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Petites histoires d’un face à face… vues par le gardien

Un duel est un moment important et qui peut être difficile pour celui qui a obligation de marquer, comme pour celui qui est censé l'en empêcher. Pour ce dernier, tout ne se déroule pas toujours comme prévu.

Auteur : Mevatlav Ekraspeck le 1 Fev 2017

 

 

Une rumeur tenace affirme que le gardien est un être solitaire, différent, de la caste de ceux qui n’ont besoin de personne. C’est faux. Un gardien n’est pas seul, il est abandonné, nuance. Lâché par sa défense, par un arbitre, par les dieux du football. Il est même étonnant de ne pas voir, l’été venu, des gardiens attachés à un platane sur le bord d’une nationale par des entraîneurs sans cœur qui abandonnent leur goalkeeper devenu trop vieux ou trop encombrant. Il paraît que la SPA a été fondée par un ancien gardien, c’est dire.

 

 

Le gardien, pourtant, il ne demande que ça, être entouré. Deux gars aux poteaux sur les corners, des types qui accourent vers lui en défense, une surface de réparation bien occupée par des copains bien accrochés au maillot des assaillants, ou même une bonne âme qui vient vous tirer les six-mètres. Le gardien, c’est le timide de la boum, qui se fout dans un coin mais qui est heureux d’être là, en attendant d’être le sauveur de la soirée pour une copine ou un DJ en mal d’inspiration. Si tout le monde dans l’équipe fait son travail, normalement, vous êtes tranquille. Quelques centres à gober, quelques frappes lointaines à sortir pour se faire plaisir sur une petite horizontale ou une grande claquette, et puis fin des hostilités. Mais quand ça coince et que vous vous trouvez livrés à vous-même en un-contre-un, là, c’est autre chose. Le grand moment de solitude, il est là, mais ce n’est pas de votre fait.

 

C’est alors là que tout le monde vous regarde, comptant sur vos talents et votre force de dissuasion pour annihiler le danger. Ben voyons. Soit vous réussissez et c’est absolument normal et votre arrêt sombrera dans une mer d’oubli et d’ingratitude (et même certains taxeront l’attaquant de nullité crasse), soit vous encaissez le but et vous êtes bons pour les reproches et les quolibets. Petit tour des options possibles, et présentation préalable de votre défense, histoire de bien comprendre la situation.

 

 

Les protagonistes

Donc le 11 adverse, une espèce de nain tout râblé qui tourne autour de votre défense depuis le coup de sifflet initial, vient de trouver la faille. Lancé d’une amour d’ouverture par leur grand meneur tout chauve, le démarrage est fulgurant. Pétrifiée, votre charnière centrale s’engueule copieusement concernant l’évadé. À gauche, Buda. Lui, c’est un garçon avec un nom interdit au scrabble, parce qu’il est Hongrois. Enfin Hongrois, hongrois mais on n’est pas sûrs, alors plutôt que de questionner ce grand gaillard soupe-au-lait sur ses origines, on l’a surnommé comme la capitale magyare, ce bon Buda... Et puis ça tombe bien parce que la peste est à côté de lui, en la personne de Fifi. Quarante ans dont vingt-cinq passés à broyer des chevilles et à enfoncer des côtes flottantes, avec des talents hors-norme pour cacher son vice. À tel point que, avant que l’époque n’exige des défenseurs centraux qu’ils sachent un minimum manier le ballon, il avait été faire un petit tour à l’étage semi-professionnel pour faire l’étalage de ses talents, envoyer des briques et démolir de l’avant-centre. Un succès, mais l’arrivée des techniciens à son poste chassa Fifi et sa caste aux étages inférieurs. Il est donc venu prendre du plaisir au côté du hongrois afin de continuer à perpétrer des méfaits, et avec le sourire. Enfin quand ils s’entendent sur le hors-jeu.

 

Aux ailes, à votre gauche Mamadou, Malien d’une gentillesse sans égal, d’une endurance hors-norme et qui a fait de la relance un art abouti. À droite, Kévin, sprinteur de son état, du football plein les pieds mais un grand verre d’eau tiède entre ses deux oreilles qui ne veulent entendre que ce qu’elles veulent, surtout s’il s’agit d’un motif d’accrochage avec l’arbitre, l’adversaire, le spectateur, le coéquipier, la taupe, le poteau de corner, le vent du nord, voire lui-même. Kévin, c’est la certitude d’apprendre plein de gros mots durant quatre-vingt-dix minutes ou moins, puisque il collectionne les expulsions.

 

À la coordination de tout ce bon monde, Lulu, entraîneur mythomane. Il ment à tout le monde, tout le temps: sur ses compositions d’équipes supposées changeantes, mais en fait immuables; sur ses tactiques, qui passent du 4-4-2 au 5-5-0 sans qu’on s’en rende compte, aux arbitres sur des hors-jeu douteux, au président du club, sur son CV, le contenu des entraînements ou ses contacts en D2 pour faire venir des bons joueurs. Il n’y a qu’au trésorier qu’il ne ment pas et pour cause: c’est sa femme. Et encore, on a des doutes sur son emploi du temps, au Lulu...

 

Son "putain on l’a travaillé jeudi à l’entraînement" n’est qu’un pavé de plus posé sur l’avenue de sa mauvaise foi, puisque ça fait deux mois qu’on n’a rien fait au sujet de l’alignement du quatre de derrière. Mais il faut bien faire croire au président, en déplacement chaque semaine, qu’on fait autre chose que des oppositions sur moitié de terrain les mardis et jeudis. Et son "dimanche prochain Fifi je le laisse à la sieste" est tout aussi mensonger, puisque le garçon peut se trouer dix fois par rencontre que son passé d’ancien combattant en D2 lui confère le statut d’élément indéboulonnable. Là où ce bon Lulu est un indicateur fiable, c’est sur son cri. Il a beau être d’une mauvaise foi absolue en toute circonstance, quand on fait une connerie, il émet cet espèce de son rauque, mariage subtil de mugissement bovin et de boîte de vitesse qui craque. C’est le bruit de la sincérité chez Lulu, car il vient aussi saluer la joie du but. Et là, le Lulu, il vient de se faire plaisir durant trois longues secondes, fustigeant la rupture de sa muraille de Chine. Il va donc accompagner de la voix et du regard la suite des événements...

 

 

Option 1: la sortie ratée

Vous partez une demi-seconde trop tard, le temps de réaliser que Buda et Fifi se sont loupés. L’ouverture est splendide, le départ au ras des moustaches de l’autre nabot est imparable. Au départ, vous vous transformez en publicité Manpower géante, De Vinci n’aurait rien renié de votre gesticulation bras tendus et jambes écartées. Conscient du ridicule de la chose, vous décidez de tenter malgré tout d’aller récupérer le ballon, en comptant sur une motte de terre ou autre miracle qui fasse que vous soyez sur la gonfle avant l’autre. Peine perdue. Vous voilà giclant au sol pour rien, et votre bourreau de vous achever d’une splendide balle piquée. Vous avez même le temps de voir cette petite louche survoler votre corps inutilement étalé sur l’herbe et finir sa belle courbe oblique dans vos filets désertés. Hu-mi-lié. Vous avez tout faux, en n’effleurant ni le cuir, ni le onze, ils vous ont tous les deux soigneusement évité. La honte et les lazzis, eux, ne vous ratent pas.

 

 

Introspection zoologique en cours: buse, chèvre, méduse, blaireau, muge, tout le règne animal y passe, seul Kévin, qui n’y connaît rien au monde du vivant, vous propose d’envisager des relations intimes tarifées et sodomites. L’élégance faite homme. Ce qui est bien c’est que du coup Fifi et Buda sont passés à autre chose, en vous suggérant le passage rapide d’un test de QI. Vous ne dites trop rien, parce qu’au fond de vous l’évidence s’illumine: vous vous êtes totalement troué. Tandis que le buteur termine sa transe entouré des siens, sans manquer de vous toiser d’un oeil narquois, vos coéquipiers repartent engager le match, en vous tournant le dos, sans même un regard pour vous. Seul ce grand Mamadou vous envoie un petit geste, les deux poings serrés pour vous inciter à repartir. Quand il n’y a plus que les gentils qui pensent à vous, c’est que vraiment vous avez touché le fond.

 

Lulu a éructé deux fois: une fois pour les centraux, une deuxième fois pour votre sortie d’ectoplasme. Avec son bel accent narbonnais et sa pénurie habituelle de ponctuation ça donne à peu près "nonmébordelcépapocibmékeltanchasse! La semaine prochaine tu vires toi et ta caravane accrochée au fondement et tes gants en peau de chibre tu va me les oublier pour les quinze années à venir espèce de tonneau de Lézignan de mes deux!" Le tout envoyé en moins de dix secondes. Bon, première bonne nouvelle, vous êtes reconduit pour le déplacement à la préfecture pour le derby; quant à la deuxième, c’est qu’il regarde déjà de nouveau vers Fifi et Lulu en leur assénant un "eh les mecs quand on a rat crevé en guise de gardien derrière ses fesses on évite les plaisanteries du genre jouer le hors-jeu..." le tout finissant dans une litanie de reproches adressés à un Buda qui a quand même une belle tête de coupable. Reste à identifier ce que les barriques du nord-audois ont de spécifique, mais ça attendra un peu.

 

Et c’est ainsi que, enfoncé par chacun et oublié de tous, tout vous pousse à confirmer la théorie du gardien abandonné. Dans un élan de profonde mélancolie, vous vous souvenez de cette sémantique guerrière et morbide avec laquelle la presse évoque le sort des gardiens: "fusillé à bout portant", quelquefois "exécuté", les termes militaires sont sans équivoque sur le sort réservé à la caste. Pire, le gardien est souvent "trompé". Cocufié, donc. Comme si les déboires conjugaux avaient un rapport avec un défenseur central qui s’oublie. Il faudra vérifier le portable de Buda, quand-même.

 

 

Option 2: la sortie réussie

Vous attrapez donc le ballon, un petit mètre devant la torpille qui vous file dessus. Le ballon, pour un gardien, c’est l’immunité diplomatique. Vous pouvez conduire en plein Paname à 100 km/h avec deux kilos de cocaïne dans le coffre, "ranafout" comme dit Kévin, vous avez la plaque verte de l’ambassade, la république bananière que papa gouverne vous offre impunité et protection. Le cuir dans les mains du goal, c’est pareil. Une fois la balle saisie, vous entamez donc la figure imposée de tout gardien qui se respecte, le repli en position fœtale pour protéger l’objet de votre amour. Tout la subtilité de l’opération consiste à amorcer le mouvement de jambe vers le torse tout en emportant par la même occasion l’auteur de la percée avortée. L’idéal étant que la lame ainsi créée fauche l’attaquant au niveau des protège-tibias afin de le précipiter au sol. Ainsi châtié, l’attaquant saura que le territoire est déjà sous le contrôle d’un animal dominant et impitoyable et qu’il ne doit pas y remettre les crampons. Lulu vous salue d’un "t’es le meilleur, poulet" assez suspect, vous cherchez où se trouve le mensonge l’espace d’un instant. Puis il fait son p‘tit cri. Sauvé.

 

 

Bingo, à vos compétences d’homme providentiel viennent s’ajouter un nouvel item: celui de la moissonneuse-batteuse. Découpé net mais en toute légalité, le roquet traverse plusieurs phases: celle de la douleur honteusement simulée par de grandes convulsions (c’est vachement sensible un protège-tibia), celle de la révolte offusquée exprimée à grands renforts de moulinets une fois debout (ça se remet vachement vite un protège-tibia), puis celle du sprint effréné vers l’arbitre pour réclamer justice (c’est qu’il a vachement souffert mon protège-tibia). Rien n’y fait, les lois du jeu sont là pour vous, et le nain à beau hurler sa rage à la face du monde, le match continue. D’une relance propre vers Mamadou, qui lui même fera de la dentelle avec ses pieds avant d’expédier une merveille de ballon vers votre attaque, vous constatez l’étendue de votre splendeur, débout, fier comme Artaban. Vous êtes grand, beau, puissant, infranchissable, vous êtes immense, vous êtes un albatros.

 

 

Option 3: la sortie à la con, penalty inclus

Bon, et bien l’albatros s’est mué en poulet... C’est un raté, c’est vrai. Vous avez tout arraché: l’attaquant, le ballon, un coup de sifflet courroucé à l’arbitre et un autre grand cri rauque à Lulu. Grincheux a volé comme un perdrix poursuivie par un épagneul, et vient de finir sa course deux mètres plus loin en beuglant comme si vous l’aviez estropié. Vos deux mains n’ont en effet trouvé que ses chaussures, le ballon ayant été préalablement poussé cinquante centimètres plus loin par l’adversaire. Le saligaud. Et en plus le vice a payé. Et bien évidemment, désormais il est debout, bien sur pied, prêt à se faire justice lui-même quand il était plus proche de la demande MDPH que de la résurrection il y a trente secondes. Le voilà réjoui, sur le point de vous crucifier. Ah oui, le champ lexical biblique fait aussi partie des éléments de langages sympathiques utilisé à l’encontre des gardiens: crucifiés donc, mais aussi mystifiés, parfois ils vivent un calvaire… Ils sont les fils spirituels du Christ rédempteur, à croire la presse. Tant mieux quelque part, c’est l’heure du miracle. Car oui, un arrêt sur un péno, forcément, ça relève de l’irrationnel, de l’inexplicable, donc du religieux.

 

 

C’est agaçant quand on est gardien, un penalty, parce qu’à voir la réaction de tout le monde, c’est comme si le but était déjà marqué. Vous pourriez vous asseoir tranquillement au pied du poteau en attendant l’exécution du coup de pied de réparation que ça reviendrait au même. Et pourtant rien n’est perdu. Un arrêt et hop, la situation se retourne. La bévue de Buda et Fifi, oubliée. La sortie version Stanley Menzo, envolée. L’ascendant psychologique de la petite frappe sur la charnière et vous même, évaporée. Vous voilà héros. Dieu était occupé, visiblement.

 

Non seulement vous prenez un carton jaune, mais en plus l’autre crevure vous finit le boulot d’une lucarne, forcément opposée à votre bon de cabri aussi pathétique qu’inutile. Lulu refait votre arbre généalogique, Kévin ne dit trop rien parce qu’il est le plus grand pourvoyeur en fautes dans la surface de l’équipe, Buda boude et Fifi fuit. Une fois de plus, abandonné de tous, vous balancez d’un grand coup de pompe rageur le ballon dans le rond central face à une dizaine de dos méprisants. Même Mamadou vous ignore, c’est dire… La prochaine fois, tant qu’à faire, vous sortez en boulet de canon, vous fauchez tout le monde (la balle, l’avant-centre, les pâquerettes), penalty et rouge derrière. Au moins, ce n’est pas vous qui encaisserez le but. Gardien abandonné, certes, mais on a sa fierté...

 

Réactions

  • Nos meilleures Sané le 01/02/2017 à 10h26
    C'est tellement ça...
    En lisant, je me disais, mais pourquoi... pourquoi je m'inflige ça...

    Et puis Vendredi soir, je remettrai mes gants et mes chaussures dans mon sac, avec le sourire... et direction le stade...

  • balashov22 le 01/02/2017 à 12h09
    Quand je jouais au foot, j'étais gardien.
    Quand je jouais au hand, j'étais gardien.
    Maintenant que je joue au volley, ça me manque. Du coup je joue passeur, histoire de rester dans le masochisme.

  • Mevatlav Ekraspeck le 01/02/2017 à 12h19
    balashov22 : rajoutes le rugby pour mon cas, puis même parcours, même constat... sauf que qu'ils m'ont collé central. Mais comme les coups me manquent, je fais des passages en libéro, ce qui équivaut à un poste de goal à volley...


  • balashov22 le 01/02/2017 à 12h31
    Et au rugby, tu jouais où ?

    Au volley, c'est vrai que libéro ça se rapproche plus du gardien de foot puisque c'est sur lui que les plus grosses pralines arrivent (enfin, c'est lui qui va se mettre là où va arriver la grosse praline, pour être précis).
    Mais là où on retrouve une part de masochisme dans le poste de passeur, c'est que si on lui relance une bonne balle, il doit faire une passe parfaite, et si on lui relance une mauvaise balle, il doit se démerder pour la rendre jouable. Dans tous les cas, on compte sur lui pour construire le jeu, c'est donc davantage un numéro 10 (qui peut du reste marquer également si l'occasion se présente).

  • Mevatlav Ekraspeck le 01/02/2017 à 13h05
    Rugby, j'ai donné en 9 ou en 15. J'ai adoré le poste de demi-de-mêlée, mon dos moins. J'ai pris moins de plaisir en 15, qui reste la preuve que les japonais sont les inventeurs du rugby moderne : l'idée de créer le poste d'arrière ne peut venir que du même cerveau qui a inventé la notion de kamikaze.

  • McManaman le 01/02/2017 à 14h10
    Rhaaaa, la vision cruelle d'un gardien lobé, mon plaisir coupable préféré. Ce moment où il comprend qu'il ne touchera pas la balle mais qu'il ne s'est pas encore retourné pour voir si elle va rentrer, alors que tu sais déjà que ça va faire ficelle...

    Cet instant où le ballon est mollement en l'air et qu'il va rentrer doucement sans que personne ne puisse y changer quoi que ce soit. Longtemps mon pêché mignon, que ce soit en balle piquée ou un lob plus lointain face à un gardien sorti bien trop tôt.

    (bon, la balle piquée qui finit tout droit dans les gants du gardien qui n'a pas bougé, c'est une autre histoire)

  • Hydresec le 01/02/2017 à 15h36
    Ouais, se faire lober sur une sortie, c'est pas agréable, je confirme (même si j'étais le premier à le faire sur les autres gardiens du club à l'entraînement).
    Je remercie Mev d'avoir replacé le contexte : un face-à-face attaquant-gardien est nécessairement une anomalie, générée par l'incompétence-indolence-inconscience des supposés défenseurs, ces partenaires félons qui, effectivement, seront les premiers à houspiller le malheureux portier qu'ils auront abandonné, sans même faire semblant de revenir, vu qu'ils sont cramés depuis la demi-heure de jeu à cause d'une rentrée trop tardive, comme d'habitude, du Macumba la veille au soir.

  • Nos meilleures Sané le 01/02/2017 à 18h36
    Je crois que le pire sentiment en tant que gardien, c'est quand ton équipe rencontre une équipe largement supérieur, qu'au final c'est toi qui parcourt le plus de km dans le match tellement les vagues d'attaquants adverses vont et viennent sans discontinuer... que tu fais le match de ta vie enchainant les horizontales, les sorties en libéro inspirées, les réflexes venus d'ailleurs au point que les adveresaires te félicitent à la mi-temps... et que tu fini par craquer sur une boulette ou une erreur d'appréciation, et que c'est la seule chose dont on parle pendant l'apéro et le repas après.

    C'était il y a 15 jours... et y a 1 mois et demi aussi... et, et, et...

  • Mevatlav Ekraspeck le 01/02/2017 à 23h52
    J'ai un souvenir, comme ça, il y a 10 ans pile : 92 minutes d'une résistance absolue. Je crois que j'avais tout sorti, j'étais en feu.

    Je me la suis mise sur corner, gogogadgetaupoing, sortie à la Grégorini. J'ai prétexté une contracture pour plus revenir d'un mois ou presque, et pour cause :

    Le corner avait été "obtenu" par mon latéral gauche qui avait tapé dans le cul du milieu défensif qui venait de lui faire une touche.

    Durant la partie, on avait raté deux pénos et j'ai compté au moins deux Bakayoko et trois Titi Camara.

    Mais après ce que je m'étais entendu, j'ai dit "dermerdez vous".

  • José-Mickaël le 02/02/2017 à 00h34
    Je déteste qu'on me vouvoie : « vous faites ceci, vous faites cela ». Non : *TU* fais ceci, *TU* fais cela. Surtout si c'est pour dire que je commets une grosse boulette. D'ailleurs je n'ai jamais été gardien de but, et toc. Mais c'est tellement bien raconté, si vivant, si prenant, si sincère, qu'en fait j'ai a-do-ré ce texte !

    Sinon, concernant le thème du match héroïque qui finit mal, les deux messages ci-dessus me rappellent ce qui m'est arrivé au lycée, mais en volley. J'ai toujours été mauvais en sport à l'école (mais pas assez nul pour qu'on me mette dans les cages, juste ce qu'il faut pour faire défenseur), mais ce jour là ils avaient organisé un tournoi inter-classes de volley et pour une fois j'étais motivé (la compétition, c'est plus drôle que l'entraînement).

    En volley je n'ai jamais sur servir, ni comme au collège à la cuillère, ni comme au lycée en volleyant avec le plat de la main. Ma technique, qui n'appartient qu'à moi et qui a dû faire hurler tous les profs de sport, c'est de faire une sorte de coup droit et de taper avec la partie du poing où je plie le pouce et l'index. Ça donne un service qui rase le filet une fois sur deux, et qui se plante dans le filet l'autre fois.

    Bref, notre match avait commencé de façon catastrophique, genre on était menés 0-9 (je me souviens parfaitement qu'on n'avait pas mis un seul point), mais c'est à moi de servir, et je plante sept aces consécutifs avec ma technique à la mord-moi-le-noeud (ça aussi je m'en souviens bien : sept aces à la suite, le match de ma vie !) J'étais le héros du jour !

    On était donc revenus dans le match, mais nos adversaires étaient quand même plus fort, et voilà une balle de match pour eux. On devait être à 12-14, quelque chose comme ça. Je suis devant le filet, à gauche, et la balle arrive vers moi, mollement, en diagonale. Aucune difficulté, même pour moi qui suis mauvais en sport : il suffit de la passer tranquillement vers le centre et de laisser les copains se démerder avec. Tout le monde me hurle « laisse ! » mais je ne pense pas que ça soit la cause de ma bourde. Je ne sais pas comment je m'y suis pris, mais j'ai foiré mon geste et envoyé la balle par terre, d'où perte du point et du match. En fait, la balle allait sortir et on aurait gagné le point si je l'avais laissée. Du coup tout le monde a oublié mon exploit de début de match et je me suis fait engueuler !

    (Tiens, ça fait du bien de raconter ça des années après...)

La revue des Cahiers du football