Un épisode riche, drolatique et finement illuminé, à la hauteur d'un championnat dont la folle intrigue est sans cesse relancée par les faux-pas et les coups d'éclat…
Le dernier quart d'heure
Dans un championnat parti pour faire durer le suspens, il n'est pas étonnant de voir les matches se décider dans leurs derniers instants.
Ainsi à Gerland, où l'OL peinait à surclasser un HAC accroché à l'égalisation de Lesage avant la mi-temps, il a fallu attendre la 86e minute pour que Carrière marque un but d'avant-centre, ce qui montre à quel point un titre de l'OL serait surnaturel.
À Rennes, les Girondins, qui menaient 2-1 depuis l'heure de jeu, ont d'abord creusé l'écart par leurs deux buteurs patentés (Darcheville 51e et Pauleta 82e) avant de le laisser réduire dangereusement par Delaye puis Frei (85e et 87e). Sans conséquence pour une équipe qui devait se passer de Ramé, Costa, Smertin et Savio.
À Bollaert, le match n'a commencé que dans les arrêts de jeu, avec la fausse joie d'un but de Moreira, immédiatement suivi de l'égalisation strasbourgeoise signée Ljuboja. Les spectateurs bastiais ont pour leur part vu Troyes revenir au score par Nivet à la 86e minute.
Comme Montpellier à Sedan (Carotti, 1-2), Nice a obtenu sa victoire à Monaco (Diawara) à la 78e minute, Auxerre arrachant la sienne à cinq longueurs de la fin du temps réglementaire. Il n'y a que Nantes et Guingamp pour avoir assuré plus tôt les trois points, tandis que Sochaux et Paris ne parvenaient à se départager…
À l'issue de ces rebondissements et de cette 32e journée, Lyon retrouve la tête perdue par Monaco, qui risque de payer cher ces deux défaites à domicile devant Nice après Bordeaux. En arrachant deux courtes victoires, les Lyonnais regonflent un moral qui sera déterminant dans la lutte finale, là où les Marseillais confirment leurs propres doutes. À l'affût des nombreux faux-pas de ce trio, Nantes et Bordeaux repartent de l'avant après le nul qui avait conclu leur affrontement de la précédente journée… Et derrière, Sochaux, Paris, Nice et Auxerre n'ont pas tout à fait dit leur dernier mot.
La star improbable : Jérôme Alonzo
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De temps à autre, un anonyme soldat du football accède à une gloire imprévue, par des chemins tortueux qui peuvent être tracés par les circonstances, ou encore par un entraîneur fantasque. C'est ainsi que Jérôme Alonzo a récemment accédé à la fois au poste de gardien titulaire et à celui de porte-parole officiel du Paris Saint-Germain. Lionel Letizi, victime d'un syndrome du loser (il avait affiché son peu de foi quant à une qualification en Ligue des champions), en est réduit à assister aux exploits de son numéro 2 et à son omniprésence devant les micros.
Il faut dire que ses déclarations spontanées et sa façon de ne pas se prendre au sérieux font du Marseillais (encore une ironie du destin) un très bon client. On se souvient d'une crise de rire irrépressible en octobre 2001, lorsque le gardien commenta, hilare au micro de Canal+, le claquage qu'il venait de s'occasionner ("J'aurais pas dû tirer le six-mètres parce que j'avais déjà mal. Mais je l'ai tiré quand même et j'ai senti un vieux coup dans la cuisse").
Avec ses dégagements non-conventionnels (sa technique de poings laisse songeur, avec des plongeons-claquettes peu orthodoxes) et une réussite qui ne se dément pas (deux montants contre Sedan par exemple), il pourrait illustrer la "théorie du mauvais gardien", qui stipule qu'avec un portier médiocre, une défense inquiète est deux fois plus attentive, et donc deux fois plus efficace…
Alonzo n'est pas médiocre, mais lui-même reconnaît ses limites, et notamment sa difficulté à se maintenir des performances constantes. Il déclarait récemment qu'il reviendrait volontiers à Saint-Étienne (il avait été échangé avec Dominique Casagrande). Un discours modeste qui détonne au moins autant que ses sauts carpés.
Le plan serré : avalanche de chiffres, le retour
Voilà les classements des huit équipes de bas tableau, selon les résultats qu'ils ont obtenus depuis la reprise du championnat au mois de janvier.
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Premier constat : il existe une nette différence entre le classement général et ce classement partiel établi depuis la fin de la trêve. Malgré leur 16e place, qui les met pour l'instant à l'abri de la descente, les Lillois traînent en queue de peloton, avec cinq malheureux points obtenus en 12 parties. Ce sont les seuls à avoir enchaîné 8 défaites sur la période (le match de la 25e journée ayant en fait été décalé en raison des intempéries). Depuis le mois de décembre, ils ont donc perdu 11 points sur Montpellier et Le Havre. C'est sans doute l'équipe dont l'état de forme est le plus inquiétant, avec Sedan, qui s'est s'incliné 7 fois lors de ses 8 dernières rencontres. En ce qui les concerne, les Ardennais étaient déjà dans une situation critique à la trêve: aujourd'hui 19e, le sauvetage semble ne dépendre que d'un sérieux coup de rein dans le sprint final.
Après un léger mieux à l'automne, les Rennais sont quant à eux retombés dans leurs travers de début de saison et l'effet Vahid semble avoir vécu. Les Bretons n'ont gagné que 2 de leurs 12 derniers matches, et ne doivent leur position hors de la zone rouge qu'à leur série de 5 victoires consécutives à la fin de l'année 2002. La lutte avec les concurrents sera rude.
Ajaccio est l'un de ceux-ci : le club corse avait connu un léger mieux avec la reprise de pouvoir de Courbis en janvier et février. Les ajacciens ont remporté 10 de leurs 14 points lors de leurs six premiers matches. Avec seulement 4 points depuis, les insulaires se retrouvent à devoir cravacher pour éviter la relégation.
Dans ce marasme ambiant, la joie de vivre montpelliéraine fait plaisir à voir. Si les Héraultais ont marqué autant de points que leurs concurrents du Havre, ils en ont néanmoins engrangé 15 lors des 7 dernières rencontres, contre 6 pour les Normands. Les Montpelliérains ont ainsi marqué plus de points que l'OM (13 points), le PSG (10 points) ou Auxerre (8 points) lors des deux derniers mois.
Dans ce groupe d'équipes laborieuses, Strasbourg joue les exceptions (comme toujours). Le rendement de l'équipe alsacienne est relativement faible, mais cette dernière bénéficie des points amassés pendant la première partie de saison. Avec le rythme actuel des équipes de bas de tableau (moins de 1 point par match pour la plupart, eux y compris), les strasbourgeois seraient de toute façon à l'abri d'une descente. Seul un effondrement final accompagné d'un net regain de forme de plusieurs des équipes du bas de tableau pourrait les menacer.
Quelques-uns des éléments qui pourraient jouer dans la course au maintien:
-Les deux réceptions consécutives d'Ajaccio lors deux prochaines journées, contre Monaco et Bordeaux.
-Lille-Sedan le 12 avril
-Sedan-Troyes le 19 avril
-Les deux réceptions consécutives du Havre lors deux dernières journées, contre Lens et Nice.
-Les deux déplacements à l'extérieur de Sedan lors des deux dernières journées, à Marseille et Sochaux.
-Les trois déplacements périlleux de Lille à Lyon, Auxerre et Bordeaux.
Guy Roux, suivi en permanence par ses bienveillants cardiologues. |
Les observations en vrac
Everson, multirécidiviste, veut grouper ses passages devant le conseil national de l'éthique?
Traoré ne fait pas dans la dentelle, mais dans la charpie.
Nice refuse le jeu, mais pas les points.
Le tir de Lesage a transpercé Deflandre et Coupet, faisant d'une pierre deux trous.
Sakho invective un journaliste de L'Équipe. Il ferait mieux de s'inscrire sur le forum des Cahiers pour expliquer calmement ses griefs.
Punition divine : Fiorèse n'obtiendra plus jamais de coups francs, même sur les fautes évidentes à son encontre.
Faciès angélique : Pedretti obtiendra toujours des coups francs, même sur les fautes imaginaires à son encontre.
Écrémage à la bordelaise : Bertin, Roda, Bagayoko et Ismaël ont été exclus du groupe strasbourgeois par Ivan Hasek.
Le martyre
Quant Gallardo prend un gros coup de coude en pleine gueule, l'arbitre ne siffle pas, les commentateurs parlent d'autre chose et pour finir, il prend un carton jaune.
La compassion douteuse
Élie Baup (L'Equipe) : "Le public a dû être ravi, c'est ce dont on peut espérer de mieux quand on est dans les tribunes". Prendre quatre buts à domicile, ça fait le bonheur des supporters rennais?
Le coup franc le moins limpide de Pauleta
Frappe écrasée, contrée, détournée et envoyée par inadvertance dans son propre but par un joueur adverse sur un lob malheureux.
Pas facile d'être gardien de but au FC Bagdad. |
Le titre mesuré
"Le PSG frôle l'exploit" (Le Parisien).
Le constat sans concession (1)
Julien Escudé (C+) : "Il va falloir revoir les aspects défensifs de notre jeu, et aussi l'attaque".
Le constat sans concession (2)
Julien Escudé (C+) : "Prendre quatre buts en vingt minutes, ça fait quand même beaucoup".
Le constat clinique
Jérôme Alonzo (C+) : "On est toujours en vie".
La résidence surveillée
Hadzibegic ne peut ni sortir de la zone du banc, ni sortir de la zone de relégation.
La grosse dépression
Vahid Halilhodzic.
L'éducation à refaire
Regragui râle parce que l'arbitre refuse son but de la main.
La liaison fatale
Denis Balbir (C+) : "Voilà que Rennes revient à quatre z'à deux".
Le commentaire qui fait peur
Karl Olive (C+) : "Lionel Potillon veut marquer de son empreinte ce Sochaux-PSG".
Le commentaire lyrique mal maîtrisé
Karl Olive (C+) : "Il s'envole comme un singe et la chance qui sourit aux grands gardiens".
Attention, c'est aussi celle de George W. Bush. |