Paris-Marseille coupe la France
Le premier commentaire qui vient au terme de cette rencontre est qu'elle n'a heureusement pas renoué avec les ambiances pourries qui étaient jadis la règle. Les intenses rotations d'effectifs et un retour de Tapie qui n'a pas coïncidé avec un tel revival expliquent en partie cette détente. Les joueurs eux-mêmes n'ont pas dérapé, et pour cela il faut reconnaître l'importance absolue d'une juste et autoritaire prestation de l'arbitre (trois cartons jaunes dans les vingt premières minutes, ça calme). Merci donc à Alain Sars, quoi qu'en pensent les deux parties.
Si le jeu n'a pas toujours atteint des sommets, il a opposé deux équipes en net regain de confiance. Marseille montrait ainsi l'élévation de son niveau technique, prenant le dessus dans ce domaine sur une équipe parisienne qui comportait il est vrai des titulaires comme Llacer, Leroy ou Cissé. Cependant, avec un Rivera sans influence, l'OM a semblé revenir à un stade antérieur, avec un Andre Luiz absolument prépondérant. Hier soir, le rendement de son équipe a presque totalement reposé sur ses épaules, et sur ses coups de pied arrêtés, comme en témoigne le but de Van Buyten (le contre-exemple, c'est évidemment son tir au but manqué en toute fin de première mi-temps). Devant, Alfonso est un poison permanent, selon le cliché en usage, mais il n'a pas pu se retrouver dans une position véritablement décisive, pas plus que Sakho qui n'a pas mené très loin ses tentatives. Les deux seules ouvertures de la rencontre sont certes venues sur deux erreurs de défense antiaérienne, mais les arrière-gardes — très difficiles à bouger et bien soutenues par des milieux de terrain de combat — ont toutes deux été à l'honneur, contribuant au blocage relatif de l'affrontement, avare en occasions franches. Les entrées de Bakayoko et de Dalmat ont donné un peu d'espace aux attaques phocéennes, mais ce furent encore les coups francs et les corners qui amenèrent les plus grandes opportunités, jusque dans la prolongation.
Fernandez avait choisi de se priver d'Alex et Aloisio au coup d'envoi, ce qui a dû de nouveau provoquer des soupirs de soulagement chez les supporters des Blancs. La confiance absolue qu'il accorde à Fiorèse depuis son arrivée est belle, mais l'ex-Guingampais est resté très discret, même si sa hargne intermittente et ses excellents appels de balle peuvent créer le danger à tout moment. Il a reculé d'un cran en cours de match, et ses efforts ont alors été plus précieux. En première mi-temps, le seul Hugo Leal n'a pu à lui seul compenser un certain manque de qualité, pour parler comme Luis. Ronaldinho lui-même a été un peu en-dessous de ses prestations récentes, ne cadrant par exemple pas ses coups francs. Mais son impact sur le groupe et sur le public est un atout de taille. Entrée en jeu en deux fois (46e et 75e mintes), l'ex-doublette stéphanoise n'a pas réussi à vaincre son inefficacité chronique, assez peu aidée en cela par la confiance très relative de l'entraîneur. Quant à Heinze, il a ce petit grain de folie qui le rend sympathique aux supporters, et une rage toute particulière, à l'image de son but qui n'est pas tout à fait celui d'un styliste.
L'avantage des gardiens comme Alonzo, c'est qu'ils assurent un surcroît de spectacle, à l'image du penalty concédé puis arrêté au premier tournant du match. Il aurait peut-être pu intervenir sur la trajectoire coupée par Van Buyten, mais ses manchettes ont fait avorter les meilleures occasions marseillaises. Comme le remplaçant de Letizi est Marseillais d'origine et ancien de l'OM, il avait donc l'étoffe du héros du match, devançant de très peu son vis-à-vis dans la séance finale. Au passage, Runje a montré que l'OM pouvait difficilement se passer de lui.
Cette victoire à l'arraché rend donc justice à la domination parisienne, mais pas à la vaillance des joueurs d'Emon, qui ont failli réussir un joli coup, mais abandonnent leur dernier objectif excitant de la saison. Il ne reste qu'un maintien largement à leur portée, et la préparation de la saison prochaine…
Le PSG emprunte une courbe toute différente, restant en course dans les deux coupes et pour une place en ligne des champions. Fernandez avait saisi l'importance —pas seulement symbolique — de la confrontation, et il est allé exhorter la tribune après le dernier arrêt d'Alonzo. Un peu de com au moment où cela sourit, c'est assez judicieux.
BRÉVIAIRE
troisième homme
C'est Alonzo qui va aller à la Coupe du monde.
tgv
Avec les prolongations et les tirs aux buts, on n'était pas loin de Paris-Marseille en trois heures.
tapis rouge
Llacer sur Andre Luiz, c'était pour inciter le Brésilien à venir à Paris?
auto-allumage
Auteuil : "Ce soir on se met le feu".
ligne blanche
Scandale : Fernandez saupoudre de la coke dans les cages pour stimuler son gardien pendant la séance de tirs aux buts.
fin du débat sur l'arbitrage à Marseille
Ce n'est pas la peine de siffler des penalties pour les joueurs de l'OM, ils ne savent pas les tirer de toute façon.
nostalgie
Ce qu'il y a bien avec la Coupe de France, c'est le revival année 80 des maillots.
obsédé
Même parti de Nantes, Wilfried Dalmat a toujours droit aux commentaires sarcastiques et déplacés de Jean-Michel Larqué.
on dirait le sud
Marseille, au niveau des séances de penalties, c'est un peu l'Italie.