Sabri, c'est fini
le 15 Nov 2006
Alors Mouchi a prévenu «Je vais aller au bout du monde et c’est pas la peine d’essayer de savoir où». J’ai dit «Tu vas au Qatar, c’est ça?» J’ai aucun mérite, c’était facile à trouver. À part le Japon, l’Amérique et l’OM, y a aucun autre endroit où un joueur comme Mouchi peut signer. Ou alors à Lévanté, le club écolo qui fait dans le recyclage de plantes fanées.
C’est Fiorèse qui a servi d’intermédiaire à Mouchi. Pour une fois qu’il sert à quelque chose. Fiorèse est revenu du Qatar en scooter avec un autocollant sur son casque qui disait «J’ai joué au PSG et à l’OM mais soyez sympas, m’écrasez pas!» Un retour de prêt, autant dire que le Qatar a pas souhaité abuser de notre générosité. Il lui a dit «Tu verras, c’est trop bien le Qatar. Pour exactement le même niveau que la Ligue 1, on te paye beaucoup plus cher». Sûr que le contraire, Mouchi aurait été moins partant.
Alors Mouchi a négocié en douce avec Al-Rayan. J’ai dit: «Quand même, finir sa carrière de joueur comme hôtesse de l’air…» Mouchi s’est indigné: «N’importe quoi, c’est pas une compagnie aérienne, c’est un club de foot. Même que Louisse Fernandèze l’a entraîné et que Fiorèse y a joué et là en ce moment, c’est Ladislas Lozano le coach. Alors hein?» Puis son regard s’est brouillé, comme si soudain, il prenait conscience de ce que tout le monde savait. On aurait dit Bruce Willis à la fin du Sixième sens.
Alors après avoir vidé son sac, Mouchi l’a ramassé et il est parti. C’est là que Nasri s’est mis à pleurer toutes les larmes de son corps. On aurait dit Basile Boli en 91 quand il a perdu à Bari, ou pire, Basile Boli en 2002 quand il a vu jouer Torrisi. J’ai dit à Nasri «T’es triste que Mouchi s’en va, c’est ça?» Il a reniflé. «Non, c’est Carasso, il a encore bu mon shampooing à la fraise». Carasso a protesté «Wouah l’autre, hé menteur!» Mais tu parles, il avait des bulles roses qui lui sortaient de la bouche. Ça été la goutte.
J’ai tapé du poing sur l’étable. «Bon, si y en a d’autres qui veulent partir, ils ont qu’à le dire». Comme personne réagissait, j’ai mis un coup de coude discret à Olembé et j’ai répété «Hein Salomon, si y en a d’autres qui veulent partir, ils ont qu’à le dire». Salomon a hoché la tête, pas très concerné. Je lui ai remis un coup de coude et j’ai répété «Bon alors Salomon c’est sûr, y a personne d’autre qui veut partir?» Ribéry a levé le doigt. J’ai dit: «Toi, on t’a pas sifflé!»