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Sala 2018, l’ultime cadeau

Un jour, un but – Le 5 décembre 2018, Emiliano Sala trompe Steve Mandanda d’une magnifique tête croisée. C’est le dernier but qu’il offrira à la vie.

Auteur : Christophe Zemmour et Richard Coudrais le 11 Fev 2019

 

 

Le FC Nantes reçoit l’Olympique de Marseille pour le compte de la seizième journée du championnat de France de Ligue 1. On est le 5 décembre 2018 et Morgan Sanson a ouvert le score pour l’OM. La réponse nantaise ne se fait pas attendre: côté droit, Abdoulaye Touré se fraie un passage entre Lucas Ocampos, Luiz Gustavo et Boubacar Kamara, et centre vers le point de penalty. Emiliano Sala y attend le ballon.

 

 

Signé Sala

L’attaquant argentin s’est positionné à la limite du hors-jeu, se faisant oublier dans le dos d’Adil Rami. Il reprend le centre d’une tête croisée puissante. Steve Mandanda se couche sur sa gauche, mais il est battu par un coup de boule remarquable de timing, de force et de précision. Sens du placement, anticipation, démarquage, disponibilité, efficacité: Sala fait alors étalage de la panoplie complète du numéro 9.

  

 

Comme à son habitude, Emiliano célèbre rageusement son but et se dirige poings en avant vers la Tribune Loire. Il reçoit déjà une accolade. Le numéro 9 nantais vient d’inscrire son douzième pion en championnat. Un chiffre avec lequel, à ce moment-là, il traite d’égal à égal avec des joueurs comme Neymar ou Mbappé. Les chants à sa gloire résonnent fréquemment dans les tribunes de la Beaujoire.

 

Malheureusement, Sala sera transféré à Cardiff dès la fin du mois de décembre, ce qui aura le don de mettre son entraîneur Vahid Halilhodzic dans une froide colère vis-à-vis du président Waldemar Kita. Le but de Sala contre Marseille sera donc son dernier sous les couleurs du FC Nantes. Mais aussi le dernier qu’il offrira de son vivant.

 

Le 21 janvier 2019, Emiliano Sala disparaît en mer. Il avait pris place dans un petit avion, en compagnie du pilote David Ibbotson, après un ultime passage à la Jonelière pour dire au revoir à ses anciens coéquipiers. Le monde du football est bouleversé par la nouvelle. À Nantes particulièrement, les hommages se multiplient. Dès le 22 janvier au soir, la place Royale est spontanément occupée par une foule silencieuse.

 

Des tulipes jaunes sont posées devant la célèbre fontaine. Des bougies brûlent sur un drapeau argentin. Des écharpes jaunes et vertes sont brandies comme au stade et l’on reprend les chants à la gloire d’Emiliano comme s’il venait d’inscrire un nouveau but. Quelques jours plus tard, lors du premier match succédant à la nouvelle (le 30 janvier contre Saint-Étienne), un hommage tout aussi vibrant sera donné au Stade de la Beaujoire.

 

Les recherches se révèlent longtemps infructueuses, jusqu’à ce que l’épave de l’avion soit localisée dimanche 3 février. Un corps y est détecté et repêché trois jours plus tard. La police du Dorset confirme le 7 février au soir qu’il s’agit bien de celui de Sala. Pour sa famille, et celle du football, c’est désormais l’heure du deuil. Ses obsèques seront organisées en Argentine.

 

 

Immense peine

À Nantes, le chagrin est vif, qui rappelle celui qui avait suivi la disparition de Seth Adonkor et Jean-Michel Labéjof en 1984 sur une route pluvieuse qui les conduisait à Saint-Nazaire. Le premier était déjà un pilier de l’équipe (champion de France 1983) et attendait son heure pour intégrer les Bleus. Le second avait joué quelques matches avec les pros.

 

 

 

 

Quelques années plus tôt, c’est la mort d’Omar Sahnoun en 1980 qui avait ému la cité des ducs. Le milieu de terrain international venait de quitter le FC Nantes pour les Girondins de Bordeaux où il trouva la mort en plein entraînement, victime d’une crise cardiaque.

 

À Nantes comme ailleurs, un footballeur qui disparaît provoque une peine immense, à plus forte raison lorsqu’il est régulièrement présent dans l’équipe que l’on soutient. Il ne fait pas directement partie de nos proches, mais il est un visage familier, un mec qu’on a applaudi mais qu’on a aussi engueulé les jours où ça n’allait pas. Emiliano Sala jouait à Nantes depuis plus de quatre ans. Un bail énorme de nos jours.

 

On l’a vu rater des occasions, faire des matches moyens, et puis progresser, marquer des buts, de plus en plus, maintenir l’espoir de lendemains chantants. Ce terrible drame nous renvoie ainsi à l’attachement parfois inconscient et inavoué que l’on porte aux footballeurs, principaux acteurs de notre passion, membres de notre quotidien.

 

 

Droite lignée

On reconnaissait en outre à Emiliano Sala un comportement positif. L’Argentin n’était pas une star, il restait toujours disponible avec les fans pour un selfie ou un autographe. Ce 22 janvier 2019, Nantes n’a pu retenir ses larmes. Elle était déjà très émue quelques jours plus tôt quand elle a appris le décès d’une autre figure sportive, le basketteur Jermaine Marshall, victime d’un arrêt cardiaque dans son sommeil. Il avait vingt-huit ans, comme Emiliano Sala.

 

Plusieurs actions symboliques sont envisagées pour rendre hommage à l’attaquant disparu: donner son nom à une tribune, retirer son numéro 9, organiser une "Coupe Sala" opposant chaque année Cardiff au FC Nantes…

 

Attachant et généreux, combatif et roublard, il avait hérité du surnom de "guerrier" à l’image de ce FC Nantes contemporain oú l’on parle plus de combat que de beau jeu. Emiliano Sala reste toutefois dans la lignée des Philippe Gondet, Éric Pécout, Vahid Halilhodzic, Nicolas Ouédec, Viorel Moldovan, inoubliables numéros 9 de l’histoire du FC Nantes.

 

 

 

Réactions

  • Toni Turek le 11/02/2019 à 11h50
    Merci à vous deux pour ce texte/hommage.

La revue des Cahiers du football