Seuls 36% des internautes parviennent à saisir leur e-mail / password du premier coup. En feras-tu partie ? Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

Leçon 8 : interviewer un footballeur

S'il est un exercice incontournable dans l'activité du journaliste sportif, c'est bien l'interview de sportif. C'est la matière première, c'est la manne quotidienne, et pourtant, n'allez pas croire que l'exercice va de soi : de la retranscription au gonflage de déclarations, c'est du boulot.
Auteur : Le journalisme sportif en 12 leçons le 2 Avr 2002

 

ETAPE 1 : POSER LES QUESTIONS

Comme pour un article normal, il est préférable de trouver un "angle" pour l'interview. L'angle est au journalisme ce que la méthodologie, la construction d'une problématique, la définition de l'objet et l'examen d'une hypothèse sont à des formes de pensées plus évoluées.
Ce procédé explique la répétition troublante des mêmes questions dans une interview: cela signifie dans ce cas que le sujet refuse de se tourner selon l'angle défini. Il faut alors insister, car les interviewés ignorent tout des subtilités du métier. Tout journaliste normalement constitué doit ainsi être capable de faire dire à son interlocuteur ce qu'il a envie de lui faire dire (voir aussi Leçon 3 : l'interview miné).

Une autre règle importante consiste à poser les questions que tout autre journaliste poserait à votre place. Il est essentiel de ne pas louper les évidences d'un personnage ou d'une actualité, de bien creuser dans le sillon, de jouer à fond les stéréotypes et les lieux communs, parce qu'ils touchent un large public et, parfois, un point sensible chez l'interrogé.

Le plus simple, surtout pour les stars, c'est de leur lustrer le poil en jouant la complicité (attention aux familiarités toutefois) ou franchement l'admiration. Certains vous le rendrons. Toujours se rappeler que le footballeur est un être à la susceptibilité exacerbée.

ETAPE 2 : RETRANSCRIRE

Le journaliste sportif est un effet en être qui côtoie les idoles de nos disciplines, et s'il est celui qui les interroge, il est aussi celui qui retransmet au monde leurs précieuses paroles. Mais qui dit retransmettre dit retranscrire, et c'est là qu'est le travail. Il ne faut pas voir là une forme de mépris pour la syntaxe et l'expression orale des sportifs. Enregistrons une de nos conversations et amusons-nous à la retranscrire, et nous n'aurons plus envie de nous moquer.
Cet exercice est délicat mais indispensable, et il implique d'enjoliver un peu les tournures, d'éviter les répétitions, de gommer les barbarismes, de rectifier la trajectoire d'une phrase qui part loin à l'ouest, tout en respectant l'esprit du propos. Evidemment, un grand nombre de distorsions peuvent survenir, et on ne compte pas les joueurs qui accusent les journalistes d'avoir travesti leur propos. Mais les cas de ce genre sont plutôt rares. On peut même dire que les interviewés ne peuvent que se féliciter de voir leur pensée clarifiée et exprimée dans des termes choisis.

Il y a bien sûr des cas très délicats, pour certaines personnalités dont la spécialité est de faire subir de joyeuses tortures à la langue de Molière, comme Gérard Bourgoin, Aimé Jacquet ou Luis Fernandez, sans compter les inaudibles, comme Claude Puel ou Dominique Rocheteau. Les conditions matérielles dans les salles de presse étant parfois précaires et que les journalistes de presse écrite prennent des notes plutôt qu'ils n'enregistrent, cela donne parfois dans la presse du lendemain des phrases traduites en trois ou quatre versions différentes, plus ou moins fidèles à l'originale.

EXEMPLE 1 : la synthèse

Version originale (Infosport, retranscription intégrale Cahiers du football)
Luis Fernandez : "A partir de là moi je prend une certaine initiative. L'initiative je la prends en mon âme et conscience sans que personne puisse me dicter ou me dire, ou me faire faire. Je la prends parce que je crois que on arrive à un stade, on arrive à un moment où je préfère sauvegarder, je préfère protéger mes joueurs, protéger mon club, mes supporters, parce que si ça devient toujours le même constat où toujours de trouver un personnage qui est toujours le même en étant le fautif. Parce quand on lit les déclarations des uns et des autres, quand on essaie d'analyser ce qu'ils veulent dire, on dit toujours c'est Luis".

Version française" (AFP 05/03/2002)
"J'ai l'impression que le mal du foot français, c'est Luis, a-t-il brièvement commenté. Je préfère protéger mon club."

EXEMPLE 2 : la réinterprétation

25/03/2002
Robert Pires (Infosport, retranscription intégrale Cahiers du football) :
"Je pense qu'il y a une surcharge des matches. Alors moi attention, j'avais dit que jouer tous les 3-4 jours ça ne me déplaisait pas, au contraire, ça nous permettait justement d'avoir un rythme et puis de jouer des belles compétitions. Aujourd'hui je suis blessé et je ne vais pas changer d'avis".
Robert Pires (AFP) :
"Je pense qu'il y a une surcharge, mais j'aime bien jouer tous les trois quatre jours. Ma blessure ne me fait pas changer d'avis."
Robert Pires (Sport24) :
"J’ai toujours clamé que j’aimais jouer tous les trois, quatre jours, ce n’est donc pas maintenant que je vais changer d’avis.
Robert Pires (Reuters) :
"Il y a peut-être une petite surcharge de compétition, mais cela dit j'aime jouer des matches tous les trois ou quatre jours et je n'ai pas changé d'avis aujourd'hui".

ETAPE 3 : LE GONFLAGE DE DÉCLARATION

La fonction du journaliste sportif est de moudre du grain, mais aussi de pétrir la pâte et de faire lever le gâteau. Pour cela, l'écriture du titre est un moment crucial (voir la leçon 6). S'il fallait ne compter que sur les brillantes réparties et les aphorismes de footballeurs, les chroniqueurs seraient bien en peine de rendre sexy leurs interviews. Le secrétaire de rédaction, le responsable du desk ou le rédacteur en chef se chargent généralement de cette tâche qui consiste à battre les blancs (de l'interview) en neige pour en extraire une phrase choc. Une trousse de maquillage est cette fois nécessaire: il faut couper, copier-coller, passer un filtre ou retourner les mots. Cette manie de la titraille racoleuse a des effets parfois désastreux, elle a provoqué de nombreux conflits internes dans les clubs, où la presse sportive est très lue (du moins les titres). Semer la discorde peut être une motivation occasionnelle du journaliste, mais cela devra faire l'objet d'une leçon particulière.

EXEMPLE 1

Sportal, 11/07/01
THURAM : "La Juve sans Zizou est aussi forte"
Texte original : "Changer de club est une chose normale dans la carrière d'un joueur. Mais je pense que même sans lui nous serons toujours une équipe forte".

EXEMPLE 2

Le Parisien, 03/03/2002
FRÉDÉRIC DÉHU : "Il faut sanctionner M. Veissière"
Texte original : "Question : Selon vous, M. Veissière a-t-il été incompétent ce soir ?
(…) il expulse Bernard Mendy pour des propos qui sont tout à fait corrects. Maintenant, il faut absolument améliorer le foot français en sanctionnant ce genre de dérives arbitrales".

Dans ce très bel exemple de raccourci, notez aussi l'emploi simultané de la technique de la question "pousse-au-crime" qui incite à une réponse polémique (voir encore la Leçon 3 , indispensable complément de la présente).

EXERCICE PRATIQUE
Après un match de foot avec des copains, sortez un dictaphone et demandez aux joueurs leur sentiment sur le match. Interrogez les buteurs et les défenseurs fautifs. Retranscrivez les meilleurs moments. Mettez en page les extraits les plus saillants sur une feuille ou sur un site en soulignant bien les déclarations des uns sur les autres. Diffusez et observez l'effet produit sur la cohésion de l'équipe.

—————————————————————
Le journalisme sportif en 12 leçons
Leçon 1 : les transferts
Leçon 2 : recopier la dépêche AFP
Leçon 3 : l'interview minée
Leçons 4&5 : l'autopromotion et l'éloge du patron.
Leçon 6 : titres et légendes.
Leçon 7 : pomper les articles des Cahiers
Leçon 8 : interviewer un footballeur
Leçon 9 : le consultant télé

Réactions

  • El mallorquin le 03/04/2002 à 01h43
    Une fois de plus, je vois que les Cahiers se laissent aller à une vision caricaturale et totalement en décalage avec la réalité du métier de journaliste...

  • beppo le 03/04/2002 à 02h21
    El Mallorquin : "Nouveau dérapage des Cahiers" :))

  • Moser le 03/04/2002 à 02h22
    J'ajouterais un cas particulier : le journaleux suce-boules de compétition comme un certain JRG qui sévit dans un autre sport et qui a le mérite de n'avoir jamais posé aucune question dérangeante et de faire risette et compliments de façon tellement grotesque que les sportifs en sont même gênés et se demandent ce que cela cache.

  • Olaf Grossebaf le 03/04/2002 à 02h37
    j'aimerais qu'on évite de dire du mal de Jean-René (j'ai un poster grandeur nature dans ma chambre)

  • cavalier sans tête le 03/04/2002 à 06h46
    "Sans Jean-René les Cdf sont aussi forts"

  • El mallorquin le 03/04/2002 à 09h51
    Heureusement que Marco est en vacances, vous en auriez pris plein la gueule, les mecs !
    :-)

  • osvaldopiazzolla le 03/04/2002 à 10h18
    El Mallorquin : "Sans Marco, les cahiers du foot sont aussi forts que la Juve"

  • El mallorquin le 03/04/2002 à 10h27
    Osvaldopiazzola : "El mallorquin à la Juve en échange Marco des Cahiers du foot".

  • harvest le 03/04/2002 à 15h33
    plumitif : " bande d'intellos de droite"

  • alain theRoc le 03/04/2002 à 17h29
    harvest : "les intellos de droite de la Juve transférés aux Cdf en échange de Marco et d'une option d'achat sur El Mallorquin". Perpère dément.

La revue des Cahiers du football