Si vous saisissez votre mot de passe PUIS votre e-mail, vous aurez la confirmation que ça n'a aucun effet particulier. Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

Pourquoi j’ai viré anti-vidéo

Tribune - C'est l'un des sujets qui divisent le monde du football, le fameux débat sur la vidéo. Si deux camps se distinguent assez clairement, les pro et les anti, je me classe dans la deuxième catégorie. Et pourtant...

Auteur : Jean Canesse le 24 Mars 2015

 

 

Le trajet du ballon plutôt que la collision des corps. Le fair-play plutôt que le vice. Mon père, ce hipster avant-gardiste qui s'ignore, a toujours été un fervent défenseur du football romantique, capable d’idolâtrer Daniel Dutuel, Daniel Moreira ou Yann Lachuer autant que Tostao et Lionel Messi.

 

Grâce à lui, j'ai fait mon éducation footballistique avec l'OL de Tony Vairelles et d'Éric Carrière, habité par l'idée qu'un tirage de maillot, un coup d'épaule ou encore un tacle par derrière ne sont pas "des composantes du jeu" mais des actes de triche. J'ai souvent connu le sentiment d'injustice pendant mes années de supporter, la faute à ce fichu réflexe d'identification qui fait prendre pour soi ce qui est vécu par les hommes de terrain. C'est ce qui m'est arrivé de manière assez violente en 2005, quand l'OL a été éliminé par le PSV Eindhoven aux portes des demi-finales de la Ligue des champions.

 

 

Mark van Bommel, je t'ai tellement détesté

En ce 13 avril 2005, j'ai ressenti ce qui s'apparente encore aujourd'hui à ma plus grande déception d'amoureux du foot. Plus que le penalty non sifflé sur Nilmar en prolongation, ce sont les innombrables actes d'anti-jeu de Mark van Bommel qui m'ont écœuré. L'odieux capitaine néerlandais a passé son temps à bousculer, tirer les maillots, détruire les chevilles adverses, accentuer ses douleurs, simuler des fautes sur sa personne tout en réussissant l'exploit de s'en sortir sans le moindre carton. Malin, vicieux, Van Bommel a été ce soir-là, et pendant de longues années, le représentant du football que je déteste: celui où l'intimidation et la triche prévalent sur le plaisir de taper dans un ballon.
 

 

 

 

 

Ce fut un moment charnière dans ma façon de penser le foot qui a renforcé un désir partagé par d'autres: voir le football aidé par la vidéo, de préférence rapidement. Je me souviens de ces débats entre amis lors desquels j'affirmais que les erreurs d'arbitrage représentaient précisément les seules que l'on ne peut tolérer dans ce jeu. L'erreur est humaine et comme l'erreur était ici inacceptable, alors adieu l'humain: bienvenue à la vidéo.

 

L'outil semblait idéal, infaillible malgré les critiques de ceux qui craignaient (et craignent toujours) de voir ce sport devenir haché par des vérifications intempestives auprès d'un écran. À mon sens, la vidéo aurait pu voir le jour dans un cadre délimité (litiges dans la surface, fautes jugées violentes sur tout le terrain et hors-jeu) même si elle aurait certainement entraîné une diminution des possibilités de contre-attaque. Un moindre mal. Voilà en tout cas comment, en un tour de ralenti magique, ce jeu était censé devenir plus juste, plus propre, lavé de tous soupçon. Dix ans ont passé depuis ce match détestable aux Pays-Bas et ma position a bien évolué.

 

 

Jugé coupable

Entendons-nous bien, je n'ai pas rejoint le cercle des anti-vidéos qui considèrent qu'elle tuerait le rythme, je reste plutôt persuadé du contraire. Mais l'idée fondamentale qui a guidé ce changement est celle d'une réhabilitation de l'arbitre et de son rôle majeur dans le bon fonctionnement d'un match. En regardant "the big picture", comme disent les Américains, et en réfléchissant au rôle de chacun (joueurs, entraîneurs, présidents, journalistes), j'en suis venu à la conclusion que les critiques dirigées contre l'arbitre incompétent, l'arbitre zélé et notre plus célèbre ami l'arbitre partial étaient franchement légères.

 

Je me suis intéressé à la signification de ces reproches récurrents dans un débat comme celui de la vidéo. Le véritable problème de la vidéo n'est pas la vidéo elle-même mais c'est cet ancien moi, c'est cette communauté simpliste qui espère tant en "bénéficier". Le monde du football n'est pas prêt à l'accueillir, pas maintenant, pas comme il le faudrait. Dans un monde parfait, l'utilisation de la vidéo ne se ferait qu'à l'initiative de l'arbitre. C'est lui seul qui pourrait prendre la décision d'arrêter une action, et potentiellement une contre-attaque, s'il pensait avoir besoin d'un angle de vue supplémentaire. Les joueurs et les entraîneurs ne pourraient pas passer leur commande vidéo et s'en servir comme d'une arme tactique. Les polémiques diminueraient en même temps que les erreurs d'arbitrage.

 

Je vous l'accorde, tout cela tient du fantasme. Mais le chemin que j'ai parcouru réside dans cette dernière phrase: l'idée d'une diminution et non plus d'une éradication des erreurs. Il est naïf de penser que les erreurs d'arbitrage peuvent disparaître – il n'y a qu'à voir certaines situations où les ralentis amènent plus de questions que de réponses pour s'en convaincre –, mais c'est plus grave d'estimer qu'elles le doivent. Le droit à l'erreur vaut autant pour un attaquant qui tire au-dessus, pour un milieu qui fait le mauvais choix tactique que pour un arbitre qui n'a pas tout vu. Exiger des hommes au sifflet qu'ils ne fassent jamais d'erreurs est non seulement injuste, mais c'est aussi franchement ironique. Qui, sinon certains joueurs et entraîneurs peu soucieux des règles, favorise les erreurs en multipliant les décisions à prendre dans un climat hostile? Qui, sinon certains journalistes peu consciencieux, entretient l'idéologie que les fautes font partie du jeu, qu'il y en a même des "bonnes", décrédibilisant d'emblée le travail de celui qui doit les sanctionner? Qui, sinon certains supporters décérébrés, rend la mission de l'arbitre plus complexe en l'insultant ou en le menaçant?
 

 

 

 

 

Même les arbitres "sympas" sont bousculés

Non, le monde du football n'est pas prêt à accueillir la vidéo et, à vrai dire, il ne la mérite pas. Si elle devait être introduite aujourd'hui, il y aurait bien plus de dégâts à déplorer que de bienfaits desquels se réjouir. À commencer par une évolution dans le mauvais sens du rapport de force entre l'arbitre et le joueur. Instaurer la vidéo dès à présent reviendrait à fragiliser un peu plus la position de l'arbitre, à cautionner ces attroupements de joueurs belliqueux autour de lui sous prétexte qu'il s'est peut-être trompé. Ce serait légitimer ces propos d'entraîneurs et de présidents qui font peser tout le poids d'une défaite (et ses conséquences économiques) sur les épaules du seul juge du match. Ce serait donner raison à ces médias qui ne savent pas traiter la question de l'arbitrage sans y incorporer le doux parfum du scandale.

 

Il faut d'abord plaider pour l'apaisement sur les terrains, le respect des règles et la tolérance envers ceux qui commettent des erreurs avant d'en appeler à une technologie qui peut nuire à la crédibilité de l'arbitre. Il faut encourager le travail remarquable des Clément Turpin, Ruddy Buquet et autre Sébastien Desiage qui, sans la vidéo mais avec un art pour la communication, la prévention et le bon sens, ont réussi l'exploit d'être les arbitres les moins détestés de France. On vous rassure, ils le sont parfois et ce constat en dit long sur la question de l'oeuf et de la poule. Si même les meilleurs arbitres, les plus sympathiques et les plus appréciés sont susceptibles, encore aujourd'hui, de devoir gérer l'ingérable, la contestation à outrance et la pression permanente, c'est bien que le problème ne provient pas de leurs bonnes ou mauvaises décisions. C'est bien que la bonne tenue d'un match dépend moins de leurs compétences visuelles que du niveau de savoir-vivre des autres acteurs présents sur et en dehors du terrain. Accueillir aujourd'hui la vidéo, ce serait mettre en porte-à-faux tous ces Turpin, Buquet et autre Desiage, ce serait abandonner leur combat, l'un des plus importants de notre société actuelle: celui de vivre ensemble.

 

Réactions

  • Lucho Gonzealaise le 24/03/2015 à 07h24
    Merci pour cet article.

    Je cautionne tout ce qui a été dit, à la seule exception que je considère de mon côté que l'arbitrage vidéo hacherait le jeu.
    Je serais ravi d'entendre les arguments de l'auteur à ce sujet, mais en attendant, bravo pour ce plaidoyer.

  • Tetsuo Shima le 24/03/2015 à 08h14
    J'irais même encore plus loin que l'auteur de l'article : si l'arbitre était respecté et les lois du jeu également, on ne penserait même pas à l'utilisation de la vidéo.

    Les lois du jeu sont disponibles ici.
    lien
    Et donc pour rappel.
    "Un joueur se voit infliger un carton jaune quand il :
    - manifeste sa désapprobation en paroles ou en actes"
    Il n'est même pas question de véhémence ou quoi que ce soit.

    Quant à la vidéo, il suffit de regarder la première mi-temps du match Angleterre-France de rugby le week-end dernier. Elle a duré 60 minutes au lieu des 40 prévues. +50% de temps en plus à cause de la vidéo !
    Par définition, une action litigieuse ne peut pas se résoudre rapidement grâce à la vidéo.

  • Richard N le 24/03/2015 à 08h24
    Bravo pour cet article, et plus particulièrement cette sentence : "Le véritable problème de la vidéo n'est pas la vidéo elle-même mais (...) c'est cette communauté simpliste qui espère tant en bénéficier."
    C'est exactement ça : L'arbitrage vidéo ne sera accepté que s'il favorise notre équipe. Le mythe de son impartialité ne tiendra qu'un temps.

  • El Mata Mord le 24/03/2015 à 12h31
    Je ne vois toujours pas pourquoi une forme de vidéo hacherait le jeu à partir du moment où son utilisation est encadrée.

    C'est très simple : il ne pourrait y avoir utilisation par l'arbitre (via le 4ème arbitre) de la vidéo que si il a sifflé (et donc arrêté le jeu).

    Donc, l'exemple de la faute présumée sur Nilmar n'existerait pas. L'arbitre n'a pas sifflé, le jeu se poursuit. Peu importe les débats qui suivent et le sentiment d'erreur des lyonnais.

    Le seul cas particulier où cela aurait un sens serait celui de savoir si le ballon frenchi la ligne de but ou pas.
    La Goal line technology doit permettre de couvrir ces cas marginaux avec un signal sonore ou lumineux.

    Enfin, l'utilisation de la vidéo à tort et à travers lors du crunch milite bien en faveur d'une utilisation dans le foot uniquement suite à arrêt du jeu (moins nombreux).

  • Sens de la dérision le 24/03/2015 à 12h39
    Peut-être que l'arbitre aurait justement sifflé pour demander la vidéo ?

  • Troglodyt le 24/03/2015 à 14h39
    El Mata Mord
    aujourd'hui à 12h31

    Ne penses-tu pas justement que si cette possibilité de la vidéo existait, il y aurait des coups de sifflets dans tous les sens, l'arbitre subissant la pression générale pour vérifier à la vidéo - ou choisissant lui-même de se déresponsabiliser, au détriment du jeu, en recourant systématiquement à la vidéo ?

    Des mecs viendront toujours te dire qu'une touche mal attribuée au milieu du Stade de France peut créer un ouragan en Australie.

  • Pascal Amateur le 24/03/2015 à 15h48
    La question, c'est surtout : jusqu'où faut-il aller pour que quelque chose change, dans un sens ou dans l'autre ? L'agression d'un arbitre ? Sa mort ?
    Une limite est attendue. Reste à savoir laquelle.

  • Jeff Tran Hui le 24/03/2015 à 16h51
    Je pense que le problème est pris à l'envers.

    Actuellement, un arbitre prend quasiment tout le temps la bonne décision, et parfois il se trompe. Ca arrive. C'est déjà un exploit quand on voit la vitesse à laquelle ça va, et n'importe qui ici qui a déjà arbitré un match officiel, pas forcément de foot, sait à quel point c'est compliqué. Donc bravo à eux.

    Mais il est faux de dire qu'un des défauts de la video serait d'amener plus de questions que de réponses. En effet, un arbitre qui n'est pas sûr d'une décision, actuellement, la prend tout seul. Eventuellement avec l'aide de son assistant. Ou pas. S'il a la possibilité de s'assurer qu'une décision qui va directement influer sur le cours ou le résultat d'un match, est la bonne, pourquoi l'en priver ? S'il ne sait pas si un ballon a franchi la ligne ou pas, et que la video pourrait l'aider à voir, est-ce complètement idiot ? Et si ça ne l'aide pas sur ce coup-ci, et bien tant pis. Mais au moins, la décision est prise sereinement.

    De même, dire que le droit à l'erreur est le même pour l'arbitre que pour un attaquant qui tire au-dessus me semble au minimum de la mauvaise foi. L'attaquant pratique un sport et le jeu appelle faute comme on dit. L'arbitre, lui, est là pour faire respecter les règles et conduire la partie. A nous de faire en sorte qu'il puisse le faire avec le maximum d'efficacité.

    Je regrette que l'on n'essaye pas la video sur des compétitions de second plan comme la Coupe de la Ligue (oui désolé Mr Thiriez). Ce serait le meilleur moyen de faire taire tout le monde. On test, on voit, on corrige, on re-teste, on voit, on corrige. Et s'il est évident que c'est foireux au possible, on laisse tomber.

  • Jeff Tran Hui le 24/03/2015 à 16h56
    J'ajouterai que si l'on faisait vraiment la traque à la triche, ie coller 6 matches de suspension à un type qui simule, et au manque de respect, ie 6 matches aussi si tu t'en prends à l'arbitre, ça serait bien aussi.

  • Troglodyt le 24/03/2015 à 17h03
    Jeff Tran Hui
    aujourd'hui à 16h51

    Le problème, et le rugby le montre bien, c'est l'effet d'aubaine.

    Les décisions qui, comme tu le soulignes bien, sont prises immédiatement et avec le juste discernement par l'arbitre, ne font pour autant pas toujours l'unanimité (y compris dans le bon esprit, je pense par exemple à un six mètres/corner contesté avec le sourire par Ayew auprès de l'arbitre de Lens-OM dimanche). Avec l'option de la vidéo, toutes les décisions que l'arbitre tranchait dans le fil du jeu pourraient devenir l'objet d'une contestation accrue de la part de l'équipe qui se sent (à tort ou à raison) lésée, afin de voir la décision de l'arbitre confirmée/infirmée.

    A cela d'aucuns proposent la règle d'un "contest" limité - un nombre de recours à l'arbitrage vidéo limité par équipe et par match.
    Ce qui revient à faire de l'arbitrage un enjeu tactique, ce qui n'est pas non plus acceptable (philosophiquement, et sportivement, mieux vaut perdre sur une erreur humaine aléatoire que sur une mauvaise gestion stratégique de l'opportunité qui est offerte de contester l'arbitrage humain.)

La revue des Cahiers du football