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Platini 1984, la nuit de Marseille

Un jour un but – Le 23 juin 1984 à Marseille, l'équipe de France marque un but au bout de la nuit pour se qualifier pour la finale de l'Euro 1984.

Auteur : Richard Coudrais le 23 Juin 2016

 

 

Luis Fernandez récupère le ballon et remonte le terrain. Il transmet devant lui à Jean Tigana. Celui-ci s’avance et tente de donner plein axe à Platini, positionné en avant-centre. Álvaro s’interpose in extremis et interrompt l'offensive. Pas suffisamment toutefois, car Tigana le récupère aussitôt dans ses pieds. Le Bordelais s’avance, crochète Eurico et entre dans la surface, légèrement décalé sur la droite...

 

 

 

Le Portugal d'attaque

Nous sommes à la toute dernière minute d'un match complètement fou, une demi-finale extravagante comparable au France-RFA disputé à Séville deux ans plus tôt. Ce 23 juin 1984, nous sommes au Stade Vélodrome de Marseille et c'est la France qui est favorite face au Portugal.

 

Les hommes de Michel Hidalgo ont ouvert le score en première période sur un coup franc signé non pas Platini mais Jean-François Domergue. Le premier but en bleu pour le plus méconnu des joueurs français, pour sa sixième sélection et le jour de ses vingt-sept ans. La France contrôle ensuite les opérations et semble se diriger vers une victoire sans histoire.

 

Mais au fur et à mesure qu'avance le match, le Portugal joue de mieux en mieux. Cette équipe, si prudente au premier tour dans son 4-5-1 étriqué, tente enfin quelques coups d'audace. L'attaquant Jordão, si seul à la pointe de l’attaque, se voit adjoindre à la pause Fernando Gomes, le soulier d'or de Porto. Puis, après une heure de jeu, c'est l’éternel Nené, trente-quatre ans et toujours meilleur buteur du championnat portugais, qui entre en jeu. On croit rêver: trois purs attaquants dans l’équipe du Portugal!

 

De quoi décontenancer les Bleus. Les Portugais attaquent de partout, sous la houlette d'un meneur de jeu qui se découvre des ailes, Fernando Chalana. À un quart d'heure de la fin, le génial moustachu adresse un centre parfait que Jordão reprend de la tête pour tromper Joël Bats.

 

1-1 à la fin du temps réglementaire, l'équipe de France ne s'attendait pas vraiment à devoir jouer les prolongations. Le Portugal, quant à lui, poursuit ses offensives. Sur son côté gauche, Chalana fait tourner Domergue en bourrique et adresse un nouveau centre impeccable pour Jordão. L'attaquant angolais exécute une reprise de volée diabolique qui lobe Joël Bats.

 

 

Les fantômes de Séville

La France est plongée dans le noir et doit à son tour attaquer à outrance. Les défenseurs se retrouvent aux avant-postes pour donner du poids et user l'arrière garde portugaise. Une rencontre échevelée, haletante, superbe qui voit les Bleus multiplier les occasions et le gardien Bento exécuter autant de parades. À cinq minutes de la fin, une pénétration en force se conclue enfin par un but, sur une reprise de Jean-François Domergue, lequel s'offre un doublé inattendu.

 

Mais il faut encore marquer un but, car l'équipe de France n'a pas chassé les fantômes de Séville. Elle reste inquiète à l'idée d'avoir à passer par l'épreuve des tirs au but. Jean Tigana lui-même expliquera que depuis tout petit, il a toujours perdu à ce jeu. Alors plus qu'un autre peut-être, il veut que la décision se fasse dans le jeu.

 

Cela fait deux heures que l'on joue et Tigana continue de courir, de dribbler, de provoquer. Sa course folle dans les dernières secondes du match est un exemple d'abnégation, un modèle de détermination. Jusqu'au bout de l'effort. Entré dans la surface portugaise, il déborde sur la droite. João Pinto vient à sa rencontre et le charge. "De l'épaule", comme on dit dans le jargon, c'est à dire corps contre corps, suffisant pour déséquilibrer l'adversaire, mais pas trop pour justifier un penalty. Tigana reste debout et poursuit sa course jusqu'à la ligne de but. Il s'arrache et parvient à donner en retrait. Platini récupère le ballon sur la ligne des six mètres. Le capitaine français trouve le temps de contrôler, puis il tire malgré quatre Portugais positionnés devant lui. Sous la barre, hors de portée du gardien Manuel Bento.

 

 

 

L'hommage du maître

Platini vient d'inscrire son huitième but en quatre rencontres. Dans les six mètres portugais, c'est une scène de désolation: Bento, Frasco et Pacheco gisent au sol, João Pinto s’est accroché aux filets du but et Álvaro, entré dans la cage, frappe de rage dans la balle avant de s’écrouler à son tour.

 

Pendant ce temps, Platini court le bras droit levé vers le côté droit du terrain, puis décrit un arc de cercle pour s'approcher du banc de touche. Le Turinois s’écroule sur la ligne sous le poids de ses coéquipiers. Lorsqu’il se relève, Platini cherche quelque chose du regard. Michel Hidalgo lui octroie une tape affectueuse au visage, mais le capitaine français est déjà ailleurs. Il se retrouve à nouveau agrippé par une poignée de coéquipiers, dont le collant Luis Fernandez, qui n’en finit pas de lui faire des mamours. Mais Platini semble avoir trouvé. Lorsqu’il se débarrasse de Fernandez, il fait quelques pas, ouvrant les mains dans une attitude quasi-christique. Jean Tigana, mort de fatigue, plonge dans ses bras. L’hommage du maître.

 

Réactions

  • Marius T le 23/06/2016 à 08h13
    C'est pas sympa de me replonger dans mes souvenirs, je me souviens du bruit, j'étais de l'autre côté mais pas assez grand pour voir le but de Jean Amadou.

  • LLBB1975 le 23/06/2016 à 09h46
    Ah je l'ai déjà dit ici mais Domergue est un de mes joueurs préférés de cette époque... J'avais 8 ans en ce mois de juin 1984 et ce sont mes premiers souvenirs de foot. En 82, je ne n'ai que des bribes de souvenirs (je me rappelle surtout du dessin animé "Onze pour un coupe", de son orange et de sa chanson, et puis de la gueule de coupable de Schumacher). Bref, dès sa rentrée pour remplacer Amoros, je l'ai adoré. Encore aujourd'hui, je ne sais pas pourquoi mais j'aimais bien sa tronche et son allure.

    Je me souviens avoir été fier que Platoche, bien sur un autre de mes héros, marque un triplé à GG.

    Je me souviens de la volée de Jordao que j'essayais de reproduire à la récré, d'autant plus qu'il l'avait marqué à Bats 3ème idole de ma cosmogonie footballistique.

    Enfin, Tigana, chevalier inépuisable, qui cavale pour offrir des caviars à Platini ou Bellone.

    4 mousquetaires, quatre piliers qui m'ont rendu accro pour toujours au foot.

    Ensuite, je suis allé à GG pour la 1ère fois, et cela s'est gaté.. Mais je me suis rendu compte que le foot pouvait être cruel et que j'adorais cela...

  • Josip R.O.G. le 23/06/2016 à 10h49
    Comme Marius mais dans le virage en face.

    C'est vraiment pas sympa. Putain, trente ans.

    En fait si, c'était très sympa, surtout vécu en populaires derrière le but à hauteur de la lunette gauche.
    Premières loges.
    Et ce que dit Domergue est vrai, cette impression d'inéluctable quand Platoche jouait avec l'explosion de joie en point d'orgue avec ce cri rentré depuis toujours.

    J'avais vu les deux matches de l'Euro au vélodrome (l'autre c'était Espagne Portugal je crois) en prenant mes places deux mois avant, à un guichet en payant avec des billets de banque.....

  • José-Mickaël le 23/06/2016 à 10h57
    Ah, quelle époque c'était ! De l'été 1983 à l'été 1984, c'est l'époque de la France qui gagne (eh oui, il n'y a pas eu que 1998), en tout cas qui gagne dans les sports télévisés :
    - 1983 : la France gagne le tournoi des V nations, Hinault gagne le tour d'Italie, Fignon gagne le tour de France, Noah remporte Rolland-Garros, Prost loupe le titre pour 2 petits points, Vigneron et Bubka se battent et re-battent le record du Monde, Nantes vient de donner une leçon de football, Touré est le "brésilien de France"...
    - 1984 : Caritoux gagne le tour d'Espagne dans un climat détestable, Fignon échoue de peu au tour d'Italie pour la même raison mais remporte le tour de France devant un Hinault jamais battu, Noah et Leconte remportent Rolland-Garros en double, la France remporte l'Euro, Patrice Martin est toujours là, Quinon remporte l'Or à la perche aux J.O., la France aussi est médaillé d'Or, Prost loupe le titre pour 1/2 point (sans la pluie à Monaco, il était sacré), et un peu plus tard Metz humilie Barcelone 4-1 avec une équipe presque entièrement issue de son centre de formation.

  • Coach Potato le 23/06/2016 à 12h33
    Se souvenir des jolies choses

    T'es un ancien si tu as connu le but de Jean Tigana qui n'avait jamais gagné aux pénalty depuis les pupilles, les pupilles avant les U13, le maratrat, la finale de l'Ajax contre la Juve, la maison dans l'ordinateur avant l'ordinateur à la maison, 3615 Ulla et même Ulla par Ulla, Supershell ASD au plomb et au souffre et Antar molygraphite, l'affaire Beretta et le multiplex de première Div' avec Jacques Vendroux, Saccomano sur Europe numéro 1, aller et venir entre bleues et rouges au Parc avant la mi-temps, les transatlantiques à la radio sans classement GPS, les cuirs collés, le passage du gros gonfleur au gonfleur aiguille, Marius au Maracana, en Argentine et à Seville, le ceinturage d'attaquant espagnol par Gérard Janvion, la division régionale à trois divisions comme l'ex ORTF, Persil anti-redéposition et la mère Denis.

    Ouais, le Maratrat. On a connu le Maratrat et les cuirs collés. Les gars de Vichy, enfin de l'INF qui portait la bonne parole avec des films, des cahiers et des stages. On a connu des évolutions hallucinantes en matière de bas de surver': Avec élastique sous le pied, fermeture éclair, patte d'éph', élastique à la cheville. On a connu les maillots Ultron. Et le rote Erde©. Vous savez ce qu'on a inventé entre 1983 et 1984: Deux clampins de chez Texas se sont dit: On devrait copier le contenu des eeprom IBM et optimiser les drivers de périphériques à une nouvelle gestion des entrées sorties de la norme 8086 Intel. Et le vendre moins cher. Comme on dit, ça ne marchera jamais!

    Des gens arriveront qui dateront l'origine du monde par le terminal connecté à écran tactile. Jean Tigana sera une Wikifiche en ligne et Luis Fernandez un animateur radio. Qu'ils en profitent, ça passe vite. Ah oui, autre chose: Lorsque Platoche a inscrit le but vainqueur, une clameur a retenti partout où des postes étaient allumés dans tout le pays qui ne gagnait pas souvent aux pénalties non plus. Tirs au but, Thierry, Tirs au but.

    Merci pour cet article 100% polyamide lavable dès 30 degrés mais par contre, nous sommes officiellement des vieux ringards et fiers de l'être.
    Salauds de vieux quand-même.

  • michelidalgo le 23/06/2016 à 14h03
    Ouais, on se cramponne. Aux jours heureux.

  • Ba Zenga le 23/06/2016 à 14h14
    Merci Richard. Un moment marseillais que je n'ai pas pu vivre, étant trop jeune (3 ans). Mais mon père aime me le raconter (je me demande même s'il n'était pas au stade). Si j'y suis Gerets est dans le coin aussi, il pourrait nous rappeler son expérience du match que j'avais trouvée extraordinaire quand il me l'avait contée lors d'une LDC.

    J'ai également récemment entendu une histoire, qui est peut-être une légende, autour de ce match (je crois que c'était pour la promo du bouquin sur le Carré Magique). Après le but, l'arbitre aurait demandé à Platini s'il pouvait lui donner son maillot à la fin du match, requête à laquelle le numéro 10 français aurait répondu: "D'accord, si vous sifflez maintenant." Et là, l'arbitre siffle fissa. Bon ok, il restait pas grand-chose à jouer, mais je trouve l'anecdote très amusante.

  • Moravcik dans les prés le 23/06/2016 à 14h24
    J'étais en Allemagne moi, on jouait un tournoi. Les Teutons étaient dehors (pour une fois), alors on était tous devant une télé, et autour de nous tout le monde s'en foutait.
    La volée mouleuse de Jordao, ça reste un truc d'extraterrestre qu'on a tous eu en tête pendant des années. Comme si elle pouvait devenir un geste technique qu'on apprendrait à faire.
    Comme Platoche, je crois qu'on n'a jamais autant aimé Jeannot que sur ce troisième but. L'image absolue du mec qui ne voulait pas des pénos, en aucun cas, et qui serait allé jusqu'au bout du monde du moment qu'il pouvait les éviter. Si on a répété ensuite ad nauseam que le centre en retrait était "l'arme absolue", ça doit venir de celui-là, non ?
    Les Portugais tous par terre devant leur but... On a sauté partout comme des cons, je ne me souviens plus si on a dormi après ça. Je ne me souviens plus non plus du tournoi d'ailleurs.

    Eh, notre demie sera au Vél cette année aussi. Contre les Allemands, j'espère.

  • Jean Luc Etourdi le 23/06/2016 à 14h39
    Le match est dispo en intégralité sur Dailymotion (uploader : Michka Kan), et quand on le revoit, il y a de quoi être bluffé par la vitesse de course d'un Chalana, le prototype exact du petit gros qui paye pas de mine...

  • Richard N le 23/06/2016 à 15h00
    Ba Zenga : Oui, Platini aime bien raconter cette histoire avec Bergamo, elle me paraît assez invraisemblable. Platini raconte beaucoup de trucs comme ça pour entretenir sa légende. On y croit si on veut, c'est pas méchant.

    On m'a remonté tout récemment une autre anecdote à propos de ce match : Le bus qui emmenait les joueurs français au Vélodrome avait eu un accident : vitres brisées, chauffeur blessé. C'est Bruno Bellone qui raconte ça dans un documentaire de Charles Biétry. Quelqu'un a des infos ?

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