chaque coup de sifflet, avec bien sûr des interprétations parfois plus que douteuses. C'est trop tard, les enfants d'hier qui ont grandi en regardant les matchs à la télé sont aujourd'hui sur les terrains et arbitrer des moins de trize ans devient une sinécure, ils contestent tout et ne sont pas bridés en ça ni par les parents hurleurs sur le bord du terrain, les entraineurs fourbes et les arbitres de touche bénévoles malhonnêtes.
    Je rejoins assez le courrier de Romaric, j'ai arrêté le foot pour arbitrer il y a dix ans car j'avais la "foi", je croyais pouvoir apporter ma pierre à l'édifice. J'ai arrêté aujourd'hui l'arbitrage, dégoûté par ce milieu et persuadé que ça ne pourra plus s'arranger.


    J'avais bien aimé l'intervention de Vikash qui disait lors d'un débat chez Paul Amar sur l'arbitrage qui avait conclu en riant face à ses détracteurs qui demandaient de l'équité que l'absence d'équité faisait justement la nature du sport.

  • Alexis le 18/05/2009 à 10h52
    Je partage bien évidemment la position de Jérôme Latta sur l'ensemble de l'article. Et je me félicite même encore une fis de pouvoir lire ce genre d'article.

    Je partage également le ressenti de Romaric (d'autant qu'il y a bien longtemps que je ne vais plus dans les stades, et voilà également que j'ai résilié tous les abonnements TV car j'ai également cessé le visionnage des matchs pour défaut de qualité et irritation liée au comportement général des différents acteurs).

    Concernant les solutions, je devine une grande complexité tant les fautes me semblent partagées par nombre de familles d'acteurs du foot :

    - les joueurs évidemment dont la mentalité (appelons ça ainsi) m'exaspèrent. Victimisation à outrance, triches, simulations, violence verbale, mauvaise foi, etc... Tout y passe et l'on en oubli presque parfois le foot.

    - les entraîneurs qui sous prétexte de pression liée aux exigences du métier trouvent de bon ton de justifier les résultats par des décisions arbitrales.

    - les dirigeants qui, eux, justifient tout et n'importe quoi par le prétexte de protéger leurs joueurs et se permettent de donner leur avis alors qu'on s'en fout. Leur domaine, c'est de diriger la boutique, pas le terrain. Je ne comprends même pas qu'on accorde une ligne à un dirigeant de club dans les médias ou qu'on leur tende un micro.

    - les supporters (les premiers responsables à mon sens, preuve en est : même la lecture des fils supporters cdfistes devient parfois franchement indigeste) : quand les résultats sont présents on passe son temps à se défendre d'un arbitrage soupçonné d'être avantageux au lieu de laisser parler les frustrés du sifflet, et quand ça va mal on déverse sa bile sur les arbitres plutôt que de reconnaître la faiblesse des siens. Ce phénomène est à mon sens lié à un phénomène précis : on compte plus de supporter de club que de passionnés du Jeu de football (ce qui engendre toute forme de comportements irritants : pleurnicheries, victimisation - face aux arbitres et à l'absence de reconnaissance des médias, comme si cela avait une importance).

    Bref, l'éducation me semble la seule issue. Pourtant, je la vois mal barrée.

    Je le regrette d'autant plus que la Ligue se tire une balle dans le pied quand la Ligue 1 commence un tant soit peu à se (re)tourner vers l'idée de jeu, à voir poindre des équipes joueuses aux premières places, et surtout, surtout : le foot n'a jamais autant eu les moyens de proposer de la qualité (je parle du foot en général, pas que du foot français). Les meilleures équipes n'ont jamais été aussi performantes (animations offensives variées, riches et inventives, joueurs toujours plus complets techniquement, vitesse en constante augmentation) et paradoxalement on a rarement autant parler des arbitres.

    Le jeu n'a jamais été aussi riche potentiellement, mais son environnement n'a jamais été aussi destructeur. c'est paradoxal mais bien dommage.

    Heureusement, il reste cette bulle d'air. Les Cahiers.

  • Edji le 18/05/2009 à 11h31
    Bravo une fois encore à J. Latta pour faire front.
    J'ose espérer pour ses nerfs qu'il n'a pas écouté RTL jeudi soir dernier...un polyconsultant (poly, pas poli) légèrement enrobé y déversait toute sa haine de Chapron sans avoir un seul mot pour les propos scandaleux du président de VA. Un journaliste de Kiplé (Testelin?) essayait de le calmer en lui rappelant qu'a priori Chapron n'avait commis aucune erreur notable lors du match de la veille : qu'à cela ne tienne, notre ami en remettait une couche à base de "mais je m'en fous! Explique-moi pourquoi il y a toujours des problèmes avec Chapron ? Les Chapron, les Duhamel...qu'on les vire ces zéros".
    A vomir.
    Heureusement qu'il reste des Latta ou des Roustan à surnager dans cet océan de médiocrité.

  • jeannolfanclub le 18/05/2009 à 11h41
    Bravo pour cet article nécessaire en cette période de chasse aux arbitres et de recherche systématique du bouc-émissaire. J'avais lu la semaine dernière l'article de Vincent Duchesne repris par le Figaro et je l'avais trouvé parfaitement insupportable. La seule consolation, c'est qu'un certain nombre de lecteurs du Figaro ne sont pas d'accord avec l'auteur et critiquent, parfois avec véhémence, ses prises de position.

    Le football français va mal dans sa recherche de la polémique. J'ai vu le début de Caen-Sochaux sur foot + samedi, et les commentateurs ne sont pas gênés pour signaler comme évidente une faute sur Savidan en début de match. Faute qui aurait entrainé un carton rouge car en position de dernier défenseur. Sauf qu'il n'y avait rien d'évident dans cet accrochage, même au ralenti. Et je vais plus loin, je pense que si l'arbitre avait sifflé et sorti le rouge, les commentateurs auraient critiqué une décision lourde de conséquence en début de match.

    Il y a un parti pris dans les médias français, c'est de dire que l'arbitre à toujours tort. C'est simple, vendeur et ça ne demande aucune connaissance tactique particulière.

La revue des Cahiers du football