L'équipe de France a fait la fête et le spectacle à Bollaert en dispersant une faible équipe de Malte et en mettant un nouveau carton sur son étagère. Rien que du plaisir.
Évidemment, en match officiel contre une équipe faible et devant un superbe public, c'est plus facile qu'en match amical contre une excellente formation au Stade de France… Mais toutes conditions égales par ailleurs, on ne va certainement pas bouder le plaisir de cette rencontre totalement accomplie de la part de l'équipe de France, qui lui assure trois nouveaux points et un bilan de 17 buts marqués en quatre matches dans le groupe 1, pour un seul encaissé.
Décentralisons l'équipe de France !
On n'oubliera donc pas le mini-fiasco (mini, parce qu'un maxi, on sait ce que c'est depuis juin 2002) de la République tchèque, mais les Bleus ont apporté beaucoup de réponses aux doutes qui s'étaient levés à cette occasion. À commencer par le risque d'un divorce profond entre eux et leur public. Bollaert a brillamment invalidé l'hypothèse, mais cela ne fait que renforcer la défiance à l'égard d'un Stade de France qui, comme le Parc des Princes il y a quelques années, a perdu son état de grâce.
Il faudrait inviter les virages de deux ou trois clubs français à investir l'enceinte de Saint-Denis. L'animation des tribunes est devenue affaire de "professionnels", et ce ne sont pas les membres du club officiel Carrefour des supporters ni les touristes du SdF qui peuvent s'improviser public. Quoi qu'il en soit, dès que le contrat de la Fédération avec le Consortium du Stade de France sera échu, il faudra fermement militer pour une tournée permanente de l'équipe de France sur tous les grands terrains de l'hexagone.
Le match : un grand déroulé
Par une sorte de bizarrerie, les tricolores ont concentré dans les trois premières minutes l'intégralité de leurs rares erreurs. Cela commence spectaculairement par une sortie périlleuse et un tacle en retard de Barthez (averti), cela continue avec une aile de pigeon de Zidane concédant un corner, et cela s'achève sur un tacle raté de Lizarazu. Passé ce moment de flottement, les occasions défilent pendant une demi-heure, Wiltord ouvre les festivités avec le premier tir contré d'une longue série, Henry et Trezeguet enchaînent avec deux têtes au point de penalty, mal ajustées malgré de bon services de Makelele et Thuram. L'adresse ou la réussite font défaut, quand ce n'est pas Muscat qui se multiplie. Le gardien maltais se détend ainsi sur une belle frappe du gauche de Wiltord, pourtant placée au ras du poteau.
Peu de temps après le premier tir des visiteurs, et alors que les offensives françaises s'intensifiaient, c'est ce même Gunner qui trouve la faille à la réception d'un corner de Zidane. Il a le temps de contrôler et de décocher un tir violent dans la lucarne, à nouveau du gauche (37e). Zidane place ses premiers gris-gris, et dans la foulée, un une-deux entre Pedretti et Henry envoie celui-ci, sur son bon pied et au bon endroit, enrouler une trajectoire qui trompe Muscat (39e).
Le scénario d'un blocus impénétrable s'évapore ainsi avant la pause, et dix minutes suffisent pour ouvrir à nouveau les vannes. Servi par Pedretti, Wiltord effectue un grand pont et centre pour la tête d'Henry, qui réussit là où il avait échoué en début de rencontre (54e). Lizarazu se mêle à la razzia et obtient un penalty que Zidane ne rate pas (57e). Le latéral aura même une occasion quelques instants plus tard, échouant (du droit!) après une longue chevauchée.
Trezeguet s'essaye à un retourné, avant que Henry, parti comme une flèche sur la droite, ne lui délivre un centre idéal sur lequel il s'allonge pour inscrire le cinquième but (70e). Sagnol, entré à la place de Thuram à l'heure de jeu, estourbit ses vis-à-vis et adresse un centre tellement juste que Zidane marque de la tête (80e).
Pour l'anecdote, Mifsud se présentera seul devant Barthez, laissant au gardien sa seule occasion de s'illustrer en captant la frappe de l'attaquant.
Match après match, l'infographiste de TF1 aggrave son cas. |
La nalyse
Après avoir ricané de l'énergie mise par les commentateurs à se convaincre de la métamorphose du 4-2-3-1 de Lemerre en un 4-4-2 santinien qui lui ressemble terriblement, il faut bien admettre que le match de samedi a mieux marqué l'évolution. Henry s'est plus sensiblement recentré aux côtés de Trezeguet. Leur complémentarité est perfectible, car on les a vus parfois offrir les mêmes solutions. Mais le rayonnement d'Henry a été tel samedi soir qu'il ne pouvait qu'éclipser son collègue.
Wiltord a encore évolué en milieu de terrain (parfois très avancé à droite, mais avec beaucoup de replacements vers l'arrière et de déplacements latéraux) et Zidane s'est positionné un peu comme au Real, c'est-à-dire préférentiellement à gauche. On est encore loin du 4-4-2 contemporain avec deux milieux offensifs clairement excentrés, mais avec ce système, et conformément au vœu de Santini, chacun évolue à son poste et dans sa zone de prédilection.
Ce dispositif, qui a remarquablement fonctionné contre Malte, sera-il aussi efficace contre une plus forte opposition? Car si Zidane n'a pas eu besoin de beaucoup de soutien pour impulser le jeu, il est parfois apparu esseulé. On peut penser que Pires composerait avec le Madrilène un vrai duo de meneurs de jeu, mais qui faut-il sacrifier? (voir
La révolution de velours de Santini).
Les gars
Nos deux grandes stars n'ont pas déçu, effaçant leur prestation contre la République tchèque. Un doublé, une passe décisive et une activité totale pour Henry qui a secoué le cocotier maltais, une influence retrouvée pour Zidane, peut-être remotivé par son capitanat intérimaire, et tout s'éclaire.
Wiltord a été infernal, débloquant la situation dans son style caractéristique. Trezeguet a forcément été moins à son avantage dans ce contexte, recevant peu de ballons exploitables et ne parvenant pas à leur appliquer son habituel ratio d'efficacité. En marquant à vingt minutes de la fin, il a toutefois relancé son compteur personnel.
Makelele a fait admirablement tourner la machine et à ses côtés, la prestation de Pedretti a particulièrement retenu l'attention. Appliqué dans ces toutes premières passes, il a ensuite eu des problèmes de réglages, ses ballons trop longs témoignant probablement d'une certaine nervosité. Mais constamment encouragé par ses partenaires, il s'est progressivement installé, prenant de plus en plus d'initiatives, au point d'être dans le coup de deux buts. Sa première titularisation se présentait dans des conditions idéales, mais il n'est pas passé à côté de l'occasion de l'exploiter au mieux.
Derrière, on a géré les affaires courantes. Thuram et Lizarazu ont eu beaucoup d'opportunités de participer au travail offensif, tandis que Silvestre et Gallas n'ont pas réellement testé leur association devant une opposition aussi symbolique.
L'équipe de France va mieux, mais la France va toujours aussi mal. |
Les deux observations et c'est tout
Fabien Barthez a tenté de battre le record de la cagade la plus rapide, détenu par Ulrich Ramé.
La défense maltaise étant aussi faible que les défenses anglaises, les Gunners ont pu briller.