LE PRINTEMPS DE LIVERPOOL
Matchbox : Manchester United-Liverpool, 1-4 – Le tout puissant leader du championnat a perdu pour la seconde fois face à d'éclatants Reds.
Auteur : Steven Rousseau et Matthew Dymore
le 15 Mars 2009
Buts : Ronaldo (pen 23e); Torres (28e), Gerrard (pen. 44e), Aurélio (77e), Dossena (90ème + 1)
Après la démonstration tactique et technique infligée au Real mardi, c'est un Liverpool sûr de sa force qui se présente sur la pelouse d'Old Trafford en tenue grise, mais pas grisé pour autant par ses exploits européens.
La nalyse
Le vide laissé par Xabi Alonso (blessé) dans l'entrejeu liverpuldien est visible dès le premier quart d'heure. Son remplaçant Lucas n'a décidément pas l'intelligence de la courroie de transmission espagnole, et les pertes de balles provoquées par le pressing très haut des hommes de Ferguson laissent présager d'un sale après-midi pour leurs hôtes. Park vient au contact de Reina, qui tente manifestement de l'éviter, et obtient un penalty pas évident. Ronaldo se fait un plaisir d'exécuter la sentence.
Associés du diable
Un Carragher appliqué et concentré avait jusque-là permis de repousser les quelques approches mancuniennes. Celles-ci ne trouvent pas plus le chemin du but de Reina que les percées plein axe de Gerrard et Torres, qui se heurtent par trois fois à Vidic. Patience, semble dire Benitez. En jouant délibérément bas, sans se ruer vers Van der Sar, les Reds attirent Manchester petit à petit pour créer des espaces dans son arrière-garde. Avec une réussite formidable: sur un long dégagement, Torres prend de vitesse Ferdinand et réalise sa "spéciale" tout en puissance sur Vidic: les fesses dans le gazon, celui-ci ne pouvait plus que contempler El Niño ajuster Van der Sar avec un sang-froid diabolique. Dans la foulée, Torres prend encore le meilleur sur le Serbe qui ne peut que ceinturer l'Espagnol. L'arbitre ne bronche pas. Partie remise: juste avant la pause, l'autre moitié du couple de l'année, Gerrard, s'enfonce sur la droite de la surface et subit un tacle à retardement par Evra. Mr Wiley permet au skipper de Liverpool de donner un avantage mérité à son équipe malgré les bras télescopiques de Van der Sar.
Riera bien qui Riera le dernier
On imagine aisément le coup de gueule de Ferguson dans les vestiaires. Manchester revient sur le terrain avec des intentions visiblement plus agressives, et met d'entrée une grosse pression sur la défense adverse. Malgré une accumulation de coups francs aux trente mètres, elle reste stérile. On se demande encore comment, au plus fort de celle-ci, la reprise de Rooney sur un centre de Ronaldo a pu rebondir devant le but sans y entrer, perturbant à peine l'impression de sérénité dégagée par la charnière Hyypiä-Skrtel.
Après soixante-dix minutes de jeu et autant de chewing-gums recrachés par Ferguson, Rafa se permet de chambrer son homologue en sortant Riera pour l'inquiétant Dossena. Sûrement impressionné par cette nouvelle menace, et peut être aussi agacé par l'impuissance de ses hommes à revenir à la marque, l'Ecossais, tel un accro à Football Manger 09 hystérique et insomniaque, tente le tout pour le tout. En faisant entrer en même temps ses trois remplaçants (Scholes, Berbatov, et Giggs), alignant dès lors pas moins de six joueurs à vocation offensive.
Évacuation du Théâtre des rêves
Au plus mauvais moment: deux minutes plus tard Vidic retient Gerrard qui partait seul au but. L'expulsion de son défenseur et tous les remplacements effectués ne lui laissent aucune option pour réaménager sa défense. De défendre, il n'est de toute façon plus question trente secondes plus tard: sur le coup franc, le pied gauche magique de Fabio Aurélio donne deux buts d'avance aux visiteurs. Afin que l'humiliation soit complète, l'ancien Stéphanois El-Zhar entre à cinq minutes de la fin pour humer l'ambiance d'un ''Théâtre des Rêves'' qui se vide d'un coup après la deuxième faille spatio-temporelle de la semaine. Dossena profite d'une erreur d'O'Shea pour lober magnifiquement Van der Sar de vingt mètres. Le You'll Never Walk Alone des supporters visiteurs n'en résonne que plus magnifiquement dans les gradins désertés. Ce Liverpool-là n'aime décidément jouer que contre les cadors. Une solution, peut être, pour Rooney et Ferguson: signer à Stoke?
Les yeux
L'œil de Pierre Desproges sur le coaching de Ferguson
"De deux choses l'une: ou bien Alex Ferguson est un con, et ça m'étonnerait tout de même un peu, ou bien Alex Ferguson n'est pas un con, et ça m'étonnerait tout de même beaucoup". (1)
L'œil de Jacques Séguéla
"Si à quarante ans, on n'a pas joué en Angleterre, on a quand même raté sa vie".
L'œil de Rachida Dati sur Steven Gerrard
"Ce garçon ne devrait pas être en préventive?"
(1) Adapté du ''Réquisitoire'' contre Jacques Séguéla.
Le joueur à suivre
Andrea Dossena. Il a justifié récemment ses piètres performances par des problèmes d'adaptation au jeu anglais. Certes. Cyniquement, on serait tenté de le juger inadapté au foot tout court. Pataud, lent, maladroit, souple comme un renfort en kevlar, il a communiqué ses lumbagos aux supporters des Reds, qui s'interrogent encore sur la pertinence d'en faire le remplaçant du regretté Riise. Cette semaine, en deux entrées en cours de jeu, il a participé activement aux dérouillées infligées à deux des plus grandes équipes d'Europe. Un but à Casillas, un autre à Van der Sar. Il faut toujours un peu d'irrationnel dans la vie, mais là on touche au paranormal.
Dossena vu du forum
= >> khwezi ko l'pelé blanc
En fait, c'est comme un bibelot qui est mieux dans la chambre d'ami que sur le buffet du salon.
Le joueur à ne pas suivre
Wayne Rooney. C'est un fait, et il l'a encore répété cette semaine, Rooney "hait Liverpool". Au vu de sa prestation de cet après-midi, il hait surtout jouer contre eux, ayant raté exactement tout ce qu'il a tenté.
Les observations en vrac
• Touchant étonnement du commentateur de Setanta sur un contrôle manqué par Ronaldo à cinq mètres du but: "Woh. He's human!'"
• Quand on pense qu'en début de match, on en venait à regretter de ne pas assister au duel Dossena vs Ronaldo...
• Aucun but encaissé en 1.311 minutes, et puis 4 pris en 60: l’heure du déjeuner ne sied pas à l’arrière-garde mancunienne. Statistiques à l’appui: cette saison, United a joué quatre matches décalés en début d’après-midi. Résultats: une victoire, un nul, deux défaites (Liverpool et Arsenal) – soit la moitié des points perdus cette année (8 sur 16). A contrario, Liverpool a joué quatre matches pour quatre victoires.
• Il vaut mieux perdre quatre fois 4-1 que… Non, il vaut mieux perdre une fois 4-1 qu’une fois… Non, il vaut mieux perdre une fois 4-1 que quatre fois… Bon non, ça marche pas.
• Ok, sur le terrain la charnière Hyypiä-Skrtel a sans doute rapporté trois points. Mais au Scrabble, ça fait combien?
• Tiens, en Angleterre aussi le championnat est relancé après avoir été plié.
Les gestes du match
• La douzaine de dégagements de la tête de Sami ''Papi'' Hyypiä sur autant de corners mancuniens.