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Suárez, le vrai et le fou

Luis Alberto Suárez empile buts, dribbles et passes décisives, concluant en beauté une année 2013 pourtant marquée par une longue période de suspension et des envies de départ. Une année à son image.

Auteur : Christophe Zemmour le 19 Dec 2013

 

 

Luis Suárez n’a pas manqué de mordant en 2013. Et il a définitivement l’art du contre-pied. C’est le 21 avril, lors de Liverpool-Chelsea, que l’attaquant uruguayen attrape le bras droit de Branislav Ivanovic et lui mord le biceps… en ce jour où l’enceinte d’Anfield Road célèbre Anne Williams, qui a perdu son fils lors du drame de Hillsborough et qui milita jusqu’à sa mort pour que justice soit faite, où les supporters des Reds et des Blues rendaient également hommage aux victimes de l’attentat du marathon de Boston.
 


Incorrigible

Après l’incident, on a resservi le passé de Suárez, son précédent aux Pays-Bas sur le joueur du PSV Eindhoven Otman Bakkal, son arrêt sur la ligne face au Ghana lors de la Coupe du monde 2010. Certains se sont amusés à créer des mèmes, redonnant finalement à cette morsure une portée moindre que celle que l’on a voulu lui prêter. Un jury indépendant a ainsi condamné l’attaquant uruguayen à dix matches de suspension dans le but d’envoyer “le message fort que des comportements si déplorables n’ont pas leur place sur un terrain de football”. La condamnation se voulait aussi un exemple, “les joueurs de haut niveau ayant le devoir de se comporter de façon professionnelle et responsable.”

 

Luis Suarez Liverpool
 


Comme chez Mario Balotelli, il y a pourtant quelque chose d’authentique dans ses actes instinctifs, décalés, pour ne pas dire fous ou complètement immatures. Suárez est d’ailleurs moins crédible quand il tente de se racheter une conduite, de s’excuser. À l’époque de l’affaire des propos à caractère racial qui l’a opposé à Patrice Evra, son déni puis sa défense basée sur l’emploi unique du terme ”negro” [1], dans le but d’apaiser la situation selon lui, ont créé un réel malaise. Idem quand il déclara vouloir quitter Liverpool le 31 mai 2013, se plaignant de l’indiscrétion des médias anglais, tout en étant annoncé du côté d’Arsenal.


Perpétuellement le séant entre deux chaises, le numéro 7 des Reds se place dans des positions délicates, devant trouver le juste équilibre entre son tempérament et un club mal à l’aise qui tente tantôt de le condamner [2], tantôt de le soutenir, en partie parce que ses prestations sont brillantes, cherchant ainsi un mariage de raison. S’il s’assumait complètement, s’il était définitivement un vrai méchant comme le laisse suggérer sa joie hilare après le penalty raté d’Asamoah Gyan lors de ce Uruguay-Ghana, Luis Suárez serait bien plus que cet enfant turbulent.

 

Irrésistible

Il serait alors, certainement, un personnage aussi intéressant que ce footballeur de classe mondiale est talentueux. Parce que là où l’homme a le don de se retrouver dans des situations impossibles, le joueur a la faculté époustouflante de créer des opportunités de but par ses déplacements, ses dribbles, sa conduite de balle, son calme, sa rapidité, sa capacité à se démarquer, sa vista, sa hargne. Tous deux sèment la confusion, provoquent le déséquilibre. Le 15 décembre dernier, Liverpool s’impose (5-0) à White Hart Lane face à Tottenham – précipitant l’éviction d’André Villas-Boas – grâce à une nouvelle prestation master-class de Luis Suárez.

 

 


Sur l’ouverture du score, il élimine Michael Dawson sur sa première touche, feinte la frappe et crochète à l’intérieur Kyle Walker, avant de placer un plat du pied gauche et de trouver le petit filet de Lloris. Un but stupéfiant de vitesse d’exécution, de maîtrise technique et de sang-froid. Il provoque l’expulsion de Paulinho, sert Jon Flanagan sur le troisième but, lobe astucieusement Lloris après avoir donné le coup d’oeil qu’il faut pour porter le score à 4-0, puis lance à la limite du hors-jeu Raheem Sterling qui clôt la marque. Une prestation complète qui fait écho à son quadruplé face à Norwich City le 4 décembre dernier.


Frappes lointaines, reprise dans les six-mètres, coup franc, caviar... Luis Suárez est tout simplement irrésistible ces dernières semaines, donnant le sentiment qu’il a encore progressé et pointant désormais à 17 buts en 11 rencontres de championnat depuis son retour de suspension en septembre. C’est la troisième fois que Norwich City encaisse au moins trois buts de sa part, performance qu’il répète en moyenne tous les 20,3 matches de Premier League selon la BBC. Luis Suárez a fait preuve lors de cette première moitié de saison d’un professionnalisme qui semble à la hauteur de son talent. Il est tout simplement l’un des meilleurs joueurs du monde, de cette catégorie d’attaquants inarrêtables dans un bon jour, voués à provoquer le chaos chez l’adversaire.


Le lendemain de son exploit contre Tottenham, il a reçu le prix du meilleur joueur de l’année décerné par la Football Supporters’ Federation. Si Liverpool réussit aussi bien sa saison 2013/14, les performances de Luis Suárez n’y sont pas étrangères, tout comme celles de Jordan Henderson, par exemple, ou encore le management de Brendan Rodgers. En juin, la Coupe du monde recèle la promesse d’une savoureuse association avec Edinson Cavani, voire Diego Forlán. Que Suárez soit aussi performant au Brésil qu’en club, qu’il y affirme son profil de joueur aussi vicieux que brillant, aussi instinctif que régulier, et il se fera une place certaine dans l’histoire de son sport. Une place à part.
 

 

[1] Patrice Évra l’avait accusé d’avoir utilisé ce mot cinq fois au cours du match Liverpool-Manchester United du 15 octobre 2011.
[2] Les péripéties de son faux départ furent nombreuses, entre brouille avec Brendan Rodgers autour d’une supposée promesse de libération si Liverpool ne se qualifiait pas pour la Ligue des champions 2013/14, déclarations de John Henry affirmant que le joueur ne bougerait pas et excuses auprès du public suivies d’une réintégration dans l’équipe première.

 

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