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Le football et ses hommes d'ombre

Bibliothèque – Dans La Mano Negra, Romain Molina raconte la vie des super-agents, ces hommes aux multiples passeports et dates de naissances, qui font et défont le foot en fumant des gros cigares.

Auteur : Christophe Kuchly le 13 Nov 2018

 

 

Alors comme ça, Kylian Mbappé et son entourage auraient voulu insérer diverses clauses plus ou moins étonnantes dans son contrat? Et les joueurs parisiens, à commencer par Neymar, bénéficieraient de primes d'éthiques dont les conditions à remplir sont d'un intérêt variable? Soit. Mais ces révélations issues de la deuxième saison des Football Leaks, abondamment relayées par les médias et donc commentées un peu partout, ne disent finalement pas grand-chose du football d'aujourd'hui.

 

Bien entendu, le travail de l’European Investigative Collaborations (EIC) va plus loin que de simples chiffres, qui donnent certes le tournis mais pas plus que ceux de droits TV et contrats de sponsoring démentiels. Mais, pour comprendre les dessous des achats de clubs ou de joueurs, il faut aller au-delà de l'argent. C'est ce que fait Romain Molina dans La Mano Negra, ouvrage au sous-titre prometteur: Ces forces obscures qui contrôlent le football mondial.

 

 

Juan Figer, le pionnier

Première question: les personnages étudiés, ces hommes qui tirent les ficelles, sont-ils véritablement obscurs? Un petit tour dans l'index répond en partie à la question. Six mentions de Jorge Mendes, soit à peine une de plus que pour l'écrivain Eduardo Galeano, aucune de Mino Raiola. Ces agents médiatiques, qui brassent des millions en commissions, profitent du système. Au-dessus d'eux, il y a ceux qui le font. Ceux qu'on n'entend jamais et dont on ne sait pas grand-chose.

 

 

 

 

Le livre nous présente donc d'abord Juan Figer, Uruguayen qui débute en montant des spectacles de danseuses des Folies Bergères, met tout son équilibre financier en jeu sur l'organisation d'un match amical en 1970 et noue beaucoup d'amitiés. Précurseur du métier d'agent qui fera plus de mille transferts, de Maradona à Pelé et Romario, il devient vite un "super-agent".

 

Joueurs, chaînes, hommes politiques… Sa sphère d'influence est considérable. Et ses idées nombreuses puisqu'en plus de gérer des affaires liées de près ou loin au monde du foot un peu partout dans le monde, il crée la TPO (Third-Party Ownership), qui permet à des tiers de prendre des parts d'un joueur, et la triangulation, qui fait transiter les footballeurs par des clubs situés dans des pays soumis à une fiscalité avantageuse.

 

Dès les années 80, Figer, quasiment inconnu pour qui ne s'intéresse pas au sujet des agents, dérégule le marché. Les dérives récentes, du passage fantôme de multiples joueurs par le Deportivo Maldonado (Alex Sandro, Allan, Geronimo Rulli…) aux effectifs de clubs portugais remplis de Sud-américains qui appartiennent à tout le monde et personne sans le savoir, ne sont finalement que des suites logiques – et, qu'on peut cyniquement trouver presque tardives. Rien ne change, sauf l'échelle.

 

 

Pini Zahavi, le patron

Lire ainsi contée la vie de Juan Figer, c'est comprendre comment se dessinent les mécanismes de contrôle du foot et quel est le portrait-robot de ceux capables de s'élever en haut de la pyramide. Intelligence supérieure, sens du relationnel, loyauté, discrétion.

 

Ici, la capacité à se créer des amis n'égale que le soin mis à ne pas les perdre. Ne vouloir arnaquer personne lors d'un deal, c'est s'ouvrir la possibilité d'en faire beaucoup d'autres. Alors, si on sait s'entourer, on devient vite essentiel et quasiment intouchable. Même quand les choses sont louches, vu la complexité des montages et le talent des avocats, bon courage pour prouver quelque chose.

 

 

 

 

Des arrangements, Pini Zahavi passe sa vie à en faire. L'homme le plus puissant du football mondial est le fil rouge de La Mano Negra, et une fois les présentations effectuées, on se surprend à le croiser partout sur des rachats de clubs ou négociations de transferts. Enfin, croiser… L'homme est un conseiller, un entremetteur dont le nom n'apparaît pas souvent, même à Gibraltar ou aux Iles Vierges, Real Madrid et FC Barcelone des paradis fiscaux. On l'aperçoit ici, on le fantasme là. On le sait derrière l'ascension de tous les nouveaux super-agents.

 

Avec un peu de chance et de culot, on peut même lui parler. C'est le cas de l'auteur, qui retranscrit les échanges par messages WhatsApp dans un chapitre dédié. Une mise en scène qui scinde le récit et peut dérouter sur le principe – dans toute enquête où l'auteur progresse par lui-même, le risque d'autosatisfaction n'est jamais loin – mais donne un éclairage sur la façon de faire de Pini. Et permet de lire cette phrase incroyable du septuagénaire: "Je n'ai aucun ennemi dans le monde (sauf les gens ne m'ayant jamais rencontré ou n'ayant jamais bossé avec moi)."

 

 

Thriller politique

Parti du foot, l'ouvrage s'en éloigne petit à petit. À partir de l'arrivée de Roman Abramovitch à Chelsea, point de départ de la vague d'investissements de richissimes propriétaires aux motivations plus ou moins claires, on fait ainsi connaissance avec Badri Patarkatsishvili et Boris Berezovsky, les Astérix et Obélix de l'ex-URSS. L'aventure devient polar géopolitique: élections, blanchiment d'argent, cadavres… Et, au milieu, Vladimir Poutine, ancien disciple qui fera immédiatement sa loi.

 

Les noms sont nombreux, souvent beaucoup trop longs pour être retenus sans surnoms, et les CV pas toujours rassurants. Mais on se surprend à poser le livre pour faire quelques recherches sur internet, comme si trouver une photo permettrait de jauger le charisme et la dangerosité de ces gens, incarnations réelles de personnages de fiction.  

 

Aussi paradoxal que cela puisse être, ces chapitres sont peut-être la plus grande force du récit. Bien sûr, le cas du drôle de rachat du Corinthians qui entraînera les venues de Carlos Tevez et Javier Mascherano ou, actualité oblige, les révélations sur les dessous des transferts de Kylian Mbappé et Neymar, rappellent que le livre traite du ballon rond. Mais en voyant qui gravite dans le milieu et où se situent leurs appuis, on comprend que tout devient possible. Qu'est-ce qu'un transfert quand on aide à faire élire des chefs d'États?

 

 

Tout a une logique

La Mano Negra ne s'attarde que très peu sur les cas individuels, mais donne les clés pour comprendre ce qui n'a aucun sens vu de l'extérieur. Une sélection d'un joueur moyen? Il se peut que son conseiller soit le même que celui du coach. Quelqu'un qui tape au-dessus ou en dessous de son réel niveau? Regardez les amitiés du patron. Les passages d'Avram Grant au Maccabi Haïfa, à Chelsea, Portsmouth ou West Ham, à chaque fois en compagnie du défenseur Tal Ben Haïm, ne sont pas innocents.

 

La lecture finie, on se demande bien s'il reste quelque chose de pur dans le football professionnel. Si les joueurs sont maîtres de leur destin. Et si, vu la puissance de ce sport, les clubs ne sont pas condamnés à tomber (directement ou via un homme de paille) aux mains de gens voulant blanchir de l'argent ou s'acheter une crédibilité dans le milieu des affaires.

 

Romain Molina apporte certes des informations sur la genèse de certaines amitiés, mais il reste logiquement pas mal de zones d'ombres. Des fantasmes aussi, que les liens troublants entre différents protagonistes ne peuvent qu'entretenir. Le résultat est en tout cas passionnant, une documentation précise étayant un récit captivant. Tant pis pour notre innocence et la pureté de nos rêves d'enfants. 

 

La Mano negra – Ces forces obscures qui contrôlent le football mondial de Romain Molina, Hugo Document, 17 euros.

Réactions

  • dugamaniac le 13/11/2018 à 21h04
    "Des fantasmes aussi, que la judéité de beaucoup de protagonistes et les liens financiers entre Roman Abramovitch, Pini Zahavi et la droite dure israélienne ne peuvent qu'entretenir."

    Sérieux, vous êtes sûr de votre conseil lecture là?


  • Radek Bejbl le 13/11/2018 à 22h31
    Beaucoup plus que tu ne devrais être sûr de ton commentaire, incompréhensible et aux sous-entendus très embêtants. Tu sembles faire partie des gens qui projettent leurs fantasmes sur des faits documentés (lire l'article de Haavertz sur le financement du groupe Elad pour commencer) donc effectivement je ne vais pas te le conseiller. À tous les autres, mille fois oui.

  • dugamaniac le 13/11/2018 à 23h15
    Tu sous estimes la bienveillance de mon commentaire au regard de ta formulation , elle ô combien maladroite si elle n'est pas douteuse, et ce qu'elle m'a inspiré quand je l'ai lu.

    La judéités des protagonistes elle entretient les fantasmes de qui dis moi ?

    Romain Molina est en train de se positionner sur le créneau complotiste un peu facho du marché du journalisme sportif.
    D'ailleurs ne nous y trompons pas, les experts du domaine l'ont déjà adoubé avec sa complicité comme l'a déjà signalé un des nombreux forumeurs à s'être interrogé sur Molina:

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    J'ai assez lâchement espéré toute la journée que d'autres réagissent mieux que moi à cette mise en avant je dois avouer.






  • osvaldo piazzolla le 13/11/2018 à 23h19
    Moi j'aime bien le travail de Romain Molina. C'est fouillis, mais c'est cohérent (je parle des youtoubs, je n'ai pas lu le livre).

    Ya une partie de la narration qui me laisse perplexe ceci dit, c'est le côté surdimension de Zahavi et sous dimension de Mendes.

    ça serait sûrement à confronter avec la narration de Pippo Russo.

    L'inconvénient de la narration linéaire aussi, c'est le morcellement des relations. yaurait un travail passionant à faire qui serait de prendre tous les bouquins de ce style et de dessiner un gigantesque réseau social à analyser. ça serait autre chose que les footabll leaks.

  • Radek Bejbl le 14/11/2018 à 00h05
    Tu es très gênant dugamaniac, encore plus que d'habitude. Que tu n'aies rien compris à ma formulation est une chose, mais garde tes analyses sur un sujet sur lequel tu ne connais rien. On parle d'un livre que tu n'as pas ouvert, et dont le contenu sera au contraire frustrant pour tous les complotistes tant il refuse d'aller sur ce terrain alors qu'il aurait toutes les raisons de le faire. D'où le fait de faire marcher la machine à fantasmes.

  • Radek Bejbl le 14/11/2018 à 01h29
    @ osvaldo piazzolla : Pippo Russo intervient dans le livre pour dire que Zahavi est devenu plus puissant que Mendes dans le foot après les Football Leaks, autant pour son influence réelle que parce qu'il a formé plein de gens qui tiennent le marché... dont Mendes, que Zahavi a introduit à Chelsea et dont il dit qu'il a été l'un de ses étudiants.

    La sous-dimension de Mendes, qui reste quelqu'un de très influent dans plein de clubs, elle s'explique par le choix éditorial de rapidement s'éloigner du foot en tant que tel pour parler géopolitique. Donc les amitiés de Zahavi avec des présidents ou milliardaires qui ont besoin de lui pour leurs intérêts dans le foot. C'est un niveau où tu deviens intouchable tant que tu ne trahis personne, comme Figer, qui avait les mains libres avec les juges uruguayens et Havelange avec lui. Impossible de savoir si c'est romancé, mais un agent raconte par exemple qu'en un coup de fil à Netanhyau et au Congrès US, Pini a permis des investissements américains en Guinée Equatoriale.

  • Paul Paquebot le 14/11/2018 à 21h32
    Perso la phrase que dugamaniac met en avant m'a dérangé aussi. Et les liens qu'il a envoyés encore plus. J'ai beau rien connaître au sujet non plus, un gars qui traîne avec la fachosphère non merci.

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