N’Doye 2008, quand Carquefou tomba l’OM
Un jour un but – En marquant le seul but de son équipe face à l’OM le 18 mars 2008, Idrissa N'Doye signe l’un des exploits les plus retentissants de l’histoire de la Coupe du France.
Sébastien Le Paih reçoit au milieu du terrain un ballon qu’il contrôle de la poitrine. D’un extérieur du pied droit, il l’expédie droit devant. Idrissa N'Doye échappe aux défenseurs marseillais qui tentaient de le mettre hors-jeu. L’attaquant sénégalais suit des yeux la trajectoire aérienne du ballon et parvient à s’en emparer juste avant que Cédric Carrasso n’intervienne. Le gardien phocéen s’est en effet hasardé à une sortie hors surface, mais il est éliminé par le contrôle de l’attaquant de Carquefou. La cage est alors grande ouverte et, sans même entrer dans la surface de réparation, N’Doye frappe de l’intérieur du droit. On craint un instant que la trajectoire incurvée finisse à côté, mais le ballon entre bien dans la cage.
Fou comme Carquefou
C’est une explosion de joie qui secoue les tribunes de la Beaujoire. L’USJA Carquefou n’a mis que sept minutes pour marquer contre l’Olympique de Marseille. À l’excitation de l’événement qui a précédé le coup d’envoi vient immédiatement celle d’un exploit qui prendrait vraiment forme. Pas le temps de laisser la raison prendre le dessus, le match démarre sur un coup de folie qui imprimera toute la soirée.
Un moment de bonheur qui vient à point dans un stade de la Beaujoire qui en manquait singulièrement. Le FC Nantes, maître des lieux, se morfond depuis quelques mois dans les combats douteux de la deuxième division. Ce 18 mars 2008, le club de Carquefou, quatorzième de CFA 2, sort donc le foot de Loire-Atlantique de sa léthargie. Son histoire avec la Coupe de France se résumait jusqu’alors et dans le meilleur des cas à des 32e de finale jamais franchis.
En 2008 donc, le club de la région nantaise se fraye un passage jusqu’en huitième de finale, après avoir notamment sorti Nancy, troisième de Ligue 1, au tour précédent. Et Papa Idrissa N’Doye, déjà, avait fait la différence en entrant dans le dernier quart d’heure pour secouer la lourde défense nancéienne et amener les deux buts de son équipe en prolongations (2-1).
Tradition de la Coupe
Face à l’OM, quatrième de Ligue 1, Carquefou vit un rêve éveillé. Sur le terrain, onze amateurs en blanc face à onze professionnels en orange, deux mondes qui se confrontent dans la pure tradition de la Coupe de France: des dégagements loin devant face aux combinaisons récitées à l'entraînement, un marquage d'homme à homme face à un placement de tableau noir. L’équipe marseillaise a plus de 83 minutes pour rétablir la situation. Il lui manque certes Mamadou Niang et Mathieu Valbuena mais elle peut compter sur Samir Nasri et Djibril Cissé pour surclasser un adversaire qui compte en tout quelques trois matches en Ligue 1, ceux disputés par son capitaine Sébastien Le Paih avec le FC Nantes au tout début de sa carrière.
Mais les hommes d’Eric Gerets ne sont pas dans un bon soir. Leurs offensives sont brouillonnes et les attaquants se heurtent à un gardien de but en état de grâce, Alban Joinel, impérial sur chaque ballon aérien. Les minutes s’égrènent alors très vite pour l’OM, et lentement pour le public nantais. Lorsque monsieur Ennjimi siffle la fin, Carquefou signe un exploit invraisemblable et N'Doye imprime son nom dans l’histoire du foot.
De l’OM au PSG
Pour les quarts de finale, le tirage au sort proposera à Carquefou un autre cador de la Ligue 1, le Paris Saint-Germain. Nouvelle effervescence au stade de la Beaujoire, où l’USJA tiendra tête à l’équipe C du club de la capitale. Paul Le Guen a en effet aligné une équipe de réservistes, mais il devra quand même faire entrer sa vedette Pedro Miguel Pauleta pour faire la différence en fin de match (1-0).
Carquefou vit aujourd’hui avec le souvenir de ces moments exceptionnels. Personne n’a oublié le nom de Papa Idrissa N'Doye. Le buteur sénégalais était arrivé un peu par hasard à Carquefou en 2006 après quelques périples en Albanie et au Portugal. Quinze mois après son exploit contre l’OM, il tentera de nouveau une aventure rocambolesque en rejoignant le MFK Ružomberok, en première division slovaque. Il n’y restera que trois mois, avant de revenir en Loire-Atlantique. Il fera finalement les beaux jours des Voltigeurs de Châteaubriant, à quelques kilomètres du stade de la Beaujoire où il a laissé une marque indélébile.