Real polémique dans la presse ibérique
Suite à la déroute du Real en terre turinoise et à des déceptions répétées en championnat, de vives controverses ont repris en Espagne à propos de l'entraîneur et de l'effectif madrilène...
Auteur : Patrick Slet
le 30 Mai 2003
Le Real n’est pas uniquement le club de Madrid: un Espagnol supporte d’abord le club de sa ville, qu’il soit en D3 ou en Liga, ensuite il supporte le Real ou le Barça. Cette fracture se prolonge au-delà de la Catalogne ou de la Castille. Aussi paradoxal que ça puisse paraître dans un pays aux régions très autonomes, le club madrilène jouit d’une très bonne image dans certaines régions qui n'ont plus connu depuis longtemps les joies des joutes européennes. Ainsi l’Andalousie est-elle tout acquise à la cause du club de la capitale. En France, quand Paris perd, la province entière en rigole, en Espagne quand le Real perd, la moitié de l’Espagne crie de douleur. La presse relaie abondamment l’écœurement, la déception mais pas forcément les sentiments les plus profonds. Un article de L’Equipe faisait récemment ressortir trois axes de mécontentement recueillis le soir même dans le débat radiophonique d’après-match. Quelles réponses ont été apportées dans la presse espagnole? Faut-il garder Hierro ? Stielike avait aussi répondu non, et là encore Cruyff n’admettait pas une telle "crucifixion" d’un joueur. Il notait que, dans la défaite, ce sont toujours onze joueurs qui perdent. Roberto Carlos relaya d’ailleurs la même information: une défaite est aussi collective qu’une victoire. Usant de la même stratégie que Laurent Blanc, Hierro avait décidé de mettre un terme à sa carrière internationale pour finir sa belle carrière au service du club. Il a d’ailleurs été abondamment utilisé, disputant 34 matches (plus de 3.000 minutes). Pourtant, la presse estime que statistiquement c’est la paire Helgerra / Pavon qui a été la plus sûre. Dès le lendemain de la défaite, un éditorialiste réclamait l’arrivée d’un grand défenseur central (Nesta, Stam, Thuram…). L’intéressé a répondu lui-même de manière très concise qu’il se sentait mal "en tant que capitaine et joueur". Fait inhabituel pour de nombreux footballeurs français, il rappelait aussi que les choix tactiques concernent toujours l’entraîneur en premier lieu et les renouvellements de contrat les dirigeants. Comme quoi, on peut jouir du statut de star sans oublier qu’on n’est avant tout qu’un joueur. Del Bosque fait-il l’affaire ? Aussi surréaliste que cela puisse paraître, après la défaite de Turin, l’entraîneur madrilène a été remis en cause. Son bilan n’est pourtant pas mauvais sur plusieurs saisons. Plus que la défaite en elle-même, c’est une série de contre-performances lors des deux derniers mois qui sème le doute sur ses qualités (trois victoires en neuf matchs). Au retour de Turin, l’ex-madrilène Stielike estimait que non. Certains journalistes n’ont pas hésité à en faire le principal responsable de la déroute pour des raisons de choix tactiques. Les supporters demeurent plus partagés et le courrier des lecteurs de Marca fut mesuré. Au-delà des désillusions sur la paire Del Bosque / Valdano, ce qui est mis en avant, c’est plutôt le déséquilibre entre une défense moyenne où seul Roberto Carlos brille et une attaque de feu. Aux avant-postes figurent ceux qu’on appelle en Espagne les principaux "Galacticos" du Real. Une belle triplette d’entraîneurs prit la défense du coach du Real. Ce qui amusera l’observateur, c’est l’origine de ses avocats. Il s’agit de trois glorieux "catalans": Cruyff, Clemente et Antic. Dans la semaine, Del Bosque, jouant d’un ironique "il paraît qu’on cherche un technicien", mouchait Stielike rappelant qu’en tant que joueur il n’avait pas eu son palmarès de quatre années de coaching. Il soulignait également le revirement de la presse, rapidement passée des louanges (après les performances contre Manchester) à la chasse aux sorciers. Celle-là continua d’ailleurs d’explorer les pistes pour lui trouver un successeur. Lippi et Wenger tenaient la corde jusqu’au refus du Français. Finalement, après l’éclatante victoire contre Malaga, Marca se mit à reconnaître que Del Bosque était sans doute la meilleure alternative à Del Bosque… Le dernier pronostic le plus crédible sort pourtant de la bouche d’un supporter andalou: si le Real gagne le championnat, Del Bosque sera toujours là, si c’est la Real qui l’emporte, les paris reprendront. Ce qui est sûr c’est que ce ne sera pas Luis Fernandez que, pourtant, on annonce aussi à Madrid, mais à l’Atlético. La stratégie des Pavones et Zidane est-elle crédible avec Flavio Conceiçao et McManaman? Roberto Carlos, grand joueur sur le terrain et face à la presse, n’a oublié de défendre personne et s’est refusé à mettre en cause ses petits camarades. Dans une équipe avec beaucoup d’internationaux, sept joueurs avaient plus de 50 matches dans les jambes au moment d’affronter la Juve. Surtout, ce septuor avait joué plus de 4000 minutes (soit plus 45 matches intégralement). Dès lors, il est nécessaire d’avoir également des doublures de qualité dans l’effectif, d’autant que Del Bosque s’appuie sur un groupe restreint de 23 compétiteurs. Bien entendu, Flavio Conçeiçao et McManaman ne sont que des joueurs de second ordre pour l’entraîneur. Cependant, ils ont tout de même été sur le terrain 24 matches pour l’anglais, 29 pour le brésilien. Le problème n’est pas tant dans le salaire et l’utilisation de Flavio Conçeiçao que dans ceux de McManaman. Avec un salaire plus faible, le Brésilien a joué plus de matches que Morientes — que la presse ne remet pas en cause car il bénéficie de ses lauriers passés de titulaire (avec Ronaldo et Raul, difficile de trouver sa place). L’international britannique touche quant à lui le 5e salaire de l’équipe pour le 18e temps de jeu. Alors bien sûr, son coût / minute joué peut faire des envieux: 3700€ (Zidane 2000€, Ronaldo 1800€, Raul 1500€, Figo 1300€, Roberto Carlos 1000€). En fait, il fait surtout un envieux: Makelele avec son statut de "smicard" et ses 460€ la minute, un vrai scandale! L’international français a ainsi profité des pleurs qui ont suivi son absence turinoise (partout on a écrit que son rôle capital dans l’équipe a fait défaut). Annoncé à Manchester United, il réclamait le lendemain un salaire de "Galacticos"…
David Beckham, émule de Peter Luccin? |