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Pourquoi "Refugees Welcome" n'a (presque) pas traversé la Manche

When Saturday Comes – Le mouvement de soutien aux migrants exprimé dans de nombreuses tribunes en Europe a difficilement passé les portes des stades anglais. Par excès de réglementation, embarras politique ou manque d'adhésion?

Auteur : Taimour Lay le 26 Nov 2015

 

 

Extrait du numéro 345 de When Saturday Comes. Titre original : "Welcoming committee", traduction Toto le zéro.

 

* * *

 

"Cela n'arrivera jamais en Angleterre", entendit-on lorsque les supporteurs locaux virent leurs homologues allemands déployer des banderoles dans les tribunes, organiser des collectes, offrir des places aux nouveaux arrivants et déclencher un débat public au cours de cette année 2015.

 

Pourtant, lorsque des supporteurs du Kingstonian avait hissé en août dernier un panneau lors d'un match contre Dulwich Hamlet avec les mots "Refugees Welcome" grossièrement assemblés avec du ruban adhésif, ils avaient fait du stade de Kingsmeadow à Kingston (qui compte depuis longtemps déjà des Tamouls sri-lankais, des Sikhs afghans et des Coréens) le théâtre d'une des premières prises de position publiques, en faveur de l'accueil des réfugiés, dans un stade de football du Royaume-Uni et même d'Europe.

 

Mais hormis quelques actions de solidarité dans diverses ligues semi-professionnelles (Kingstonian en Ishtmian League, FC United en National League North ou Clapton au niveau inférieur en Essex Senior League), il a fallu attendre le mois de septembre pour que les autres fans et clubs de Premier League y prêtent attention. Mais là encore, les réactions furent contrastées.

 

 

 

Autorisations préalables et certificats anti-incendie

Le 2 septembre fut publiée la photographie du corps d'Aylan Kurdi, un enfant syrien échoué sur une plage après une tentative de rejoindre l'île de Kos en Grèce. Le débat au Royaume-Uni s'en trouva bouleversé, quoique brièvement. Un groupe fut fondé le 12 décembre, militant pour faciliter l'organisation d'une "Journée de solidarité des ligues du football anglais". Toutefois, le message de bienvenue aux réfugiés ne fut pas adopté par le football de base aussi universellement qu'en Allemagne. Les supporteurs gardèrent leur distance et seuls quelques clubs prirent des initiatives, qui consistèrent principalement en des dons et en la promotion de leurs partenariats caritatifs.

 

Cette ambivalence semble refléter une forme de réticence diffuse à s'engager dans quoi que ce soit de "politique" dans l'enceinte des stades, ainsi que la diversité des attitudes vis-à-vis de l'immigration et la perte relative d'autonomie et de spontanéité dans la culture des tribunes – les clubs de l'élite ayant pris soin d'effectuer des rappels de leurs règlements concernant les banderoles et drapeaux, y compris par l'obligation d'obtenir une autorisation préalable et des certificats de sécurité anti-incendie.

 

Un terrain de football est un espace public sans l'être tout à fait. C'est un endroit destiné au public, mais c'est aussi un périmètre le plus souvent privé dont l'entrée est payante, soumis à des lois et des règlementations. Des personnes d'horizons politiques divers viennent s'y rassembler afin d'oublier le monde extérieur, mais ces mêmes personnes interagissent également avec ce monde extérieur, que ce soit par une collecte pour une œuvre caritative locale, des liens avec des groupes communautaires ou des partenariats commerciaux avec les pays du Sud. Les réponses aux "Refugees Welcome" ont apparemment divergé à partir des lignes de démarcation perçues entre "ici" et "là-bas", le "politique" et "l'humanitaire".

 

 

"Pas de politique dans le football"

En définitive, les exceptions ont été d'autant plus remarquées : Norwich a déployé une impressionnante banderole à Carrow Road, des supporteurs d'Arsenal en avaient préparé une pour l'Emirates avant qu'elle soit interdite par le club pour "raisons de sécurité". Celle du Celtic clamait "Créé par des immigrants". Charlton Athletic, Plymouth, AFC Wimbledon, Dumfermline, Dulwich Hamlet et Baccup Borrough prirent également des initiatives.

 

David Michael, fondateur du groupe de supporteurs "My Old Man Said" d'Aston Villa, a estimé que les réactions reflétaient par ailleurs des courants contradictoires chez l'ensemble des supporteurs: "Il y a toujours une fraction qui invoque l'argument selon lequel «La politique ne doit pas s'immiscer dans le football» et c'est cet argument que l'on a entendu dans nos discussions à propos du groupe ultra Brigada 1874 qui avait fait le drapeau 'Refugees Welcome' et organisé une collecte de fonds."

 

Un autre fan du club de Birmingham, qui a souhaité garder l'anonymat, avait emmené une banderole au King Power Stadium de Leicester: "Un fan a essayé de me l'arracher des mains, mais comme j'ai refusé de la lui donner ou de la jeter, il m'a menacé en me disant que cela finirait mal pour moi. Deux autres fans avec une grande banderole qui étaient en train de me parler se sont enfuis lorsque la situation s'est tendue. Tout cela sous les yeux des stewards qui ne sont même pas intervenus."

 

 

Des joueurs muets

Anna Moller, une supportrice du Tennis Borussia, un club de Berlin en cinquième division allemande, qui avait offert des places à des réfugiés hébergés dans un centre d'accueil non loin du stade, est surprise par les réactions au Royaume-Uni: "J'ai cru qu'il y aurait un plus grand écho. Cela fait plus d'un an que la mobilisation existe ici, et pour nos groupes de supporteurs qui ont déjà été très actifs, l'initiative Refugees Welcome constituait simplement l'étape suivante."

 

Les joueurs de Premier League, le championnat le plus international du monde, sont eux aussi restés étonnamment muets par rapport au reste de l'Europe. Gianluigi Buffon, par exemple, a saisi l'occasion de s'adresser à un large public: "En sport, comme dans la vie, il y a des obstacles inattendus qu'il faut surmonter, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. C'est le moment de changer de cap et de donner un avenir à ces gens qui considèrent l'Europe comme un rêve."

 

Ailleurs dans le monde du football, d'autres fans ont imposé leur propre histoire et leur point de vue. En Israël, le Maccabi Tel Aviv a déployé une banderole sur laquelle était inscrit "Les réfugiés ne sont pas les bienvenus", en référence aux quelques cinq millions de Palestiniens exilés de leur ancien territoire. Ce même week-end, le club rival de l'Hapoël a courageusement donné la réplique: "Qui d'entre nous n'est pas un réfugié ?"

 

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