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Neville Southall, des dégagements à l'engagement

When Saturday Comes – Les commentaires de l’ancien gardien de but d’Everton et du Pays de Galles sur les médias sociaux en ont fait un héros de la gauche, tout en montrant que le football pouvait s’affranchir de sa culture viriliste.

Auteur : Joe Kennedy le 16 Avr 2018

 


Extrait du numéro 374 de
When Saturday Comes. Titre original : "Rebel Neville", traduction La Menace Chantôme.

 

* * *

 

Twitter a parfois de quoi désenchanter les amateurs de football ayant une vision légèrement progressiste. En plongeant là où les médias sociaux échappent à l’œil attentif des médias traditionnels, il est facile de tomber sur des tirades non filtrées de la part d’un de ses joueurs favoris – et d’y découvrir des publications de nature à vous rendre bien moins enclin à l’idée de célébrer ses buts à l’avenir. Parfois, soutenir son club nécessite donc de savoir se pincer les nez pour éviter les effluves d’opinions nauséabondes.

 

Il serait néanmoins injuste de suggérer que les footballeurs en général ont tendance à faire preuve d’un sexisme décontracté, d’une homophobie tenace ou d’un nationalisme mesquin; le problème est que lorsque certains joueurs expriment ce genre d’idées, on déplore souvent l’absence d’une voix célèbre s’élevant pour y répondre. Rien d’étonnant, donc, à ce que les éventuelles positions plus libérales [1] – voire de gauche – en provenance du monde du football soient accueillies comme le messie par certains fans.

 

Ces dernières ne permettent pas uniquement de défendre ce sport contre les accusations de réactionnisme viscéral dont il fait l’objet; elles nous aident également à faire taire nos propres suspicions tenaces à ce sujet. Quelle que soit mon opinion de la valeur du football pour la société en général, compte tenu de tout ce que j’ai pu entendre en tribunes tout au long de ma vie, il serait malhonnête de ma part de nier que le football est parfois capable d’entretenir des préjugés des plus affligeants.

 

 

 
 

 

Quelques précédents

La culpabilité tenace de ceux contraints de supporter des environnements aussi toxiques explique en partie l’enthousiasme suscité par la récente renaissance de l’ancien portier d’Everton et du Pays de Galles, Neville Southall (@NevilleSouthall), en tant que héros de la gauche. Pourtant, cette légende du foot gallois n’est pas un cas isolé.

 

Il y eut Bill Shankly et son analogie entre le football et le socialisme; et aussi Chris Hughton, qui écrivait une chronique pour le quotidien trotskiste News Line. Plus récemment, Gary Lineker, ex-coéquipier du même Neville Southall à Goodison, a fait preuve d’une modération europhile au plus fort du mouvement en faveur du Brexit. Il y eut également une variété de joueurs étrangers, comme Cristiano Lucarelli de Livourne ou le fidèle intériste Javier Zanetti, qui ont affirmé d’une manière ou d’une autre leur appartenance à la gauche.

 

Mais le cas de Neville Southall est différent, car celui-ci apparaît comme le premier personnage pleinement engagé sur les questions d’ordre social (du féminisme à l’antiracisme, en passant par les droits de la communauté LGBT ou l’égalité sur le lieu de travail) sur la scène britannique. Ses tweets, qui ont gagné l'attention du grand public lors des dernières élections législatives, critiquent régulièrement le parti conservateur pour sa politique d’austérité, ainsi que pour son plan de privatisation déguisée du système de santé publique (NHS).

 

Une personnalité différente 

Il a également soutenu des campagnes pour les droits des transsexuels avec une sincérité qui fait défaut à un bon nombre de personnalités libérales locales. Mélangeant souvent ses observations politiques à des envolées gothiques mettant en scène des squelettes, et rédigées avec une rythmique poétique, ses tweets montrent une personnalité différente de celles auxquelles le monde du football nous a habitués, ne serait-ce que pour leur style souvent provocateur emprunté aux vestiaires d’antan.

 

Trop souvent, la misogynie, l’homophobie et le racisme sont présentés comme un aspect inaltérable de la masculinité des individus de la classe ouvrière. Il suffit de voir comment certains ont tenté de défendre le fameux "grab them by the pussy" [2] de Donald Trump en affirmant qu’il ne s’agissait que d’une "fanfaronnade de vestiaire" – de la déconne, en d’autres termes. Pourtant, Southall appartient lui-même à une période de l’histoire du foot britannique où cette culture du vestiaire était souvent d’un machisme étouffant, comme le montrent les autobiographies de certains de ses contemporains.

 

Ces ouvrages sont généralement présentés comme remplis d’anecdotes insolites, alors qu’en réalité, leurs récits sont souvent plus affligeants qu’autre chose. La deuxième moitié des années 1980 – l’apogée de la carrière de Neville Southall – restera d’ailleurs dans les annales comme une période marquée par les beuveries après les entraînements, la conduite en état d’ivresse, les bagarres aux courses de chevaux et autres délits sexuels. Tout cet univers grotesque s’est finalement effondré, laissant les joueurs face aux conséquences de leur alcoolisme et de relations brisées en mille morceaux.

 

 

Humanisation des joueurs

De par son apparence et le ton de sa voix, l’ancien international gallois pourrait être vu comme un des symboles de cette période. Du coup, lorsqu’il affirme sur Twitter n’en avoir "rien à foutre" des préférences ou de l’identité sexuelles de quelqu’un, ou que tout le monde mérite du respect sans discrimination, il ne laisse plus aucune excuse à ceux qui jouent les durs et tentent de justifier tout discours haineux comme un comportement normal chez "les mecs". "Big Nev" a suffisamment de répartie pour remettre à sa place n’importe quel chroniqueur d’un journal de droite affirmant que la liberté d’expression des petites gens serait victime de la dictature du politiquement correct. 

 

En outre, l’enthousiasme l’accompagnant est compréhensible, car il émane de partisans de gauche à qui on raconte depuis deux ans que le socialisme défendant les droits des uns et des autres n’aura jamais sa place chez les hommes, les vrais. Neville Southall a toujours été une tête de mule, comme peuvent en témoigner ceux qui se souviennent de sa célèbre "bouderie" sur la pelouse de Goodison Park à la mi-temps d’un match contre Leeds au cours de la saison 1990/91. Aujourd’hui, cette obstination semble avoir trouvé une expression plus mure et généreuse sur le plan social.

 

Dernière raison pour laquelle son activité sur Twitter suscite autant d’engouement: elle permet à un joueur ayant des opinions totalement déconnectées du football de briser le quatrième mur. Les anecdotes du genre – d’Éric Cantona faisant de la peinture et citant Rimbaud à Juan Mata animant un blog sur les galeries d’art de Manchester et faisant don d’une partie de ses revenus à des associations caritatives – ont pour effet d’humaniser les joueurs aux yeux d’un public habitué à les voir comme des machines à pousser un ballon. Mais dans le cas précis de Southall, c’est surtout le fait que cet intérêt extra sportif soit porté sur la politique qui marque les esprits.

 

[1] On emploie ici "libéral" au sens anglo-saxon de "progressiste" ou "de gauche".
[2] En référence une vidéo d'Access Hollywood où l'ancien acteur de téléréalité et actuel président des États-Unis affirmait que sa célébrité lui permettait de faire tout ce qu'il voulait avec les femmes, y compris les "attraper par la chatte".

 

 

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