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Les rêveries du supporter solitaire

Vous estimez que la passion pour le football est un mystère poétique? Vous avez tellement raison.

Auteur : Gilles Juan le 3 Juil 2013

 


Vous aimez le foot sans nuance. Les chants des supporters, le jeu à une touche de balle vous émeuvent autrement plus que les films de Terrence Malick ou Ken Loach. Un penalty sur la barre vous traumatise davantage qu’un cambriolage. L’hymne de la Ligue des champions vous donne des frissons que Shine on You Crazy Diamond peine à égaler. Même la pluie de paillettes dorées qui tombent sur l’équipe soulevant la Coupe de la ligue vous attendrit. Neymar au Barça? Un événement qui vous fait réagir avec plus de passion que l’élection d’Obama. Votre champ lexical est définitivement celui des beaux-arts: incontestablement, chefs-d’œuvre et artistes se bousculent sur le rectangle vert, pour la schématisation duquel on ne peut parler, à la mi-temps, que de "palette".
 


Conduit par les muses

En un mot, vous êtes convaincu que le football est un mystère poétique. Pas au sens où le coucher de soleil, l’enfant qui joue à la marelle, la leçon du maître de kung-Fu et autres conneries jolies sont poétiques. Non! Poétique, au sens le plus noble, fondamental, de la production littéraire métaphorique, lyrique et versifiée: jouer au football est une action conduite par les Muses, dont le spectacle provoque le plaisir, l’élévation, la mélancolie, éventuellement le foudroiement chez le supporter esthète. Pas juste un truc admirable, qui n’émeut que les amateurs et les joueurs du dimanche, non, une poésie complète, réelle, profonde, qui peut prétendre à l’universalité des émotions. À une ivresse internationale.
 

 


Cyril Rool, poète du football, au milieu de ses admiratrices.


Vous êtes persuadé de cela depuis toujours, au fond de vous, mais vous n’en n’êtes vraiment certain que depuis peu de temps, et pour la première fois, vous êtes sur le point de prendre la parole et de défendre en public, au bistrot, la thèse suivante: la grâce du football n’a rien à voir avec du sport, et tout avec la poésie. Ce n’est pas une chose simplement "médiatique", mais exceptionnellement envoûtante. Vous ne croyez pas si bien penser, et je m’en vais vous donner des arguments pour vous encourager à donner de la voix au comptoir.
 


Sur l’herbe

Pour commencer, vous préciserez que le mot poésie vient du mot grec poiein, qui signifie "fabriquer, produire". Il ne s’agit de produire les œuvres de l’esprit, ou d’une manière générale de créer, que par extension. Poiein, c’est d’abord réaliser des objets. Forger quelque chose. La poétique s’entend d’ailleurs aujourd’hui de la façon suivante: l’étude des conditions générales de la création – et non pas strictement de la création littéraire. La grande poésie n’est pas monopolisée par les étagères ainsi étiquetées dans les librairies. Pelé qui feinte avec son corps pour inventer un grand pont au gardien, Cruyff leader du football total, Panenka qui pique tranquillement son ballon, méritent le nom de poète, comme Maradona levant le bras pour tromper le gardien, celui de tragédien. Ils créent quelque chose d’inédit, de gracieux et de bouleversant. La prose de Luis Fernandez elle-même… Non, quand même pas. Quoique si, à sa façon, allez. Et Youtube est leur Gallimard à eux.
 

Vous parlerez des foules vibrantes et enthousiastes (encore un mot grec, qui signifie littéralement "possédé par les dieux"). En plus de l’étymologie, pour être convaincant, vous pourrez prétexter que les plus grands spécialistes eux-mêmes sont bien d’accord avec cela. Apollinaire, qui fera autorité, soutient précisément votre cause: "On ne doit appeler poète que celui qui invente, celui qui crée, dans la mesure où l’homme peut créer. […] On peut être poètes dans tous les domaines: il suffit que l’on soit aventureux et que l’on aille à la découverte". [1]
 

Aller à la découverte, oui, voilà, tel Ronaldo (le vrai Ronaldo, du Brésil, ce pays du foot pieds nus sur le sable, ce pays dont Gilliam a choisi le nom pour son chef-d’œuvre sur l’évasion rêveuse d’un homme qui tente de s’extirper des tentacules diverses de la société procédurière et policée, ce pays où rêvait d’aller jouer Olivier Atton lui-même, dans Olive et Tom), aller à la découverte, disions-nous, tel Ronaldo s’engageant à travers les défenses adverse, avec puissance, vitesse et technicité. Un virtuose.
 

Voilà. Vous voici prêt à prendre la parole au bistrot, devant tous vos collègues anisés, avant que le match ne commence. Allez-y. Allez! N’ayez pas peur du ridicule.
 


[1] Apollinaire, L’esprit nouveau et les poètes, Œuvres en proses complètes.]
Tableau : Heinrich Maria von Hess, Apollon et les muses (1826 – détail) / Nouvelle pinacothèque de Munich.

 

Réactions

  • Coach Potato le 03/07/2013 à 13h20
    Terpsichore au chevet de Goycochea (allégorie)


    Le message qui suit est de nature à choquer un public non-averti, peut provoquer l'épilepsie chez les personnes sensibles et la lecture par les plus jeunes doit se faire sous la supervision d'un adulte.


    - Moi, si je joue encore, le Beckam, au premier tacle, je lui arrache un genou, Je te promets, il lui en manque un bout.

    Par ces propos touchants de candeur juvénile et de cruauté placide, prononcés sur l'antenne de RMC et assortis d'une résurgence d'accent provençal que l'on croyait tari sous les sunlights des Talk Shows parisiens, Eric Di Méco, Eric, rappelle à la face du monde qui il fût :

    Le chef de file des impitoyables, celui sans qui Francis Llacer n'aurait jamais connu l'honneur d'un ballon de plomb, sans qui Rénato Civelli ne serait qu'un vulgaire Diarra repositionné derrière, sans qui un Cyril Rool réaffecté en défonce centrale n'aurait pu être le chef de file du mouvement beat dégénération Sexe, Drugs and Cyril Rool.

    Après avoir désactivé le contrôle parental des contenus violents, j'invite les plus jeunes à visionner les images d'archives, sur un habillage sonore de l'hymne à la joie de Ludwig van Goycochea  pour le côté romantique. Portant beau le catogan, tel un guerrier Hun invaincu déferlant sur le monde civilisé pétrifié d'effroi, di Méco pourfend l'avant-garde adverse avec une constance dans l'effort jamais démentie. Clint Eastwood dans Unforgiven ou bien une horde de Droogies en bordée qui consacrent leurs loisirs au culte de l’ultra violence mécanique. Di Méco, avec des maillots Orange (sans S), cela aurait fait sens ! Enfin, beaucoup plus que Morel** à mon avis...

    Défenseur pour un Patrice Evra, c'est flou, Dans son esprit, il est toujours milieu offensif gauche, très dégagé des tâches défensives., genre Jérémie Menez en plus souriant Et pourtant, ils n'est pas facile de remplacer Patrice Evra. Mais ça, c'est parce qu'en dépit de mes candidatures répétées, la FFF s'obstine à ne me confier aucune responsabilité au niveau national ; Le Graet, des missions ! Sans rire, avec moi, il pourra pleurer tout son saoul en entendant la Marseillaise depuis son canapé.

    Non, en comparaison, un di Méco, c'est plus roots, Son entraîneur lui dit : Pour le bien de l'équipe je te repositionne d’ailier à arrière latéral ; ton mec, il passe pas !
    Et bien, lui, il l'a pris au premier degré ; son mec, il n'est jamais passé. En tout cas, on n'a trouvé personne en vie pour en attester ou susceptible de bien vouloir témoigner à visage découvert.
    Avec lui sur le terrain, Kostadinov ne serait jamais passé ! A la CAF des Bouches du Rhône, il a un code informatique répertorié comme accident du travail.

    Le club des poètes disparus financé par un consortium de gaz de schiste pour jouer l'Europa League façon Boucherie Ovalie à l'ancienne, ça aurait de la gueule! Ce serait autre chose que ces danseuses de Champion's League. Avec des purs, leur Haendel, il se ferait petit, petit, petit.

    C'est l'été, on a le droit aux boisson anisées avec le tintement des glaçons dans les verre à moutarde Winie l'ourson en attendant l'étape du tour et en pérorant sur la formation française qui était mieux avant. Pour une utilisation nocturne, prévoir des bougies à la citronnelle (non livrées avec la liqueur anisée).

    Comment ça, c'est pas cela de la poésie? C'est une allégorie, je vous ferai dire.

La revue des Cahiers du football