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La renaissance de Manchester United

Il y a cent dix ans exactement, la légende de MU a failli s\'achever très prématurément dans la boue et des déficits colossaux de quelques centaines de livres sterling...

Auteur : Kevin Quigagne le 16 Jan 2012

 

Produit par Teenage Kicks, le blog du football anglais sur les Cahiers.

 

Le sauvetage de club le plus cocasse et spectaculaire du football anglais n’est pas le fait d’un homme d’affaires excentrique ou d’un sugar daddy illuminé mais d’un chien. Si Manchester United en est là aujourd’hui, il le doit indirectement à un brave toutou. Grâce à Major, le club déclaré en faillite et à deux doigts de la liquidation renaîtra de ses cendres pour connaître une fabuleuse décennie, l’une des plus glorieuses de sa riche histoire. Première partie: de 1890 à 1901.

 


1888 : les choses sérieuses commencent

Créé en 1878 par les cheminots du coin, le Newton Heath Lancashire and Yorkshire Railway FC, d’abord surnommé "The Coachbuilders" puis "The Heathens", est le club dominant sur Manchester au sortir de la décennie 1880-1890. En 1890, soutenus financièrement par la compagnie ferroviaire, les Heathens ont les moyens d’attirer de bons joueurs et frappent à la porte de la prestigieuse Football League depuis sa création, en 1888. Trois championnats semi-nationaux, composées à 95% de clubs du grand nord anglais et des Midlands, existent alors en parallèle: Football League, Football Alliance et The Combination.

 

Le championnat le plus prestigieux et le mieux organisé est de loin la Football League (douze clubs, une seule division), sorte de Premier League de l’époque, que tout club ambitieux aspire à rejoindre. Il n’existe pas encore de système de promotion automatique entre championnats et les clubs désireux d’accéder à la Football League doivent à la fois obtenir d’excellents résultats sportifs et présenter aux instances un solide dossier (basés sur les infrastructures, finances, etc.). Las! Trois saisons d’affilée, la Football League rejette la candidature de ce NH jugé trop amateur. Malgré son potentiel, le club semble condamné à végéter en Football Alliance.

 

 

Il faut dire que les structures de NH ont de quoi faire peur! North Road, le premier "stade" du club, est délimité par une zone boueuse à une extrémité et une surface rocailleuse à l’autre, l’ensemble étant noyé au milieu d’un gigantesque complexe ferroviaire et industriel. Un décor dantesque où le bruit infernal et la vapeur incessante des locomotives rendent impossible la pratique du football de haut niveau (sans parler du "confort" des spectateurs – affluences moyennes de 6.090 en 1891-92). Les plaintes des équipes visiteuses sont légion, les Jean-Michel Aulas d’alors s’en donnant à cœur joie dans leurs rapports, rien n’étant conforme à l’embryon de règlement qui régit ce championnat de Football Alliance. À commencer par les vestiaires, situés dans une arrière-salle miteuse du Three Crowns Pub, à un kilomètre de là.

 

Saison 1891-1892, le club finit deuxième de la Football Alliance et est admis à intégrer la Football League. Pour sa première saison chez les cadors, NH signe quelques cartons (dont un 10-1 contre Wolves, à ce jour la plus large victoire du club à domicile) mais finit tout de même bon dernier. Le club conserve toutefois sa place en D1, grâce à une victoire en barrage sur Small Heath, l’ancêtre de Birmingham City. À mesure que NH se structure et se professionnalise, les liens avec la compagnie ferroviaire se distendent. Peu après son admission dans l’élite du football anglais, le club coupe définitivement le cordon ombilical avec les Cheminots et devient Newton Heath FC.

 

 

 

1893: un nouveau départ désastreux

En juin 1893, à la suite d'un conflit entre la compagnie ferroviaire, le club et les autorités religieuses locales qui ne souhaitent plus héberger ce nouveau riche (le terrain leur appartient), les footballeurs sont priés de décamper. Ils trouvent refuge à Bank Street, un stade situé dans le quartier de Clayton, à l’est de la ville. Privé du financement de l’entreprise mère, NH va péricliter. Les investissements exigés pour développer son nouveau stade grèvent lourdement le budget, ainsi que les nombreux et coûteux déplacements inhérents à la Football League. En avril 1894, NH descend en D2 et les caisses sont vides.

 

Depuis août 1893, NH joue en effet dans le stade de Bank Street à Clayton (tout près de l’actuel Etihad Stadium de Man City). Un ground qui sera progressivement amélioré et porté à 50.000 places, à grands frais, puis détruit en 1910. Le cadre n’est guère plus enchanteur que North Road et ses nuages de vapeur. On est loin du Théâtre des Rêves et ses contingents middle class dégustant paisiblement leur sandwich crevettes-mayonnaise Marks & Spencer sous l’œil bilieux des contrôleurs Health and Safety. Le stade est environné par les usines du Albion Chemical Works qui vomissent sans discontinuer leurs épaisses fumées, tandis que l’odeur pestilentielle fait cracher aux joueurs et spectateurs ce qui leur reste de poumon. Une couche supplémentaire de smog sur le pic de pollution, et toute la zone sera condamnée.

 


Clayton, 1900 (le stade est indiqué en rouge, à droite)

 

Voici un extrait d’un compte-rendu de match de FA Cup contre Portsmouth, paru dans le Guardian en 1901 et qui illustre le fait qu’à l’époque "enfiler le bleu de chauffe" n’était pas qu’une expression imagée: "Pendant le match, le plus dur pour les joueurs fut de lutter contre les fumées émises par la trentaine de cheminées et l’odeur âcre qui s’en dégageait, sans parler des chaudières industrielles derrière les buts déversant par à-coups d’énormes grappes de vapeur sur le stade." (rapporté par Simon Inglis dans son livre Football Grounds of Britain)

 

Le terrain est également folklorique. Il est tellement marécageux que bon nombre de résultats sont contestés après coup, les adversaires invoquant l’état de la "pelouse", décrite par certains comme "une terne étendue de sable mouillé, laissant entr’apercevoir ici ou là quelques touffes de gazon". Un club, les Walsall Town Swifts, en découvrant pour la première fois cet ersatz de surface, refuse même de jouer. Pour les convaincre, les groundsmen doivent étaler une énième couche de sable sur l’espèce de chaux qui recouvre le terrain. Walsall ira jusqu’à se plaindre à la League d’avoir joué sur un "toxic waste dump" (décharge de produits toxiques). Walsall réussira même à faire annuler le résultat du match, peu en leur faveur il faut dire: 14-0 (le match sera rejoué, et les Martinets des Midlands ne se prendront que 9-0).

 

 

 

1900 : un club à l’agonie

NH finit souvent bien classé en D2 mais les saisons défilent et se ressemblent. Le club voit tous ses voisins et rivaux lui filer sous le nez pour monter en D1 (Bury en 1895, Liverpool 1896, Burnley 1898, Man City et Glossop en 1899). La situation financière est tellement grave que de 1896 à 1902 le club joue en blanc à domicile, cela revenant moins cher… À la sinistrose générale, s’ajoutent les affaires extra-sportives. Le premier véritable scandale médiatisé du club survient en 1899, quand NH doit se débarrasser de deux joueurs indisciplinés qui boivent trop et suspendre un troisième pour les mêmes raisons. Le tout sur fond de barouf journalistique, l'Athletic News, hebdomadaire sportif majeur de l’époque, fustigeant "ces joueurs surpayés, incontrôlables et qui gâchent leur talent".

 

Les matches de championnat contre de glorieux anonymes, tels Burton Swifts ou Gainsborough Trinity, ne font plus recette. Les affluences accusent une baisse de 20% sur les années précédentes. Cette saison 1899-1900, 27 joueurs sont utilisés et la pression financière devient si insupportable qu’en avril 1900, le club se sépare de Joe Cassidy, son meilleur élément (100 buts en 174 matches), vendu à Man City pour 250 £. Les dettes s’accumulent et l’on court tout droit vers la disparition du club, occurrence banale à l’époque. En février 1901, le club est endetté à hauteur de 2.670 £. Par comparaison, le prix moyen d’une maison est alors de 250 £ et les meilleurs footballeurs touchent 10 £ par semaine (soit le quintuple d’un ouvrier). Les salaires hebdomadaires seront d’ailleurs plafonnés à 4 £ au début de la saison 1901-02 – la FA s’alarmant de la "flambée des salaires et des énormes contrats offerts par les clubs majeurs" (fortes primes à la signature).

 

Si le club ne se remet pas à flot financièrement dans les mois qui viennent, il sera rayé de la carte sans autre forme de procès. Bien évidemment, à l’époque, il n’y a ni sponsoring ni droits télévisuels et encore moins de merchandising ou revenus annexes. Pour assurer des rentrées d’argent, il faut soit augmenter le prix des billets, soit attirer des capitaux privés. Et dans l’extrême morosité de l’année 1901, rien de tout ça ne semble réaliste; les spectateurs boudent l’équipe tout autant que les potentiels investisseurs (seulement 1.000 spectateurs pour accueillir Chesterfield en fin de saison). Les seuls à contacter le club sont les nombreux créanciers qui réclament leurs sous avec empressement.

 

Aussi, afin de collecter des fonds (l’objectif est fixé à 1.000 £), les dirigeants abattent leur dernière carte: organiser une gigantesque kermesse. Elle se déroulera du 27 février au 2 mars 1901, dans le vaste Saint James’ Hall de la ville. Au soir du troisième jour, on est loin du compte, malgré un don… de Man City. Tout semble perdu, quand… 

 

[La suite et la fin sur Teenage Kicks]

 

 

Réactions

  • Captain Rai le 16/01/2012 à 12h18
    j'ai enfin compris le secret de JMA.

    c'est un vampire suceur de sang qui a commencé sa carrière dans le nord de l'Angleterre, à croire que c'est l'atmosphère de ces temps ancien qui est responsable de l'état de son cerveau.

  • Nicaulas le 16/01/2012 à 12h50
    Arghhhhh, je veux la suite! C'est tellement bien raconté.

  • José-Mickaël le 16/01/2012 à 13h41
    A mon avis ils ne s'en sortiront pas. C'est pas possible. Ce club va donc disparaître à jamais.

    (Ben quoi ?)

  • Cantona pour un il y en a pour deux le 17/01/2012 à 22h17
    J'attends la suite avec impatience.
    Merci Mr Quigagne

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