Que restera-t-il de La Chaîne Téléfoot ?
Minichronique – Qu'ont eu le temps de proposer les équipes de Téléfoot avant la fin prématurée d'une chaîne qui avait affiché quelques ambitions?
La minichronique pose une question, elle n'y répond pas toujours et, à la fin, elle en pose une autre.
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Toutes les aventures médiatiques éphémères ne deviennent pas légendaires. L'oubli ensevelit la plupart, et l'accélération contemporaine n'arrange rien. Ce week-end, La Chaîne Téléfoot a baissé le rideau après six petits mois, à peine de quoi dresser un bilan.
Le gâchis de Mediapro est immense, non seulement pour avoir précipité le football professionnel français dans une crise sans précédent, mais aussi parce que l'inconséquence de la société a entraîné dans son échec tous les personnels qui l'avaient rejointe, restés dignes jusqu'au bout.
Que retenir de cette expérience qui avait initialement, ne serait-ce qu'en tant qu'alternative dans un paysage structuré depuis longtemps autour de Canal+ et BeIN Sports, suscité quelques espoirs?
Du très positif, d'abord, dans l'effort éditorial autour des magazines et en particulier des après-match, ailleurs devenus un cirque polémiste qui incite à déconnecter dès le coup de sifflet final. Ô surprise, poser des questions intéressantes à un entraîneur peut provoquer des réponses intéressantes.
La volonté de laisser le jeu au centre des émissions s'est notamment traduite par… la part des images des rencontres (étrangement considérées comme accessoires sur les autres chaînes) et une approche tactique pédagogique avec le camarade Julien Momont comme maître d'œuvre.
Le même effort s'est traduit dans les commentaires de match. Toutes les paires journalistes-consultants n'ont pas étincelé (il y en avait beaucoup à composer en raison du nombre de matches diffusés), mais le pari de "former" de jeunes consultants aussi prometteurs de Mathieu Bodmer, Christophe Jallet ou Benjamin Nivet a vite montré son intérêt.
On a continué à apprécier Julien Brun pour sa sobriété et son intelligence, et découvert, par exemple, un Smaïl Bouabdellah bienveillant et chaleureux. Un regret: n'avoir pas cherché à féminiser les duos. À l'heure où des femmes arbitrent l'élite masculine, elles peuvent la commenter ailleurs que depuis le bord du terrain.
La principale déception réside dans la réalisation des matches. Alors que Mediapro avait promis excellence et innovation (celle-ci étant toutefois rarement synonyme de bénéfice pour le téléspectateur), on n'a vu ni l'un ni l'autre.
On a encore assisté aux shows égotistes de réalisateurs dont certains ont semblé pousser encore plus loin le massacre à la tronçonneuse. De trop nombreux matches ont été transformés en bouillie au nom du principe que des ralentis sont plus urgents que le jeu en train de se dérouler, et que des plans de coupe incessants donnent du "rythme".
On souhaite aux personnels de Téléfoot de trouver rapidement une issue professionnelle, sans vraiment oser leur souhaiter de se retrouver sur Canal+ où règne la "terreur" bolloréenne et où les ambitions éditoriales ne sont plus qu'un lointain souvenir.
Les regrets sont nombreux au terme de cette aventure achevée dans une impasse. Parmi eux, celui que peu de téléspectateurs auront profité de cette tentative. Pour les autres, l'écran était déjà noir.