Le cable réseau du serveur étant presque saturé, merci de ne vous connecter qu'en cas d'absolue nécessité de vous amuser. Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

Le foot dans la lucarne des Guignols

Toujours indispensables et uniques dans le paysage télévisuel, les Guignols de l'info ont tiré de leur rencontre avec le football des réussites totales, mais aussi une tendance certaine à abandonner beaucoup de leur finesse et de leur esprit critique lorsqu'ils pénètrent sur ce terrain…

Auteur : Eugène Santa le 19 Mars 2002

 

 

Si le monde politique (et économique) est habitué à être croqué dans la presse, le milieu du foot bénéficie pour sa part d’une étrange apathie satirique de la part des médias. Mis à part l’excellent Lefred-Thouron dans L'Équipe-Mag (hebdo qui — il faut le signaler — comporte également une ou deux autres mini-rubriques récréatives), les quotidiens et périodiques nationaux accueillent assez peu d’humoristes dans leurs pages (1)…

 

Et c’est finalement à la télévision que le milieu de la balle en cuir en prend pour son grade. Tous les soirs, les Guignols s’adonnent, depuis maintenant plus de dix ans, à la caricature de footballeurs, entraîneurs et autres dirigeants qui sévissent sur les pelouses de France et d’Europe: Papin ou Cantona ont été les premiers à passer à la moulinette caustique; Guy Roux, Deschamps ou Fernandez les ont rapidement rejoints, tout comme, plus récemment, Lemerre ou Barthez. La plupart du temps, la critique est pertinente et drôle. Quand le gardien de l’équipe de France est présenté comme un fêtard déconneur ou quand l’entraîneur du PSG passe pour un simplet limite analphabète, on ne peut prétendre que le portrait dressé soit totalement déconnecté de la réalité, même si le trait est grossi sans nuance.

 

 

Un brin de poujadisme footbalistique ?

Pour autant, les Guignols se laissent parfois aller à des dérives populistes assez étonnantes. Nous avions déjà signalé dans ces pages le sort injuste qui avait été réservé à certains acteurs du milieu du ballon rond, comme Jacquet ou Guivarc’h, avant et après la dernière Coupe du Monde (lire L’étrange rancœur de Bruno Gaccio). Ces derniers temps, la critique s’est à nouveau déplacée sur ce terrain pour le moins critiquable. Dans une séquence diffusée lundi 11 mars dernier, on voyait ainsi plusieurs journalistes et dirigeants de chaîne se suicider à l’idée de voir des finales et demi-finales de coupe disputées par Sedan, Lorient ou Bastia. Plus tôt dans l’année, et à plusieurs reprises, le personnage de Michel Denisot ironisait sur des rencontres de championnat opposant des équipes comme Troyes ou Sochaux. Il y a un mois, la marionnette de Barthez s’étonnait quant à elle de voir jouer les Nantais en Ligue des Champions, dans une compétition réputée trop relevée pour eux…


En adoptant cette approche, les Guignols semblent se plaire à brosser le public dans le sens du poil. Critiquer la présence de ces petits clubs au plus haut niveau des compétitions nationales et internationales dénote une volonté certaine de s’approprier les arguments actuels d’une partie des amateurs de foot: en clair, le championnat de France n’a plus le niveau, et ces équipes de seconde zone ne sont pas capables de représenter dignement notre pays dans les compétitions continentales. Ce qui revient au final à soutenir, même indirectement, les prises de position d’Aulas et de sa clique. Des arguments qui, comme chacun le sait, réclament l’instauration de mesures permettant de favoriser les clubs les plus riches sur des critères peu en rapport avec la réalité sportive.

 

Et la "Football Company" ?

On peut s’étonner du fait que les Guignols, pourtant si prompts à taper sur la "World Company", ne prennent pas le train de la critique du libéralisme ambiant des dirigeants actuels du football professionnel. Après tout, les options idéologiques de leur World Company ne sont pas bien éloignées de celles de notre "Football Company", à la tête de laquelle Gérard Bourgoin s’illustre brillamment. Mais jusqu’à aujourd’hui, celle-ci a bénéficié d’une indulgence totale de la part des Guignols, alors que les moyens de les mettre en cause, y compris de façon humoristique, ne devraient pas manquer…

 

Pourtant, a priori, les Guignols ne peuvent être accusés de défendre les grosses écuries de notre championnat. De fait, le PSG ou l’OM ont régulièrement droit à leur lot de railleries, par le biais des représentations en latex de Fernandez, Tapie ou Lescure. Cela dit, à la lumière des faits précédents, on pourrait considérer à juste titre que les auteurs de l’émission satirique se laissent parfois aller à une certaine facilité humoristique (le PSG et l’OM font vendre du papier, ils font également de l’audience…) plutôt qu’à une réelle volonté de montrer du doigt la dispendieuse gestion de nos deux clubs mythiques…


Ce fréquent manque de cohérence dans la critique interpelle. Pourquoi prendre systématiquement position contre le libéralisme en général et ne pas le faire aussi systématiquement pour le football en particulier ?
Une explication pourrait provenir par exemple du profil même de l’un des auteurs des Guignols. Bruno Gaccio, membre historique de l’équipe (même s’il ne fait pas partie des créateurs de l’émission, il est actuellement le plus ancien) dispose d’une influence importante dans l’écriture des sketches. Grand amateur de ballon rond (il est supporter de Saint-Etienne), celui-ci est particulièrement impliqué dans tout ce qui concerne le sujet. Or celui-ci s’est souvent distingué par des sorties plus que douteuses : son inimitié pour la gent féminine (2) se ressent parfois particulièrement, comme ce fut le cas par exemple lors de la représentation d’Amélie Mauresmo en un colosse à la voix grave. Si le coup fût rattrapé rapidement (avec l’apparition de son "double", Mary Pierce), cette dérive est encore présente aujourd’hui dans la caricature d’Arlette-la-vieille-fille… Bref, il arrive à Gaccio d’abuser d’un humour quelque peu graveleux et démagogique, ce qui pourrait expliquer la teneur des propos tenus depuis plusieurs mois.


On pourrait aussi supposer que la caricature de Bourgoin, Aulas ou Proisy n’est pas forcément aisée. Mais pour ceux qui ont réussi le tour de force de nous faire rire avec les pérégrinations d’un Jean-Marie Messier ou les discours d’un Alain Madelin (rappelez-vous la parodie de Orange Mécanique…), l’excuse n’est pas vraiment valable.

 

La difficile mécanique du rire

Bien évidemment, la pratique de l’humour n’est pas toujours aisée. Pour faire, rire, il est parfois plus efficace d’user et d’abuser des mêmes ficelles, surtout si elles font toujours rire. Encore faut-il que les personnes mises en scène ne soit pas choisies au hasard, ni même transformées en boucs émissaires. Il est également possible de privilégier les ressorts humoristiques du moment (comme ce fut le cas à une époque, quand Zidane appelait systématiquement à l’aide son "copain Dugarry "). Mais on court alors le risque que la critique ne sonne pas très juste.


Il peut enfin s’avérer plus aisé de s’attaquer à des personnages de forte notoriété – comme Fernandez ou Tapie — plutôt que de se moquer de lobbyistes influents mais néanmoins peu connus du grand public — comme Gervais Martel ou Patrick Proisy. Mais alors l’analyse, quelque peu limitée, court le danger de perdre en profondeur…
C’est malheureusement trois tentations auxquelles se laissent quelquefois aller les Guignols.

 

Reste que ceux-ci insufflent la plupart du temps une bonne bouffée d’air frais dans un paysage audiovisuel (et médiatique) français archi-consensuel. Forts de leur situation de monopole satirique dans les médias, les Guignols engendrent parfois une exigence importante de la part d’un auditoire nombreux et assidu à juste titre. Cette analyse en est d’ailleurs un parfait exemple.

 

(1) Le dessinateur Chenez a volontairement été oublié.
(2) Il fut accusé de harcèlement sexuel par une journaliste du Monde, mais prétendit qu’il avait simplement posé un doigt entre ses seins.

Réactions

  • medifel le 19/03/2002 à 18h47
    Je suis désolé mon petit Eugène, mais je t'assure que l'integralité de son article est transposable aux CDF.

    Quand tu te demande ou que tu reclame ou que tu remarque (a chosir) qu'on parle plus de gens du football moins mediatisés que le PSG, Fernandez, l'OM, Tapie... j'ai fais la même critique aux CDF il y'a quelques mois et j'ai reçu un lever de bouclier sans précepdent.

    En même temps quand tu critique le fait que les guignols tombent souvent dans la critique facile et les rengaines un peu lourde. Excuse moi mais les canards boiteux genre Youri, Le Boeuf et autre Karembeux ont souvent droit ici un traitement de faveur souvent lourd...

    Sans aller trop loin, la mise en "quarantaine" du pauvre Chenez... c moyen, c aussi criticable que les positions douteuses de Gaccio.

    C'est pour ça que je pense qu'on a pas a juger quelqu'un qui "crée" du produit de detente ou de reflexion.

    Autre similitude, les CDF sont aussi en position de monopole sur le "marché" de la dénonciation...

  • ibrahima bakayoko le 19/03/2002 à 18h51
    Moi j'aime bien les guignols

    P.S: j'aime bien votre petit (2)
    :o)

  • Moser le 20/03/2002 à 02h29
    Pourquoi c'est pas drôle Chenez ?
    Pourtant quelle puissance, quelle audace !

  • Moser le 20/03/2002 à 02h30
    Plus sérieusement,
    Cher Medifel je suis d'accord avec toi sur tes deux premières idées par contre quand tu écris :
    "C'est pour ça que je pense qu'on n'a pas a juger quelqu'un qui "crée" du produit de détente ou de réflexion"
    là je ne comprends pas bien, d'abord le mot produit accolé à tout m'horripile (mais peut-être as - tu raison après tout), ensuite je ne vois pas où tu veux en venir avec cette phrase et l'interdiction qu'elle préconise. Comment la justifies-tu ?

    Enfin tu dénonces leur situation de monopole et là je dis HALTE A TOUT !!!! sur le " marché de la dénonciation " (sic) comment, oui comment, passer sous silence ce brûlot anarchiste qu'est le MATCH DU LUNDI ! où pourtant tous les lundis de dangereux subversifs et déviants prônent la révolution et coupent les têtes sans états d'âmes…aucun.

  • marco le 20/03/2002 à 02h31
    dire que le championnat de france n'a plus le niveau de l'Europe, ce n'est pas forcément soutenir Aulas...

  • Salentino le 20/03/2002 à 03h02
    Eugène, je ne partage pas les critiques qui te sont adressées (je trouve aussi que les Guignols ratent leur cible sur le foot), mais je m'étonne juste que tu n'examines pas l'hypothèse d'une censure implicite de la part de la maison mère Canal, qui a instauré deux grands taboux éditoriaux sur la chaîne (ses deux mamelles nourricières) : le foot et le cinéma.
    Les auteurs des Guignols ont bien sûr déjà montré qu'ils pouvaient la transgresser, mais il reste un doute quand même.

    PS : Pas d'indulgence pour les niais (Chenez, Plantu). Vive Charb, Luz et Jul !!!

  • electron libre le 20/03/2002 à 03h03
    Vous omettez une chose mon cher Eugene,
    c'est que Aulas et Bourgoin ou Proisy sont inconnus de 80% de la population.
    On peut etre drole en immitant sa boulangere, mais bon a la tele, il y a certaines exigences de grandes ecoutes...

    Alors, oui les guignols se moquent plus souvent de l'OM et du PSG.
    Je ne vois pas en quoi souligner les echecs de clubs mediatiques revient a soutenir Aulas et Cie.

    Enfin, ce n'est pas une emission specialiste du foot.

    Je trouve que pour une fois, vous avez un peu tape a cote...


  • CELTIC BHOY le 20/03/2002 à 03h23
    Ce n'est certes pas une émission de spécialistes du foot, mais ça leur est déjà arrivé de faire des marionnettes d'inconnus du grand public ! Enfin, je dis ça mais ça doit bien faire cinq ans que je ne les ai pas vraiment regardés.

  • El mallorquin le 20/03/2002 à 03h45
    Exact le Bhoy, c'était le cas avec De Greef et même Messier. Au début quand il est apparu, je ne connaissais même pas sa tête ! Et puis ils ne sont pas obligés de créer une marionette, ça leur arrive aussi de critiquer des mecs simplement en faisant parler certains personnages.

  • marco le 20/03/2002 à 04h44
    Les Guignols ont certes parfois abusé de leur position, notamment en réglant grace à ça leurs comptes avec Guillaume Durand. Mais ce n'est pas vraiment le cas avec le football. Evidemment, pour ne pas décourager le grand public, on ne s'attaque qu'aux figures médiatiques, et alors ? Vouloir toucher tous publics, y a compris les non spécialistes, est ce du poujadisme ? La première mission des Guignols est elle le rire ou la politique ?

    Oui ils sont tombés dans la facilité, souent, parfois trop, mais pas plus dans le foot qu'ailleurs. Et surtout je ne verrais aps le sens de voir apparaitre proisy, ou bourgoin.

    Quant à la dernière accusation, de ne parler que des "grands clubs" et jamais des petits, ils font comme tous les media, les CdF les premiers. Le media qui parle le plus des Sedan, Lorient et co, ça reste l'Equipe, en fait.

    Bref, un article fort interessant, mais qui ne me semble pas tomber juste à 100%.

La revue des Cahiers du football