Réforme des transferts : discorde UEFA/FIFA
L'UEFA avait réuni lundi 8 janvier les représentants des ligues européennes et clairement exprimé son désaccord avec la confédération de Sepp Blatter, sur de nombreux points du futur dispositif qui doit être défendu par le "monde du football" devant les commissaires européens, affirmant que "les dernières propositions de la FIFA ne peuvent former une base pour de futures négociations" (AFP 16/01/01). Après le report de la réunion prévue avec Bruxelles vendredi dernier, sur sa demande, l'UEFA a plus clairement exprimé ses griefs envers son partenaire. Les instances du football doivent pourtant parvenir à un accord pour finaliser une nouvelle proposition qu'elles doivent soumettre à la Commission avant la fin du mois.
Depuis le début des négociations forcées avec l'UE, les deux organismes ont manifesté leurs divergences. L'UEFA, en prise directe avec les ligues nationales, est nettement plus soumise à la pression des clubs, dont certains dirigeants refusent totalement le "diktat" bruxellois et seraient prêt à ouvrir une guerre juridique avec les commissaires. La FIFA a pour sa part mieux pris la mesure de la menace d'une abolition pure et simple, et a adopté une position proche de celle des syndicats de footballeurs (UNFP en France et FIFPro pour le monde).
L'actuel point d'achoppement concerne la possibilité pour les joueurs de rompre unilatéralement leurs contrats, comme dans le cadre de n'importe quel CDD. Les clubs voudraient imposer un minimum de trois ans au cours duquel les pros ne pourraient résilier leur engagement, mais cette disposition, à laquelle les joueurs sont opposés, est difficilement compatible avec le droit européen et la libre circulation des travailleurs. La FIFA semble en avoir pris son parti, au contraire de l'UEFA. Si aucun compromis n'était trouvé, la position du football serait extrêmement fragilisée et la réforme finale seraient nettement moins avantageuse.
Se déroule au travers de ce conflit une lutte d'autorité. Ce sont les textes de la FIFA qui sont remis en cause par la Commission, et c'est la FIFA qu'elle a désignée comme interlocuteur privilégié. La confédération européenne, qui se plaint de ne pas être consultée, voudrait retrouver une position de force à la table des négociations. Son Comité exécutif, réuni ce mercredi, a toutefois rappelé la nécessité de l'union et appelé à une réunion d'urgence pour trouver un protocole commun. Assez naïvement (ou avec condescendance), il manifeste sa volonté "d'informer l'Union européenne de la situation actuelle et nous attendons un appel des commissaires compétents pour expliquer les particularismes du football européen" (AFP). Tout un programme.
Il n'est donc pas exclu qu'un terrain d'entente soit trouvé rapidement, pour qu'un front aussi uni que possible reprenne les discussions avec Mario Monti et Viviane Reding, même s'il semble très improbable qu'un compromis puisse satisfaire les différentes parties (comment la FIFA pourrait se rapprocher des clubs sans s'aliéner les joueurs, dont la collaboration est indispensable devant la Commission). Surtout si pendant ce temps le football européen prépare une guérilla juridico-politique au travers de ses différentes représentations (UEFA, G14, ligues nationales…).
Pour mémoire, rappelons les points qui font l'objet d'un accord quasiment définitif:
La création d'une instance d'arbitrage paritaire (joueurs/clubs) pour régler les litiges sur les transferts.
L'instauration de deux périodes fixes pour les transferts.
La limitation à un transfert par joueur et par saison.
L'indemnité de formation.
La protection des mineurs.
En attendant la suite et pour plus d'informations, vous pouvez consulter notre dossier transferts:
Transferts: la révolution était annoncée 05/09/00.
Abolition des transferts: quelles conséquences? 05/09/00.
Transferts: le football divisé face à la Commission européenne 31/10/00.
La copie de la FIFA 31/10/00.
Transferts (1) : le bout du tunnel? 13/12/00.
Transferts (2) : la réforme se précise 13/12/00.