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Lahm, le bilatéral s’arrête au sommet

Cinq jours après le sacre de l’Allemagne, son capitaine Philipp Lahm a mis un terme à une carrière internationale qui épouse la parcours de sa sélection, marqué par une régularité qui n'a d'égale que sa polyvalence. 

Auteur : Christophe Zemmour et Toni Turek le 22 Juil 2014

 

 

Sa décision a été prise l’automne dernier, mais était restée secrète. Quelques jours seulement après le quatrième titre de l’Allemagne en Coupe du monde, alors que l’euphorie des fans allemands retombait très lentement, le capitaine du Nationalelf Philipp Lahm l’a rendue publique: à trente ans, il met un terme à sa carrière internationale après la victoire finale au Brésil. Un choix qui fait l’effet d’une bombe outre-Rhin.
 

 

Philipp Lahm
 

 

Un Munichois à Stuttgart

Malgré un petit gabarit (62 kg, 1,70 m) très éloigné de celui d’un Boateng ou d’un Mertesacker, Lahm est une référence en équipe nationale. Ceci depuis des années: il n’affiche pas 113 sélections par hasard. Sa polyvalence, récemment exercée entre les postes de milieu défensif et de latéral droit, et ses performances continues au plus haut niveau l’ont rendu indispensable à l'Allemagne entraînée par Löw. Toutefois, c’est à un autre poste qu’il a débuté comme international: celui de latéral gauche.
 

Lahm a vingt ans quand, appelé par Völler, il joue – et remporte – sa première rencontre avec la Mannschaft, le 18 février 2004 à Split. Il doit sa sélection à ses bons matches… au VfB Stuttgart. Lui, le Munichois de naissance, qui a intégré le FC Bayern dès onze ans, a en effet été jugé trop bon pour végéter avec les réservistes du grand club bavarois, où il a occupé, selon les besoins, les positions de latéral gauche et droit, quand il n’a pas été aligné au milieu. Problème: l’effectif pro, qui inclut alors les latéraux français Lizarazu et Sagnol, est pléthorique. La solution: un prêt à Stuttgart, récent dauphin du Bayern, pour glaner du temps de jeu et s’aguerrir.
 

Cet exil souabe dure deux ans. La première saison est idéale: Lahm s’établit très vite titulaire, et joue aux côtés des Soldo, Hleb, Kuranyi tant en Bundesliga qu’en C1 contre les Glasgow Rangers, Manchester United, Chelsea. Comme en club, il devient incontournable en sélection, à gauche d’une ligne arrière à quatre où le nouveau n°21 glane dès sa première année ses quinze premières capes. Car malgré le désastre collectif de l’Euro 2004, conclu par la démission de Völler, le jeune Lahm entre dans les plans du nouveau sélectionneur Klinsmann qui, en vue de la WM 2006, veut rajeunir son groupe d’internationaux. Mais si 2004 est marqué d’une pierre blanche, 2005 est une année noire: fracture au pied droit dès janvier, puis, peu après un bref retour comme titulaire, rupture d’un ligament croisé au genou droit en mai. Lahm finit son prêt au VfB à l’infirmerie.

 


Priorité à droite

Rentré en Bavière à l’été, le petit Munichois revient progressivement en novembre, pour quelques rentrées en jeu. Mais il doit attendre 2006 et la phase retour pour être enfin titularisé au Bayern, en alternance avec un Lizarazu vieillissant dont il finit par prendre la place. Cette promotion s’accompagne d’un retour en sélection dès février, Lahm prenant le n°16 laissé libre par la retraite de Jeremies. Klinsmann ne l’a pas oublié, et l’inclut dans les vingt-trois appelés à représenter leur pays à domicile. Titularisé latéral gauche, Lahm se fait remarquer dès le match d’ouverture contre le Costa Rica, durant lequel il ouvre tôt le score d’une frappe du pied droit. Révélation pour qui ne le connaissait pas, il conclut la WM… à droite pour la petite finale contre le Portugal – c’est Jansen, de Mönchengladbach, qui joue à gauche. Après le tournoi, avec l’arrivée de Löw comme sélectionneur, Jansen reste titulaire à son poste. Mais l’intermède est bref: dès octobre, le bilatéral repasse à gauche.
 

L’été 2007 voit l’arrivée au Bayern de Jansen, qui doit permettre à Lahm d’être titulaire à droite – le côté qu’il préfère. Hélas, Jansen ne se révèle pas être une solution pérenne au Bayern. En sélection non plus d’ailleurs: aligné à gauche lors des ultimes matches de qualification, puis à droite pour trois rencontres amicales, selon que Jansen joue ou non, Lahm débute l’Euro austro-suisse à droite… avant de finir à gauche à la suite de la blessure à l’épaule de Jansen, qui perd alors son statut de titulaire. La situation empire après l’Euro: Jansen quittant Munich après une seule saison, Lahm doit jouer latéral gauche – poste sans alternative réelle depuis la retraite de Lizarazu – et se voit privé du côté droit, pourtant accessible avec le champion du monde italien Oddo qui peine à s’imposer devant le local Lell.
 

À l’arrivée de van Gaal à l’été 2009, Lahm retourne enfin au côté droit de la défense bavaroise. Bon plan: le petit défenseur stabilise ce couloir… aux dépens du gauche où se succèdent le bouche-trou Pranjic, le flop Braafheid, la révélation en défense centrale Badstuber et le réserviste Contento. 2009/10 est la saison de la confirmation: avec plus de cinquante matches joués en intégralité, Lahm est le joueur le plus utilisé de l’effectif munichois – et ce à son poste favori: les rares tentatives de lui trouver un remplaçant (Breno, Altintop, Lell) sont des échecs sans lendemain.

 


Capitaine Lahm

À vingt-six ans, Lahm est un solide pilier défensif, et ses bonnes performances lui ont permis d’avoir gain de cause en club. En sélection, il doit attendre: Löw le fait jouer autant à gauche qu’à droite. Mais pour sa deuxième Coupe du monde, il est bien titulaire à droite. Comme van Gaal à Munich, Löw fait le choix de stabiliser le flanc droit avec son taulier et le pari de trouver son équivalent à gauche lors du Mondial africain – pari raté malgré les Badstuber, Boateng, Jansen et Aogo qui se succèdent à ce poste. Si l’Allemagne n’y finit "que" troisième, Lahm est des rares satisfactions en défense – la seule chez les latéraux.
 

2010 est une année importante pour le statut du petit latéral, qui devient le patron. Sur le terrain, d’abord. En l’absence de Ballack, blessé, c’est lui qui est choisi par Löw pour être le capitaine d’une Allemagne sérieuse mais joueuse, qu’il représente idéalement. Ce brassard est d’ailleurs lié à une des images les plus marquantes de ce Mondial sud-africain, aperçue en quarts contre l’Argentine coachée par Maradona (4-0) quand, après un tacle, le capitaine allemand prend le temps de le replacer alors qu’il est pressé ballon au pied par un adversaire.
 

Mais taulier, Lahm l’est aussi hors du terrain. Son fait d’armes le plus marquant est son interview de juillet 2010, dans lequel il n’hésite pas à dire qu’il veut conserver le brassard en sélection. Il s’attire alors une vive réponse de son prédécesseur, déjà agacé par son forfait sur blessure, mais cette prise de parole de Ballack, effectuée trop à chaud – il aurait pu clarifier la situation avec Löw, le premier concerné – et dans un timing désastreux – le jour même du mariage de Lahm – a joué en sa défaveur. Tout bénéfice pour ce dernier, dont le profil de gendre idéal s’avère bien moins clivant que la personnalité d’un Ballack vieillissant mais toujours grande gueule et tête à claques – un profil adapté aux égos démesurés des années 90, mais hors-sujet en 2010. Bilan: Ballack ne reviendra pas en équipe nationale (lire "Never More the Ballack"), tandis que Lahm conserve le brassard du Nationalelf. Avant de prendre celui du Bayern un peu plus tard, après le départ d’un van Bommel rejeté par van Gaal.

 

Philipp Lahm

 


Retour à gauche… et au milieu

Lahm se voit définitivement établi à droite? Erreur! L’été 2011 voit l’arrivée de l’arrière droit brésilien Rafinha dans l’effectif du Bayern, ce qui pousse l’entraîneur Heynckes à remettre Lahm dans le couloir de ses débuts. Le capitaine du Bayern doit patienter jusqu’au dernier quart de la saison, au renvoi de Rafinha sur le banc et à la titularisation de l’Autrichien Alaba ou de son remplaçant Contento, pour revenir à droite. Du coup, en équipe nationale, Löw le replace logiquement une nouvelle fois à gauche, tout en tentant des expériences avec Träsch, Höwedes, et Boateng à droite. Résultat: à l’Euro 2012, c’est Boateng qui joue à droite, le capitaine Lahm enchaînant son troisième Euro à gauche. Heureusement, cette saison 2011/12 n’est qu’un intermède. La venue de Guardiola au Bayern signifie pour son fidèle joueur un nouveau passage à droite, aux dépens de Rafinha, tandis que Löw en fait de même avec son capitaine, à deux exceptions près fin 2012.
 

Mais la vérité d’un jour n’est pas celle du lendemain. Pour la saison 2013/14, Lahm doit quitter son poste favori. Pas pour évoluer une énième fois à gauche, mais à un poste auquel il n’a joué qu’avec parcimonie depuis ses jeunes années: milieu défensif, devant le quatuor de la ligne arrière. Ce choix de Guardiola, surprenant a priori, s’avère payant, et va conduire le pragmatique Löw, qui avait déjà aligné Lahm à ce poste à deux reprises (en 2007 en Angleterre et en 2011 en Azerbaïdjan), à le faire jouer au milieu en sélection à partir de novembre 2013. Une reconversion osée pour un défenseur qui vient de fêter ses trente ans…
 

Certains événements lors de la Coupe du Monde au Brésil – la blessure de Mustafi, le retour en forme du duo Khedira-Schweinsteiger – couplés au choix de maintenir Höwedes à gauche vont convaincre ou contraindre Löw à réaligner son capitaine au poste d’arrière droit en cours de tournoi, pour le résultat que l’on sait. Lahm, le joueur qui aura réussi le plus de passes sur cette compétition, gagne le droit de soulever son premier trophée majeur en équipe nationale. Un titre qui consacre un joueur qui, sur le terrain, a quasiment eu deux vies, tant il a été baladé d’un côté à l’autre de la défense comme nul autre avant lui. Ces nombreux mouvements n’ont jamais empêché le latéral de dire ce qu’il en pensait, mais il est toujours resté mesuré dans ses propos publics, sans jamais aller au clashni avec les entraîneurs successifs quand ils étaient en poste au Bayern, ni avec Löw, qui lui a fait confiance tout au long de sa décennie d’international.


 

Un départ au sommet

C’est donc acquis: on ne verra plus Lahm chanter l’hymne allemand aux côtés d’un Neuer qui le dépasse d’une tête. On ne suivra plus le vif Bavarois si mal nommé (lahm = paralysé) effectuer ses montées rageuses et ses centres millimétrés avec son numéro 16, ni effectuer ses retours en défense à toute vitesse, ni réaliser ses tacles pour sauver sa défense d’une énième situation périlleuse. Avec le départ du bilatéral le plus tranchant d’Allemagne de cette décennie, c’est un des piliers de l’actuelle Mannschaft qui disparaît. Et pour Löw, c’est un chantier qui s’ouvre: si Schweinsteiger est le favori pour succéder à Lahm au capitanat, trouver un latéral qui allie aussi bien vitesse, lecture du jeu, et qualité de centre – sans même parler de polyvalence – ne s’annonce pas aisé. Déjà qu’à gauche, aucun successeur offrant une combinaison équivalente entre apports défensif et offensif n’a été trouvé, malgré bien des essais, trouver un suppléant à droite promet de ne pas être plus simple.
 

Le départ de Lahm de l’équipe nationale allemande a été salué comme il se devait par plusieurs personnalités qui l’ont suivi ou accompagné durant sa carrière, et qui ont voulu lui rendre un hommage mérité: coéquipiers (Podolski, Schweinsteiger), membres de l’encadrement en sélection, au Bayern (Löw, Bierhoff, Rummenigge) ou d’autres clubs de Bundesliga, politiques (Merkel) – la liste est longue. Si ces remerciements montrent combien ce joueur a apporté à son équipe, et également redoré le blason d’un poste indispensable mais souvent mésestimé, il ne faudrait pas qu’ils donnent des idées à d’autres piliers de l’équipe: on n’ose imaginer un Schweinsteiger faire de même, alors que les éliminatoires pour l’Euro en France vont vite arriver…
 

Lahm aurait pu continuer. Sans doute Löw comptait-il sur lui, au moins pour 2016. Mais quelle qu’en soit la raison – usure, volonté de partir au sommet, souhait d’avoir plus de temps pour sa famille – le latéral le plus reconnu d’outre-Rhin tourne la page de la sélection. Reste à apprécier ce qu’il a apporté pendant dix ans à la sélection allemande, et souhaitons-lui de conclure son exceptionnelle carrière aussi brillamment au Bayern, où son contrat doit échoir en 2018. Nul doute qu’il a le talent – et les coéquipiers – pour y parvenir. Ade, Philipp, und vielen Dank – für alles.

 

 

Bilan de Lahm avec l'équipe d'Allemagne en chiffres

113 matches joués (82 V, 18 N, 13 D), dont 98 en intégralité.
113 fois titulaire (63 fois à gauche, 41 à droite, 9 au milieu), dont 51 fois comme capitaine.
Quatrième joueur allemand au nombre de sélections, troisième joueur ayant porté le plus souvent le brassard.
5 buts – 18 passes décisives.
11 cartons jaunes – 0 carton rouge.
20 matches joués en 3 Coupes du monde (troisième en 2006 et 2010, champion en 2014).
14 matches joués en 3 Championnats d’Europe (premier tour en 2004, finaliste en 2008, troisième en 2012).

 

Réactions

  • losc in translation le 23/07/2014 à 11h49
    Un joueur d'une grande élégance teintée d'une discrétion toute allemande. On ne peut qu'aimer, et il a été le beau capitaine d'une belle équipe d'Allemagne championne du monde.
    je ne connais pas le réservoir de joueurs de la Nationalmannschaft, mais au vu du groupe du Mondial, c'est surtout son gabarit qui va manquer. Ils ne manquent pas de grands joueurs costauds (et pour la plupart, même pas blacks), mais ce profil figurez-vous-bichenté est très utile.

  • losc in translation le 23/07/2014 à 12h51
    Un joueur d'une grande élégance teintée d'une discrétion toute allemande. On ne peut qu'aimer, et il a été le beau capitaine d'une belle équipe d'Allemagne championne du monde.
    je ne connais pas le réservoir de joueurs de la Nationalmannschaft, mais au vu du groupe du Mondial, c'est surtout son gabarit qui va manquer. Ils ne manquent pas de grands joueurs costauds (et pour la plupart, même pas blacks), mais ce profil figurez-vous-bichenté est très utile.

  • Beau gosse chiant le 23/07/2014 à 16h33
    Explications aujourd'hui dans l'Equipe (tiré d'une tribune dans un hebdo allemand) :

    «Ma vie m'appartient. Si je veux rester heureux, y compris dans ma carrière de footballeur, je dois en rester maître, c'est-à-dire prendre des décisions avant qu'elles ne s'imposent à moi»

    D'une rare lucidité.

    Egalement lorsqu'il évoque la victoire :
    «Dans le football, dans mon métier, la frontière est sacrément mince entre victoire et défaite. Que serait-il advenu de la finale du Mondial si Gonzalo Higuain avait marqué pour l'Argentine à la 22e minute ? Ou avait converti une autre occasion ? Je préfère ne pas y penser».

    What else ?

  • Beau gosse chiant le 23/07/2014 à 16h48
    Explications aujourd'hui dans l'Equipe (tiré d'une tribune dans un hebdo allemand) :

    «Ma vie m'appartient. Si je veux rester heureux, y compris dans ma carrière de footballeur, je dois en rester maître, c'est-à-dire prendre des décisions avant qu'elles ne s'imposent à moi»

    D'une rare lucidité.

    Egalement lorsqu'il évoque la victoire :
    «Dans le football, dans mon métier, la frontière est sacrément mince entre victoire et défaite. Que serait-il advenu de la finale du Mondial si Gonzalo Higuain avait marqué pour l'Argentine à la 22e minute ? Ou avait converti une autre occasion ? Je préfère ne pas y penser».

    What else ?

  • Coach Potato le 23/07/2014 à 19h38
    Comme disait quelqu'un dont le nom m'échappe:
    "Eh oui, c'est pas facile de remplacer Philippe Lahm."

    On sait su le numéro 3 français continue, non?


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